Ces listes ne sont malheureusement pas exhaustives… Aidez-nous à combler les trous !
Cliquez sur le nom dans le tableau (classé par ordre alphabétique dans l’année) pour trouver directement la victime dans la liste.
Deux jeunes femmes
21 avril 2022 – Paris
Agressées par la police, sauvées par des passants
[Source : Action Contre l’Islamophobie]
Un Kurde iranien
22 septembre 2021 – Dunkerque
Atteint par un tir de LBD
Le 22 septembre au petit matin, huit exilés iraniens transportent un canot sur la plage près de Dunkerque, qui devait conduire une quarantaine de personnes au Royaume-Uni. S’en suit une altercation avec les forces de l’ordre présentes dans un véhicule.
Atteint par une tir de « balles de défense » (LBD), il a la main cassée et suit un traitement médical en ambulatoire.
- 02.10.2021 – ouverture d’une enquête par la police nationale française
- 22.09.2021 – Tirs de LBD
[Sources : InfoMigrants, Daily Mail]
Juanro Rasuli
22 septembre 2021 – Dunkerque
24 ans. Atteint par un tir de LBD
Le 22 septembre au petit matin, Juanro et sept autres exilés iraniens transportent un canot sur la plage près de Dunkerque, qui devait conduire une quarantaine de personnes au Royaume-Uni. S’en suit une altercation avec les forces de l’ordre présentes dans un véhicule.
Un témoin raconte au Daily Mail :
« Nous étions 8 autour du bateau. On se préparait à embarquer 40 personnes pour l’Angleterre. Trois ou quatre policiers sont arrivés dans un véhicule. Quand la police nous a vu, ils ont dit « Stop », et on s’est arrêtés. Mais ils ont tiré quand même, alors on s’est enfuis. L’un deux a tiré sur Juanro à bout portant. Je ne me rappelle pas combien de fois il a tiré de LBD.«
Bilan : Juanro a la jambe fracturée; un autre homme, la main cassée, suit un traitement médical en ambulatoire.
- 02.10.2021 – ouverture d’une enquête par la police nationale française
- 22.09.2021 – Juanro atteint à la jambe par des tirs de LBD
[Sources : InfoMigrants, Daily Mail]
Aboubacar X.
17 septembre 2021 – Noisy-le-Grand
22 ans. Tabassé au sol
Intervention de la police dans la cité du Pavé neuf à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) vers 20:30 pour un « attroupement avec tapage, dans la rue ». Pendant leur intervention, les policiers auraient reconnu Aboubacar, « déjà connu pour outrage« , dixit les flics, et décident de le mettre à l’écart. Selon une source proche de l’enquête, il se serait énervé et aurait frappé les agents (deux fonctionnaires ont eu cinq et six jours d’ITT selon le Parquet).
Dans une vidéo publiée sur Twitter puis retirée, et selon l’avocat d’Aboubacar, Arié Alimi, les policiers ont d’abord été violents envers son client. « Ils le mettent assis, le tabassent en lui écrasant les mains avec les pieds. Il se lève pour se mettre à distance et se défend », décrit l’avocat, qui s’appuie également sur des témoins de la scène.
D’après lui, son client rentrait chez lui quand les fonctionnaires de police ont provoqué un groupe de jeunes. La scène est intervenue dans un contexte de tension, en lien avec la relaxe d’une autre personne poursuivie pour violences contre des fonctionnaires de police. « Ils ont provoqué les jeunes de Noisy-le-Grand en renversant leurs boissons et en jetant leur paquet de cigarette, affirme l’avocat. Les esprits se sont échauffés et c’est à ce moment-là que les policiers ont pris mon client dans le groupe de jeunes gens alors qu’il était en train de rentrer chez lui ». Ensuite, « Ils le mettent derrière un poteau et le tabassent », décrit Me Alimi qui a déposé plainte contre les fonctionnaires pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique en réunion et avec armes ».
Aboubacar a été placé en garde à vue et déféré en vue d’une comparution immédiate le lundi suivant pour violences et outrage.
“On regrette que le parquet, comme à son habitude, ait choisi de déférer après une garde à vue ce jeune hommes sans ouvrir d’enquête sur les violences pourtant avérées au regard de la vidéo et illégitimes”, a réagi Me Alimi. “Il s’agit d’une protection des policiers par le parquet de Bobigny”.
Dans un communiqué de presse, la Ligue des Droits de l’Homme, estime que :
« Ces éléments attestent de violences disproportionnées inexcusables, par une personne dépositaire de l’autorité publique, qui doivent être fermement dénoncées et sanctionnées. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) demande que toute la lumière soit faite sur ces faits graves, sans complaisance ni pression envers les témoins qui attestent de l’absence de comportement violent de la part d’Aboubacar X.
La LDH dénonce à cet égard les intimidations faites lors de l’audience de comparution immédiate de la part de policiers qui ont filmé ostensiblement les témoins pendant qu’Aboubacar X était placé en détention provisoire, le temps d’une enquête approfondie. Elle s’inquiète également de la multiplication de procédures visant à faire passer la victime en coupable avec le dépôt concomitant de plaintes pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et/ou d’outrage. »
- 20.09.2021 – Comparution immédiate pour violence et outrage. Placement en détention provisoire
- 17.09.2021 – Interpellation, tabassage et garde-à-vue d’Aboubacar
[Sources : Le Monde, Libération, LDH, Le Parisien sur YouTube, Huffington Post]
Une mère devant sa fillette
17 septembre 2021 – Lille
Brutalisée devant sa fille
Vendredi midi, rue Pierre Mauroy. Récit de témoins : une maman accompagne sa jeune fille à vélo. La petite d’environ 5 ans percute un policier municipal à pied sur le trottoir. Le policier la pousse. La mère lui jette une bouteille d’eau. Elle est jetée contre une vitrine, plaquée au sol, puis on a essaye de la menotter. Le tout devant son enfant en pleurs et hurlant de toutes ses forces.
Immédiatement les passants alertés par les cris déchirants s’approchent et expriment leur colère : « C’est une honte !« , « C’est n’importe quoi. Regardez dans quel état ils ont mis la petite, il va falloir combien de séances psy pour ça ? Elle doit être traumatisée ! » etc. Selon la Mairie, plusieurs témoins de la scène diront aux flics vouloir témoigner.
La tension monte, la foule se fait plus nombreuse. « Je vois une maman menottée et un policier en train de lui faire une clé de bras pendant que sa petite fille, âgée de 5 ans environ, pleurait et hurlait. » Les flics appellent du renfort. Beaucoup de renfort. Ils essayent d’embarquer la mère et sa fille, mais elle se débat et les passants les gênent. La confusion règne, la pression est forte sur les policiers….
Finalement, prise de malaise, la mère accompagnée de sa fille est emmenée à l’hôpital Saint-Vincent par les pompiers.
Une plainte a été déposée dans l’après-midi. Par deux agents de la police municipale. Pour outrage et violences volontaires sur agent de la force publique : la mère aurait voulu porter un coup de tête à l’un et jeté son vélo sur lui; elle aurait frappé l’autre deux fois au visage. Une enquête a été ouverte.
- 18.09.2021 – Ouverture d’une enquête
- 17.09.2021 – Agression. Plainte des 2 policiers pour outrage et violences volontaires sur agent de la force publique
[Sources : La Voix du Nord, France 3, SudInfo, Kaazy sur Twitter, The Limited Times]
Eliot et sa compagne
30 avril 2021 – Marseille
Lui : 23 ans, tabassé, insulté, tiré par les cheveux. Elle : 32 ans, bousculée, gasée
Les flics ont débarqué dans le 1er arrondissement où se déroulait une « soirée sauvage » dans un appartement. Eliot, un musicien, essaie de s’échapper par les échafaudages, mais il est vite rattrapé. Son calvaire commence : d’abord une petite claque, puis il prend un coup de poing de l’un des agents qui l’envoie contre le capot d’une voiture. Il est maintenu face contre le capot par 2 agents, dont le cogneur qui lui envoie encore quelques directs tout en l’étranglant de la main sur le cou, pendant que l’autre tient Eliot. Le second agent l’attrape alors par le cou par derrière et l’étouffe tout en faisant porter tout son poids sur lui, lui écrasant le visage contre le capot, tandis que les 2 autres lui tordent les bras pour lui passer les pinces.
Pendant ce temps, sa compagne qui s’est approchée devant les cris d’Eliot, et essaye d’intercéder, se fait repousser sans ménagement par un 4ème grognard, une brutasse qui finit par la projeter en arrière jusqu’à la faire tomber, et est à deux doigts d’en faire autant d’un témoin qui tentait de lui faire entendre raison. Comme elle revient à nouveau vers son compagnon, il sort cette fois sa gazeuse et l’asperge copieusement à bout portant, avant de la faire tomber à nouveau.
Finalement Eliot est emmené menotté et tiré par les cheveux jusqu’à une voiture banalisée ou on l’enfourne brutalement, avant que le premier agent frappeur n’entre à son tour. On devine alors à ses mouvements qu’il doit encore « maîtriser » sa prise menottée, et on a mal pour Eliot. En tous cas, il aura le visage tuméfié.
Aucun des collègues présents n’a tenté de calmer le jeu, de réfréner ces 3 flics violents, et qui manifestement sur la vidéo ont l’habitude de ce genre de situations et pas de complexes à abuser de leur fonction et de leur force physique.
Le couple sera finalement emmené au commissariat de Noailles et y restera pendant 40 heures. Il en ressortira samedi soir avec un simple rappel à la loi. Le policier qui aurait commis les violences estime avoir fait usage de la force nécessaire. L’avocat de la compagne violentée indique avoir saisi l’IGPN. Il se dit disposé à aller jusqu’au bout.
Encore un exemple où, en l’absence de cette vidéo opportunément filmée par une voisine, les gentils soldats à Macron s’en tireraient à bon compte (rappelez-vous, « il n’y a pas de violence systémique dans la police, c’est faux !« ). Mais ce qu’on voit ici ce ne sont pas des policiers : ce sont des brutes assermentées qui fonctionnent en meute, se couvrent entre elles, n’ont aucun désir de désescalade une situation tendue et n’hésitent pas à punir eux-mêmes des gens dont l’attitude ne leur convient pas, quand bien même les victimes ne montrent aucune véhémence. Pire : voyant (et entendant) qu’ils infligent la souffrance, ils continuent, et leurs collègues de laisser faire. Bref des fachos et des lâches. Seul leur brassard sur ces images les distinguait de vilains identitaires, de guards, de skinheads en maraude.
Et c’est la police qui trinque dans l’opinion à ne pas faire le ménage. Juste retour des choses. Bis repetita ad infinitum…
- 03.05.2021 – Fin de la garde à vue
- 30.04.2021 – Tabassage et arrestation d’Eliot et de sa compagne
[Sources : SudInfo, La Provence sur YouTube]
Ameer Al Halbi
28 novembre 2020 – Paris
24 ans, Journaliste. Tabassé
Collaborateur de Polka Magazine et de l’AFP, le photographe indépendant Ameer al Halbi, 24 ans, qui couvrait la manifestation place de la Bastille, « a été blessé au visage par un coup de matraque », a affirmé sur Twitter Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
La photojournaliste indépendante Gabrielle Cezard se trouvait avec Ameer et dit l’avoir perdu de vue au moment d’une charge de la police dans une petite rue. « Nous étions identifiables comme photographes et tous collés à un mur. On criait “Presse ! Presse !”. Il y avait des jets de projectiles du côté des manifestants. Puis la police a mené une charge, matraque à la main […] Ameer était le seul photographe qui ne portait ni casque, ni brassard. Je l’ai perdu de vue puis je l’ai retrouvé entouré de gens, le visage tout ensanglanté et enveloppé de pansements »
Le photographe a eu le nez cassé et a été blessé à l’arcade sourcilière. Il a été transporté à l’hôpital Lariboisière. Il a confié à l’AFP :
« Ça va mieux. Mais le choc a été très dur, en particulier au moment où je me suis retrouvé blessé, saignant fortement au visage, et bloqué pendant deux heures dans la manifestation, coincé entre les manifestants et les policiers qui ne voulaient pas nous laisser sortir pour rejoindre l’hôpital. Là, ce sont des images de Syrie qui ont envahi ma tête.
e n’avais plus mal au nez, au visage, c’était un mal qui envahissait toute ma tête, le passé qui surgissait. À 15 ans je me suis retrouvé à Alep bloqué dans une manifestation, blessé par deux balles dans la main. C’est Alep qui est revenu [samedi] soir.
Ameer al Halbi a remporté plusieurs prix internationaux, notamment le deuxième prix de la catégorie « Spot News » pour le World Press Photo en 2017, a couvert pour l’AFP les combats et les ravages dans sa ville d’Alep, en plein conflit syrien.
- 30.11.2020 – Ouverture d’une enquête en « recherche des causes des blessures » confiée à l’IGPN
- 28.11.2020 – Agression d’Ameer Al Halbi
[Sources : Le Nouvel Obs, Libération, Christophe Deloire sur Twitter, Le Monde]
Michel Zecler
21 novembre 2020 – Paris
41 ans. Tabassé, gazé, insulté
« Avant d’entendre un mot, j’ai senti des mains qui me poussaient ou me tiraient, je sais plus trop, puis là ils me demandent de sortir. Je leur dit « Je suis chez moi« . Ils sont direct assez virulents, et moi à ce moment-là j’ai peur. Je me demande ce qui se passe, je comprends pas ce qui se passe. Il y a des gens qui passent, j’essaye d’interpeler tout le monde, je crie « À l’aide !« , « Qu’est-ce qui se passe ?« .
Franchement ça va tellement vite, je me demande même si ce sont de vrais policiers à ce moment-là, celui qui m’attrape derrière il est en civil, il est virulent tout de suite. Là ils ferment la porte, ils me tabassent là.
Vu la violence, et puis tous les coups que je me prenais, je me dis si je tombe par terre, je vais pas me relever. Je voulais pas avoir de gestes virulents qui allaient jouer contre moi par la suite, c’est à dire que j’étais complètement conscient de ça. Complètement, tout le temps là, il fallait pas que je lève les mains, que je fasse quelque chose qui pourrait s’apparenter à quelque chose de violent. Et voilà, quand je lui parle j’essaye de lui expliquer, et là il me dit « Sale nègre !« , « Ta gueule !« , « On va te défoncer !« . J’ai beaucoup entendu le « Sale nègre !« .
Là c’est des coups de matraque que je me prends. La porte, je l’ai ouverte, parce que j’ai des artistes en bas, je criais « Au secours !, À l’aide, appelez la police ! » à mes artistes là, il y avait des gamins… Il y en a un qui a 16 ans dedans, ils me demandent qu’est-ce qui se passe, je dis « J’en sais rien« , je sais pas ce qui se passe, je suis en sang…
[Avec l’aide des jeunes, les policiers sont repoussés à l’extérieur, puis essayent à nouveau de rentrer en défonçant la porte et en brisant la vitrine, NDLR]
Finalement, c’est moi qu’ils attendent en fait : « Sors ou on va rentrer ! Sors ou on va rentrer !« . Et moi j’ai pas envie de sortir, avec les policiers qui sont venus m’agresser. Et là on m’envoie une grenade qu’on envoie pour les manifestants en fait, qui doit être envoyée dehors normalement ! On est en intérieur, tout est fermé. À ce moment-là moi j’ai peur, je me dis que je vais… et ben c’est mon dernier jour peut-être aujourd’hui, voilà ce que je me dis… C’est mon dernier jour, je ne sais pas pourquoi…
[Michel finit par sortir dans la rue, NDLR]
Moi quand je me penche, je vois qu’on me braque, je vois qu’on pointe un truc sur moi, qu’on se cache en même temps, donc ça veut dire : s’ils se cachent, alors qu’ils sont armés, ça veut dire qu’ils pensent que je suis armé moi ? J’ai mon téléphone dans mes mains, je le montre comme ça, devant, c’est mon téléphone qu’est dans mes mains…
C’est là qu’ils m’ont sorti, et je m’en prends plein… Franchement, honnêtement je m’en prends plein, là… À ce moment-là, oulala… Je me prends des coups de tous les côtés, je leur dit « J’ai rien fait« , « C’est bon, c’est bon« …
Sans les images, moi je suis en prison aujourd’hui, et les proches, mes amis, ma famille, les gens que j’aime auraient pensé que, comme le disent les policiers dans leur déclaration, que j’ai voulu prendre leur arme, que je leur ai mis des coups… »
Selon le Canard enchaîné du 02.12.2020, qui a lu le rapport d’intervention des flics de la Brigade de répression des actions violentes (sic) BAV, l’un des flics appelés en renfort veut lancer une grenade lacrymo dans le studio, l’un de ses collègues tente de l’en dissuader :
– « Pas le bon choix, la grenade ! »
– « Trop tard. Elle est déjà dégoupillée »
Bilan : un commissaire divisionnaire devant le conseil de discipline et les 4 flics tabasseurs suspendus et mis en examen pour, entre autres, « violences par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « faux en écriture publique ».
- 21.11.2020 – intervention de la police
- 21.11.2020 – Michel passe 48 heures en garde à vue
- 24.11.2020 – 6 jours d’ITT suite à une déchirure aux tendons, à son crâne ouvert refermé par 2 agrafes, à ses nombreux hématomes et plaies sur le corps
- 26.11.2020 – publication des images de l’agression par Loopsider
- 26.11.2020 – des poursuites contre Michel classées sans suite par le Parquet
- 27.11.2020 – une enquête ouverte par l’IGPN contre les 3 policiers pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique et faux en écriture publique
- 30.11.2020 – 4 policiers suspendus de leurs fonctions, placés en garde à vue dans les locaux de l’IGPN, puis mis en examen. 3 sont entendus pour violences volontaires, en réunion, avec arme et à caractère raciste, le quatrième policier, soupçonné d’avoir lancé une grenade lacrymogène dans le studio, est mis en examen pour violences volontaire par PDAP
- 01.12.2020 – Audience du juge des libertés et de la détention
- un président de la république qui dénonce ces violences comme une « agression inacceptable » et « des images qui nous font honte«
- 02.12.2020 – un débat relancé sur l’article 24 de la proposition de loi Sécurité globale, qui sera refondu par le Parlement.
[Plus d’info dans notre article dans la rubrique Actualité sur le déroulement de l’agression]
[Sources : Loopsider, 20 Minutes, RTBF]
Rayan
Combien y-a-t-il d’interpellations, chaque jour, comme celle de Rayan, 16 ans ?
« J’étais sur un banc, je roulais un joint, les policiers sont arrivés, je me suis caché, ils m’ont plaqué au sol et m’ont mis des droites. »
C’est son petit frère de 12 ans qui a filmé la scène. pic.twitter.com/bZB2bjRwv2— Loopsider (@Loopsidernews) January 26, 2021
20 novembre 2020 – Saint-Étienne
16 ans. Tabassé
« J’étais sur un banc, je roulais un joint, les policiers sont arrivés, je me suis caché, ils m’ont plaqué au sol et m’ont mis des droites. »
Deux flics de la police nationale sont arrivés vers 16:15. Il a voulu se cacher. Attrapé, ils l’ont plaqué au sol, face contre terre, écrasé de tout leur poids, frappé violemment au visage en l’insultant alors qu’il crie de douleur : « On s’en bat les couilles !« .
La scène est filmée par son petit frère de 12 ans qui hurle au policier d’arrêter de tabasser son grand frère à grands coups de poing. Les cris de l’enfant et le téléphone qu’il braque sur les deux forcenés vont attirer un de leurs collègues qui, à la vue de la caméra, va mettre fin à la scène et embarquer Rayan.
Rayan va passer 24 heures en garde à vue et en ressortir avec de nombreuses blessures au visage et une plainte des deux policiers à son encontre pour outrage et rébellion.
Face à la violence qu’à subi leur fils, qui a depuis perdu le sommeil et qui n’est plus capable de se rendre au lycée sans qu’ils l’accompagnent, les parents de Ryan ont décidé de porter plainte contre X pour violences envers mineurs par personnes dépositaires de l’autorité publique, et saisi l’IGPN. Pendant sa garde à vue, face à l’officier de police judiciaire qui lui demande pourquoi il a eu peur et s’est enfui à la vue des deux agents, Rayan répondra très justement « J’ai eu peur, et finalement j’ai eu raison d’avoir peur, ils m’ont tapé quand même ».
La flicaille nationale a décidé de publier une vidéo de « décryptage » de l’affaire sur Twitter commentée par Michel Lavaud, son porte-parole qui essaie de justifier la violence de cette interpellation par des tentatives de Rayan de s’emparer de la bombe lacrymogène de l’un des agents alors même que la vidéo montre bien le non-sens de cette accusation.
#Décryptage https://t.co/duY8MR23Um pic.twitter.com/o16K9CMqHl
— Police nationale (@PoliceNationale) January 26, 2021
Les images terrifiantes des multiples coups de poing assenés au visage du jeune homme déjà maîtrisé par les deux policiers, sont éhontément contestées par le porte-parole qui réfute toute forme de violences et décrit l’usage de « gestes professionnels ». Cette tentative inédite de s’adresser à l’opinion publique et de justifier des violences policières, traduit aussi le sentiment d’impunité policière qui pousse la Police Nationale à mentir ouvertement sur des évènements filmés et partagés publiquement, avant même qu’une enquête soit ouverte.
Rayan, après avoir récupéré de ses blessures, souffre désormais de séquelles psychologiques et est poursuivie en justice par des policiers assermentés pour « outrage et rébellion ».
- 11.2020 – Plainte contre X. pour pour violences envers mineurs par personnes dépositaires de l’autorité publique ; saisie de l’IGPN
- 21.11.2020 – Fin de garde à vue ; plainte contre Ryan pour « outrage » et « rébellion »
- 20.11.2020 – Début de garde à vue
- 20.11.2020 – Agression de Rayan
[Sources : Révolution Permanente, LoopSider sur Tweeter]
Hannah Nelson-Gabin
17 et 21 novembre 2020 – Paris
18 ans, Photojournaliste – gardée à vue une nuit
Alors qu’elle couvrait la manifestation pour la liberté de la presse pour pour le média Taranis News, la photojournaliste Hannah Nelson a été placée en garde à vue.
Nassée à l’entrée du métro Solférino avec une centaine de personnes, elle a été violemment attrapée par un CRS lors d’une charge, puis traînée au sol avant d’être menottée et maintenue face contre terre, un genou contre le bas de son dos. « Quelques secondes avant la charge, j’ai eu un échange de regard avec le policier dans le blanc des yeux. C’était comme s’il se disait qu’il allait m’attraper », dit-elle à Reporterre. Sur une vidéo, on peut voir un fonctionnaire de police la traîner sur le sol sur plusieurs mètres.
Hannah s’enquiert alors du motif de son interpellation. On lui rétorque un lapidaire : « Tu sais. » Elle a dû attendre d’être au commissariat avant d’en connaître la raison : « Continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations de dispersion » et « dissimulation du visage », car elle portait un masque à gaz. Ce second chef d’accusation n’a pas été retenu, mais son masque à gaz ne lui a pas été rendu. Elle est sortie de garde à vue le lendemain, mercredi 18 novembre, à 14:10 avec un simple rappel à la loi et plusieurs contusions.
Le samedi 21 novembre 2020, elle retourne sur le terrain pour couvrir le rassemblement contre la loi « sécurité globale » place du Trocadéro cette fois-ci. Elle est contrôlée au début du rassemblement, avenue Kléber. Dans l’enregistrement dont StreetPress a eu accès, les policiers déclarent : « Ce que vous allez faire les uns les autres, c’est que vous allez me passer votre matériel de protection […] on va tout mettre dans un sac […] et ça vous sera restitué […] au commissariat du 14ème arrondissement […] Vous me remettez le matériel et vous y allez ou vous terminez au commissariat. »
Hannah remet alors aux policiers son masque, son casque, et ses lunettes. À l’issue du rassemblement, elle se rend au commissariat comme indiqué… où on lui apprend que son matériel a été détruit.
Pour ces faits, elle porte plainte pour « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « extorsion par personne porteuse d’une arme et en bande organisée. » Son avocat Raphaël Kempf explique : « Dans le code pénal, l’extorsion correspond à se saisir de quelque chose sous la menace, ici la menace de privation de liberté sans fondements. »
Hannah explique :
« Quand la deuxième arrestation arrive, et qu’on me vole mon matériel, c’était un peu la goutte d’eau » […]. Même si on n’aboutit pas à quelques chose, on va aller au bout, pour ouvrir le débat sur les attaques des journalistes, les lois actuelles, et les violences policières en général […] Il ne faut pas que cela tombe dans l’oubli et montrer que l’on ne se laisse pas faire. »
Entre temps, la machine médiatique s’est emballée. Ses nom et prénom se sont hissés dans les mots-clés tendance de Twitter. « Je pensais que les gens allaient en parler un peu, car lorsque j’ai été embarquée, j’étais face à un mur de photographes. Mais je n’aurais jamais cru que ça irait aussi loin. » Sur les réseaux sociaux, la jeune fille a subi des attaques tous azimuts. Sur son physique tout d’abord, puis sur son âge, son inexpérience et le fait qu’elle ne possède pas de carte de presse.
- 12.2020 – Dépôt d’une plainte pour plainte pour « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « extorsion par personne porteuse d’une arme et en bande organisée »
- 21.11.2020 – Interpellation et destruction de son matériel
- 17.11.2020 – Arrestation et garde-à-vue
[Sources : Anti-K, Reporterre, L’Insoumission, Sputnik News, Plume de Presse]
Tangi Kermarrec
17 novembre 2020 – Paris
Journaliste – 28h de garde à vue
Le rédacteur en chef à France 3 Paris Île-de-France raconte :
Les projecteurs [sont] braqués sur cette question de la liberté de la presse, la liberté de couvrir les événements, les manifestations et c’est essentiel.
J’étais au travail, je suis rentré chez moi à pied. Je me suis retrouvé sur le boulevard Saint-Germain (Paris) et j’ai vu un déploiement de forces de l’ordre. Je ne savais même pas qu’il y avait un rassemblement, quelles étaient les revendications. Je me suis dit : ‘Je vais faire des images, ça peut servir pour les collègues du JT de demain’. Je prends mon téléphone, avec la carte de presse en évidence. Des policiers me voient, me laissent passer (…) et puis j’avance, je remonte le boulevard. Je me rapproche des policiers, je vois six personnes interpellées, je fais juste l’image. Et là se passe juste l’échange [où les policiers reprochent au journaliste de les filmer] et je dis à cet officier : ‘Je ne suis pas en train de vous filmer’, et là il me répond : ‘Si c’est comme ça, asseyez-vous avec les autres interpellés« .
Ils ont estimé que je ne m’étais pas dispersé après les appels à sommation, alors que je n’ai rien entendu, et tous les policiers m’avaient laissé aller avant. […] Je l’ai découvert après [la nouvelle loi, NLDR], on s’est retrouvé à 28 pendant trois heures dans un fourgon de police pour être déposé dans différents commissariats de la ville, et c’est à la que j’ai demandé aux manifestants le mot d’ordre de la manifestation. Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ignorais tout des motivations et du fond. »
J’étais complètement incrédule. L’échange a duré vraiment dix secondes, c’était très bref. […] Il y a un sentiment d’incrédulité, parce que je ne comprends pas ce qu’on me reproche. J’ai couvert beaucoup de manifestations, et jamais, on ne m’a interpellé. Il y a toujours un dialogue possible avec les forces de l’ordre »
Motif de l’arrestation : « Attroupement après sommation ». « Ce délit n’est pas applicable aux journalistes, sinon ça voudrait dire qu’ils ne pourraient plus raconter la fin d’une manifestation ! a tranché son avocat Dominique Tricaud. C’est une arrestation arbitraire et attentatoire à la liberté de la presse qui ne trouve aucune justification. »
« Les policiers m’ont dit qu’ils avaient eu le parquet. Et que, si je refusais toujours les empreintes, mar garde à vue serait prolongée et je risquais d’être déféré. Ils ont ajouté que je risquais 1 and prison et 15000€ d’amende. »
Le journaliste a passé la nuit en garde à vue avant d’écoper d’un rappel à la loi. « C’est problématique, car aucune infraction n’a été commise. On sort avec un sentiment de liberté, mais aussi avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »
- 18.11.2020 – Tangi est relâché après 28 heures de garde à vue moyennant un rappel à la loi pour avoir « continué volontairement à participer à un attroupement après les sommations de dispersion » par le procureur Alexandre Vernay, qui quittera prochainement le parquet pour rejoindre le secrétariat général du gouvernement…
- 17.11.2020 – Darmanin : » Es t-ce que les journalistes pourront continuer à filmer ? La réponse est oui ! ». Arrestation de Tangi Kermarrec
[Sources : L’Humanité, Le Monde, Plume de Presse, Le Nouvel Obs, FranceTV Info, Interview Nouvel Obs, Le Canard enchaîné 25.11.2020]
Rayan
12 novembre 2020 – Asnières
21 ans. Hospitalisé après plusieurs coups de matraque à la tête
Lors d’une intervention des forces de l’ordre dans le quartier pour tapage nocturne, Rayan a été matraqué par une policière en service, une scène filmée et largement relayée sur les réseaux sociaux. Les images parlent d’elles-mêmes et témoignent de la violence de l’acte, notamment lorsqu’on entend les coups et qu’on voit la mare de sang suite à l’altercation (sur une autre vidéo).
Au moment de leur intervention, selon la police, un homme se montre menaçant. Il s’avance vers une policière, isolée de ses collègues. Elle utilise alors sa matraque pour le neutraliser.
Selon un témoin, « Une policiere le tape sur la tete, avec sa matraque, il tombe inconscient, il ne bouge plus depuis, 40 policiers qui arrivent et l’ambulance met 30 min pour arriver. la,il ne bouge pas… »
Selon Thomas Ramonatxo, l’avocat de Rayan, joint par France Bleu Paris, elle lui porte plusieurs coups au nez, à l’épaule et à l’arcade sourcilière. Il souffre d’une fracture du nez après être « tombé au sol inconscient lors du premier coup et a quand même dû être réanimé par les pompiers« . Après son hospitalisation, Rayan a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, d’où il est ressorti libre sans aucune charge retenue contre lui, selon le parquet de Nanterre, pas même pour outrage à agent. Il aurait refusé d’être examiné par un médecin pour établir une évaluation d’incapacité totale de travail (ITT). Selon son avocat, « La vidéo qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux ne démontre pas une attitude menaçante: il ne court pas vers la policière, il marche, il ne lève pas un bras« …
Rayan déposé plainte à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) des chefs de « violences avec l’usage ou la menace d’une arme par personne dépositaire de l’autorité publique« .
Encore un cas d’usage proportionné de la force ?
- 17.11.2020 – Dépôt de plainte à l’IGPN pour violences avec l’usage ou la menace d’une arme par personne dépositaire de l’autorité publique
- 14.11.2020 – Relâché sans poursuite
- 13.11.2020 – Garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique
- 12.11.2020 – Agression de Rayan
[Sources: Bladi, Le Bien Public, FranceInfo, Révolution Permanente, Taha Bouhafs sur YouTube]
Un réfugié érythréen
11 novembre 2020 – Calais
Touché à la tête par un tir de LBD40. Hospitalisé dans un état grave
Mercredi 11 novembre, 15:00, camp de fortune installé sur un terrain de BMX à Calais. Près de 200 Érythréens y sont installés. Seuls 2 bénévoles du Refugee Info Bus sont sur place quand une compagnie de CRS débarque et empêche les migrants de rentrer au camp et d’accéder aux services de l’association. Mission selon la Préfecture : « sécuriser une intervention de sapeurs-pompiers pour porter assistance à un migrant blessé. »
15:30. Une vingtaine de migrants rejoignent ceux toujours bloqués à l’entrée du camp. Interdite. Bloquée. La tension monte. Les CRS, se disant « victimes de jets de projectiles« , jettent plusieurs grenades lacrymo et bloquent plusieurs migrants entre deux combis.
Selon Amanda, du Refugee Info Bus, les CRS tirent alors sur des personnes bloquées entre les combis. Un Érythréen tombe; blessé. Visé à la face, à moins de 10 mètres. La munition lui a éclaté au visage. On retrouve une douille de LBD40 auprès de lui. Ses camarades supplient les CRS de ne pas le laisser mourir et de les laisser l’emmener à l’hôpital. Amanda et son équipe embarquent la victime dans leur camion. « Les CRS nous ont bloqué et nous ont demandé d’ouvrir la camionnette […] Il était très clair que c’était urgent, car la table dans le fourgon était couverte de sang et sa tête était déformée. »
« La personne blessée était complètement défigurée et méconnaissable. Elle n’arrivait pas à ouvrir les yeux et était couverte de sang. Elle avait une profonde blessure au milieu du front. Un pompier demande au CRS comment la personne s’est blessée. Il lui répond que c’était “surement un caillou d’un de ses compatriotes“« , selon Chloé, de Human Rights Observer. HRO a précisé qu’une saisine de la Défenseure des Droits est « en cours« .
Deux exilés portent leur ami jusqu’à l’ambulance. L’un d’eux est ensuite interpellé par la police nationale. « Formellement reconnu comme étant l’un des auteurs du caillassage », affirme la Préfecture. Jugé au tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer, il a été condamné à sept mois de prison avec sursis. La préfecture précise également que « le préfet a sollicité le directeur départemental de la sécurité publique en lui demandant un rapport très précis sur les faits allégués« .
[Sources :Street Press, Info Migrants, The World News, BMFTV]
Gaspard Glanz
17 septembre 2020, 16 juin 2020, 2 octobre 2019, 20 avril 2019, 23 mars 2019, 6 avril 2016 – Paris
34 ans, Journaliste – Multiples arrestations
Journaliste engagé et fondateur du site d’infos Taranis News, il est de tous les fronts (loi travail, Nuit debout, gilets jaun, Sivens, Notre-Dame-des-Landes, Calais, manifs policières, manifs des personnels soignants, mouvements de grève etc.), il a tout subi : arrestations, gardes à vue, humiliations, contrôles, vexations, violences… Et même une condamnation le 15 novembre 2019 à payer plus de 1000€ par le tribunal de grande instance de Paris pour un doigt d’honneur à un flic qui venait de lui tirer dessus avec une grenade lacrymo et qui l’a copieusement insulté… [Voir la vidéo]
En 2020, dans 80% des manifs que j’ai couvert, je me suis retrouvé en garde à vue ! Ras-le-bol !
Il porte plainte pour « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique », « abstention volontaire de mettre fin à une privation de liberté illégale » et « entrave à la liberté d’expression et du travail ».
Le journaliste dénonce plusieurs interpellations et gardes à vue « pour rien » et « aux prétextes toujours ubuesques ».
Cette plainte c’est pour qu’on me foute la paix et que je puisse enfin faire mon travail. Il y a un véritable harcèlement depuis trop longtemps, peut-être que maintenant qu’il y a une instruction en cours, ils feront plus attention à ce qu’ils font.
[Sources : Anti-K, Streetpress, Taranis News, StreetPress, Wikipedia]
Un jeune Marocain
13 et 14 août 2020 – Agen
20 ans. Tabassé
Le 13 août 2020, un policier d’Agen porte des coups à un jeune marocain de 20 ans devant la maison d’arrêt lors de son interpellation et de son placement en garde à vue, après avoir tenté de jeter des objets par-dessus le mur d’enceinte. Il sera encore battu le lendemain dans la cellule de garde à vue.
Une jeune femme a filmé la scène de la rue Montaigne avec son smartphone. Cette vidéo de 29 secondes a été projetée à l’audience. « Tu as vu le coup de pied ! Je suis choquée », peut-on entendre. Les services du procureur de la République d’Agen ont saisi l’IGPN, et une enquête interne est menée. L’expertise a révélé que le policier a asséné un coup de pied à l’épaule et au visage de la victime. « Je ne voulais pas nuire à son intégrité physique J’ai tenté un balayage, mais j’étais déséquilibré », insiste le policier. « Pourtant sur la vidéo c’est très visible. Quand vous le frappez il est menotté et tenu par vos collègues », insiste aussi le tribunal.
Un soupçon de faux en écriture portant sur le procès-verbal d’interpellation rédigé par un autre policier au commissariat d’Agen est soulevé lors de l’audience. Le deuxième policier qui a comparu jeudi est l’auteur du premier procès-verbal. Les magistrats du tribunal gersois lui ont aussi reproché la rédaction de PV à géométrie variable. Le troisième fonctionnaire mis en cause devait également s’expliquer sur un PV litigieux mais également des violences présumées en cellule de garde à vue contre le jeune marocain interpellé la veille au soir. Il reconnaît ces faits, mais pas le faux en écriture.
Le procureur de la République a requis des peines de trois à cinq mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer à titre temporaire pendant trois mois pour les mis en cause.
À l’audience de délibéré le jeudi 17 juin, la culpabilité des agresseurs a été établie : pour avoir les 13 et 14 août 2020 commis des violences volontaires au pied des murs de la maison d’arrêt puis dans la cellule de garde à vue, les trois policiers des effectifs du commissariat d’Agen sont condamnés à des peines de prison avec sursis allant de 3 à 12 mois. Deux des trois sont toutefois relaxés du chef de prévention de faux en écriture publique. Le jour de leur procès, ils avaient été contraints de justifier du contenu d’un procès-verbal établi à la suite du double incident. Les trois fonctionnaires de police sont interdits d’exercice de leur profession pendant 3 mois pour celui qui se trouvait dans la cellule de garde à vue avec la victime, pendant six mois pour les deux autres. Toujours incarcérée à Bordeaux pour des délits commis sur la voie publique, cette même victime s’était constituée partie civile. À ce titre, deux des trois policiers doivent lui verser 1 700 € au titre des dommages et intérêts.
- 17.06.2021 – Condamnation des 3 policiers pour violences volontaires à des peines de prison avec sursis allant de 3 à 12 mois. Relaxe de deux des trois du chef de faux en écriture publique. Interdiction d’exercice de la profession de 3 mois pour celui qui se trouvait dans la cellule de garde à vue avec la victime, et six mois pour les deux autres. 1 700 € au titre des dommages et intérêts à la victime
- 20.05.2021 – Ouverture du procès devant le tribunal correctionnel d’Auch (dépaysement de l’affaire) pour violences par personnes dépositaires de l’autorité publique et faux en écriture publique
- 14.08.2020 – Tabassage dans la cellule de garde à vue
- 13.08.2020 – Agression devant la maison d’arrêt
[Sources : La Dépêche du Midi, Bladi, La Dépêche du Midi]
Sadi, Raphaël, Lucas, Yacine
26 mai 2020 – Vitry-sur-Seine
14 et 15 ans. Insultés, détenus arbitrairement
La veille de leur interpellation, a police avait enregistré une plainte pour le vol à l’arraché d’un bijou. Les quatre adolescents – l’un est noir, deux sont d’origine maghrébine, le dernier est blanc, se sont retrouvés entre copains dans un parc à Vitry, la police les interpelle et les contrôle. Tout dérape. Les policiers de la BAC les suspectaient dans l’affaire du vol à l’arraché : leur signalement correspondait à la description des auteurs du vol.
« Un monsieur a dit à mon ami : « Vous faites quoi ici ? » [Mon ami] a dit « on sort ensemble », dans le sens où l’on sort entre potes. Après [un policier] a commencé à dire à ses potes : « Eh regardez le maghrébin et les deux noirs, ils sont gays ! » Ils ont dit : « Bon, ils cassent les couilles ces deux négros, mettez-le dans la voiture avec le maghrébin ». Ils nous ont mis dans la voiture, moi j’étais au milieu. Ils lui ont dit : « Si tu ne rentres pas, on te rentre avec les jambes ».«
Selon leur avocat Jérôme Karsenti ils ont été « menottés en pleine rue pendant deux heures avant qu’une voiture de la police municipale ne vienne pour les emmener au commissariat du Kremlin-Bicêtre« . Dans la voiture, ils ont reçu des insultes homophobes et racistes (les « deux négros« , « l’arabe« , « le con« ) , l’un a été giflé, et ils ont fait l’objet d’humiliations de la part des forces de l’ordre.
À l’issue de leur garde à vue, aucune charge n’a été retenue contre eux. « Il n’y avait rien contre eux, pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont rien fait, selon Me Jérôme Karsent. Et quand bien même ils auraient fait quelque chose, ça n’aurait en rien autorisé les policiers à être discriminants, insultants ou violents. C’est la cerise sur le gâteau : ils se sont retrouvés en garde à vue alors que c’était leur premier contact avec la police, et pour rien. »
Rassemblés dans les locaux de la députée LFI Mathilde Panot, à Ivry-sur-Seine, les parents des quatre adolescents interpellés, puis innocentés ont lancé un comité de soutien « Nous ne laisserons pas faire » et réclament des excuses de la part des forces de l’ordre. « Nos enfants ont été traités comme des coupables, rien ne leur a été épargné« .
Quatre plaintes ont été déposées pour « détention arbitraire », « injures à caractère raciste et homophobe », « discriminations » et « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et une enquête a été confiée à l’IGPN. Selon les plaintes, « le transport a lieu dans des conditions de sécurité douteuses, les enfants étant menottés les mains dans le dos, assis l’un sur l’autre pour deux d’entre eux et sans ceinture de sécurité« .
- 11.06.2020 – Dépôt de 4 plaintes pour « détention arbitraire », « injures à caractère raciste et homophobe », « discriminations » et « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique »
- 10.06.2020 – Saisie IGPN par le Parquet de Créteil
- 27.05.2020 – Fin de garde-à-vue
- 26.05.2020 – Arrestation et garde-à-vue
[Sources : FranceInfo, France 24, Actu, Bladi]
Gabriel D.
26 mai 2020, Bondy
14 ans. 4 dents cassées, 1 fracture maxillaire
14 ans, quatre dents cassées, une fracture maxillaire étendue au plancher de l’orbite gauche avec hématome sous-cutané, insomnies et cauchemars : Gabriel se voit prescrire trente jours d’incapacité, après avoir été frappé à coups de pied au visage par un ou deux policiers lors d’une interpellation brutale.
Arrêté dans la nuit du 25 au 26 mai alors qu’il tentait de voler un scooter, l’adolescent aurait, selon une source policière, « fait une chute » avant de se « rebeller« . Mais lundi, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’est dit « troublé » par cette affaire, sur laquelle le parquet de Bobigny a ouvert une enquête, confiée à l’IGPN, la police des polices.
Le Défenseur des droits a indiqué avoir été saisi « aux titres de la défense des droits de l’enfant et du contrôle de la déontologie des forces de sécurité », notamment après avoir reçu un courrier de deux députés de Seine-Saint-Denis, Christophe Lagarde (UDI) et Sabine Rubin (LFI). Le Défenseur des droits Jacques Toubon a ouvert une enquête sur l’arrestation.
Lors de son interpellation, Gabriel assure avoir reçu trois à quatre coups de pieds au visage alors qu’il était au sol, maîtrisé et menotté. Il dit aussi avoir reçu un coup à l’arrière du crâne sans pouvoir en identifier précisément l’auteur. Souffrant notamment d’une fracture maxillaire étendue à l’os de l’œil gauche, l’adolescent s’est vu prescrire 30 jours d’interruption totale de travail (ITT).
[Sources : NPA, 7sur7, Le Monde]
Jamshed
12 avril 2020 – Marseille
27 ans. Tabassé, abandonné 30 km plus loin dans un terrain vague
Des policiers intervenant pour un contrôle du confinement interpellent brutalement Jamshed, un Afghan de 27 ans en ordre de séjour, ce 12 avril sur le Vieux-Port, sous l’oeil de caméras de vidéosurveillance qui filment la scène…
Les policiers soupçonnent Jamshed d’avoir craché sur deux passants qui lui auraient refusé une clope. Il est projeté contre le véhicule de police après une clé de bras, puis enfourné à l’intérieur. Selon l’adjointe de sécurité qui a procédé au menottage, le chef de bord, le brigadier de 46 ans, “s’est énervé à partir de là”. Les fonctionnaires évoquent des doigts d’honneur et des invectives.
Jamshed est ensuite véhiculé jusqu’à un terrain vague jusqu’à Châteauneuf-les-Martigues, à une trentaine de kilomètres de Marseille. Le brigadier dépose alors ses lunettes de soleil et son arme de service “pour ne pas faire de conneries”, selon ses propres termes. Derrière une butte, Jamshed reçoit “un coup de poing ou une gifle”, avant d’être abandonné à son sort.
Les deux hommes décident de rédiger un faux procès-verbal indiquant avoir laissé le jeune réfugié à l’Hôtel de police.
Durant le procès des 3 policiers, le conducteur avoue : « La première grosse erreur, c’est qu’on aurait dû laisser tomber et le laisser repartir mais on a décidé qu’il ne fallait pas qu’il reste là« . Le brigadier : « J’ai pété un câble, on a fait une énorme boulette […] On avait ce gars sur les bras, on ne savait pas quoi en faire« .
Les trois policiers se sont excusés auprès de la victime, à l’audience. La peine de quatre ans de prison est supérieure aux trois ans requis par la procureure Virginie Tavanti selon laquelle ces policiers « n’ont pas été dignes de leur uniforme« . La peine de 18 mois de prison avec sursis est quant à elle conforme aux réquisitions.
- 06.05.2020 – Condamnation en comparution immédiate par le Tribunal correctionnel de Marseille pour enlèvement et séquestration, faux et violences volontaires : 4 ans et 18 mois pour les 2 policiers, 1 an avec sursis pour l’adjointe de sécurité. Les 2 policiers sont incarcérés
- 04.2020 – Garde à vue des 3 policiers dans les locaux de l’IGPN
- 12.04.2020 – Tabassage de Jamshed
[Source : Huffington Post]
R.
Avril 2020 – Saône-et-Loire
Insulté, intimidé
Contrôlé en rentrant du boulot avec un ami, il est intimidé et insulté par des policiers, dont l’un armé d’un fusil, qui vérifient leur dérogation aux mesures de confinement.
« Insulté, impossible pour moi de répondre pour éviter l’outrage à agent, je n’en dors plus et je le vis très mal, je suis très traumatisé par cette histoire, je n’ai plus du tout d’économie à cause d’eux et du président qui nous a confinés 2 mois, privé de tout et surtout de sous maintenant et depuis cette histoire, j’ai perdu confiance en moi.
Il faut fuir absolument dans ces cas la, ne plus laisser les « policiers » nous priver de la liberté. Quitte à devoir de révolter pour l’avenir de nos enfants. »
[Source : Témoignage ObsPol]
Cédric Chouviat
5 janvier 2020, Paris
42 ans. Décédé après une clé d’étranglement
Père de 5 enfants, mort des suites d’une clé d’étranglement lors d’un contrôle de circulation par la police nationale.
Alors qu’il filme le contrôle avec son téléphone le 3 janvier, il est plaqué au sol par plusieurs fonctionnaires puis fait un arrêt cardiaque causé, selon l’autopsie, par une asphyxie avec « fracture du larynx » causé par une clef d’étranglement ainsi qu’un plaquage ventral. En état de mort cérébrale, il est conduit en réanimation à l’hôpital européen Georges-Pompidou où il décède.
[Sources : BastaMag, 20 Minutes, BBC, Wikipedia]
Boubacar
19 décembre 2019
Blessures et traumatisme post-traumatique après un contrôle
« J’ai cru que j’allais mourir ce jour-là !« – Ex-médiateur à Gennevilliers, il a subi un contrôle de police qui a viré en violente et humiliante agression. Atteint d’un syndrome de stress post-traumatique, il a du abandonner son travail.
[Source : YouTube]
Leila N.
19 août 2019 – Paris XVIIème
43 ans. Étranglement, coups de pied dans les tibias, une nuit de garde à vue
Sans le vouloir, Leila tombe sur une scène d’agression, rue Legendre, dans le XVIIème arrondissement de Paris, la nuit vers 22:00. Elle voit une femme gisant au sol entourée de ses agresseurs. La scène a attiré tout le voisinage au balcon. Aussitôt, elle appelle le 17. Les policiers en civil, brassard police en vue, arrivent dans une voiture banalisée sur les lieux. Ensuite, ils isolent les agresseurs et les témoins. Dans la foulée, l’un des agresseurs hèle Leila, depuis le trottoir et lui ordonne à plusieurs reprises de se taire : « Toi là-bas, t’as rien vu, tu dis rien« .
Elle décide de prévenir le policier Florian G., membre de la BAC du 17ème, de cette tentative d’intimidation. C’est alors que tout se complique:
Sur procès-verbal, Florian G. la décrit comme une jeune femme « excitée » en train de « vociférer » à laquelle il intimerait l’ordre de reculer. « Je vois qu’elle refuse de s’exécuter, j’essaie alors de l’accompagner avec le bras au niveau du trottoir d’en face […] Je décide alors de saisir son manteau avec ma main gauche au niveau de son épaule droite et je la repousse calmement vers le trottoir, sans force« . Selon lui, elle lui aurait retourné le pouce « très sèchement et très violemment« , à tel point qu’il « a dû porter un coup« , ce que confirme son collègue Fabrice I. Le flic dépose plainte pour violences volontaires.
Leila passe la nuit en garde à vue. Mais une vidéo de la scène filmée par un riverain, sept témoignages directs, les certificats médicaux, tous versés au dossier contredisent la version des deux policiers.
Dans cette vidéo publiée sur Marianne, l’on voit Florian G., barbe touffue et casquette sur la tête, agripper la gorge de Leila, l’étrangler, la repousser jusqu’au trottoir avant de la plaquer contre un mur. Elle crie et lui saisit la main. Au milieu de la séquence, le policier lui assène un coup de pied dans le tibia. Les cris de Leila sont distinctement audibles dans la vidéo : « Lâchez-moi, ça va pas ou quoi ?« , hurle-t-elle.
Des témoins : « Elle n’opposait aucune résistance et criait “Je ne vous ai rien fait, c’est moi qui vous ai appelés”, puis à plusieurs reprises “lâchez-moi, vous me faites mal » »; « La dame avait le visage choqué, elle n’avait rien fait, elle demandait au policier pourquoi elle se faisait agresser« ; « J’ai vu parfaitement – j’étais à un mètre de distance – comment il l’a lâchée et lui a ensuite mis un coup de pied très fort sur les jambes.«
Au tribunal de Paris le 4 juin 2020, Leila répète : « Je ne comprends pas ce que je fais là », et finit en larmes : « J’étais témoin d’une agression, je me suis retrouvée victime, et maintenant je suis accusée. la présidente de la 28ème chambre correctionnelle, Agnès Herzog, a déclaré que Leila :
« Leila N. tenté courageusement d’enjoindre l’agresseur à cesser de porter des coups à la victime au sol« . Si elle a « tordu le pouce gauche » du policier, c’était pour « mettre fin à sa sensation d’étouffement » infligée par le gardien de la paix, et non pour « porter atteinte à son intégrité physique« , conclut la juge. Pour sa part, l’avocat de Leila David Curiel a accusé l’agent de la BAC d’avoir « travesti la réalité » sur procès-verbal.
« Sans la vidéo, j’aurais été condamnée…« , soupire Leila.
- 04.06.2020 – Relaxe de la prévenue par la 28e chambre correctionnelle du tribunal de Paris
- 08.2019 – Dépôt de plainte contre Leila pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique
- 20.08.2019 – Fin de la garde à vue
- 19.08.2019 – Arrestation et garde à vue de Leila
[Sources : Bladi, YouTube, Le Monde, Le Monde]
Steve Maia Caniço
29 juillet 2019, Nantes
24 ans. Noyé dans la Loire suite à une opération de police
Décédé à la suite d’une intervention musclée de la police décidée à mettre fin à une soirée techno sur les bords de Loire.
Tombé à l’eau avec au moins douze autres personnes (qui toutes ont réussi à remonter sur la rive), on retrouvera son corps dans le fleuve, non loin de l’endroit où il y était tombé.
[Sources : 20 Minutes, Le Monde, HuffPost, Wikipedia]
Frédéric Vuillaume
Lola Villabriga
18 décembre 2018, Biarritz
18 ans. Triple fracture de la mâchoire et 2 dents cassées par un tir de flash-ball
Blessée par un tir de flash-ball lors de la manifestation anti-G7, en marge de la visite du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
[Sources : ODPNews, France Bleu, 20 Minutes, Sud Ouest, France 3 Régions]
Zineb Redouane
1er décembre 2018, Marseille
80 ans. Décédée après avoir été atteinte par un tir de grenade lacrymogène
Le 1er décembre 2018, à l’appel du Collectif du 5 novembre créé suite à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, plus de 15 000 Marseillais.e.s manifestent contre l’habitat indigne et le mal logement qui a coûté la vie à 8 habitants du quartier de Noailles, soutenus par les Gilets Jaunes qui font alors la jonction lors de l’acte III.
Après avoir dispersé la manifestation devant la mairie et sur le Vieux-Port de Marseille, les forces de l’ordre repoussent les manifestant.e.s vers le haut de la Canebière.
Surnommée « Mama Zina » par ses proches, Zineb est chez elle, au quatrième étage du 12 rue des Feuillants. Elle prépare son dîner en discutant au téléphone avec sa fille Milfet Redouane, qui se trouve alors à Alger. Beaucoup de gaz lacrymogène entre par la fenêtre de sa chambre ouverte, qui donne sur la Canebière. À 18:57, Zineb se dirige vers la fenêtre pour la fermer. Elle met le haut-parleur de son téléphone qu’elle pose sur le radiateur situé sous la fenêtre afin de continuer la conversation en ayant les mains libres, et passe la tête par la fenêtre pour regarder dans la rue avant de la fermer. Elle voit alors deux policiers sur la Canebière, au croisement de la rue des Feuillants devant l’enseigne C&A. L’un d’entre eux tient un lance-grenade braqué en sa direction. Leurs regards se croisent quelques instants : son visage n’est pas masqué. « Je pourrai le reconnaître » a-t-elle affirmé à sa fille Milfet et à son amie Imen. Puis, elle reçoit une grenade lacrymogène sur l’hémiface droit de son visage. Les deux policiers montent alors en voiture et s’éloignent des lieux. Immédiatement, elle déclare à sa fille Milfet inquiète d’entendre ses cris : « Il m’a visée, le policier m’a visée ! » Malgré le choc de l’impact, Zineb Redouane reste debout et éteint le début d’incendie provoqué par les palets incandescents libérés par la grenade. Dans une pièce de 12 mètres carrés noyés par 800 mètres cubes de gaz, et en pleine hémorragie, elle piétine seule les étincelles qui brûlent au sol.
Sa voisine du dessous, alertée par ses cris, monte immédiatement lui porter assistance tandis que son amie Imen, prévenue par sa fille Milfet, appelle les pompiers dont la caserne est située à moins de 200 mètres sur la Canebière. Elle devra les rappeler trois fois, et ils mettront 1h20 à venir lui porter secours. Pendant ces 80 minutes, Zineb les attend assise sur les marches du palier du 3ème étage, contenant une hémorragie importante à l’aide de nombreuses serviettes éponge fournies par sa voisine Nadjia. Lorsque les pompiers arrivent enfin, un policier est avec eux et réclame les clés de l’appartement de Zineb, qui refuse de les lui donner. Elle explique qu’elle a déjà éteint l’incendie, fermé le gaz et coupé l’électricité. Le policier insiste et menace de forcer la porte, alors Zineb lui laisse les clés et se fait conduire à l’hôpital de la Timone peu avant 21h. Elle attend ensuite avec Imen près de 4 heures aux urgences avant d’être prise en charge pour suturer les plaies du visage dont l’hémorragie continue. Au alentours de 4h du matin le 2 décembre, elle sera transférée à l’hôpital de la Conception. Avant d’être admise au bloc opératoire 10 heures plus tard, à 14h le 2 décembre, elle fait trois arrêts cardiaques. Son cœur parvient à redémarrer et elle reste consciente, ce qui lui permet de parler au téléphone avec Milfet alors qu’elle se trouve en service de réanimation, avant qu’on ne déclare finalement sa mort à 22h30, soit 27,5 heures après l’impact de la grenade, à l’hôpital de la Conception.
[Sources : France 3 – France info PACA, Désarmons-les!, Wikipedia, Les Crises, Le Point]
Thomas Ciotkowski
31 juillet 2018 – Calais
Bousculé, arrêté et poursuivi en justice
Le 31 juillet 2018, les trois CRS des compagnies 40 et 61 étaient de la fête : évacuation de migrants sous un pont de bretelle routière près de la rocade à Calais.
Thomas Ciotkowski, un bénévole britannique trentenaire de Help Refugees, circule en camionnette avec l’un de ses amis. Apercevant trois personnes en train de se faire contrôler par quelques policiers, à proximité de migrants, il s’arrête pour filmer la scène. Les fonctionnaires décident alors « d’évincer » l’ensemble du groupe.
Extrait du PV, dans lequel Laurent M. déclare :
Nous avons essayé de les repousser, mais ça durait et, à ce moment-là, l’individu anglais que nous avons interpellé après a commencé à parler fort, à crier et nous a insultés dans sa langue en ces termes “bitch-bastard” et il est venu à mon contact, puis a positionné ses mains sur ma poitrine et m’a poussé en arrière. J’ai effectué un geste pour le repousser, il a reculé et comme derrière lui se trouvait la glissière de sécurité, il a basculé en arrière et, comme il me tenait, j’ai suivi et j’ai basculé avec lui. Nous nous sommes retrouvés au sol tous les deux et j’ai procédé à son interpellation.
– Est-ce que les insultes ont été prononcées plusieurs fois ?
– Oui, plusieurs fois en anglais, à chaque fois qu’on essayait d’avancer, ils nous repoussaient tout en nous insultant. »
Ses deux collègues confirment tout sur procès-verbal l’ensemble de ces déclarations, ajoutant même : « Ils étaient agressifs envers nous et nous ont copieusement insultés en anglais, de mots comme “bastard, bitch, fuck…” et j’en passe », assure le brigadier G. Quant au gardien de la paix L., il est formel : « J’ai vu l’individu qu’on a ramené qui s’est approché du chef M. et l’a poussé au niveau du torse. J’ai entendu le chef M. dire aux Anglais “Me pousse pas », mais le gars l’a refait, donc le chef M. l’a repoussé mais en reculant l’individu a butté contre la glissière de sécurité et est parti en arrière en s’agrippant au chef M., ils sont tombés tous les deux. »
Thomas Ciotkowski est interpellé, renvoyé pour outrage et violences sur policier et relaxé en 2019 sur la base de vidéos prises de bénévoles qui contredisent les dires des fonctionnaires des forces de l’ordre : on l’y voit bousculé par le CRS et tomber seul par-dessus la glissière au moment où passe un camion… La procureure Dorothée Perrier, évoque la « désagréable impression » que le contenu des PV « ne correspondait pas du tout à la vérité » et semblaient avoir été rédigés « pour couvrir des violences et justifier une interpellation intempestive« .
- 02.09.2021 – Condamnation à à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT et faux en écriture publique pour Laurent M. Relaxe de G. et L. du chef de faux en écriture publique
- 06.2021 – Audience du Tribunal correctionnel : un an d’emprisonnement avec sursis et cinq ans d’interdiction d’exercer requis par le Parquet contre Laurent M. ; six mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant un an contre G. et L.
- 2019 – Relaxe des chefs de violence et d’outrage envers des policiers
- 31.07.2018 – Agression
Ishaq
20 février 2018 – Marseille
17 ans. Tabassé
Ishaq était en vacances chez ses grands frères à Marseille. Le 20 février, il sort vers 22:30 acheter des cigarettes dans une épicerie de nuit, « à 100 mètres du domicile de sa famille« , selon son frère Jamel. Au retour, dans une ruelle, il voit une voiture de police se garer à son niveau.
D’après le lycéen, version rapportée par l’AFP, un policier lui aurait d’abord asséné un coup de poing dans l’œil, sans aucune raison, puis, rejoint par son collègue, plusieurs coups de pied et de poing sur le corps et au visage.
Selon son avocate Me Sennaoui :
Deux policiers sont sortis de leur véhicule à son niveau, l’ont humilié verbalement puis l’ont agressé physiquement […] Ils lui ont dit qu’il y avait eu un braquage et qu’il ressemblait au braqueur recherché, mais l’enquête de l’IGPN a démontré qu’il n’y avait jamais eu de braquage.«
Dans le rapport de l’IGPN, remis en avril 2019, les deux policiers, le brigadier-chef de 42 ans Lionel P., et le gardien de la paix de 33 ans Thomas B., ne parlent plus de braquage, mais assurent avoir « poursuivi un jeune qui s’enfuyait » sans jamais le toucher.
« Pourtant de l’ADN d’un des deux policiers a été retrouvé sur un stylo du syndicat alliance police nationale à proximité de la victime et l’ADN de l’autre policier sur la veste de mon client« , selon Me Sennaoui.
Pour l’IGPN, ces éléments ainsi que le témoignage de l’épicier qui a vu le jeune repartir le visage tuméfié, attestent des « violences commises sur la personne d’Ishaq« . Une agression qualifiée de « gratuite et déplorable » par la procureur Virginie Taventi lors de l’audience du tribunal correctionnel de mars 2020.
Ishaq a reçu 15 jours d’ITT, souffrant notamment d’une fracture du plancher orbital.
- 14.05.2020 – Jugement rendu par le Tribunal correctionnel de Marseille : Lionel P. et Thomas B. condamnés à quatre ans de prison, dont deux ferme. Le tribunal n’a pas demandé leur placement en détention.
- 03.2020 – Audience du Tribunal correctionnel de Marseille
- 17.10.2019 – Audience du Tribunal correctionnel de Marseille
- 04.2019 – Remise du rapport de l’IGPN
- 20.02.2018 – Tabassage d’Ishaq
[Sources : France 3 PACA, Le Point, RTL, La Provence]
William Décoiré
29 octobre 2016. Mont-Dore (Nouvelle-Calédonie)
23 ans. Mort par balle
Évadé de prison, William est à bord d’une camionnette à l’arrêt que des gendarmes décident de contrôler : l’engin correspond peut-être au signalement d’un véhicule utilisé pour commettre des délits plus tôt dans la nuit. Le jeune Kanak panique et tente de prendre la fuite au volant de son véhicule.
Un bleu se trouve sur son chemin et évite un choc dangereux en sautant dans le fossé. Un de ses collègues, arrivé sur l’archipel depuis 12 jours brandit son pistolet et tire à hauteur d’homme au lieu de viser les pneus. William prend un balle dans le thorax. Il décède quelques heures plus tard à l’hôpital.
Chronologie judiciaire
23.05.2020 – Reconstitution
2017 – Ouverture d’une information judiciaire
17.02.2017 – Plainte contre X de la famille pour homicide involontaire, puis plainte pour meurtre avec constitution de partie civile
03.01.2017 – Le Procureur de la République Alexis Bouroz, du parquet de Nouméa, conclut à la légitime défense
29.10.2016 – Ouverture d’une enquête préliminaire par le Parquet de Nouméa
[Sources : StreetPress, NC 1ère, Outre-Mer 360, Europe 1, Ouest-France, NC 1ère]
Adama Traoré
19 juillet 2016, Persan
24 ans. Mort à la gendarmerie après son interpellation
Décédé dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), au terme d’une course-poursuite et après avoir échappé à une première interpellation un jour de canicule. Depuis lors, une bataille d’expertises oppose les médecins missionnés par la justice et ceux choisis par la famille. Celle-ci accuse les trois gendarmes d’avoir causé la mort d’Adama Traoré par une « asphyxie positionnelle », qu’ils auraient provoquée en ayant fait peser sur lui par un « plaquage ventral » leur corps lors de l’interpellation.
- 08.02.2021 – Conclusions d’un nouvelle expertise judiciaire confiée à quatre médecins belges : « coup de chaleur », « aggravé » par les manœuvres d’immobilisation et de menottage des gendarmes et, dans une « plus faible mesure », par ses antécédents médicaux (il souffrait d’une maladie génétique, la drépanocytose, associée à une pathologie rare, la sarcoïdose)
- 06.2020 – Une contre-expertise de juin 2020 contredit les précédentes et affirme que la mort d’Adama est due à un « œdème cardiogénique suivi par un syndrome asphyxique, causé par une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral« .
- 10.07.2020 – Ordonnance des juges d’instruction parisiens en charge de l’enquête demandant de nouvelles investigations centrées sur son passé et celui des gendarmes, acceptant certaines demandes de Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré, notamment celles visant à joindre au dossier d’enquête l’ensemble des antécédents judiciaires ou des procédures dans lesquelles Adama Traoré a pu être impliqué, et notamment à ce que soient « mises en exergue » les procédures passées dans lesquelles il a été mis en cause et dans lesquelles les gendarmes qui l’ont interpellé étaient intervenus, ce qui pourrait permettre d’établir s’il existait un contentieux entre eux, et que soient produits les dossiers administratifs des trois gendarmes ainsi que leurs antécédents judiciaires. Ont refusé le dessaisissement de l’enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) au profit de la Brigade criminelle, comme demandé par Yassine Bouzrou : l’IGGN se voit confier l’ensemble des nouvelles investigations, parmi lesquelles le travail d’identification de nouveaux témoins qui auraient pu assister à la première arrestation du jeune homme noir de 24 ans.
- 2018 – Un premier collège d’experts, aux conclusions balayées par les médecins de la famille, retient la drépanocytose parmi les causes principales de l’asphyxie du jeune homme.
[Sources : Le Monde, 20 Minutes, Le Point, Wikipedia, Le Nouvel Obs, Le Point]
Tarek Belgacem
7 janvier 2016, Paris (XVIIème)
24 ans. Abattu de 3 balles
D’après le parquet de Paris, Tarek se serait rendu devant le commissariat de la Goutte-d’Or et et aurait menacé les policiers en faction avec une feuille de boucher et un faux engin explosif. Le policier dégaine alors et l’abat l’assaillant. On trouvera sous sa veste une feuille sur laquelle un petit drapeau de l’État islamique est imprimé.
La police allemande (la victime vivait outre-Rhin) n’a trouvé aucun lien entre Tarek et un quelconque réseau islamiste. De même, rien dans les documents consultés par StreetPress ne permet d’établir de lien entre la victime et une organisation terroriste structurée. Pourtant, c’est au parquet antiterroriste qu’est tout de suite confiée l’affaire. La décision s’appuie sur « des éléments concordants » (comme les témoins confirmant le cri de la victime, son attirail et la date du passage à l’acte).
De son côté, l’avocat de Taoufik Belgacem, le père de Tarek, qui ne croit pas à la thèse de l’assaut terroriste, dépose une plainte contre X pour homicide volontaire avec constitution de partie civile. Le magistrat saisi de ce nouveau volet de l’affaire récupère les conclusions de l’enquête menée par le parquet anti-terroriste.
Sur la base de ce dossier, le magistrat détermine que rien ne justifie l’hypothèse d’un usage non proportionné de la force par le policier qui a tiré et abattu Tarek. Il décide de ne pas lancer une nouvelle instruction. La plainte de la famille est donc classée sans suite.
Enfin, l’IGPN n’est pas tenue de mener d’enquête de son côté. La saisie initiale du parquet anti-terro le lui évite.
- 22.01.2016 – La police allemande ne trouve aucun lien avec des réseaux islamistes.
- 20.01.2016 – La famille porte plainte contre X pour homicide volontaire
- 07.01.2016 – Décès de Tarek
[Sources : StreetPress, Le Monde, L’Express, Le Soir, Paris-Luttes Info]
Babacar Gueye
3 décembre 2015, Rennes
27 ans. Abattu par 5 balles par la BAC
Abattu lors d’une intervention policière dans la cage d’escalier d’un immeuble du quartier de Maurepas, de cinq balles tirées par un policier de la brigade anti-criminalité. Babacar était sénégalais et il n’avait pas ses papiers. Des personnes sans papiers qui meurent en se jetant par la fenêtre pour fuir la police, qui n’en a jamais entendu parler? Les policiers, Babacar les connaissait, car dans ce monde où la police peut tuer en toute impunité, les sans-papiers sont aussi traqués.
Les forces de l’ordre étaient intervenues alors que le jeune homme, dans un état psychologique altéré, se mutilait avec un couteau de cuisine. Babacar avait besoin d’aide le 3 décembre 2015, et c’est la police qu’on lui a envoyée. Babacar était en crise, en détresse mentale. Il avait besoin d’aide et ce sont des hommes armés qu’on lui a envoyés : on lui a envoyé la mort !
Selon l’ami de Babacar, seul témoin oculaire, les policiers lui ont crié de lâcher le petit couteau de table qu’il utilisait peu de temps avant pour se scarifier l’abdomen. Ils lui ont tiré dessus au taser, mais le taser n’a pas marché. L’un des agents a alors sorti son arme de service et tiré à cinq reprises. Il faisait nuit et ils étaient 8, 4 de la BAC et 4 de la police nationale. Ils ne l’ont pas aidé et ils l’ont tué. Les pompiers ne sont pas intervenus, ils n’en ont pas eu le temps car il avait déjà reçu une puis quatre balles dans le corps. Deux mortelles. Babacar agonisait dans la cage d’escalier et ils l’ont menotté, laissé sur le sol pendant un temps qu’on ne connaît pas.
Il décédé sur place malgré les secours. La police, la justice et certains médias ont fait du récit de sa souffrance un récit criminalisant afin de justifier son assassinat. Babacar est mort comme de nombreuses autres personnes en crise ou dont le comportement a été interprété comme « anormal » par les forces de l’ordre à l’intersection du racisme, de la psychophobie et des violences d’État.
Dans l’après-midi, Awa Gueye, sa sœur, apprend la mort de son frère par un de ses amis qui l’appelle. Elle se rend au commissariat pour savoir où est le corps de Babacar. Les policiers vont refuser qu’elle soit accompagnée pendant « l’entrevue » et lui annoncer que « son frère a été tué parce qu’il voulait tuer un policier« . Il refuseront de lui donner accès au corps de Babacar sans avoir sa pièce d’identité et lui mettront sous le nez, et sans la prévenir, une photo du son frère mort.
L’enquête ouverte le jour du meurtre est à charge contre Babacar, décrit par le Procureur de la république comme un « forcené » » particulièrement agressif« . Ses propos seront largement repris dans la presse, rendant Babacar responsable de sa propre mort. Pour la justice, il faut que l’histoire retienne qu’on n’avait pas d’autre choix que de tuer Babacar, tant il était dangereux.
L’autopsie indique pourtant l’arrivée d’une balle par la fesse gauche, ce dont la justice ne se saisit pas pour mettre en cause la version policière et la « légitime défense« . Pour Awa, la thèse de la légitime défense ne tient pas la route. Elle porte plainte, ce qui aboutira au placement du policier flingueur sous statut de témoin assisté.
07.2019 – Placement du policier tireur sous statut de témoin assisté
02.2019 – Remise en question des conclusions d’un expertise faisant le lien entre balistique et autopsie : aucune balle n’est arrivée de face, 4 sont arrivées de côté, et de haut en bas, une autre est entrée par la fesse gauche de haut en bas
2018 – Destruction « malencontreuse » de scellés notamment ceux contenant l’arme et les deux chargeurs lors d’un tri des scellés
05.2017 – Audition d’Awa par le juge d’instruction
01.2017 – Saisine du juge d’instruction par le Procureur
07.2016 – Classement sans suite par le Procureur du TGI de Rennes qui estime que le policier a agi en état de légitime défense; dépôt de plainte avec constitution de partie civile par Awa Gueye contre le tireur pour homicide volontaire et contre les trois policiers qui avaient porté plainte pour participation au meurtre ou à l’assassinat
06.2016 – Conclusion de l’enquête IGPN : le policier qui a tiré sur Babacar a réagi de manière proportionnée à la violence dont Babacar a fait preuve sans raison à son encontre
04.2016 – Conclusion de l’enquête SRPJ : les policiers n’ont pas eu d’autre choix que de tirer sur Babacar qui présentait une menace
02.2016 – Conclusions de l’analyse toxicologique : aucune substance toxicologique décelée
03.12.2015 – Décès de Babacar. Ouverture d’une enquête et saisie par le Procureur du Service Régional de la Police Judiciaire (SRPJ) et de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN); dépôt de plainte par 3 des policiers contre Babacar pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique; une autopsie confirme que ce sont les balles qui l’ont tué.
[Sources : Vérité et Justice pour Babacar Gueye, Désarmons-les!, Cases Rebelles, La Meute, C.L.A.P.33, Mediapart, Le Télégramme, France Culture]
Dominique Burger
21 mai 2015. Schoelcher (Martinique)
46 ans. Tasé 3 fois
Le Dr Dominique Burger promène son chien de nuit le 20 mars 2015, et tombe sur un couple avec lequel il se dispute. Les gendarmes interviennent. Ils lui mettent 2 coups de Taser, le menottent, puis lui mettent un troisième coup de taser, selon l’un des premiers avocats de la famille.
Lorsque l’équipe de renfort de la gendarmerie arrive sur les lieux à 2h45, Dominique Burger est déjà menotté au sol, face contre terre. Trois gendarmes et un civil, Monsieur Servius (qui prétend avoir été agressé par le médecin), le maintiennent au sol, utilisant leurs genoux pour le bloquer. Les gendarmes affirment avoir dû utiliser un taser pour le maîtriser.
Les pompiers, arrivés dans l’intervalle, s’inquiètent de l’absence de réaction de l’individu depuis une dizaine de minutes. Ils vérifient son pouls : le Docteur Burger est en arrêt respiratoire. Après prise en charge par le SAMU, il sera transféré à l’hôpital mais décédera le 21 mai 2015, après plusieurs semaines de coma.
L’autopsie puis l’expertise médicale complémentaire ordonnée par le juge d’instruction confirmeront l’existence d’une asphyxie à l’origine de son arrêt cardiaque. Par ailleurs, une expertise balistique est effectuée et permet d’établir 6 utilisations du taser par les gendarmes. Les pompiers intervenus sur les lieux sont auditionnés et affirment avoir vu des traces de coups sur le corps de Monsieur Burger, ainsi qu’une déformation de sa poitrine. Il sera effectivement constaté de nombreuses fractures.
- Désignation d’un nouveau juge d’instruction
- Le juge Colombet qui a mis en examen les gendarmes et le pompier volontaire quitte la Martinique du jour au lendemain, après la reconstitution sans avoir averti la famille du docteur Burger à qui il aurait pourtant promis de clôturer le dossier.
- 26.05.2016 – Reconstitution
- 05.2016 – Mise en examen des trois autres gendarmes impliqués et du pompier
- 01.2016 – Mise en examen de l’un des gendarmes impliqué
- 10.2015 – L’IGGN ouvre une enquête et auditionne trois gendarmes
- 06.2015 – Saisine d’un juge d’instruction
- Dépôt de plainte avec constitution de partie civile par la famille
[Sources : StreePress, Bondamanjak, FXG Paris Caraïbe]
Pierre Cayet
25 avril 2015. Saint-Denis (93)
54 ans. Décédé d’une fracture du crâne
Tout est parti d’un contrôle routier. Pierre Cayet est arrêté pour conduite en état d’ébriété avec un taux de 0,48 mg/l d’air expiré (la limite étant 0,40 mg/l). Son véhicule est immobilisé. Quelques heures plus tard, le Guadeloupéen se rend au commissariat de Saint-Denis. « Il était avec sa compagne et voulait seulement récupérer les papiers et les médicaments qu’il avait laissés à l’intérieur de la voiture » explique son frère, Frantz Dendelé. Face au refus des policiers, il aurait profité de la sortie d’un véhicule de police pour pénétrer dans l’enceinte du commissaria, ou aurait fait le tour et tenté d’enjamber l’enceinte. Il tombe sur un agent.
Selon les policiers présents, Pierre Cayet était « passablement énervé« . « Il a été repoussé une première fois par un fonctionnaire de police puis il est revenu à la charge« , raconte un policier du syndicat Alliance. « Le deuxième fonctionnaire l’a alors repoussé au niveau du visage. Cela a entraîné la chute de Monsieur Cayet qui est tombé en arrière de toute sa hauteur et a heurté le béton« . « Les policiers n’ont rien à cacher. Malheureusement, c’est un accident« , conclut ce fonctionnaire de police.
Une version contestée par la famille de la victime. « Les policiers l’ont gazé, ensuite il est revenu« , raconte Frantz Dendelé. « Face à tous les policiers présents ce soir-là au commissariat, mon frère ne présentait pas de danger. Ils avaient les moyens de neutraliser facilement un petit bonhomme comme lui ». Greffé d’un rein, Pierre Cayet était fortement handicapé, d’après Le Parisien.
Pour Frantz Dendelé, le frère de la victime qui a pu voir le corps de son frère, Pierre Cayet aurait reçu un violent coup au visage. « Il a pris une droite. J’ai vu son visage totalement déformé par ce coup mortel. Le policier qui lui a fait ça doit rendre des comptes à la justice« . Il dispose d’une une photo de son frère prise sur son lit d’hôpital avec un coquard à l’œil.
Transporté à l’hôpital, le Guadeloupéen est décédé dans la nuit. Selon une source judiciaire citée par l’AFP, l’autopsie a confirmé que le décès était »consécutif à une fracture crânienne » et qu’il n’y avait « aucune trace de violence« .
- 04.2015 – Enquête confiée dans la foulée à l’IGPN. La famille porte plainte
[Sources : StreePress, TheLinkFwi]
Amadou Koumé
6 mars 2015, Paris
33 ans. Mort au Commissariat
Papa de deux enfants, mort dans le secret du commissariat du XXème arrondissement de Paris.
Interpellé lors qu’il tenait des propos incohérents, les policiers ont voulu le menotter, il s’est débattu. Ils ont procédé à une manœuvre d’étranglement pour lui passer les menottes. À l’arrivée au commissariat, ils se sont rendu compte qu’il était amorphe. Le Samu a tenté de le ranimer, en vain….
[Sources : Paris Luttes, L’Express, Libération, C.L.A.P. 33, Le Point, L’Express]
Bertrand Bilal Nzohabonayo
21 décembre 2014, Joué-lès-Tours
20 ans. Abattu par balles
D’origine burundaise converti à l’Islam et radicalisé, tué de plusieurs balles devant le commissariat par des policiers alors qu’il s’y était présenté armé d’un couteau.
[Sources : La Rotative, Le Point, La Nouvelle République]
Abdoulaye Camara
16 décembre 2014, Le Havre
31 ans. Tué par balles
Abattu par des policiers avenue du Bois-au-Coq alors qu’il était en train de poignarder un passant à terre.
Les policiers se seraient sentis menacés et auraient agi en état de légitime défense, selon l’IGPN, la police des polices.
[Sources : Révolution permanente, Paris-Normandie, Actu.fr]
Morad
1er avril 2014, Marseille
16 ans. Défenestré
Dcécédé à l’hôpital après avoir chuté 7 mètres d’un balcon en tentant d’échapper à un policier qu’il connaissait.
L’affaire a été classée sans suite le 10 juillet de 2014, enterrée dans la torpeur de l’été après une enquête expédiée par l’IGPN.
[Source : Marseille Infos Autonomes]
Wissam El Yamni
Lésions au cou de Wissam telles qu’elles apparaissaient à J+3 (résorption partielle)
9 janvier 2012, Clermont-Ferrand
30 ans. Mort sans sortir du comma 9 jours après l’intervention policière
Vers 2:30 du matin le 1er janvier, la police reçoit un appel provenant du téléphone portable de Wissam signalant la présence d’un corps inanimé sur la chaussée. Deux voitures et un véhicule de pompiers se rendent sur place. L’un des véhicules de police essuya un jet de pierre qui rebondit sur la vitre.
Wissam, identifié comme l’auteur du jet de projectile, est pris en chasse par des agents de police, fuyant en direction de l’école Jean de la Fontaine. Wissam est frappé une première fois au visage par un policier de l’unité cynophile avant de chuter au sol, puis reçoit un second coup dans le thorax. Dans un laps de temps très court et alors que Wissam était déjà au sol et menotté, au moins huit autres véhicules de police (deux voitures de police secours, trois de la BAC, deux de la section d’intervention et deux autres de l’unité cynophile) viennent stationner sur le parking. Finalement menotté et visiblement inconscient, il est placé sur la banquette arrière de la brigade canine.
Au cours du transport, qui dure entre 3 et 5 minutes, le policier présent à l’arrière avec Wissam le redresse dans un premier temps pour libérer de la place, puis le plaque contre la vitre pour le maintenir tranquille. Trouvant cette posture inconfortable et cherchant à immobiliser totalement Wissam, le policier applique alors, si l’on en croit la version policière, la bonne vieille méthode du « pliage » enseignée autrefois à l’école de police, mais interdite depuis par une circulaire du 17 juin 2003.
Personne hormis les policiers ne saura exactement ce qu’il s’est passé dans les minutes qui ont précédé son arrivée au commissariat de la rue Pélissier, ainsi que durant celles qui ont suivi, pour que Wissam se retrouve inanimé, sans ceinture et le pantalon baissé au niveau des chevilles, allongé à plat ventre sur le sol du couloir qui mène aux cellules de garde-à-vue.
[Source : Paris-Luttes]
Mustapha Ziani
12 décembre 2010, Marseille
43 ans. Tué par un tir de Flash Ball
Algérien tué au flash ball dans sa chambre dans les quartiers nord.
Le 12 décembre 2010, l’équipage de police-secours commandé par Xavier Crubezy, alors âgé de 33 ans, est appelé pour une rixe au couteau entre deux résidents d’un foyer des quartiers nord de Marseille. Après avoir reçu une tasse sur le front, Xavier Crubezy tire en visant le thorax de Mustapha Ziani.
Le policier et son avocate considéraient qu’il n’avait « pas d’autre alternative » et a tiré en état de légitime défense. Pourtant M. Ziani « était dans sa chambre, donc il n’était pas dangereux pour autrui ». « [Ils étaient] trois fonctionnaires de police face à un individu acculé contre le mur, armé d’un verre et d’un mug ! ».
[Sources : Marseille Infos Autonomes, Libération, BFMTV, 20 Minutes]
Abdelhakim Ajimi
9 mai 2008, Grasse
22 ans. Mort par lente asphyxie mécanique
Psychologiquement fragile, il est mort lors d’un interpellation par la police alors qu’il venait de gifler son banquier.
Très vite, l’arrestation se transforme en une bagarre extrêmement violente, qui dure 5 à 6 minutes, le jeune homme refusant d’obtempérer. Hakim se retrouvera au sol, menotté aux pieds et aux mains, maintenu par trois policiers. Lorsqu’il est relevé et traîné par les pieds jusqu’à une voiture de police-secours, au moins 11 témoins indiquent qu’il ne résiste plus et paraît inconscient. Trois personnes remarquent son visage bleu ou violacé, signe d’un manque d’oxygène. Il meurt probablement durant la minute de transport jusqu’au commissariat, sans qu’aucun policier ne s’en rende compte.
Les rapports d’expertise médicale ont conclu que la mort d’Hakim était due à une lente asphyxie mécanique, résultat d’une compression thoracique et d’une clef d’étranglement pratiquées par deux policiers avec trop de force et durant trop longtemps. Les deux agents de la brigade anticriminalité (BAC) Jean-Michel Moinier et Walter Lebeaupin ont été reconnus coupables d’homicide involontaire et condamnés par le tribunal correctionnel de Grasse respectivement à 18 et 24 mois d’emprisonnement avec sursis, Walter Lebeaupin ayant également été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger.
Le policier municipal Jim Manach a, lui, été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger et condamné à six mois de prison avec sursis. Les quatre autres policiers impliqués ont été relaxés. Des peines de prison avec sursis avaient été requises à l’audience du 18 janvier contre les sept policiers impliqués. Les quatre fonctionnaires relaxés, qui appartenaient à une unité de police-secours, étaient accusés de non-assistance à personne en danger.
[Sources : Le Monde, Urgence notre police assassine !, Courrier de l’Atlas]
Albertine Sow
17 août 2006, Paris
Frappée au ventre à coups de matraque pendant sa grossesse
Enceinte au moment des faits a été frappée au ventre et gazée par des policiers alors qu’elle était témoin de violences policières à Paris.
Albertine a raconté à Amnesty International qu’elle avait été témoin d’un affrontement violent entre trois policiers en civil et trois résidents du quartier, dont son cousin, rue Clovis-Hugues, à Paris. La jeune femme, qui était alors enceinte de six mois, a demandé à la police ce qui se passait. Comme elle insistait, l’un des policiers lui a donné un coup de poing sur la bouche. À ce moment, le frère d’Albertine Sow, Yenga Fele, est arrivé en courant et a demandé au policier s’il se rendait compte qu’il venait de frapper une femme enceinte. Un policier a alors fait usage de gaz lacrymogène contre lui et Albertine Sow. Tous deux ont été frappés à coups de matraque. La jeune femme, dont la grossesse était pourtant manifeste, a reçu un coup de matraque près du bas-ventre. Elle est tombée et a perdu connaissance. Elle a été emmenée à l’hôpital, où elle est restée sous surveillance policière pendant quarante-huit heures, accusée de « violences en réunion » contre les policiers. Elle s’est vu reconnaître une ITT de trois jours et, après cet épisode, elle a commencé à ressentir des contractions. (Elle a finalement accouché d’une fille à terme.)
Le 19 août, le procureur de Paris a ouvert une enquête concernant Yenga Fele et Albertine Sow, accusés de « violences en réunion » contre les policiers. Albertine Sow a porté plainte contre les policiers pour mauvais traitements. Malgré les nombreux témoignages et certificats médicaux, sa plainte a été classée sans suite le 27 novembre 2006.
Le 19 novembre 2008, la jeune femme a été convoquée devant un juge d’instruction qui avait visiblement rouvert ce dossier. Elle s’est présentée à ce juge, qui a procédé à son audition, mais elle n’a pas eu de nouvelles de sa plainte depuis lors.
Le 27 janvier 2009, Albertine Sow a été reconnue coupable d’avoir agressé les policiers et s’est vu infliger une peine d’un mois d’emprisonnement avec sursis. Son frère a été condamné à six mois d’emprisonnement. Tous deux ont été condamnés à verser à chacun des policiers une somme de 1 500 euros en réparation du préjudice subi. Ils ont interjeté appel de ce jugement.
[Sources : Amnesty International, Les mots sont importants]
Guillaume Perrot
7 décembre 2006, Corbeille-Essonnes
35 ans. Noyé
Retrouvé noyé à Corbeil-Essonnes après avoir été laissé seul, avec plus de 2,6 grammes d’alcool dans le sang comme le révélera l’autopsie, sur la berge de la Seine par des policiers.
[Source : Libération]
Taoufik El-Amri
22 novembre 2006, Nantes
33 ans. Mort par hydrocution
Ouvrier tunisien retrouvé noyé par hydrocution dans un canal de Nantes après un contrôle de police.
[Sources : Le Monde, Libération, Wikipedia, Le Monde]
X.
Octobre 2006, Clichy-sous-Bois
16 ans. Perd un oeil après un tir de Flash Ball
Deux réfugiés
Juin 2006, Calais
Poursuivis et écrasés sur une autoroute
Vilhelm Covaci
20 juin 2006, Aubervilliers
20 ans. Noyé
Retrouvé noyé après s’être jeté dans le canal de Saint-Denis lors pour échapper à la police lors d’une poursuite.
Le porte-parole des Roms rappelle que ceux-ci ont des raisons de fuir les représentants de la loi : « Au mois de septembre 2005, trois policiers de Saint-Denis qui avaient bu sont venus tirer plusieurs coups de feu avec leurs armes de service sur un terrain rom à Aubervilliers en criant: « Sales Tziganes, tirez-vous d’ici ! » Son corps n’a pas refait surface avant le 23 juin.
[Sources : Libération, Le Parisien]
Daniel Moldovan
20 juin 2006, Aubervilliers
21 ans. Tabassé à en perdre connaissance
Beau-frère de Vilhelm Covaci, repêché par les policiers qui le sortent et le frappent tellement qu’il en perd connaissance. La dernière image qu’il garde, c’est Vilhelm en train de nager au milieu du canal. Conduit au commissariat, Daniel se sent si mal que « le médecin déclare son état de santé incompatible avec la garde à vue, immédiatement levée » selon le parquet de Bobigny.
[Sources : Libération, Le Parisien]
Komotine
29 mai 2006, Montfermeil
Insultée, gazée, menottée et traînée devant ses enfants
Mère de famille, insultée gazée menottée et traînée par 4 policiers devant ses enfants et ses voisin.
[Source : Urgence notre police assassine !]
Fethi Traoré
9 mai 2006, Joinville-le-Pont
31 ans. Noyé
Il se noie dans la Marne alors qu’il est poursuivi par des policiers.
[Sources : IndyMedia Nantes, Le Parisien, Urgence notre police assassine !]
Eric Mourier
13 janvier 2006, Lyon
28 ans, mort au mitard de la prison Saint-Joseph
[Sources : Rebellyon, Urgence notre police assassine !]
Eric Blaise
Novembre 2005, Paris
Mort au mitard
Retrouvé mort dans des circonstances suspectes au mitard à Fleury-Mérogis.
Zyed Benna // Bouna Traoré
27 octobre 2005, Clichy-sous-Bois
17 ans et 15 ans. Morts électrocutés
Poursuivis par la police, ils pénètrent dans un transformateur et meurent électrocutés.
[Sources : Le Monde,Wikipedia, BFMTV]
Samir Abbache
Octobre 2005, Mulhouse
26 ans. Tué à la prison de Mulhouse
Balé Traoré
7 mars 2005, Paris
19 ans. Grièvement blessé par balle à bout pourtant
Par un policier dans le quartier de la Goutte d’Or alors qu’il n’avait lui même pas d’arme, par un brigadier de la 2ème division de police judiciaire (2eDPJ).
[Sources : Le Parisien, Le Monde ]
Inconnu
6 juillet 2005, Les Mureaux
14 ans. Perd un oeil après un tir de Flash Ball
Un policier de 31 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Versailles (Yvelines) à une peine de six mois de prison avec sursis pour blessure involontaire et 186 000 euros de dommages et intérêts.
Le policier a décidé de ne pas faire appel de ce jugement.
[Source : Le Parisien]
Abou Bakari Tandia
24 janvier 2005, Courbevoie
38 ans. Mort en garde-à-vue au commissariat
Interpellé dans la rue par des policiers le soir du 5 décembre 2004, Abou Bakari, Malien en « situation irrégulière« , est emmené au commissariat pour un contrôle d’identité. Tombé dans le coma dans sa cellule, il a été transporté vers minuit par les services d’urgence à l’hôpital, où il est resté dans le coma jusqu’à sa mort, le 24 janvier 2005.
Sa famille n’a été informée de son arrestation et de son hospitalisation que le 9 décembre. Accompagnés d’un représentant du consulat malien, ses proches se sont alors rendus à l’hôpital, mais ils ont dû attendre encore trois jours avant de pouvoir le voir. Quand ils y ont enfin été autorisés, ils ont constaté que son corps était gonflé et que sa poitrine présentait une grande blessure ronde, dont il n’est fait état dans aucun rapport médical. Ils ont aussi constaté l’absence de plaies visibles sur le crâne, alors que la police affirmait qu’il était tombé dans le coma après s’être volontairement frappé la tête contre le mur de sa cellule.
Ni le rapport d’autopsie, ni les rapports médicaux des deux hôpitaux où il a séjourné ne font état de blessures à la tête. En avril 2005, la famille d’Abou Bakari Tandia a porté plainte pour actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort. L’affaire n’a ensuite pas beaucoup avancé jusqu’à ce que, plus de deux ans plus tard, en novembre 2007, la famille prenne un nouvel avocat.
La justice décide de ne pas poursuivre les cinq policiers présents au commissariat de Courbevoie, en décembre 2004, lors de la garde à vue fatale
[Sources : Amnesty International, Les mots sont importants, Vérité et Justice pour Abou Bakari Tandia, Le Parisien]
Mariam Getu Hagos
18 janvier 2003, Roissy
22 ans. Mort d’un malaise suite à un « pliage » lors de sa reconduite à la frontière
En milieu d’après-midi et en début de soirée, le Somalien fait deux malaises. Il a été examiné par un médecin qui a conclu « qu’il simulait« . Les policiers décident de l’embarquer dans le vol Air France AF 990 à destination de la capitale sud-africaine. Immobilisé par son escorte policière, il s’est trouvé mal mais a été maintenu dans cette position plusieurs minutes. Pris en charge par le Samu alors qu’il avait perdu conscience, il est conduit à l’hôpital où il est mort après une phase de coma.
[Sources : Le Parisien, Stephane Maugendre Avocat]
Mohamed Diab
29 novembre 1972, Versailles
32 ans. Exécuté au pistolet-mitrailleur au commissariat
Algérien, père de quatre enfants, Mohamed était soigné pour troubles psychiques. Il subissait à fond l’oppression capitaliste la plus impitoyable des travailleurs immigrés, les plus mal payés, les plus mal logés, les plus démunis des petites joies de la vie quotidienne. Transplantés brutalement, ils sont privés de tous les systèmes de défense dont on peut quand même profiter dans son propre pays un Français même très pauvre : connaissance de la langue et des habitudes, familiarité avec la vie quotidienne, relations de famille, de village ou d’école… Ils n’ont pas de place dans un système social qui s’est construit alors qu’ils n’étaient pas arrivés.
« Qu’on puisse tuer un homme sous les yeux même de sa femme et de sa sœur, cela donne la mesure de l’humiliation et du mépris qui frappent aujourd’hui les travailleurs immigrés en France » avait déclaré Fatna, la sœur de Mohamed, au meeting de solidarité organisé à Versailles à la fin de décembre, par le Comité pour la vérité sur la mort de Mohamed Diab.
Cette fois-ci, l’assassinat a eu lieu à découvert. Pourtant la police cherche à tout prix à couvrir l’assassin, le brigadier René Marquet, qui s’est servi d’un pistolet-mitrailleur en plein commissariat pour éxécuter Mohamed. On l’a présenté, avec la complicité de la presse, comme ayant agi « en légitime défense« . Pour cela, on cherche à prouver :
- Que Mohamed Diab était « un forcené« , qui risquait de tuer s’il s’emparait du pistolet-mitrailleur ;
- Qu’il avait déjà mis « hors de combat » deux autres policiers dans le commissariat;
- Que la rafale a été tirée dans la confusion d’un corps à corps, au cours d’une « bagarre« .
« C’était lui ou moi« , dit Marquet, repris en chœur par la presse. Cette thèse ne tient pas. Elle est contredite par les témoignages de membres de la famille (la sœur et la femme de Mohamed, et leur voisin Mustapha), qui l’avaient suivi au commissariat et ont tout vu par une porte vitrée. Elle est également contredite par les premiers éléments de l’instruction, et notamment les rapports d’expertise :
- Un laps de temps très net s’est écoulé entre la bagarre à coups de chaises qui a effectivement opposé deux policiers à Mohamed (excédé par une série de provocations et d’insultes racistes) et le tir au pistolet-mitrailleur; Mohamed s’était calmé et rassis.
- Les deux policiers étaient loin d’être hors de combat. Ils n’étaient que très légèrement « obnubilés« , a dit l’interne de service qui les a examinés ensuite à l’hôpital, pour ne pas se
compromettre. Si on les a gardés ensuite à l’hôpital, c’est sur prière instante des autorités de police, alors qu’eux-mêmes demandaient à partir; - Les coups de pistolet-mitrailleur MAT-49 (arme de mort que connaissent tous les anciens de la guerre d’Algérie) n’ont pas été tirés au corps à corps, mais à plus de 70 cm de l’extrémité de l’arme (pas de poudre sur les vêtements). Les trajectoires des balles divergent, donc Marquet a espacé ses coups (au lieu de tirer « une rafale« , comme dit la presse): il a tiré de sang-froid.
Dans l’affaire Diab, l’enquête populaire a tenu une place importante. Un groupe d’universitaires parisiens, appuyé par des militants de Versailles, a pu intervenir dans les trois jours qui suivirent l’assassinat, accueillir et authentifier des témoignages contredisant la version de la police sur des points fondamentaux (non-simultanéité de la bagarre à coups de chaises et des coups de feu, distance entre Mohamed et Marquet, etc.). La pression a été suffisamment forte, le scandale suffisamment grand pour que l’essentiel de ces témoignages soient publiés dans Le Nouvel Observateur, Le Monde, Politique Hebdo, La Cause du Peuple. Parallèlement à cette percée dans la presse, une percée en direction de l’appareil judiciaire.
Un avocat parisien, alerté au nom de la famille à 23:40 le premier jour de l’enquête, part à Versailles le lendemain matin, avertir le procureur du dépôt de partie civile de la famille, empêche le classement pur et simple de l’affaire. C’était une question d’heures.
Joseph Chaléat – Henri Justet – Raymond Penel
4 décembre 1947, Valence
Tués par balle
À valence, aux alentour du 22 novembre 1947, la CGT avait décidé de déposer dans tous les bureaux, usines et chantiers, une demande d’augmentation de salaire de 25 % pour répondre à l’inflation. Les travailleurs sont également consultés en vue d’une grève. Le 24, le socialiste Jules Moch est nommé ministre de l’intérieur. Il a été député de la Drôme de 1928 à 1936. On compte sur lui pour écraser la grève sans état d’âme.
Les cheminots ouvrent le bal le 25 novembre. L’intervention des forces de l’ordre pour forcer un départ de train ramène les métallurgistes dans la bataille; ils entrent en grève, rapidement suivis par les ouvriers du bois et du textile, tous solidaires des cheminots : la gare occupée va devenir l’épicentre du conflit. Outre Valence c’est l’ensemble de la Drôme qui est rentrée dans la grève.
Le 4 décembre en début d’après-midi, 2000 grévistes partent en manifestation et convergent vers la gare, évacuée dans la matinée par la police qui les attend de pied ferme.
« Les manifestants furent accueillis par la gendarmerie, la police et l’armée de l’air qui les reçurent à coup de grenades lacrymogènes. devant une telle réception [ils] brisèrent les cordons de police, pénétrèrent dans la cour de la gare par la « petite vitesse », tandis que la police se repliait à travers les quais. Voyant l’attitude résolue des grévistes, Duperrier, préfet criminel, donna l’ordre de tirer sur le foule. »
« Jules Moch a demandé l’intervention d’une compagnie de CRS de Pierrelatte. Dans le même temps, un détachement de l’armée venu de la caserne Baquet de Valence a été dépêché pour faire évacuer la gare, devenue noire de monde. » [Témoignage d’Albert Thivolle]
« Au cours de la lutte, il y eut trois mort et 14 blessés graves du côté des manifestants, tous touchés par balles de 7,65 (pistolets automatique ou pistolet mitrailleur MAS). »
Joseph Chaléat, métallurgiste, Henri Justet, ouvrier du bâtiment et Raymond Penel, cheminot, sont ainsi les premières victimes du triste règne de Jules Moch et du gouvernement Schuman.
La bataille est rude : la foule est déchaînée à cause des victimes. Elle s’empare de deux officiers de police, Tardieu et Terrasse. Ils sont désarmés et interrogés. Une délégation s’achemine ensuite vers la préfecture, où un député communiste présente le revolver de Tardieu en l’accompagnant de ces mots : « Voilà une arme qui a tué un ouvrier« .
Le 7 décembre, un cortège de 20000 personnes accompagnent Justet et Penel. Le 8 décembre, ce sont près de 8000 personnes qui assisteront à l’enterrement de Joseph Chaléat.
[Sources : Le travailleur transalpin du 5 décembre 1947, 100 portraits contre l’État policier, Le Monde]
Claude Belmas
4 décembre 1947, Valence
Blessé de 3 balles dans la cuisse
Le 4 décembre en début d’après-midi, 2000 grévistes partent en manifestation et convergent vers la gare de Valence, évacuée dans la matinée par la police qui les attend de pied ferme.
« Les manifestants furent accueillis par la gendarmerie, la police et l’armée de l’air qui les reçurent à coup de grenades lacrymogènes. devant une telle réception [ils] brisèrent les cordons de police, pénétrèrent dans la cour de la gare par la « petite vitesse », tandis que la police se repliait à travers les quais. Voyant l’attitude résolue des grévistes, Duperrier, préfet criminel, donna l’ordre de tirer sur le foule. »
« Jules Moch a demandé l’intervention d’une compagnie de CRS de Pierrelatte. Dans le même temps, un détachement de l’armée venu de la caserne Baquet de Valence a été dépêché pour faire évacuer la gare, devenue noire de monde. » [Témoignage d’Albert Thivolle]
« Au cours de la lutte, il y eut trois mort et 14 blessés graves du côté des manifestants, tous touchés par balles de 7,65 (pistolets automatique ou pistolet mitrailleur MAS). »
Claude Belmas, correspondant du Travailleur alpin, reçoit deux balles dans une cuisse.
[Sources : Le travailleur transalpin du 5 décembre 1947, 100 portraits contre l’État policier, Le Monde]
AILLEURS AUSSI…
LISTE DES VICTIMES COMPILÉE PAR PAYS
LISTE DES VICTIMES EN BELGIQUE
LISTE DES VICTIMES AUX ÉTATS-UNIS