18 ans, Photojournaliste.
17 novembre 2020 – Paris : brutalisée, traînée dans la rue et gardée à vue une nuit
21 novembre 2020 – Paris : images et matériel saisis
Alors qu’elle couvrait la manifestation pour la liberté de la presse pour le média Taranis News, la photojournaliste Hannah a été placée en garde à vue.
Nassée à l’entrée du métro Solférino avec une centaine de personnes, elle a été violemment attrapée par un CRS lors d’une charge, puis traînée au sol avant d’être menottée et maintenue face contre terre, un genou contre le bas de son dos.
« Quelques secondes avant la charge, j’ai eu un échange de regard avec le policier dans le blanc des yeux. C’était comme s’il se disait qu’il allait m’attraper »
, dit-elle à Reporterre. Sur une vidéo, on peut voir un fonctionnaire de police la traîner sur le sol sur plusieurs mètres.
Hannah s’enquiert alors du motif de son interpellation. On lui rétorque un lapidaire : « Tu sais. » Elle a dû attendre d’être au commissariat avant d’en connaître la raison : « Continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations de dispersion » et « dissimulation du visage », car elle portait un masque à gaz. Ce second chef d’accusation n’a pas été retenu, mais son masque à gaz ne lui a pas été rendu. Elle est sortie de garde à vue le lendemain, mercredi 18 novembre, à 14:10 avec un simple rappel à la loi et plusieurs contusions.
Le samedi 21 novembre 2020, elle retourne sur le terrain pour couvrir le rassemblement contre la loi « Sécurité globale » place du Trocadéro cette fois-ci. Elle est contrôlée au début du rassemblement, avenue Kléber. Dans l’enregistrement dont StreetPress a eu accès, les policiers déclarent : « Ce que vous allez faire les uns les autres, c’est que vous allez me passer votre matériel de protection […] on va tout mettre dans un sac […] et ça vous sera restitué […] au commissariat du 14ème arrondissement […] Vous me remettez le matériel et vous y allez ou vous terminez au commissariat. »
Hannah remet alors aux policiers son masque, son casque, et ses lunettes. À l’issue du rassemblement, elle se rend au commissariat comme indiqué… où on lui apprend que son matériel a été détruit.
Pour ces faits, elle porte plainte pour « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « extorsion par personne porteuse d’une arme et en bande organisée ». Son avocat Raphaël Kempf explique : « Dans le code pénal, l’extorsion correspond à se saisir de quelque chose sous la menace, ici la menace de privation de liberté sans fondements. »
Hannah explique :
« Quand la deuxième arrestation arrive, et qu’on me vole mon matériel, c’était un peu la goutte d’eau » […]. Même si on n’aboutit pas à quelques chose, on va aller au bout, pour ouvrir le débat sur les attaques des journalistes, les lois actuelles, et les violences policières en général […] Il ne faut pas que cela tombe dans l’oubli et montrer que l’on ne se laisse pas faire.«
Entretemps, la machine médiatique s’est emballée. Ses nom et prénom se sont hissés dans les mots-clés tendance de Twitter. « Je pensais que les gens allaient en parler un peu, car lorsque j’ai été embarquée, j’étais face à un mur de photographes. Mais je n’aurais jamais cru que ça irait aussi loin. »
Sur les réseaux sociaux, la jeune fille a subi des attaques tous azimuts. Sur son physique tout d’abord, puis sur son âge, son inexpérience et le fait qu’elle ne possède pas de carte de presse.
Violences physiques
Grenade de désencerclement | |
Taser | |
Tir de LBD | |
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
X | Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
X | Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Absence de procès-verbal |
- 00.12.2020 – Dépôt de plainte pour plainte pour « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « extorsion par personne porteuse d’une arme et en bande organisée »
- 21.11.2020 – Interpellation et destruction de son matériel
- 18.11.2020 – Fin de garde-à-vue
- 17.11.2020 – Arrestation et garde-à-vue
- 2020.11.21_Reporterre_Hannah.Nelson.Journaliste.Rester.Sur.Le.Terrain.Partout.Ou.Les.Gens.Se.Battent.Pour.Une.Vie.Meilleure.pdf
- 2020.11.18_LInsoumission_HANNAHNELSON.La.Violente.Arrestation.Une.Jeune.Journaliste.Qui.Enflamme.Les.Reseaux.Sociaux.pdf
- 2020.11.00_PlumeDePresse_La.Liberte.De.La.Presse.Pietinee.Dans.Le.Silence.Des.Grands.Medias.pdf