16 décembre 2014, Le Havre
31 ans. Atteint de 10 balles de la brigade canine : décédé
Abattu par la brigade canine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2014 au Havre, en présence de la BAC, Abdoulaye était tué de 10 balles alors même qu’il était aveuglé et affaibli. Il avait en effet reçu dans la soirée des coups de couteau et avait été gazé à de nombreuses reprises par les forces policières.
Selon la police, les deux policiers de la brigade canine ont tiré les coups de feu, après avoir vu Abdoulaye asséner une vingtaine de coups de couteau à un passant.
Pour la famille d’Abdoulaye, qui se bat depuis pour connaître la vérité, il s’agit sans l’ombre d’un doute d’un assassinat policier, étouffé comme tant d’autres. C’est ce qu’elle entend clamer haut et fort ce samedi 17 décembre 2016, en appelant à un rassemblement à 14h:0 devant l’Hôtel de ville du Havre, pour continuer à exiger justice et vérité.
L’avocat de la famille Guillaume Routel :
« Nous avons toujours contesté la thèse de la légitime défense,. Abdoulaye Camara était un homme seul avec un petit couteau. En face, les deux policiers de la brigade canine, qui n’étaient pas seuls, auraient pu utiliser leurs chiens ou encore d’autres armes qu’ils avaient à leur disposition. En tout, 17 balles ont été tirées. C’est disproportionné. Nous irons en cour d’appel, voire en cour de cassation. C’est loin d’être fini. »
Maryline Dujardin (Révolution permanernte) :
“La police trouvera vite des excuses à ce meurtre en invoquant une victime présumée d’Abdoulaye, en menant une campagne de diffamation à l’encontre de ce jeune homme. Pourtant beaucoup d’éléments laissent à penser que ce qui s’est joué ce soir-là, c’est une scène d’une violence inouïe de la part des forces de l’ordre envers le jeune homme. La famille mène son enquête depuis deux ans et recueille des témoignages édifiants à l’encontre des agissements de la police qui aurait voulu « se faire » Abdoulaye et qui se serait « amusé » avec lui ce soir-là. Les témoins sont intimidés, l’affaire étouffée et la peine est grandissante pour la famille et les proches qui n’obtiennent toujours pas justice et vérité. Depuis le soir du meurtre tout a en effet été orchestré par la justice et la police pour étouffer cette affaire éminemment représentative du mépris et du racisme structurel à l’encontre de cette jeunesse racisée de banlieue.
Alors que le gouvernement cherche à étouffer ces meurtres à répétition commis par la police, la famille Camara fait partie des familles des victimes de violences policières qui se battent pour démontrer cette nature profondément violente et raciste de l’état. A l’heure où les violences d’Etat, s’exprimant par le biais de la police et de la justice, sont désormais comprises par toute une frange de militants et syndicalistes qui se sont rendus au Printemps dernier dans la rue pour manifester contre la loi travail, il est temps de s’allier à ces familles qui subissent ces violences structurelles depuis des années.
Dans un climat d’Etat d’urgence devenu permanent et à quelques jours du vote d’une loi visant encore plus à déresponsabiliser et légaliser le meurtre policier, soutenir la famille Camara est plus que jamais une nécessité.”
Appel d’Abdourahmane Camara, frère d’Abdoulaye :
« Samedi 17 Décembre 2016. Deux années. Deux années déjà que mon frère, Abdoulaye Camara, a été abattu par la police au Havre, le 16 Décembre 2014. Abdoulaye a reçu 10 balles dans le corps sur les 23 balles tirées par deux policiers de la Brigade Canine du Havre. 23 coups de feu. Ce n’est pas un accident, c’est un assassinat. Leurs armes ne sont pas des jouets. Elles l’ont tué et on nous ment. L’enquête piétine, mais nous nous battons chaque jour pour que Justice et Vérité triomphent pour Abdoulaye.
Notre famille se bat aussi pour vous, vos amis, vos frères et vos sœurs, vos enfants, afin d’endiguer l’hémorragie des violences et des crimes policiers. Nous voulons que cessent les crimes racistes perpétrés par la Police. En dépit des preuves irréfutables, rien n’est jamais suffisant pour la faire condamner.
Réactions disproportionnées et mensonges éhontés ne sont jamais sanctionnés par la Justice, de sorte que le combat judiciaire se retrouve aujourd’hui au point mort.
Coûte que coûte, nous devons continuer à nous mobiliser et à rester solidaires pour dire Stop à l’impunité policière.
Venez nombreux et nombreuses pour soutenir notre lutte et notre famille.
Pas de Justice, pas de paix ! »
Quatre ans après les faits, une ordonnance de non-lieu a été prononcée par le juge d’instruction, mardi 11 septembre 2018. La thèse de la légitime défense a été retenue.
Justice et Lumière pour Abdoulaye et ses proches !
Violences physiques
Arrestation | |
Détention | |
Bousculade / projection | |
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral | |
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux) | |
Clés aux bras douloureuses | |
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Doigts retournés | |
Arrosage | |
Morsures de chien | |
Tirage par les cheveux | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Sévices sexuels | |
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police) | |
Usage de gants | |
X | Usage d’arme à feu |
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
Usage de FlashBall | |
Usage de grenade assourdissante | |
Usage de grenade de désencerclement | |
Usage de grenade lacrymogène | |
Usage de LBD40 | |
Usage de matraques | |
Usage de spray lacrymogène | |
Usage de Taser | |
Usage de tranquillisants | |
Expulsion | |
Disparition |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation d’entrave à la circulation | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Accusation de manque de respect | |
Accusation de refus d’obtempérer | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Intimidation, chantage, menaces | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
Position inconfortable prolongée | |
Non-assistance à personne en danger | |
Prise de photos, empreintes, ADN | |
Menace avec une arme de poing | |
Tir dans le dos | |
Charge sans avertissement | |
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
Course-poursuite | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Intervention dans un lieu privé | |
Problèmes de santé mentale | |
Harcèlement | |
Fouille | |
Perquisition | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Pression pour signer des documents | |
Absence de procès-verbal | |
Complaisance des médecins |
- 11.09.2018 – Non-lieu prononcé par le juge d’instruction
- 16.12.2014 – Agression et décès d’Abdoulaye
- Avocats : Guillaume Routel
- Collectifs :
- Cagnotte :
- Dernière mise à jour : il y a 4 jours - Publié le