Sadi, Raphaël, Lucas, Yacine
26 mai 2020 – Vitry-sur-Seine
14 et 15 ans. Insultés, détenus arbitrairement
La veille de leur interpellation, a police avait enregistré une plainte pour le vol à l’arraché d’un bijou. Les quatre adolescents – l’un est noir, deux sont d’origine maghrébine, le dernier est blanc, se sont retrouvés entre copains dans un parc à Vitry, la police les interpelle et les contrôle. Tout dérape. Les policiers de la BAC les suspectaient dans l’affaire du vol à l’arraché : leur signalement correspondait à la description des auteurs du vol.« Un monsieur a dit à mon ami : « Vous faites quoi ici ? » [Mon ami] a dit « on sort ensemble », dans le sens où l’on sort entre potes. Après [un policier] a commencé à dire à ses potes : « Eh regardez le maghrébin et les deux noirs, ils sont gays ! » Ils ont dit : « Bon, ils cassent les couilles ces deux négros, mettez-le dans la voiture avec le maghrébin ». Ils nous ont mis dans la voiture, moi j’étais au milieu. Ils lui ont dit : « Si tu ne rentres pas, on te rentre avec les jambes ».«Selon leur avocat Jérôme Karsenti ils ont été « menottés en pleine rue pendant deux heures avant qu’une voiture de la police municipale ne vienne pour les emmener au commissariat du Kremlin-Bicêtre« . Dans la voiture, ils ont reçu des insultes homophobes et racistes (les « deux négros« , « l’arabe« , « le con« ) , l’un a été giflé, et ils ont fait l’objet d’humiliations de la part des forces de l’ordre. À l’issue de leur garde à vue, aucune charge n’a été retenue contre eux. « Il n’y avait rien contre eux, pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont rien fait, selon Me Jérôme Karsent. Et quand bien même ils auraient fait quelque chose, ça n’aurait en rien autorisé les policiers à être discriminants, insultants ou violents. C’est la cerise sur le gâteau : ils se sont retrouvés en garde à vue alors que c’était leur premier contact avec la police, et pour rien. » Rassemblés dans les locaux de la députée LFI Mathilde Panot, à Ivry-sur-Seine, les parents des quatre adolescents interpellés, puis innocentés ont lancé un comité de soutien « Nous ne laisserons pas faire » et réclament des excuses de la part des forces de l’ordre. « Nos enfants ont été traités comme des coupables, rien ne leur a été épargné« . Quatre plaintes ont été déposées pour « détention arbitraire », « injures à caractère raciste et homophobe », « discriminations » et « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et une enquête a été confiée à l’IGPN. Selon les plaintes, « le transport a lieu dans des conditions de sécurité douteuses, les enfants étant menottés les mains dans le dos, assis l’un sur l’autre pour deux d’entre eux et sans ceinture de sécurité« .
- 11.06.2020 – Dépôt de 4 plaintes pour « détention arbitraire », « injures à caractère raciste et homophobe », « discriminations » et « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique »
- 10.06.2020 – Saisie IGPN par le Parquet de Créteil
- 27.05.2020 – Fin de garde-à-vue
- 26.05.2020 – Arrestation et garde-à-vue
[Sources : FranceInfo, France 24, Actu, Bladi]
Jamshed
12 avril 2020 – Marseille
27 ans. Tabassé, abandonné 30 km plus loin dans un terrain vague
Des policiers intervenant pour un contrôle du confinement interpellent brutalement Jamshed, un Afghan de 27 ans en ordre de séjour, ce 12 avril sur le Vieux-Port, sous l’oeil de caméras de vidéosurveillance qui filment la scène… Les policiers soupçonnent Jamshed d’avoir craché sur deux passants qui lui auraient refusé une clope. Il est projeté contre le véhicule de police après une clé de bras, puis enfourné à l’intérieur. Selon l’adjointe de sécurité qui a procédé au menottage, le chef de bord, le brigadier de 46 ans, “s’est énervé à partir de là”. Les fonctionnaires évoquent des doigts d’honneur et des invectives. Jamshed est ensuite véhiculé jusqu’à un terrain vague jusqu’à Châteauneuf-les-Martigues, à une trentaine de kilomètres de Marseille. Le brigadier dépose alors ses lunettes de soleil et son arme de service “pour ne pas faire de conneries”, selon ses propres termes. Derrière une butte, Jamshed reçoit “un coup de poing ou une gifle”, avant d’être abandonné à son sort. Les deux hommes décident de rédiger un faux procès-verbal indiquant avoir laissé le jeune réfugié à l’Hôtel de police. Durant le procès des 3 policiers, le conducteur avoue : « La première grosse erreur, c’est qu’on aurait dû laisser tomber et le laisser repartir mais on a décidé qu’il ne fallait pas qu’il reste là« . Le brigadier : « J’ai pété un câble, on a fait une énorme boulette […] On avait ce gars sur les bras, on ne savait pas quoi en faire« . Les trois policiers se sont excusés auprès de la victime, à l’audience. La peine de quatre ans de prison est supérieure aux trois ans requis par la procureure Virginie Tavanti selon laquelle ces policiers « n’ont pas été dignes de leur uniforme« . La peine de 18 mois de prison avec sursis est quant à elle conforme aux réquisitions.- 06.05.2020 – Condamnation en comparution immédiate par le Tribunal correctionnel de Marseille pour enlèvement et séquestration, faux et violences volontaires : 4 ans et 18 mois pour les 2 policiers, 1 an avec sursis pour l’adjointe de sécurité. Les 2 policiers sont incarcérés
- 04.2020 – Garde à vue des 3 policiers dans les locaux de l’IGPN
- 12.04.2020 – Tabassage de Jamshed
[Source : Huffington Post]
R.
Avril 2020 – Saône-et-Loire
Insulté, intimidé
Contrôlé en rentrant du boulot avec un ami, il est intimidé et insulté par des policiers, dont l’un armé d’un fusil, qui vérifient leur dérogation aux mesures de confinement.« Insulté, impossible pour moi de répondre pour éviter l’outrage à agent, je n’en dors plus et je le vis très mal, je suis très traumatisé par cette histoire, je n’ai plus du tout d’économie à cause d’eux et du président qui nous a confinés 2 mois, privé de tout et surtout de sous maintenant et depuis cette histoire, j’ai perdu confiance en moi. Il faut fuir absolument dans ces cas la, ne plus laisser les « policiers » nous priver de la liberté. Quitte à devoir de révolter pour l’avenir de nos enfants. »
[Source : Témoignage ObsPol]
Cédric Chouviat
5 janvier 2020, Paris
42 ans. Décédé après une clé d’étranglement
Père de 5 enfants, mort des suites d’une clé d’étranglement lors d’un contrôle de circulation par la police nationale. Alors qu’il filme le contrôle avec son téléphone le 3 janvier, il est plaqué au sol par plusieurs fonctionnaires puis fait un arrêt cardiaque causé, selon l’autopsie, par une asphyxie avec « fracture du larynx » causé par une clef d’étranglement ainsi qu’un plaquage ventral. En état de mort cérébrale, il est conduit en réanimation à l’hôpital européen Georges-Pompidou où il décède.[Sources : BastaMag, 20 Minutes, BBC, Wikipedia]
Boubacar
19 décembre 2019
Blessures et traumatisme post-traumatique après un contrôle
« J’ai cru que j’allais mourir ce jour-là !« – Ex-médiateur à Gennevilliers, il a subi un contrôle de police qui a viré en violente et humiliante agression. Atteint d’un syndrome de stress post-traumatique, il a du abandonner son travail.[Source : YouTube]
Steve Maia Caniço

29 juillet 2019, Nantes
24 ans. Noyé dans la Loire suite à une opération de police
Décédé à la suite d’une intervention musclée de la police décidée à mettre fin à une soirée techno sur les bords de Loire. Tombé à l’eau avec au moins douze autres personnes (qui toutes ont réussi à remonter sur la rive), on retrouvera son corps dans le fleuve, non loin de l’endroit où il y était tombé.[Sources : 20 Minutes, Le Monde, HuffPost, Wikipedia]
Frédéric Vuillaume

Lola Villabriga

18 décembre 2018, Biarritz
18 ans. Triple fracture de la mâchoire et 2 dents cassées par un tir de flash-ball
Blessée par un tir de flash-ball lors de la manifestation anti-G7, en marge de la visite du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.[Sources : ODPNews, France Bleu, 20 Minutes, Sud Ouest, France 3 Régions]
Zineb Redouane
1er décembre 2018, Marseille
80 ans. Décédée après avoir été atteinte par un tir de grenade lacrymogène
Le 1er décembre 2018, à l’appel du Collectif du 5 novembre créé suite à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, plus de 15 000 Marseillais.e.s manifestent contre l’habitat indigne et le mal logement qui a coûté la vie à 8 habitants du quartier de Noailles, soutenus par les Gilets Jaunes qui font alors la jonction lors de l’acte III. Après avoir dispersé la manifestation devant la mairie et sur le Vieux-Port de Marseille, les forces de l’ordre repoussent les manifestant.e.s vers le haut de la Canebière. Surnommée « Mama Zina » par ses proches, Zineb est chez elle, au quatrième étage du 12 rue des Feuillants. Elle prépare son dîner en discutant au téléphone avec sa fille Milfet Redouane, qui se trouve alors à Alger. Beaucoup de gaz lacrymogène entre par la fenêtre de sa chambre ouverte, qui donne sur la Canebière. À 18:57, Zineb se dirige vers la fenêtre pour la fermer. Elle met le haut-parleur de son téléphone qu’elle pose sur le radiateur situé sous la fenêtre afin de continuer la conversation en ayant les mains libres, et passe la tête par la fenêtre pour regarder dans la rue avant de la fermer. Elle voit alors deux policiers sur la Canebière, au croisement de la rue des Feuillants devant l’enseigne C&A. L’un d’entre eux tient un lance-grenade braqué en sa direction. Leurs regards se croisent quelques instants : son visage n’est pas masqué. « Je pourrai le reconnaître » a-t-elle affirmé à sa fille Milfet et à son amie Imen. Puis, elle reçoit une grenade lacrymogène sur l’hémiface droit de son visage. Les deux policiers montent alors en voiture et s’éloignent des lieux. Immédiatement, elle déclare à sa fille Milfet inquiète d’entendre ses cris : « Il m’a visée, le policier m’a visée ! » Malgré le choc de l’impact, Zineb Redouane reste debout et éteint le début d’incendie provoqué par les palets incandescents libérés par la grenade. Dans une pièce de 12 mètres carrés noyés par 800 mètres cubes de gaz, et en pleine hémorragie, elle piétine seule les étincelles qui brûlent au sol. Sa voisine du dessous, alertée par ses cris, monte immédiatement lui porter assistance tandis que son amie Imen, prévenue par sa fille Milfet, appelle les pompiers dont la caserne est située à moins de 200 mètres sur la Canebière. Elle devra les rappeler trois fois, et ils mettront 1h20 à venir lui porter secours. Pendant ces 80 minutes, Zineb les attend assise sur les marches du palier du 3ème étage, contenant une hémorragie importante à l’aide de nombreuses serviettes éponge fournies par sa voisine Nadjia. Lorsque les pompiers arrivent enfin, un policier est avec eux et réclame les clés de l’appartement de Zineb, qui refuse de les lui donner. Elle explique qu’elle a déjà éteint l’incendie, fermé le gaz et coupé l’électricité. Le policier insiste et menace de forcer la porte, alors Zineb lui laisse les clés et se fait conduire à l’hôpital de la Timone peu avant 21h. Elle attend ensuite avec Imen près de 4 heures aux urgences avant d’être prise en charge pour suturer les plaies du visage dont l’hémorragie continue. Au alentours de 4h du matin le 2 décembre, elle sera transférée à l’hôpital de la Conception. Avant d’être admise au bloc opératoire 10 heures plus tard, à 14h le 2 décembre, elle fait trois arrêts cardiaques. Son cœur parvient à redémarrer et elle reste consciente, ce qui lui permet de parler au téléphone avec Milfet alors qu’elle se trouve en service de réanimation, avant qu’on ne déclare finalement sa mort à 22h30, soit 27,5 heures après l’impact de la grenade, à l’hôpital de la Conception.[Sources : France 3 – France info PACA, Désarmons-les!, Wikipedia, Les Crises, Le Point]
Thomas Ciotkowski
31 juillet 2018 – Calais
Bousculé, arrêté et poursuivi en justice
Le 31 juillet 2018, les trois CRS des compagnies 40 et 61 étaient de la fête : évacuation de migrants sous un pont de bretelle routière près de la rocade à Calais.Thomas Ciotkowski, un bénévole britannique trentenaire de Help Refugees, circule en camionnette avec l’un de ses amis. Apercevant trois personnes en train de se faire contrôler par quelques policiers, à proximité de migrants, il s’arrête pour filmer la scène. Les fonctionnaires décident alors « d’évincer » l’ensemble du groupe.
Extrait du PV, dans lequel Laurent M. déclare :
Nous avons essayé de les repousser, mais ça durait et, à ce moment-là, l’individu anglais que nous avons interpellé après a commencé à parler fort, à crier et nous a insultés dans sa langue en ces termes “bitch-bastard” et il est venu à mon contact, puis a positionné ses mains sur ma poitrine et m’a poussé en arrière. J’ai effectué un geste pour le repousser, il a reculé et comme derrière lui se trouvait la glissière de sécurité, il a basculé en arrière et, comme il me tenait, j’ai suivi et j’ai basculé avec lui. Nous nous sommes retrouvés au sol tous les deux et j’ai procédé à son interpellation.– Est-ce que les insultes ont été prononcées plusieurs fois ?
– Oui, plusieurs fois en anglais, à chaque fois qu’on essayait d’avancer, ils nous repoussaient tout en nous insultant. »
Ses deux collègues confirment tout sur procès-verbal l’ensemble de ces déclarations, ajoutant même : « Ils étaient agressifs envers nous et nous ont copieusement insultés en anglais, de mots comme “bastard, bitch, fuck…” et j’en passe », assure le brigadier G. Quant au gardien de la paix L., il est formel : « J’ai vu l’individu qu’on a ramené qui s’est approché du chef M. et l’a poussé au niveau du torse. J’ai entendu le chef M. dire aux Anglais “Me pousse pas », mais le gars l’a refait, donc le chef M. l’a repoussé mais en reculant l’individu a butté contre la glissière de sécurité et est parti en arrière en s’agrippant au chef M., ils sont tombés tous les deux. »
Thomas Ciotkowski est interpellé, renvoyé pour outrage et violences sur policier et relaxé en 2019 sur la base de vidéos prises de bénévoles qui contredisent les dires des fonctionnaires des forces de l’ordre : on l’y voit bousculé par le CRS et tomber seul par-dessus la glissière au moment où passe un camion… La procureure Dorothée Perrier, évoque la « désagréable impression » que le contenu des PV « ne correspondait pas du tout à la vérité » et semblaient avoir été rédigés « pour couvrir des violences et justifier une interpellation intempestive« .- 02.09.2021 – Condamnation à à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT et faux en écriture publique pour Laurent M. Relaxe de G. et L. du chef de faux en écriture publique
- 06.2021 – Audience du Tribunal correctionnel : un an d’emprisonnement avec sursis et cinq ans d’interdiction d’exercer requis par le Parquet contre Laurent M. ; six mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant un an contre G. et L.
- 2019 – Relaxe des chefs de violence et d’outrage envers des policiers
- 31.07.2018 – Agression
Ishaq
20 février 2018 – Marseille
17 ans. Tabassé
Ishaq était en vacances chez ses grands frères à Marseille. Le 20 février, il sort vers 22:30 acheter des cigarettes dans une épicerie de nuit, « à 100 mètres du domicile de sa famille« , selon son frère Jamel. Au retour, dans une ruelle, il voit une voiture de police se garer à son niveau. D’après le lycéen, version rapportée par l’AFP, un policier lui aurait d’abord asséné un coup de poing dans l’œil, sans aucune raison, puis, rejoint par son collègue, plusieurs coups de pied et de poing sur le corps et au visage. Selon son avocate Me Sennaoui :Deux policiers sont sortis de leur véhicule à son niveau, l’ont humilié verbalement puis l’ont agressé physiquement […] Ils lui ont dit qu’il y avait eu un braquage et qu’il ressemblait au braqueur recherché, mais l’enquête de l’IGPN a démontré qu’il n’y avait jamais eu de braquage.«Dans le rapport de l’IGPN, remis en avril 2019, les deux policiers, le brigadier-chef de 42 ans Lionel P., et le gardien de la paix de 33 ans Thomas B., ne parlent plus de braquage, mais assurent avoir « poursuivi un jeune qui s’enfuyait » sans jamais le toucher. « Pourtant de l’ADN d’un des deux policiers a été retrouvé sur un stylo du syndicat alliance police nationale à proximité de la victime et l’ADN de l’autre policier sur la veste de mon client« , selon Me Sennaoui. Pour l’IGPN, ces éléments ainsi que le témoignage de l’épicier qui a vu le jeune repartir le visage tuméfié, attestent des « violences commises sur la personne d’Ishaq« . Une agression qualifiée de « gratuite et déplorable » par la procureur Virginie Taventi lors de l’audience du tribunal correctionnel de mars 2020. Ishaq a reçu 15 jours d’ITT, souffrant notamment d’une fracture du plancher orbital.
- 14.05.2020 – Jugement rendu par le Tribunal correctionnel de Marseille : Lionel P. et Thomas B. condamnés à quatre ans de prison, dont deux ferme. Le tribunal n’a pas demandé leur placement en détention.
- 03.2020 – Audience du Tribunal correctionnel de Marseille
- 17.10.2019 – Audience du Tribunal correctionnel de Marseille
- 04.2019 – Remise du rapport de l’IGPN
- 20.02.2018 – Tabassage d’Ishaq
[Sources : France 3 PACA, Le Point, RTL, La Provence]
William Décoiré

29 octobre 2016. Mont-Dore (Nouvelle-Calédonie)
23 ans. Mort par balle
Évadé de prison, William est à bord d’une camionnette à l’arrêt que des gendarmes décident de contrôler : l’engin correspond peut-être au signalement d’un véhicule utilisé pour commettre des délits plus tôt dans la nuit. Le jeune Kanak panique et tente de prendre la fuite au volant de son véhicule. Un bleu se trouve sur son chemin et évite un choc dangereux en sautant dans le fossé. Un de ses collègues, arrivé sur l’archipel depuis 12 jours brandit son pistolet et tire à hauteur d’homme au lieu de viser les pneus. William prend un balle dans le thorax. Il décède quelques heures plus tard à l’hôpital. Chronologie judiciaire 23.05.2020 – Reconstitution 2017 – Ouverture d’une information judiciaire 17.02.2017 – Plainte contre X de la famille pour homicide involontaire, puis plainte pour meurtre avec constitution de partie civile 03.01.2017 – Le Procureur de la République Alexis Bouroz, du parquet de Nouméa, conclut à la légitime défense 29.10.2016 – Ouverture d’une enquête préliminaire par le Parquet de Nouméa[Sources : StreetPress, NC 1ère, Outre-Mer 360, Europe 1, Ouest-France, NC 1ère]
Tarek Belgacem
7 janvier 2016, Paris (XVIIème)
24 ans. Abattu de 3 balles
D’après le parquet de Paris, Tarek se serait rendu devant le commissariat de la Goutte-d’Or et et aurait menacé les policiers en faction avec une feuille de boucher et un faux engin explosif. Le policier dégaine alors et l’abat l’assaillant. On trouvera sous sa veste une feuille sur laquelle un petit drapeau de l’État islamique est imprimé. La police allemande (la victime vivait outre-Rhin) n’a trouvé aucun lien entre Tarek et un quelconque réseau islamiste. De même, rien dans les documents consultés par StreetPress ne permet d’établir de lien entre la victime et une organisation terroriste structurée. Pourtant, c’est au parquet antiterroriste qu’est tout de suite confiée l’affaire. La décision s’appuie sur « des éléments concordants » (comme les témoins confirmant le cri de la victime, son attirail et la date du passage à l’acte). De son côté, l’avocat de Taoufik Belgacem, le père de Tarek, qui ne croit pas à la thèse de l’assaut terroriste, dépose une plainte contre X pour homicide volontaire avec constitution de partie civile. Le magistrat saisi de ce nouveau volet de l’affaire récupère les conclusions de l’enquête menée par le parquet anti-terroriste. Sur la base de ce dossier, le magistrat détermine que rien ne justifie l’hypothèse d’un usage non proportionné de la force par le policier qui a tiré et abattu Tarek. Il décide de ne pas lancer une nouvelle instruction. La plainte de la famille est donc classée sans suite. Enfin, l’IGPN n’est pas tenue de mener d’enquête de son côté. La saisie initiale du parquet anti-terro le lui évite.- 22.01.2016 – La police allemande ne trouve aucun lien avec des réseaux islamistes.
- 20.01.2016 – La famille porte plainte contre X pour homicide volontaire
- 07.01.2016 – Décès de Tarek
[Sources : StreetPress, Le Monde, L’Express, Le Soir, Paris-Luttes Info]
Babacar Gueye
3 décembre 2015, Rennes
27 ans. Abattu par 5 balles par la BAC
Abattu lors d’une intervention policière dans la cage d’escalier d’un immeuble du quartier de Maurepas, de cinq balles tirées par un policier de la brigade anti-criminalité. Babacar était sénégalais et il n’avait pas ses papiers. Des personnes sans papiers qui meurent en se jetant par la fenêtre pour fuir la police, qui n’en a jamais entendu parler? Les policiers, Babacar les connaissait, car dans ce monde où la police peut tuer en toute impunité, les sans-papiers sont aussi traqués. Les forces de l’ordre étaient intervenues alors que le jeune homme, dans un état psychologique altéré, se mutilait avec un couteau de cuisine. Babacar avait besoin d’aide le 3 décembre 2015, et c’est la police qu’on lui a envoyée. Babacar était en crise, en détresse mentale. Il avait besoin d’aide et ce sont des hommes armés qu’on lui a envoyés : on lui a envoyé la mort ! Selon l’ami de Babacar, seul témoin oculaire, les policiers lui ont crié de lâcher le petit couteau de table qu’il utilisait peu de temps avant pour se scarifier l’abdomen. Ils lui ont tiré dessus au taser, mais le taser n’a pas marché. L’un des agents a alors sorti son arme de service et tiré à cinq reprises. Il faisait nuit et ils étaient 8, 4 de la BAC et 4 de la police nationale. Ils ne l’ont pas aidé et ils l’ont tué. Les pompiers ne sont pas intervenus, ils n’en ont pas eu le temps car il avait déjà reçu une puis quatre balles dans le corps. Deux mortelles. Babacar agonisait dans la cage d’escalier et ils l’ont menotté, laissé sur le sol pendant un temps qu’on ne connaît pas. Il décédé sur place malgré les secours. La police, la justice et certains médias ont fait du récit de sa souffrance un récit criminalisant afin de justifier son assassinat. Babacar est mort comme de nombreuses autres personnes en crise ou dont le comportement a été interprété comme « anormal » par les forces de l’ordre à l’intersection du racisme, de la psychophobie et des violences d’État. Dans l’après-midi, Awa Gueye, sa sœur, apprend la mort de son frère par un de ses amis qui l’appelle. Elle se rend au commissariat pour savoir où est le corps de Babacar. Les policiers vont refuser qu’elle soit accompagnée pendant « l’entrevue » et lui annoncer que « son frère a été tué parce qu’il voulait tuer un policier« . Il refuseront de lui donner accès au corps de Babacar sans avoir sa pièce d’identité et lui mettront sous le nez, et sans la prévenir, une photo du son frère mort. L’enquête ouverte le jour du meurtre est à charge contre Babacar, décrit par le Procureur de la république comme un « forcené » » particulièrement agressif« . Ses propos seront largement repris dans la presse, rendant Babacar responsable de sa propre mort. Pour la justice, il faut que l’histoire retienne qu’on n’avait pas d’autre choix que de tuer Babacar, tant il était dangereux. L’autopsie indique pourtant l’arrivée d’une balle par la fesse gauche, ce dont la justice ne se saisit pas pour mettre en cause la version policière et la « légitime défense« . Pour Awa, la thèse de la légitime défense ne tient pas la route. Elle porte plainte, ce qui aboutira au placement du policier flingueur sous statut de témoin assisté. 07.2019 – Placement du policier tireur sous statut de témoin assisté 02.2019 – Remise en question des conclusions d’un expertise faisant le lien entre balistique et autopsie : aucune balle n’est arrivée de face, 4 sont arrivées de côté, et de haut en bas, une autre est entrée par la fesse gauche de haut en bas 2018 – Destruction « malencontreuse » de scellés notamment ceux contenant l’arme et les deux chargeurs lors d’un tri des scellés 05.2017 – Audition d’Awa par le juge d’instruction 01.2017 – Saisine du juge d’instruction par le Procureur 07.2016 – Classement sans suite par le Procureur du TGI de Rennes qui estime que le policier a agi en état de légitime défense; dépôt de plainte avec constitution de partie civile par Awa Gueye contre le tireur pour homicide volontaire et contre les trois policiers qui avaient porté plainte pour participation au meurtre ou à l’assassinat 06.2016 – Conclusion de l’enquête IGPN : le policier qui a tiré sur Babacar a réagi de manière proportionnée à la violence dont Babacar a fait preuve sans raison à son encontre 04.2016 – Conclusion de l’enquête SRPJ : les policiers n’ont pas eu d’autre choix que de tirer sur Babacar qui présentait une menace 02.2016 – Conclusions de l’analyse toxicologique : aucune substance toxicologique décelée 03.12.2015 – Décès de Babacar. Ouverture d’une enquête et saisie par le Procureur du Service Régional de la Police Judiciaire (SRPJ) et de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN); dépôt de plainte par 3 des policiers contre Babacar pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique; une autopsie confirme que ce sont les balles qui l’ont tué.[Sources : Vérité et Justice pour Babacar Gueye, Désarmons-les!, Cases Rebelles, La Meute, C.L.A.P.33, Mediapart, Le Télégramme, France Culture]
Dominique Burger

21 mai 2015. Schoelcher (Martinique)
46 ans. Tasé 3 fois
Le Dr Dominique Burger promène son chien de nuit le 20 mars 2015, et tombe sur un couple avec lequel il se dispute. Les gendarmes interviennent. Ils lui mettent 2 coups de Taser, le menottent, puis lui mettent un troisième coup de taser, selon l’un des premiers avocats de la famille. Lorsque l’équipe de renfort de la gendarmerie arrive sur les lieux à 2h45, Dominique Burger est déjà menotté au sol, face contre terre. Trois gendarmes et un civil, Monsieur Servius (qui prétend avoir été agressé par le médecin), le maintiennent au sol, utilisant leurs genoux pour le bloquer. Les gendarmes affirment avoir dû utiliser un taser pour le maîtriser. Les pompiers, arrivés dans l’intervalle, s’inquiètent de l’absence de réaction de l’individu depuis une dizaine de minutes. Ils vérifient son pouls : le Docteur Burger est en arrêt respiratoire. Après prise en charge par le SAMU, il sera transféré à l’hôpital mais décédera le 21 mai 2015, après plusieurs semaines de coma. L’autopsie puis l’expertise médicale complémentaire ordonnée par le juge d’instruction confirmeront l’existence d’une asphyxie à l’origine de son arrêt cardiaque. Par ailleurs, une expertise balistique est effectuée et permet d’établir 6 utilisations du taser par les gendarmes. Les pompiers intervenus sur les lieux sont auditionnés et affirment avoir vu des traces de coups sur le corps de Monsieur Burger, ainsi qu’une déformation de sa poitrine. Il sera effectivement constaté de nombreuses fractures.- Désignation d’un nouveau juge d’instruction
- Le juge Colombet qui a mis en examen les gendarmes et le pompier volontaire quitte la Martinique du jour au lendemain, après la reconstitution sans avoir averti la famille du docteur Burger à qui il aurait pourtant promis de clôturer le dossier.
- 26.05.2016 – Reconstitution
- 05.2016 – Mise en examen des trois autres gendarmes impliqués et du pompier
- 01.2016 – Mise en examen de l’un des gendarmes impliqué
- 10.2015 – L’IGGN ouvre une enquête et auditionne trois gendarmes
- 06.2015 – Saisine d’un juge d’instruction
- Dépôt de plainte avec constitution de partie civile par la famille
[Sources : StreePress, Bondamanjak, FXG Paris Caraïbe]
Pierre Cayet

25 avril 2015. Saint-Denis (93)
54 ans. Décédé d’une fracture du crâne
Tout est parti d’un contrôle routier. Pierre Cayet est arrêté pour conduite en état d’ébriété avec un taux de 0,48 mg/l d’air expiré (la limite étant 0,40 mg/l). Son véhicule est immobilisé. Quelques heures plus tard, le Guadeloupéen se rend au commissariat de Saint-Denis. « Il était avec sa compagne et voulait seulement récupérer les papiers et les médicaments qu’il avait laissés à l’intérieur de la voiture » explique son frère, Frantz Dendelé. Face au refus des policiers, il aurait profité de la sortie d’un véhicule de police pour pénétrer dans l’enceinte du commissaria, ou aurait fait le tour et tenté d’enjamber l’enceinte. Il tombe sur un agent. Selon les policiers présents, Pierre Cayet était « passablement énervé« . « Il a été repoussé une première fois par un fonctionnaire de police puis il est revenu à la charge« , raconte un policier du syndicat Alliance. « Le deuxième fonctionnaire l’a alors repoussé au niveau du visage. Cela a entraîné la chute de Monsieur Cayet qui est tombé en arrière de toute sa hauteur et a heurté le béton« . « Les policiers n’ont rien à cacher. Malheureusement, c’est un accident« , conclut ce fonctionnaire de police.Une version contestée par la famille de la victime. « Les policiers l’ont gazé, ensuite il est revenu« , raconte Frantz Dendelé. « Face à tous les policiers présents ce soir-là au commissariat, mon frère ne présentait pas de danger. Ils avaient les moyens de neutraliser facilement un petit bonhomme comme lui ». Greffé d’un rein, Pierre Cayet était fortement handicapé, d’après Le Parisien.
Pour Frantz Dendelé, le frère de la victime qui a pu voir le corps de son frère, Pierre Cayet aurait reçu un violent coup au visage. « Il a pris une droite. J’ai vu son visage totalement déformé par ce coup mortel. Le policier qui lui a fait ça doit rendre des comptes à la justice« . Il dispose d’une une photo de son frère prise sur son lit d’hôpital avec un coquard à l’œil.
Transporté à l’hôpital, le Guadeloupéen est décédé dans la nuit. Selon une source judiciaire citée par l’AFP, l’autopsie a confirmé que le décès était »consécutif à une fracture crânienne » et qu’il n’y avait « aucune trace de violence« .
- 04.2015 – Enquête confiée dans la foulée à l’IGPN. La famille porte plainte
[Sources : StreePress, TheLinkFwi]
Bertrand Bilal Nzohabonayo

21 décembre 2014, Joué-lès-Tours
20 ans. Abattu par balles
D’origine burundaise converti à l’Islam et radicalisé, tué de plusieurs balles devant le commissariat par des policiers alors qu’il s’y était présenté armé d’un couteau.[Sources : La Rotative, Le Point, La Nouvelle République]
Abdoulaye Camara
16 décembre 2014, Le Havre
31 ans. Tué par balles
Abattu par des policiers avenue du Bois-au-Coq alors qu’il était en train de poignarder un passant à terre. Les policiers se seraient sentis menacés et auraient agi en état de légitime défense, selon l’IGPN, la police des polices.[Sources : Révolution permanente, Paris-Normandie, Actu.fr]
Morad
1er avril 2014, Marseille
16 ans. Défenestré
Dcécédé à l’hôpital après avoir chuté 7 mètres d’un balcon en tentant d’échapper à un policier qu’il connaissait. L’affaire a été classée sans suite le 10 juillet de 2014, enterrée dans la torpeur de l’été après une enquête expédiée par l’IGPN.[Source : Marseille Infos Autonomes]
Wissam El Yamni



9 janvier 2012, Clermont-Ferrand
30 ans. Mort sans sortir du comma 9 jours après l’intervention policière
Vers 2:30 du matin le 1er janvier, la police reçoit un appel provenant du téléphone portable de Wissam signalant la présence d’un corps inanimé sur la chaussée. Deux voitures et un véhicule de pompiers se rendent sur place. L’un des véhicules de police essuya un jet de pierre qui rebondit sur la vitre. Wissam, identifié comme l’auteur du jet de projectile, est pris en chasse par des agents de police, fuyant en direction de l’école Jean de la Fontaine. Wissam est frappé une première fois au visage par un policier de l’unité cynophile avant de chuter au sol, puis reçoit un second coup dans le thorax. Dans un laps de temps très court et alors que Wissam était déjà au sol et menotté, au moins huit autres véhicules de police (deux voitures de police secours, trois de la BAC, deux de la section d’intervention et deux autres de l’unité cynophile) viennent stationner sur le parking. Finalement menotté et visiblement inconscient, il est placé sur la banquette arrière de la brigade canine. Au cours du transport, qui dure entre 3 et 5 minutes, le policier présent à l’arrière avec Wissam le redresse dans un premier temps pour libérer de la place, puis le plaque contre la vitre pour le maintenir tranquille. Trouvant cette posture inconfortable et cherchant à immobiliser totalement Wissam, le policier applique alors, si l’on en croit la version policière, la bonne vieille méthode du « pliage » enseignée autrefois à l’école de police, mais interdite depuis par une circulaire du 17 juin 2003. Personne hormis les policiers ne saura exactement ce qu’il s’est passé dans les minutes qui ont précédé son arrivée au commissariat de la rue Pélissier, ainsi que durant celles qui ont suivi, pour que Wissam se retrouve inanimé, sans ceinture et le pantalon baissé au niveau des chevilles, allongé à plat ventre sur le sol du couloir qui mène aux cellules de garde-à-vue.[Source : Paris-Luttes]
Mustapha Ziani
12 décembre 2010, Marseille
43 ans. Tué par un tir de Flash Ball
Algérien tué au flash ball dans sa chambre dans les quartiers nord. Le 12 décembre 2010, l’équipage de police-secours commandé par Xavier Crubezy, alors âgé de 33 ans, est appelé pour une rixe au couteau entre deux résidents d’un foyer des quartiers nord de Marseille. Après avoir reçu une tasse sur le front, Xavier Crubezy tire en visant le thorax de Mustapha Ziani. Le policier et son avocate considéraient qu’il n’avait « pas d’autre alternative » et a tiré en état de légitime défense. Pourtant M. Ziani « était dans sa chambre, donc il n’était pas dangereux pour autrui ». « [Ils étaient] trois fonctionnaires de police face à un individu acculé contre le mur, armé d’un verre et d’un mug ! ».[Sources : Marseille Infos Autonomes, Libération, BFMTV, 20 Minutes]
Abdelhakim Ajimi
9 mai 2008, Grasse
22 ans. Mort par lente asphyxie mécanique
Psychologiquement fragile, il est mort lors d’un interpellation par la police alors qu’il venait de gifler son banquier. Très vite, l’arrestation se transforme en une bagarre extrêmement violente, qui dure 5 à 6 minutes, le jeune homme refusant d’obtempérer. Hakim se retrouvera au sol, menotté aux pieds et aux mains, maintenu par trois policiers. Lorsqu’il est relevé et traîné par les pieds jusqu’à une voiture de police-secours, au moins 11 témoins indiquent qu’il ne résiste plus et paraît inconscient. Trois personnes remarquent son visage bleu ou violacé, signe d’un manque d’oxygène. Il meurt probablement durant la minute de transport jusqu’au commissariat, sans qu’aucun policier ne s’en rende compte. Les rapports d’expertise médicale ont conclu que la mort d’Hakim était due à une lente asphyxie mécanique, résultat d’une compression thoracique et d’une clef d’étranglement pratiquées par deux policiers avec trop de force et durant trop longtemps. Les deux agents de la brigade anticriminalité (BAC) Jean-Michel Moinier et Walter Lebeaupin ont été reconnus coupables d’homicide involontaire et condamnés par le tribunal correctionnel de Grasse respectivement à 18 et 24 mois d’emprisonnement avec sursis, Walter Lebeaupin ayant également été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger. Le policier municipal Jim Manach a, lui, été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger et condamné à six mois de prison avec sursis. Les quatre autres policiers impliqués ont été relaxés. Des peines de prison avec sursis avaient été requises à l’audience du 18 janvier contre les sept policiers impliqués. Les quatre fonctionnaires relaxés, qui appartenaient à une unité de police-secours, étaient accusés de non-assistance à personne en danger.[Sources : Le Monde, Urgence notre police assassine !, Courrier de l’Atlas]
Albertine Sow
17 août 2006, Paris
Frappée au ventre à coups de matraque pendant sa grossesse
Enceinte au moment des faits a été frappée au ventre et gazée par des policiers alors qu’elle était témoin de violences policières à Paris. Albertine a raconté à Amnesty International qu’elle avait été témoin d’un affrontement violent entre trois policiers en civil et trois résidents du quartier, dont son cousin, rue Clovis-Hugues, à Paris. La jeune femme, qui était alors enceinte de six mois, a demandé à la police ce qui se passait. Comme elle insistait, l’un des policiers lui a donné un coup de poing sur la bouche. À ce moment, le frère d’Albertine Sow, Yenga Fele, est arrivé en courant et a demandé au policier s’il se rendait compte qu’il venait de frapper une femme enceinte. Un policier a alors fait usage de gaz lacrymogène contre lui et Albertine Sow. Tous deux ont été frappés à coups de matraque. La jeune femme, dont la grossesse était pourtant manifeste, a reçu un coup de matraque près du bas-ventre. Elle est tombée et a perdu connaissance. Elle a été emmenée à l’hôpital, où elle est restée sous surveillance policière pendant quarante-huit heures, accusée de « violences en réunion » contre les policiers. Elle s’est vu reconnaître une ITT de trois jours et, après cet épisode, elle a commencé à ressentir des contractions. (Elle a finalement accouché d’une fille à terme.) Le 19 août, le procureur de Paris a ouvert une enquête concernant Yenga Fele et Albertine Sow, accusés de « violences en réunion » contre les policiers. Albertine Sow a porté plainte contre les policiers pour mauvais traitements. Malgré les nombreux témoignages et certificats médicaux, sa plainte a été classée sans suite le 27 novembre 2006. Le 19 novembre 2008, la jeune femme a été convoquée devant un juge d’instruction qui avait visiblement rouvert ce dossier. Elle s’est présentée à ce juge, qui a procédé à son audition, mais elle n’a pas eu de nouvelles de sa plainte depuis lors. Le 27 janvier 2009, Albertine Sow a été reconnue coupable d’avoir agressé les policiers et s’est vu infliger une peine d’un mois d’emprisonnement avec sursis. Son frère a été condamné à six mois d’emprisonnement. Tous deux ont été condamnés à verser à chacun des policiers une somme de 1 500 euros en réparation du préjudice subi. Ils ont interjeté appel de ce jugement.[Sources : Amnesty International, Les mots sont importants]
Guillaume Perrot
7 décembre 2006, Corbeille-Essonnes
35 ans. Noyé
Retrouvé noyé à Corbeil-Essonnes après avoir été laissé seul, avec plus de 2,6 grammes d’alcool dans le sang comme le révélera l’autopsie, sur la berge de la Seine par des policiers.[Source : Libération]
Taoufik El-Amri

22 novembre 2006, Nantes
33 ans. Mort par hydrocution
Ouvrier tunisien retrouvé noyé par hydrocution dans un canal de Nantes après un contrôle de police.[Sources : Le Monde, Libération, Wikipedia, Le Monde]
X.
Octobre 2006, Clichy-sous-Bois
16 ans. Perd un oeil après un tir de Flash Ball
Deux réfugiés
Juin 2006, Calais
Poursuivis et écrasés sur une autoroute
Vilhelm Covaci
20 juin 2006, Aubervilliers
20 ans. Noyé
Retrouvé noyé après s’être jeté dans le canal de Saint-Denis lors pour échapper à la police lors d’une poursuite. Le porte-parole des Roms rappelle que ceux-ci ont des raisons de fuir les représentants de la loi : « Au mois de septembre 2005, trois policiers de Saint-Denis qui avaient bu sont venus tirer plusieurs coups de feu avec leurs armes de service sur un terrain rom à Aubervilliers en criant: « Sales Tziganes, tirez-vous d’ici ! » Son corps n’a pas refait surface avant le 23 juin.[Sources : Libération, Le Parisien]
Daniel Moldovan
20 juin 2006, Aubervilliers
21 ans. Tabassé à en perdre connaissance
Beau-frère de Vilhelm Covaci, repêché par les policiers qui le sortent et le frappent tellement qu’il en perd connaissance. La dernière image qu’il garde, c’est Vilhelm en train de nager au milieu du canal. Conduit au commissariat, Daniel se sent si mal que « le médecin déclare son état de santé incompatible avec la garde à vue, immédiatement levée » selon le parquet de Bobigny.[Sources : Libération, Le Parisien]
Komotine
29 mai 2006, Montfermeil
Insultée, gazée, menottée et traînée devant ses enfants
Mère de famille, insultée gazée menottée et traînée par 4 policiers devant ses enfants et ses voisin.[Source : Urgence notre police assassine !]
Fethi Traoré
9 mai 2006, Joinville-le-Pont
31 ans. Noyé
Il se noie dans la Marne alors qu’il est poursuivi par des policiers.[Sources : IndyMedia Nantes, Le Parisien, Urgence notre police assassine !]
Eric Mourier
13 janvier 2006, Lyon
28 ans, mort au mitard de la prison Saint-Joseph
[Sources : Rebellyon, Urgence notre police assassine !]Eric Blaise
Novembre 2005, Paris
Mort au mitard
Retrouvé mort dans des circonstances suspectes au mitard à Fleury-Mérogis.Zyed Benna // Bouna Traoré
27 octobre 2005, Clichy-sous-Bois
17 ans et 15 ans. Morts électrocutés
Poursuivis par la police, ils pénètrent dans un transformateur et meurent électrocutés.[Sources : Le Monde,Wikipedia, BFMTV]
Samir Abbache
Octobre 2005, Mulhouse
26 ans. Tué à la prison de Mulhouse
Balé Traoré
7 mars 2005, Paris
19 ans. Grièvement blessé par balle à bout pourtant
Par un policier dans le quartier de la Goutte d’Or alors qu’il n’avait lui même pas d’arme, par un brigadier de la 2ème division de police judiciaire (2eDPJ).
[Sources : Le Parisien, Le Monde ]
Inconnu
6 juillet 2005, Les Mureaux
14 ans. Perd un oeil après un tir de Flash Ball
Un policier de 31 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Versailles (Yvelines) à une peine de six mois de prison avec sursis pour blessure involontaire et 186 000 euros de dommages et intérêts.
Le policier a décidé de ne pas faire appel de ce jugement.
[Source : Le Parisien]
Abou Bakari Tandia
24 janvier 2005, Courbevoie
38 ans. Mort en garde-à-vue au commissariat
Interpellé dans la rue par des policiers le soir du 5 décembre 2004, Abou Bakari, Malien en « situation irrégulière« , est emmené au commissariat pour un contrôle d’identité. Tombé dans le coma dans sa cellule, il a été transporté vers minuit par les services d’urgence à l’hôpital, où il est resté dans le coma jusqu’à sa mort, le 24 janvier 2005.
Sa famille n’a été informée de son arrestation et de son hospitalisation que le 9 décembre. Accompagnés d’un représentant du consulat malien, ses proches se sont alors rendus à l’hôpital, mais ils ont dû attendre encore trois jours avant de pouvoir le voir. Quand ils y ont enfin été autorisés, ils ont constaté que son corps était gonflé et que sa poitrine présentait une grande blessure ronde, dont il n’est fait état dans aucun rapport médical. Ils ont aussi constaté l’absence de plaies visibles sur le crâne, alors que la police affirmait qu’il était tombé dans le coma après s’être volontairement frappé la tête contre le mur de sa cellule.
Ni le rapport d’autopsie, ni les rapports médicaux des deux hôpitaux où il a séjourné ne font état de blessures à la tête. En avril 2005, la famille d’Abou Bakari Tandia a porté plainte pour actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort. L’affaire n’a ensuite pas beaucoup avancé jusqu’à ce que, plus de deux ans plus tard, en novembre 2007, la famille prenne un nouvel avocat.
La justice décide de ne pas poursuivre les cinq policiers présents au commissariat de Courbevoie, en décembre 2004, lors de la garde à vue fatale
[Sources : Amnesty International, Les mots sont importants, Vérité et Justice pour Abou Bakari Tandia, Le Parisien]
Mariam Getu Hagos
18 janvier 2003, Roissy
22 ans. Mort d’un malaise suite à un « pliage » lors de sa reconduite à la frontière
En milieu d’après-midi et en début de soirée, le Somalien fait deux malaises. Il a été examiné par un médecin qui a conclu « qu’il simulait« . Les policiers décident de l’embarquer dans le vol Air France AF 990 à destination de la capitale sud-africaine. Immobilisé par son escorte policière, il s’est trouvé mal mais a été maintenu dans cette position plusieurs minutes. Pris en charge par le Samu alors qu’il avait perdu conscience, il est conduit à l’hôpital où il est mort après une phase de coma.
[Sources : Le Parisien, Stephane Maugendre Avocat]
Mohamed Diab
29 novembre 1972, Versailles
32 ans. Exécuté au pistolet-mitrailleur au commissariat
Algérien, père de quatre enfants, Mohamed était soigné pour troubles psychiques. Il subissait à fond l’oppression capitaliste la plus impitoyable des travailleurs immigrés, les plus mal payés, les plus mal logés, les plus démunis des petites joies de la vie quotidienne. Transplantés brutalement, ils sont privés de tous les systèmes de défense dont on peut quand même profiter dans son propre pays un Français même très pauvre : connaissance de la langue et des habitudes, familiarité avec la vie quotidienne, relations de famille, de village ou d’école… Ils n’ont pas de place dans un système social qui s’est construit alors qu’ils n’étaient pas arrivés.
« Qu’on puisse tuer un homme sous les yeux même de sa femme et de sa sœur, cela donne la mesure de l’humiliation et du mépris qui frappent aujourd’hui les travailleurs immigrés en France » avait déclaré Fatna, la sœur de Mohamed, au meeting de solidarité organisé à Versailles à la fin de décembre, par le Comité pour la vérité sur la mort de Mohamed Diab.
Cette fois-ci, l’assassinat a eu lieu à découvert. Pourtant la police cherche à tout prix à couvrir l’assassin, le brigadier René Marquet, qui s’est servi d’un pistolet-mitrailleur en plein commissariat pour éxécuter Mohamed. On l’a présenté, avec la complicité de la presse, comme ayant agi « en légitime défense« . Pour cela, on cherche à prouver :
- Que Mohamed Diab était « un forcené« , qui risquait de tuer s’il s’emparait du pistolet-mitrailleur ;
- Qu’il avait déjà mis « hors de combat » deux autres policiers dans le commissariat;
- Que la rafale a été tirée dans la confusion d’un corps à corps, au cours d’une « bagarre« .
« C’était lui ou moi« , dit Marquet, repris en chœur par la presse. Cette thèse ne tient pas. Elle est contredite par les témoignages de membres de la famille (la sœur et la femme de Mohamed, et leur voisin Mustapha), qui l’avaient suivi au commissariat et ont tout vu par une porte vitrée. Elle est également contredite par les premiers éléments de l’instruction, et notamment les rapports d’expertise :
- Un laps de temps très net s’est écoulé entre la bagarre à coups de chaises qui a effectivement opposé deux policiers à Mohamed (excédé par une série de provocations et d’insultes racistes) et le tir au pistolet-mitrailleur; Mohamed s’était calmé et rassis.
- Les deux policiers étaient loin d’être hors de combat. Ils n’étaient que très légèrement « obnubilés« , a dit l’interne de service qui les a examinés ensuite à l’hôpital, pour ne pas se compromettre. Si on les a gardés ensuite à l’hôpital, c’est sur prière instante des autorités de police, alors qu’eux-mêmes demandaient à partir;
- Les coups de pistolet-mitrailleur MAT-49 (arme de mort que connaissent tous les anciens de la guerre d’Algérie) n’ont pas été tirés au corps à corps, mais à plus de 70 cm de l’extrémité de l’arme (pas de poudre sur les vêtements). Les trajectoires des balles divergent, donc Marquet a espacé ses coups (au lieu de tirer « une rafale« , comme dit la presse): il a tiré de sang-froid.
Joseph Chaléat – Henri Justet – Raymond Penel
4 décembre 1947, Valence
Tués par balle
À valence, aux alentour du 22 novembre 1947, la CGT avait décidé de déposer dans tous les bureaux, usines et chantiers, une demande d’augmentation de salaire de 25 % pour répondre à l’inflation. Les travailleurs sont également consultés en vue d’une grève. Le 24, le socialiste Jules Moch est nommé ministre de l’intérieur. Il a été député de la Drôme de 1928 à 1936. On compte sur lui pour écraser la grève sans état d’âme. Les cheminots ouvrent le bal le 25 novembre. L’intervention des forces de l’ordre pour forcer un départ de train ramène les métallurgistes dans la bataille; ils entrent en grève, rapidement suivis par les ouvriers du bois et du textile, tous solidaires des cheminots : la gare occupée va devenir l’épicentre du conflit. Outre Valence c’est l’ensemble de la Drôme qui est rentrée dans la grève. Le 4 décembre en début d’après-midi, 2000 grévistes partent en manifestation et convergent vers la gare, évacuée dans la matinée par la police qui les attend de pied ferme.« Les manifestants furent accueillis par la gendarmerie, la police et l’armée de l’air qui les reçurent à coup de grenades lacrymogènes. devant une telle réception [ils] brisèrent les cordons de police, pénétrèrent dans la cour de la gare par la « petite vitesse », tandis que la police se repliait à travers les quais. Voyant l’attitude résolue des grévistes, Duperrier, préfet criminel, donna l’ordre de tirer sur le foule. »
« Jules Moch a demandé l’intervention d’une compagnie de CRS de Pierrelatte. Dans le même temps, un détachement de l’armée venu de la caserne Baquet de Valence a été dépêché pour faire évacuer la gare, devenue noire de monde. » [Témoignage d’Albert Thivolle]« Au cours de la lutte, il y eut trois mort et 14 blessés graves du côté des manifestants, tous touchés par balles de 7,65 (pistolets automatique ou pistolet mitrailleur MAS). » Joseph Chaléat, métallurgiste, Henri Justet, ouvrier du bâtiment et Raymond Penel, cheminot, sont ainsi les premières victimes du triste règne de Jules Moch et du gouvernement Schuman. La bataille est rude : la foule est déchaînée à cause des victimes. Elle s’empare de deux officiers de police, Tardieu et Terrasse. Ils sont désarmés et interrogés. Une délégation s’achemine ensuite vers la préfecture, où un député communiste présente le revolver de Tardieu en l’accompagnant de ces mots : « Voilà une arme qui a tué un ouvrier« . Le 7 décembre, un cortège de 20000 personnes accompagnent Justet et Penel. Le 8 décembre, ce sont près de 8000 personnes qui assisteront à l’enterrement de Joseph Chaléat.
[Sources : Le travailleur transalpin du 5 décembre 1947, 100 portraits contre l’État policier, Le Monde]
Claude Belmas
4 décembre 1947, Valence
Blessé de 3 balles dans la cuisse
Le 4 décembre en début d’après-midi, 2000 grévistes partent en manifestation et convergent vers la gare de Valence, évacuée dans la matinée par la police qui les attend de pied ferme.« Les manifestants furent accueillis par la gendarmerie, la police et l’armée de l’air qui les reçurent à coup de grenades lacrymogènes. devant une telle réception [ils] brisèrent les cordons de police, pénétrèrent dans la cour de la gare par la « petite vitesse », tandis que la police se repliait à travers les quais. Voyant l’attitude résolue des grévistes, Duperrier, préfet criminel, donna l’ordre de tirer sur le foule. »
« Jules Moch a demandé l’intervention d’une compagnie de CRS de Pierrelatte. Dans le même temps, un détachement de l’armée venu de la caserne Baquet de Valence a été dépêché pour faire évacuer la gare, devenue noire de monde. » [Témoignage d’Albert Thivolle]« Au cours de la lutte, il y eut trois mort et 14 blessés graves du côté des manifestants, tous touchés par balles de 7,65 (pistolets automatique ou pistolet mitrailleur MAS). » Claude Belmas, correspondant du Travailleur alpin, reçoit deux balles dans une cuisse.
[Sources : Le travailleur transalpin du 5 décembre 1947, 100 portraits contre l’État policier, Le Monde]