12 décembre 2010, dans sa chambre des quartiers nord – Marseille
43 ans. Atteint par un tir de Flash Ball à 4 mètres : décédé
Mustapha Ziani était un Algérien tué au flash ball dans sa chambre dans les quartiers nord de Marseille.
Le 12 décembre 2010, l’équipage de police-secours commandé par Xavier Crubezy, alors âgé de 33 ans, est appelé pour une rixe au couteau entre deux résidents d’un foyer des quartiers nord de Marseille. Très agité, Mustapha souffre de troubles du comportement. Après avoir reçu une tasse sur le front, Xavier Crubezy tire en visant le thorax de Mustapha.
Pour l’institution judiciaire, il s’agit de qualifier les faits : violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner ? Ce serait alors un crime passible de la cour d’assises. Homicide involontaire ? Ce serait du ressort du tribunal correctionnel. La justice choisit d’abord la deuxième option et un premier procès a lieu fin 2014. Il n’ira pas jusqu’au bout : les magistrats se déclarent incompétents, renvoyant l’affaire aux assises. La Cour de cassation désigne alors la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix pour trancher. Celle-ci décide que la volonté du policier étant de neutraliser l’agresseur, il s’agit bien d’un homicide volontaire. Retour à la case correctionnelle, six ans après les faits.
Le policier et son avocate considéraient qu’il n’avait « pas d’autre alternative » et a tiré en état de légitime défense. Pourtant Mustapha « était dans sa chambre, donc il n’était pas dangereux pour autrui ». « [Ils étaient] trois fonctionnaires de police face à un individu acculé contre le mur, armé d’un verre et d’un mug ! ».
«Je n’ai pas voulu le tuer, rappelle encore devant le tribunal Xavier Crubezy. On a essayé de dialoguer. Il s’est montré violent face à nous, il fallait annuler cette violence.» Le policier l’affirme, il était en situation de légitime défense, ce qui, pour lui, l’autorisait à dégainer son flash-ball, une arme considérée comme non létale. La distance entre lui et l’agresseur n’était pourtant que de 4,40 m, là où une note de la direction générale de la police nationale impose un minimum de 7 m. «A l’époque où j’ai passé l’habilitation, la législation, c’était 5 mètres, soutient le policier, qui utilisait l’arme en service pour la première fois. La distance a évolué plus tard. Dans mon esprit, j’étais toujours dans la réglementation.» Mais pour le procureur, qui réclame dix-huit mois de prison avec sursis, «il y a une disproportion entre l’utilisation du flash-ball et le projectile [brandi par la victime]. Il y avait forcément d’autres moyens de procéder à cette interpellation».
L’autopsie montre que le choc causé par le tir de flash-ball est bien la cause « directe et exclusive » de la mort. C’est une première en France. A l’époque, l’usage de balles de défense, introduit dans l’armement de la police et de la gendarmerie en France dans les années 90, n’a pas encore suscité la levée de bouclier que l’on connaît aujourd’hui.
Le tir qui a tué Mustapha n’est ni accidentel ni involontaire », avait fait valoir en novembre 2014 le président du tribunal, concluant qu’il devait revenir « à la juridiction compétente », autrement dit la cour d’assises, de juger le policier. L’avocat de la famille déclarait alors « Ce sera la première fois qu’on jugera un tir de flash-ball aux assises et qu’on ouvrira le débat sur ces armes intermédiaires », estimant que cette question, quelques semaines après la mort de Rémi Fraisse, touché par une grenade offensive GLIF4, toujours elle aussi en usage aujourd’hui, sur le barrage de Sivens, était « d’une pleine actualité ».
Au début du procès, la fille de la victime déclarait « Je veux garder la tête haute, et prouver que même s’il n’est plus parmi nous, je suis toujours là pour mon père, et je veux lui rendre justice. Ce qui s’est passé est grave, il faudrait enlever cette arme aux policiers. Cette arme qui fait qu’aujourd’hui, à 24 ans, et depuis l’âge de 17 ans, je dois me construire sans mon père. »
Le 25 janvier 2017 c’est finalement quand même par le tribunal correctionnel de Marseille, loin des assises, que l’assassin a été jugé pour homicide involonaire, après un cambriolage, un conflit de voisinage et un vol de cartes postales au Vieux-Port.
Sept ans après le meurtre de Mustapha Ziani, toujours CRS, le policier était condamné à six mois de prison avec sursis le 3 mars 2017.
Lors d’un première audience le 15 octobre 2013, quatre à six mois de prison avec sursis avaient été requis contre Xavier Crubezy, qui avait plaidé la légitime défense. Le tribunal avait demandé de nouvelles expertises. Celles-ci avaient mis en cause le flash-ball comme cause directe de la mort de Mustapha, conduisant alors le parquet à demander, lors d’une nouvelle audience en octobre 2014, le renvoi de Xavier Crubezy devant les assises.
Le tribunal correctionnel a suivi les conclusions du parquet auquel il revient désormais de saisir le chambre criminelle de la Cour de cassation.
La famille de la victime “est pleinement satisfaite”, a déclaré son avocat, Chedid Selmi, selon lequel “le dossier doit être renvoyé aux assises“. “Ce sera la première fois qu’on jugera un tir de flash-ball aux assises et qu’on ouvrira le débat sur ces armes intermédiaires“.
Violences physiques
Arrestation | |
Détention | |
Bousculade / projection | |
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral | |
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux) | |
Clés aux bras douloureuses | |
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Doigts retournés | |
Arrosage | |
Morsures de chien | |
Tirage par les cheveux | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Sévices sexuels | |
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police) | |
Usage de gants | |
Usage d’arme à feu | |
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
X | Usage de FlashBall |
Usage de grenade assourdissante | |
Usage de grenade de désencerclement | |
Usage de grenade lacrymogène | |
Usage de LBD40 | |
Usage de matraques | |
Usage de spray lacrymogène | |
Usage de Taser | |
Usage de tranquillisants | |
Expulsion | |
Disparition |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation d’entrave à la circulation | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Accusation de manque de respect | |
Accusation de refus d’obtempérer | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Intimidation, chantage, menaces | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
Position inconfortable prolongée | |
Non-assistance à personne en danger | |
Prise de photos, empreintes, ADN | |
Menace avec une arme de poing | |
Tir dans le dos | |
Charge sans avertissement | |
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
Course-poursuite | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
X | Intervention dans un lieu privé |
X | Problèmes de santé mentale |
Harcèlement | |
Fouille | |
Perquisition | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Pression pour signer des documents | |
Absence de procès-verbal | |
Complaisance des médecins |
- 03.03.2017 – Condamnation par le tribunal correctionnel de Marseille de Xavier Crubezy à à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire
- 00.10.2014 – Demande de renvoi du policier devant les assises par le parquet
- 15.10.2013 – Ouverture du procès pour homicide involontaire de Xavier Crubezy
- 13.12.2010 – Décès de Mustapha
- 12.10.2010 – Agression de Mustapha
- Avocats : Chedid Selmi
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- Dernière mise à jour : il y a 4 jours - Publié le