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Jumaa Al-Hasan, 02.03.2024. Noyé pendant une intervention policière – Gravelines

2 mars 2024, canal de l’Aa – Gravelines
27 ans. Noyé pendant une intervention policière : décédé

Le 2 mars vers 22:00, à quelques kilomètres en amont du littoral, un canot de fortune s’élance sur le canal de l’Aa, une trentaine de personnes à son bord. Ce soir-là, l’eau du canal est basse et les berges boueuses. L’embarcation est vite repérée par une patrouille de police, qui se met à la suivre. D’autres unités la rejoignent à proximité de la rue de la Gare, à Gravelines.

« On avançait le long de la rivière, et la police nous suivait, en projetant beaucoup de lumière sur nous, comme un projecteur. »

Dissimulé dans les environs, un autre groupe attend de monter à bord. Des policiers interviennent sur les berges pour les empêcher d’embarquer.

« Les policiers sont sortis et ont commencé à poursuivre les gens, les frappant à coups de matraque. Tous ceux qui s’approchaient de la rivière étaient aspergés de gaz lacrymogène et battus. »

La préfecture du Nord reconnaît l’usage des moyens lacrymogènes par les policiers cette nuit-là (communiqué du 13 mars 2024), contre des personnes en bordure d’un cours d’eau. Une vidéo, tournée 3 semaines après les faits, à quelques centaines de mètres en aval le long du même canal, atteste de cette pratique courante.

Malgré le danger, 4 ou 5 personnes parviennent à rejoindre l’embarcation en se jetant à l’eau. Jumaa, Syrien de 27 ans, est le dernier du groupe encore caché, à quelques mètres seulement des policiers sur place. Alors qu’ils se rapproche des berges, Jumaa se retrouve piégé entre la police et le canal.

« Quand il a essayé de remonter, il a vu la police, et la police a commencé à l’asperger de gaz, du spray au poivre ou quelque chose comme ça. À cause de ça, il a été forcé de redescendre. »

Selon les témoins présents sur le canot, l’usage de gaz lacrymogène par la police depuis les berges était si intense qu’ils en ont eux-mêmes ressenti les effets irritants.

« De peur, il a sauté à l’eau. Mais il a tout de suite coulé. »

4 témoins interrogés assistent à la noyade, qui a lieu sous les yeux de policiers munis de lampes torches. À bord du canot, des personnes crient immédiatement à l’aide, mais les policiers ignorent leurs appels et continuent de suivre l’embarcation depuis la berge.

« On a voulu le sortir de l’eau, mais nous n’avons pas pu à cause de la boue et de la police, car dès que vous approchez d’eux, c’est sûr qu’ils vous arrêtent. »

« La police n’était pas loin de lui. S’ils avaient voulu, ils auraient pu descendre là où se trouvait le jeune homme, se baisser, et le sortir de là. Mais la police ne l’a pas secouru. »

Le moteur dysfonctionne, rendant toute manœuvre difficile. Porté par le courant, le canot poursuite sa dérive. À 23:19, les pompiers sont appelés au port de plaisance de Gravelines pour porter assistance à des personnes coincées dans la vase. À terre, des exilés interpellent les policiers aux alentours pour les alerter de la disparition de Jumaa, à peine 100 mètres en amont. Mais ni la police, ni les pompiers, ne prennent leurs appels à l’aide au sérieux.

À 01:43, l’intervention des pompiers est levée. Leur rapport conclut : « Aucune personne à l’eau.« 

Un membre de l’ONG Utopia 56 a enregistré son appel au commissariat local, le lendemain matin :

« Ils ont fait des recherches avec des drones et des caméras thermiques, et il n’y avait rien. Donc les recherches sont terminées, voilà… »

Le corps de Jumaa ne sera retrouvé que 16 jours plus tard, par un passant, dans ce même canal, à 500 mètres de là où il s’est noyé.

« Si j’avais la nationalité française ou un statut légal, je porterais plainte contre la police. Nous les Syriens, on a fui la Syrie à cause de la police, à cause de ce que Bachar Al-Assad nous faisait, et de ce que la police là-bas nous faisait. Et maintenant, voilà ce que la police en France nous fait. »

Justice et Lumière pour Jumaa et ses proches !
Violences physiques
 Bousculade / projection
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
XUsage de matraques
XUsage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Menace avec une arme de poing
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
XNon-assistance à personne en danger
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée

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