24 avril 2022, Paris
Agressées par la police, sauvées par des passants
Traverser la route quand le feu leur en donne l’autorisation, alors qu’une bagnole de patrouille va griller le feu ? Grave infraction de lèse-majesté, faut sévir ! Les deux jeunes femmes racontent…
« – C’était jeudi. On est parties faire des courses avec mon amie. On traverse le pont de Clichy, et on arrive à la hauteur d’un passage piéton. On voit que c’est vert, donc on traverse normalement. Et là, on est arrêtées, on a failli être écrasées par une voiture. Et c’est là que je réalise que c’est une voiture de police. Les policiers nous crient dessus et commencent à nous invectiver, commencent à être très virulents envers nous. Moi j’ai eu le malheur de leur montrer du doigt le bonhomme qui était vert, donc j’étais en droit de traverser, surtout que je ne les avais pas vus. Et là, il y a un policier qui vient et qui nous prend par le bras directement, dans la violence, qui nous serre très fort par le bras .
– Ils nous ont poussées en fait sur un coin à l’abri des regards, en fait on sentait vraiment que le contrôle allait mal se passer, à l’abri des regards.
– Et là on n’a même pas encore eu le temps de réagir qu’il m’assène une claque. La main ouverte, et en fait il prenait de l’élan, comme un coup,
– C’était vraiment d’en-haut jusqu’en bas, et ça prenait du coup son demi-visage, la tête, mais vraiment, on a senti la haine dans ses yeux et dans ses coups…
– Il voulait vraiment me violenter. Il était féroce, dans ses yeux on voyait de la haine en fait.
– Elle s’est retrouvée au sol, il l’a remontée, et il lui a remis des claques. Il l’a remontée, il lui a remis des claques, et ça, c’était continuel… Du coup j’ai continué à crier…
– Et c’est là que j’ai repris conscience et j’ai commencé à crier et je savais que c’était la seule chose qui pouvait me sauver dans cette situation-là.
– Le genou du policier était sur l’omoplate de ma copine du coup et par sa main en fait il lui faisait une clé de bras également et l’a mise par terre. L’un des policiers l’a insultée, excusez-moi du terme, de « sale pute« .
– Et là je sens que quelque chose essaye de m’arracher mon voile qui commence à partir en arrière. Du coup j’ai tenu mon voile avec mes deux mains, pour pas qu’on m’arrache le voile…
– Le troisième policier m’a arrêtée, je l’ai prévenu au préalable que j’avais des problèmes de santé, j’avais des problèmes cardiaques, et en fait malgré ça il me poussait au niveau de la poitrine. Je lui ai dit à plusieurs reprises en fait que j’avais des problèmes cardiaques, que je me sentais pas bien… J’ai senti que tout tournait autour de moi, j’ai eu des palpitations, j’ai eu les mains qui commençaient à devenir moites, des fourmis dans les mains. Je me juste vue m’approcher du sol en fait, j’étais en train de m’écrouler, j’ai juste vu ma tête s’approcher du sol. Du coup j’ai perdu connaissance durant plusieurs minutes. Là y a un passant qui est venu, qui m’a ramassée…
– Et c’est là qu’on a vu des passants vraiment venir nous aider, essayer de calmer la situation et essayer de calmer les policiers, et c’est les passants qui nous ont sauvées, clairement.
– Quand ils ont vu qu’il y avait beaucoup de monde qui se sont groupés autour de nous, des témoins qui ont assisté à la scène…
– Et c’est là qu’ils ont commencé à réaliser que la scène était filmée, qu’ils étaient en tort, et bien ils nous ont laissées partir. À aucun moment ils nous ont appelées « Venez là, on va vous mettre les menottes » ou quoi…
– On était devant eux jusqu’à la fin
– Ma copine elle voulait rester avec eux…
– Pour avoir une discussion avec eux. Mais pourquoi ? C’est très très humiliant de se frapper comme ça en pleine rue, et qui plus est par un policier, gardien de la paix, sensé être là pour nous protéger.
– J’ai un grand sentiment d’injustice, d’injustice et d’impuissance.
– J’ai peur, je fais des insomnies, j’ai des sueurs froides, je me réveille la nuit. Le lendemain de l’agression, je suis partie au travail pour me changer les idées. J’ai pas pu tenir.
– Et aujourd’hui, avec mon amie, on tenait vraiment à remercier les passants, qui sont venu nous secourir et qui ont très certainement pu nous éviter un gros drame. On vous remercie du fond du cœur. Vraiment. »
Violences physiques
X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
Coups sur les oreilles | |
X | Étranglement |
X | Clés aux bras douloureuses |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
X | Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
Refus de soins ou de médicaments | |
X | Propos sexistes |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
X | Absence de procès-verbal |