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Georges Ibrahim Abdallah, 24.10.1984. Prisonnier politique à vie – Lyon

24 octobre 1984 – Lyon
33 ans. Arrêté et détenu en France depuis près de quarante ans : prisonnier à vie de la « raison d’Etat »

Né le 2 avril 1951 à Kobayat, dans le nord du Liban, Georges Ibrahim Abdallah a grandi dans ce pays à une époque où la crise structurelle de l’entité libanaise devenait de plus en plus insurmontable. C’est l’époque où pour conjurer tout changement et contrer la radicalisation du mouvement des masses populaires et de la jeunesse, la bourgeoisie n’hésita pas à pousser vers la guerre civile confessionnelle. L’affirmation de la réalité révolutionnaire palestinienne sur le devant de la scène régionale et libanaise a démultiplié la portée des diverses initiatives de luttes sociales fleurissant au début des années 70. A la veille de l’éclatement de la guerre civile de 1975 la crise du système a changé de nature et la portée des enjeux. Les « ceintures de la misère » autour de Beyrouth, les villes et les villages du Sud et les camps de réfugiés aux abords des principales villes incarneront dès lors et pour de longues années les enjeux locaux, régionaux et internationaux du mouvement révolutionnaire…

Cette réalité de lutte, de résistance et de sacrifice a construit la conscience politique de Georges Abdallah et déterminé son engagement révolutionnaire. Tout naturellement, il choisit la résistance face aux massacres de masse perpétrés par les bourgeois confessionnalistes de tout bord et leurs alliés israéliens et franco-américains. La Quarantaine, Naba’a, Tal Azza’atar, Sabra et Chatila et combien d’autres tueries sont restées dans nos mémoires.

Georges Ibrahim Abdallah commence son engagement politique dans les rangs du Parti National Social Syrien (PNSS) pour rejoindre ensuite la résistance palestinienne, en adhérant au Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Il est blessé lors de la résistance à l’invasion sioniste du Sud Liban en 1978. Contre la barbarie sioniste et impérialiste états-Unienne, plusieurs organisations de combattants libanais et arabes décident de mener la lutte de résistance en frappant les intérêts impérialistes et sionistes dans le monde entier. C’est le cas des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL), entrées en action en Europe.

Parmi les principales opérations attribuées aux FARL en France : l’exécution le 18 janvier 1982 du colonel Charles Ray, attaché militaire à l’ambassade États-Unienne et l’exécution le 3 avril 1982 de Yakov Barsimantov, responsable du Mossad et secrétaire en second à l’ambassade sioniste à Paris.

Les autorités françaises arrêtent Georges Abdallah le 24 octobre 1984 à Lyon. Son incarcération est motivée par la détention de vrais-faux papiers d’identité : un passeport délivré légalement par les autorités algériennes. L’État français s’engage auprès du gouvernement algérien à le libérer rapidement.

Georges Abdallah est condamné à quatre années de détention le 10 juillet 1986, pour détention d’armes et d’explosifs. Il refuse le procès mais n’interjette pas appel.

Cependant les autorités états-uniennes exercent des pressions directes sur le gouvernement français afin qu’il ne soit pas relâché. Les États-Unis d’Amérique se constituent partie civile dans le procès et le président américain Reagan en personne aborde le sujet lors d’une rencontre avec le président français Mitterrand. Les pressions sionistes ne manquent pas non plus.

Finalement, le gouvernement français ne respecte pas l’engagement pris auprès des autorités algériennes. Entre temps, en 1985-1986, des attentats faisant de nombreuses victimes (13 morts et plus de 300 blessés) sont commis à Paris. Ils sont revendiqués par le CSPPA (Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques Arabes). Celui-ci exige la libération d’Anis Naccache(1), de Varoudjian Garbidjian(2) et de Georges Abdallah.

Ces attentats ont probablement été commis par un réseau financé par l’Iran pour faire payer à la France son soutien à l’Irak dans la guerre contre l’Iran.

C’est dans ce contexte, alors que Georges Abdallah est incarcéré depuis plus d’un an, que la Direction de la surveillance du territoire (DST) annonce la « découverte » d’une arme dans un appartement loué en son nom, prétendant que celle-ci avait été utilisée dans l’attentat contre le colonel Charles Ray et l’agent Yakov Barsimantov.

En mars 1987, les autorités françaises jugent une seconde fois Georges Ibrahim Abdallah sur la base de cette saisie miraculeuse. Un verdict de condamnation à perpétuité est prononcé bien que le procureur général n’ait requis qu’une peine de dix ans d’emprisonnement.En prison, Georges Abdallah continue à défendre la cause des peuples opprimés. C’est ainsi qu’il adhère à la Plate-forme du 19 juin 1999 qui réunit dans une communauté de lutte une centaine de prisonniers révolutionnaires, communistes, anarchistes, antifascistes et anti-impérialistes, et qu’il participe aux grèves de la faim de solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en Turquie.

En août 2002, en solidarité avec les prisonnières palestiniennes détenues à Neve Tirza, en grève de la faim pour dénoncer les humiliations quotidiennes dont elles font l’objet dans les geôles sionistes, Georges Ibrahim Abdallah et plusieurs dizaines de prisonniers détenus à Moulins refusent le repas de l’administration pénitentiaire.

En novembre 2003, la juridiction régionale de libération conditionnelle de Pau autorisait sa libération. Sur ordre de Dominique Perben, Ministre de la justice, le procureur général de Pau fait appel de cette décision. La juridiction nationale de libération conditionnelle rend son verdict le 15 janvier 2004, décidant le maintien en prison de Georges Abdallah.

Il présente une nouvelle demande de libération conditionnelle, en février 2005. Le Tribunal de Grande Instance de Tarbes, présidé par le même juge qui avait statué positivement à la première demande de libération en 2003, rejette cette nouvelle demande en septembre 2005.

L’appel de cette décision, introduit par Georges en septembre 2005, est rejeté en février 2006.

En mai 2009, sa nouvelle demande de libération est également rejetée par la cour d’appel de Paris, s’appuyant sur la loi Dati sur la rétention de sûreté promulguée l’année précédente, pour considérer que le détenu est un « activiste résolu et implacable », risquant de récidiver dans son combat révolutionnaire, en cas d’expulsion vers le Liban.

Le journaliste Georges Malbrunot avance en janvier 2011 que des soutiens de Georges Abdallah mettent en garde le gouvernement français contre d’éventuels enlèvements de ses ressortissants à Beyrouth, comme monnaie d’échange en pratiquant le chantage, comme ce fut le cas dans l’affaire Clothilde Reiss libérée de sa prison iranienne très rapidement – selon Le Canard enchaîné – après celle de l’Iranien Ali Vakili Rad, assassin du ministre Chapour Bakhtiar, en 2010.

En , Georges Ibrahim Abdallah dépose une huitième demande de libération. En , le Premier ministre libanais Najib Mikati, en visite à Paris, demande aux autorités françaises la libération de ce compatriote qu’il qualifie de « prisonnier politique ». Le , le tribunal de l’application des peines compétent en matière de terrorisme, réuni à Lannemezan prononce un avis favorable à la demande de libération de Georges Abdallah qui projette de retourner au Liban. Le , la chambre d’application des peines de Paris, qui examine l’affaire en appel, accède à sa huitième demande de libération, en la conditionnant à un arrêté d’expulsion du territoire français.

Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, reçoit à l’époque un coup de téléphone de son homologue américaine Hillary Clinton qui lui demande de ne pas rendre la liberté à Georges Ibrahim Abdallah. Le 14 janvier, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, refuse de signer l’arrêté d’expulsion, indispensable à la libération de Georges Abdallah. La ministre de la justice, Christiane Taubira, réclame l’arbitrage du président de la République dans cette affaire judiciaire où intervient un membre de l’exécutif mais François Hollande laisse faire. Manuel Valls assume un choix politique : « Je le maintiens en prison volontairement, il n’était pas question que je signe l’arrêté d’expulsion. Je le fais par conviction. J’en ai informé le président de la République, qui ne m’en a pas dissuadé ».

La décision de libération est annulée en par la Cour de cassation, car le détenu « ne pouvait se voir accorder une libération conditionnelle sans avoir été obligatoirement préalablement soumis, à titre probatoire, à une mesure de semi-liberté ou de placement sous surveillance électronique pendant une période d’un an au moins ». Jacques Vergès, en produisant des documents du département d’État, dénonce : « C’est le gouvernement des États-Unis qui met un veto intolérable à sa libération ».

Le , le tribunal d’application des peines rejette une nouvelle demande de libération, décision confirmée en appel le , sous les motifs que Ibrahim Abdallah ne fait pas l’objet d’un arrêté d’expulsion, ne regrette pas les actes pour lesquels il a été condamné, n’a pas indemnisé les ayants droit des victimes.

En juin 2023, l’avocat de Georges Abdallah annonce faire une nouvelle demande de libération. Le , le tribunal de l’application des peines décide sa libération conditionnelle à compter du sous condition « qu’il quitte le territoire français et n’y réapparaisse pas ». Le Liban s’est engagé par la voie diplomatique à rapatrier Georges Abdallah sur le territoire libanais. Pour l’avocat d’Abdallah, c’est « une victoire juridique et politique ». Le parquet fait appel.

Du côté de l’Italie, où était toujours pendante une affaire de transport d’explosifs, le 26 novembre 2024, le tribunal de Trieste abandonne les poursuites à son encontre pour cause de prescription. Il n’y aura donc pas de demande d’extradition vers ce pays.

Le septuagénaire libanais, militant marxiste propalestinien, détenu en France depuis près de quarante ans pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, en 1982, à Paris, est victime de la guerre de l’ombre que se livraient déjà, à l’époque, Israël et ses ennemis arabes.

Libérable depuis un quart de siècle, le fondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), un groupuscule proche du Front populaire de libération de la Palestine de Georges Habache, n’a jamais été libéré, en dépit de onze demandes en ce sens depuis 2001. Toutes ont été rejetées, en première instance, en appel ou en cassation, au motif que l’intéressé ne s’est jamais repenti de ses actes, qu’il se refuse à indemniser les familles des deux victimes, et que son retour au Liban constituerait un danger. Un argumentaire déployé sur fond de pressions des Etats-Unis et d’immixtion des pouvoirs publics dans la procédure.

Le fantassin de la guerre de l’ombre qu’Israël et ses ennemis arabes se livraient à cette époque dans les capitales européennes est devenu, selon ses défenseurs, « le plus vieux prisonnier politique de France et même d’Europe ». Il est détenu au centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).

Victoire, enfin !

La cour d’appel de Paris a ordonné en audience publique jeudi 17 juillet dans la matinée, la libération de Georges le 25 juillet prochain. Après quarante et un ans, en octobre prochain, d’enfermement dans les prisons françaises, il sera autorisé à quitter le centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) à condition de quitter le territoire. « C’est à la fois une victoire judiciaire et un scandale politique qu’il ne soit pas sorti plus tôt, à cause du comportement des États-Unis et de tous les présidents français » successifs, a réagi au sortir de la salle d’audience son avocat, Me Jean-Louis Chalanset.

Georges devrait enfin rejoindre sa famille à Kobayat au nord du Liban. Dans ce village composé à majorité de chrétiens maronites qui l’a vu naître, ses proches et de nombreux citoyens progressistes et communistes l’attendent. À sa libération, il pourrait être transféré immédiatement par avion militaire jusqu’à l’aéroport de Roissy, avant de prendre un vol pour Beyrouth.

Violences physiques
 Bousculade / projection
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Problèmes de santé mentale
 Non-assistance à personne en danger
XHarcèlement
XArrestation
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation, chantage, menaces
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
XPerquisition
XFouille
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
XDétention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 26.11.2024 – Abandon des poursuites par le tribunal de Trieste (Italie) où était toujours pendante une affaire de transport d’explosifs, pour cause de prescription
  • 16.11.2024 – Appel du parquet
  • 15.11.2024 – Validation par le tribunal de l’application des peines de la libération conditionnelle à compter du sous condition « qu’il quitte le territoire français et n’y réapparaisse pas »
  • 00.06.2023 – 10ème demande de libération
  • 26.02.2015 – Confirmation de la décision de rejet
  • 05.11.2014 – Rejet de la 9ème demande de libération par le tribunal d’application des peines
  • 00.04.2013 – Annulation par la cour de cassation de la décision de libération
  • 00.01.2013 – Demande d’arbitrage de la ministre de la justice Christiane Taubira
  • 14.01.2013 – Refus du ministre de l’intérieur Manuel Valls de signer l’arrêté d’expulsion
  • 10.01.2013 – Validation de la chambre d’application des peines de Paris de sa huitième demande de libération, conditionnée à un arrêté d’expulsion du territoire français
  • 21.11.2012 – Avis favorable du tribunal de l’application des peines de Lannemezan à sa demande de libération
  • 00.02.2012 – Demande du Premier ministre libanais Najib Mikati de libération de ce compatriote qu’il qualifie de « prisonnier politique »
  • 00.01.2012 – 8ème demande de libération
  • Relaxe par la cour d’appel de Pau
  • 01.12.2009 – Condamnation à trois mois de prison pour refus de prélèvement ADN, par le tribunal correctionnel de Tarbes
  • 00.05.2009 – Rejet de la demande de libération est également rejetée par la cour d’appel de Paris
  • 00.02.2006 – Rejet en appel
  • 00.09.2005 – Appel de la décision de rejet
  • 00.09.2005 – Rejet de la demande par le TGI de Tarbes
  • 00.02.2005 – Nouvelle demande de libération conditionnelle
  • 15.01.2004 – Rejet de la demande de libération conditionnelle
  • 00.00.2003 – Appel de la décision de libération par le procureur général de Pau
  • 00.11.2003 – Autorisation de libération par la juridiction régionale de libération conditionnelle de Pau à condition qu’il quitte définitivement le territoire pour le 15 décembre
  • 00.09.2002 – Incarcération à la prison de Fresnes
  • 00.03.2002 – Rejet de sa demande de libération
  • 00.03.1987 – Condamnation à perpétuité
  • 28.02.1987 – Procès devant la cour d’assises spéciale pour complicité d’assassinat dans les meurtres de 1982 de l’attaché militaire Charles R. Ray et du diplomate Yaakov Barsimantov à Paris, ainsi que pour son implication dans la tentative d’assassinat de l’ancien consul à Strasbourg Robert O. Homme, en 1984
  • 00.00.1987 – « Découverte » par la DST d’une arme dans un appartenant loué à son nom
  • 10.07.1986 – Condamnation à quatre années de détention pour détention d’armes et d’explosifs
  • 24.10.1984 – Arrestation de Georges

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