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Babacar Gueye, 03.12.2015. Flingué – Rennes

3 décembre 2015 – rue Guy Ropartz, Rennes
27 ans. Atteint par 5 balles de la BAC : décédé

Abattu lors d’une intervention policière dans la cage d’escalier d’un immeuble du quartier de Maurepas, de cinq balles tirées par un policier de la brigade anti-criminalité. Babacar était sénégalais et il n’avait pas ses papiers. Des personnes sans papiers qui meurent en se jetant par la fenêtre pour fuir la police, qui n’en a jamais entendu parler ? Les policiers, Babacar les connaissait, car dans ce monde où la police peut tuer en toute impunité, les sans-papiers sont aussi traqués.

Les forces de l’ordre étaient intervenues alors que le jeune homme, dans un état psychologique altéré, se mutilait avec un couteau de cuisine. Babacar avait besoin d’aide le 3 décembre 2015, et c’est la police qu’on lui a envoyée. Babacar était en crise, en détresse mentale. Il avait besoin d’aide et ce sont des hommes armés qu’on lui a envoyés : on lui a envoyé la mort !

Selon l’ami de Babacar, seul témoin oculaire, les policiers lui ont crié de lâcher le petit couteau de table qu’il utilisait peu de temps avant pour se scarifier l’abdomen. Ils lui ont tiré dessus au taser, mais le taser n’a pas marché. L’un des agents a alors sorti son arme de service et tiré à cinq reprises.

Il faisait nuit et ils étaient 8,  4 de la BAC et 4 de la police nationale. Ils ne l’ont pas aidé et ils l’ont tué. Les pompiers ne sont pas intervenus, ils n’en ont pas eu le temps car il avait déjà reçu une puis quatre balles dans le corps. Deux mortelles. Babacar agonisait dans la cage d’escalier et ils l’ont menotté, laissé sur le sol pendant un temps qu’on ne connaît pas.

Il décédé sur place malgré les secours. La police, la justice et certains médias ont fait du récit de sa souffrance un récit criminalisant afin de  justifier son assassinat. Babacar est mort comme de nombreuses autres personnes en crise ou dont le comportement a été interprété comme « anormal » par les forces de l’ordre à l’intersection du racisme, de la psychophobie et des violences d’État.

Dans l’après-midi, Awa Gueye, sa sœur, apprend la mort de son frère par un de ses amis qui l’appelle. Elle se rend au commissariat pour savoir où est le corps de Babacar. Les policiers vont refuser qu’elle soit accompagnée pendant « l’entrevue » et lui annoncer que « son frère a été tué parce qu’il voulait tuer un policier« . Il refuseront de lui donner accès au corps de Babacar sans avoir sa pièce d’identité et lui mettront sous le nez, et sans la prévenir, une photo du son frère mort.

L’enquête ouverte le jour du meurtre est à charge contre Babacar, décrit par le Procureur de la république comme un « forcené »  » particulièrement agressif« . Ses propos seront largement repris dans la presse, rendant Babacar responsable de sa propre mort. Pour la justice, il faut que l’histoire retienne qu’on n’avait pas d’autre choix que de tuer Babacar, tant il était dangereux.

L’autopsie indique pourtant l’arrivée d’une balle par la fesse gauche, ce dont la justice ne se saisit pas pour mettre en cause la version policière et la « légitime défense« . Pour Awa, la thèse de la légitime défense ne tient pas la route. Elle porte plainte, ce qui aboutira au placement du policier flingueur sous statut de témoin assisté.

Violences physiques
 Bousculade / projection
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 “Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
XUsage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
XTir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
XProblèmes de santé mentale
XNon-assistance à personne en danger
 Harcèlement
 Arrestation
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation, chantage, menaces
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Perquisition
 Fouille
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée

07.2019 – Placement du policier tireur sous statut de témoin assisté

02.2019 – Remise en question des conclusions d’un expertise faisant le lien entre balistique et autopsie : aucune balle n’est arrivée de face, 4 sont arrivées de côté, et de haut en bas, une autre est entrée par la fesse gauche de haut en bas

2018 – Destruction « malencontreuse » de scellés notamment ceux contenant l’arme et les deux chargeurs lors d’un tri des scellés

05.2017 – Audition d’Awa par le juge d’instruction

01.2017 – Saisine du juge d’instruction par le Procureur

07.2016 – Classement sans suite par le Procureur du TGI de Rennes qui estime que le policier a agi en état de légitime défense; dépôt de plainte avec constitution de partie civile par Awa Gueye contre le tireur pour homicide volontaire et contre les trois policiers qui avaient porté plainte pour participation au meurtre ou à l’assassinat

06.2016 – Conclusion de l’enquête IGPN : le policier qui a tiré sur Babacar a réagi de manière proportionnée à la violence dont Babacar a fait preuve sans raison à son encontre

04.2016 – Conclusion de l’enquête SRPJ : les policiers n’ont pas eu d’autre choix que de tirer sur Babacar qui présentait une menace

02.2016 – Conclusions de l’analyse toxicologique : aucune substance toxicologique décelée

03.12.2015 – Décès de Babacar. Ouverture d’une enquête et saisie par le Procureur du Service Régional de la Police Judiciaire (SRPJ) et de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN); dépôt de plainte par 3 des policiers contre Babacar pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique; une autopsie confirme que ce sont les balles qui l’ont tué.

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Agressions

Pierre Cayet, 25.04.2015. Frappé au commissariat – Saint-Denis (93)

25 avril 2015. Commissariat de Saint-Denis (93)
54 ans. Frappé, gazé : décédé d’une fracture du crâne

Tout est parti d’un contrôle routier. Pierre Cayet est arrêté pour conduite en état d’ébriété avec un taux de 0,48 mg/l d’air expiré (la limite étant 0,40 mg/l). Son véhicule est immobilisé. Quelques heures plus tard, le Guadeloupéen se rend au commissariat de Saint-Denis. « Il était avec sa compagne et voulait seulement récupérer les papiers et les médicaments qu’il avait laissés à l’intérieur de la voiture » explique son frère, Frantz Dendelé. Face au refus des policiers, il aurait profité de la sortie d’un véhicule de police pour pénétrer dans l’enceinte du commissariat, ou aurait fait le tour et tenté d’enjamber l’enceinte. Il tombe sur un agent.

La version de la police

Selon les policiers présents, Pierre était « passablement énervé« . “Il a été repoussé une première fois par un fonctionnaire de police puis il est revenu à la charge” , raconte un policier du syndicat Alliance. “Le deuxième fonctionnaire l’a alors repoussé au niveau du visage. Cela a entraîné la chute de Monsieur Cayet qui est tombé en arrière de toute sa hauteur et a heurté le béton” .”Les policiers n’ont rien à cacher. Malheureusement, c’est un accident” , conclut le flic

La version de la famille

Une version contestée par la famille de la victime. “Les policiers l’ont gazé, ensuite il est revenu” , raconte Frantz . “Face à tous les policiers présents ce soir-là au commissariat, mon frère ne présentait pas de danger. Ils avaient les moyens de neutraliser facilement un petit bonhomme comme lui“. Greffé d’un rein, Pierre était fortement handicapé, d’après Le Parisien.

Pour Frantz , le frère de la victime qui a pu voir le corps de son frère, Pierre aurait reçu un violent coup au visage. “Il a pris une droite. J’ai vu son visage totalement déformé par ce coup mortel. Le policier qui lui a fait ça doit rendre des comptes à la justice” . Il dispose d’une une photo de son frère prise sur son lit d’hôpital avec un coquard à l’œil.

Transporté à l’hôpital, le Guadeloupéen est décédé dans la nuit. Selon une source judiciaire citée par l’AFP, l’autopsie a confirmé que le décès était “consécutif à une fracture crânienne” et qu’il n’y avait “aucune trace de violence” .

Violences physiques
 Bousculade / projection
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 “Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
XUsage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Problèmes de santé mentale
 Non-assistance à personne en danger
 Harcèlement
 Arrestation
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation, chantage, menaces
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Perquisition
 Fouille
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 00.04.2015 – Dépôt de plainte de la famille
  • 00.04.2015 – Ouverture d’une enquête confiée dans la foulée à l’IGPN
  • 26.04.2015 – Décès de Pierre
  • 25.04.2015 – Agression de Pierre

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Agressions

Dominique Burger, 20.03.2015. Multi-tasé – Schoelcher (Martinique)

20 mars 2015. Schœlcher (Martinique)
46 ans. Tasé 6 fois : décédé le 21 mai

Le Dr Dominique Burger promène son chien de nuit le 20 mars 2015, et tombe sur un couple avec lequel il se dispute. Les gendarmes interviennent. Ils lui mettent 2 coups de Taser, le menottent, puis lui mettent un troisième coup de taser, selon l’un des premiers avocats de la famille.

Lorsque l’équipe de renfort de la gendarmerie arrive sur les lieux à 02:45, Dominique est déjà menotté au sol, face contre terre. Trois gendarmes et un civil, Monsieur Servius (qui prétend avoir été agressé par le médecin), le maintiennent au sol, utilisant leurs genoux pour le bloquer. Les gendarmes affirment avoir dû utiliser un taser pour le maîtriser.

Les pompiers, arrivés dans l’intervalle, s’inquiètent de l’absence de réaction de l’individu depuis une dizaine de minutes. Ils vérifient son pouls : le Docteur Burger est en arrêt respiratoire. Après prise en charge par le SAMU, il sera transféré à l’hôpital mais décédera le 21 mai 2015, après plusieurs semaines de coma.

L’autopsie puis l’expertise médicale complémentaire ordonnée par le juge d’instruction confirmeront l’existence d’une asphyxie à l’origine de son arrêt cardiaque. Par ailleurs, une expertise balistique est effectuée et permet d’établir 6 utilisations du taser par les gendarmes. Les pompiers intervenus sur les lieux sont auditionnés et affirment avoir vu des traces de coups sur le corps de Dominique, ainsi qu’une déformation de sa poitrine. Il sera effectivement constaté de nombreuses fractures.

Violences physiques
 Bousculade / projection
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 XPied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
XPlaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 “Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
XUsage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Problèmes de santé mentale
XNon-assistance à personne en danger
 Harcèlement
 Arrestation
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation, chantage, menaces
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Perquisition
 Fouille
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 00.00.0000 – Désignation d’un nouveau juge d’instruction
  • 00.00.0000 – Le juge Colombet qui a mis en examen les gendarmes et le pompier volontaire quitte la Martinique du jour au lendemain, après la reconstitution sans avoir averti la famille du docteur Burger à qui il aurait pourtant promis de clôturer le dossier.
  • 26.05.2016 – Reconstitution
  • 00.05.2016 – Mise en examen des trois autres gendarmes impliqués et du pompier
  • 00.01.2016 – Mise en examen de l’un des gendarmes impliqués
  • 00.10.2015 – Ouverture d’un enquête par ’IGGN; audition des trois gendarmes
  • 00.06.2015 – Saisine d’un juge d’instruction
  • 00.00.2015 – Dépôt de plainte avec constitution de partie civile par la famille
  • 21.05.2015 – Décès de Dominique
  • 20.03.2015 – Agression de Dominique

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Amadou Koumé, 06.03.2015. Mort au commissariat – Paris

6 mars 2015 – Commissariat du Xème,  Paris
33 ans. Étranglé pendant son interpellation : décédé

Papa de deux enfants, Amadou est mort dans le secret du commissariat du Xème arrondissement de Paris.

Interpellé lors qu’il tenait des propos incohérents, les policiers ont voulu le menotter, il s’est débattu. Ils ont procédé à une manœuvre d’étranglement pour lui passer les menottes. À l’arrivée au commissariat, ils se sont rendu compte qu’il était amorphe. Le Samu a tenté de le ranimer, en vain….

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
XÉtranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 “Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée

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Bertrand Bilal Nzohabonayo, 21.12.2014. Flingué – Joué-lès-Tours

21 décembre 2014, devant le commissariat – Joué-lès-Tours
20 ans. Atteint de plusieurs balles : décédé

Le 20 décembre, Bertrand « Bilal » Nzohabonayo est mort, tué par la police à Joué-lès-Tours. D’après la version policière, il se serait présenté au commissariat de la ville et aurait blessé plusieurs agents avant d’être abattu. Mais une autre version émerge, très éloignée de la version officielle.

La version de la police

Bilal se serait présenté au commissariat de Joué vers 14 heures, et aurait agressé plusieurs fonctionnaires de police à l’arme blanche. Certaines sources ont prétendu qu’il aurait crié « Allahou Akbar » en attaquant les flics, avant d’être abattu. Le ministère de l’Intérieur a annoncé que le parquet anti-terroriste de Paris s’était saisi du dossier, laissant entendre que c’était la piste du terrorisme islamiste qui était privilégiée. Et la plupart des médias ont embrayé.

La version bavure

Bilal n’aurait pas crié « Allahou Akbar », ce qui constituait l’un des principaux éléments pour conforter la thèse « islamiste ». Et il s’agirait d’une interpellation qui dégénère en bavure plutôt que d’une agression délibérée.

D’après plusieurs sources, relayées par France 3 Centre, tout a commencé par l’attaque d’un flic récemment condamné pour violences. Le 19 décembre, soit la veille de la mort de Bilal, ce policier aux pratiques de « cow boy » se serait fait « éclater » alors qu’il faisait un jogging. D’après France 3, Bilal Nzohabonayo était en région parisienne à ce moment-là.

Le lendemain, Bilal aurait été interpellé alors qu’il allait dans un kebab proche du commissariat. France 3 raconte que « le kebab dans lequel il se rend se trouve à proximité du commissariat de police de Joué-lès-Tours. Sur sa route, il aurait été interpellé par des policiers désireux de connaître l’identité des deux jeunes de la bagarre de la veille. L’interpellation de Bertrand Nzohabonayo tourne mal, deux policiers sont blessés et Bertrand est abattu par un agent de police. »

D’autres témoignages disponibles sur Facebook vont dans ce sens, mais parlent aussi d’une balayette.

« Des flics on vu Bilal et ont cru que c’était lui. Ils l’ont interpellé de force. Bilal s’est débattu. Un flic lui a mis une balayette. Bilal a vu rouge et les a plantés. La suite vous la connaissez. »

« Ils ont été au kebab de Joué centre pour chercher qui avait agressé Loïc (le flic). Ils ont ramené [Bilal] sans preuve au poste et de là tout a dégénéré ! Aucun témoignage n’a été fait ils se sont mis a 2-3 sur lui et l’ont balayé, il a voulu se défendre en sortant son couteau sentant que la situation dégénérait. »

Le collectif « Urgence notre police assassine » indique dans un communiqué :

« Des témoins sur place affirment que Bilal ne s’est jamais présenté de son propre chef devant la porte du commissariat, mais que ce sont bien des policiers qui l’ont traîné de force devant le commissariat. »

Ce que confirme Le Point, qui écrit : « Selon [nos] informations, Bertrand Bilal ne se serait pas rendu volontairement au commissariat et n’aurait pas crié “Allah Akbar”. »

On est loin de la version du méchant islamiste agressant délibérément des policiers au sein du commissariat. Mais comme dans l’affaire Rémi Fraisse, l’homme tué par la police est présenté comme un criminel dès le départ par les autorités, de manière à légitimer sa mort. Et ce avant même qu’une enquête permette d’éclairer les faits.

Violences physiques
 Arrestation
 Détention
 Bousculade / projection
 Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 Clés aux bras douloureuses
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
 Usage de gants
XUsage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
 Disparition
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Intimidation, chantage, menaces
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Position inconfortable prolongée
 Non-assistance à personne en danger
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Course-poursuite
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Intervention dans un lieu privé
 Problèmes de santé mentale
 Harcèlement
 Fouille
 Perquisition
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Complaisance des médecins

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Agressions

Abdoulaye Camara, 16.12.2014. Flingué – Le Havre

16 décembre 2014, Le Havre
31 ans. Atteint de 10 balles de la brigade canine : décédé

Abattu par la brigade canine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2014 au Havre, en présence de la BAC, Abdoulaye était tué de 10 balles alors même qu’il était aveuglé et affaibli. Il avait en effet reçu dans la soirée des coups de couteau et avait été gazé à de nombreuses reprises par les forces policières.

Selon la police, les deux policiers de la brigade canine ont tiré les coups de feu, après avoir vu Abdoulaye asséner une vingtaine de coups de couteau à un passant.

Pour la famille d’Abdoulaye, qui se bat depuis pour connaître la vérité, il s’agit sans l’ombre d’un doute d’un assassinat policier, étouffé comme tant d’autres. C’est ce qu’elle entend clamer haut et fort ce samedi 17 décembre 2016, en appelant à un rassemblement à 14h:0 devant l’Hôtel de ville du Havre, pour continuer à exiger justice et vérité.

L’avocat de la famille Guillaume Routel :

« Nous avons toujours contesté la thèse de la légitime défense,. Abdoulaye Camara était un homme seul avec un petit couteau. En face, les deux policiers de la brigade canine, qui n’étaient pas seuls, auraient pu utiliser leurs chiens ou encore d’autres armes qu’ils avaient à leur disposition. En tout, 17 balles ont été tirées. C’est disproportionné. Nous irons en cour d’appel, voire en cour de cassation. C’est loin d’être fini. »

Maryline Dujardin (Révolution permanernte) :

“La police trouvera vite des excuses à ce meurtre en invoquant une victime présumée d’Abdoulaye, en menant une campagne de diffamation à l’encontre de ce jeune homme. Pourtant beaucoup d’éléments laissent à penser que ce qui s’est joué ce soir-là, c’est une scène d’une violence inouïe de la part des forces de l’ordre envers le jeune homme. La famille mène son enquête depuis deux ans et recueille des témoignages édifiants à l’encontre des agissements de la police qui aurait voulu « se faire » Abdoulaye et qui se serait « amusé » avec lui ce soir-là. Les témoins sont intimidés, l’affaire étouffée et la peine est grandissante pour la famille et les proches qui n’obtiennent toujours pas justice et vérité. Depuis le soir du meurtre tout a en effet été orchestré par la justice et la police pour étouffer cette affaire éminemment représentative du mépris et du racisme structurel à l’encontre de cette jeunesse racisée de banlieue.

Alors que le gouvernement cherche à étouffer ces meurtres à répétition commis par la police, la famille Camara fait partie des familles des victimes de violences policières qui se battent pour démontrer cette nature profondément violente et raciste de l’état. A l’heure où les violences d’Etat, s’exprimant par le biais de la police et de la justice, sont désormais comprises par toute une frange de militants et syndicalistes qui se sont rendus au Printemps dernier dans la rue pour manifester contre la loi travail, il est temps de s’allier à ces familles qui subissent ces violences structurelles depuis des années.

Dans un climat d’Etat d’urgence devenu permanent et à quelques jours du vote d’une loi visant encore plus à déresponsabiliser et légaliser le meurtre policier, soutenir la famille Camara est plus que jamais une nécessité.”

Appel d’Abdourahmane Camara, frère d’Abdoulaye :

« Samedi 17 Décembre 2016. Deux années. Deux années déjà que mon frère, Abdoulaye Camara, a été abattu par la police au Havre, le 16 Décembre 2014. Abdoulaye a reçu 10 balles dans le corps sur les 23 balles tirées par deux policiers de la Brigade Canine du Havre. 23 coups de feu. Ce n’est pas un accident, c’est un assassinat. Leurs armes ne sont pas des jouets. Elles l’ont tué et on nous ment. L’enquête piétine, mais nous nous battons chaque jour pour que Justice et Vérité triomphent pour Abdoulaye.

Notre famille se bat aussi pour vous, vos amis, vos frères et vos sœurs, vos enfants, afin d’endiguer l’hémorragie des violences et des crimes policiers. Nous voulons que cessent les crimes racistes perpétrés par la Police. En dépit des preuves irréfutables, rien n’est jamais suffisant pour la faire condamner.

Réactions disproportionnées et mensonges éhontés ne sont jamais sanctionnés par la Justice, de sorte que le combat judiciaire se retrouve aujourd’hui au point mort.

Coûte que coûte, nous devons continuer à nous mobiliser et à rester solidaires pour dire Stop à l’impunité policière.

Venez nombreux et nombreuses pour soutenir notre lutte et notre famille.

Pas de Justice, pas de paix ! »

Quatre ans après les faits, une ordonnance de non-lieu a été prononcée par le juge d’instruction, mardi 11 septembre 2018. La thèse de la légitime défense a été retenue.

Justice et Lumière pour Abdoulaye et ses proches !
Violences physiques
 Arrestation
 Détention
 Bousculade / projection
 Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 Clés aux bras douloureuses
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
 Usage de gants
XUsage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
 Expulsion
 Disparition
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Intimidation, chantage, menaces
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Position inconfortable prolongée
 Non-assistance à personne en danger
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Course-poursuite
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Intervention dans un lieu privé
 Problèmes de santé mentale
 Harcèlement
 Fouille
 Perquisition
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Complaisance des médecins
  • 11.09.2018 – Non-lieu prononcé par le juge d’instruction
  • 16.12.2014 – Agression et décès d’Abdoulaye
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Agressions

Rémi Fraisse, 26.10.2014. Grenadé – Sivens

26 octobre 2014, 01:45 – ZAD de Sivens
21 ans. Atteint par une grenade de la gendarmerie qui s’est logée entre sa nuque et son sac à dos : décédé

Victime d’ « une explosion » causée par une grenade lancée par les forces de l’ordre sur le site du barrage contesté de  Sivens.

Sa maman :

Rémi était un jeune pacifiste plein de vie qui faisait des études en gestion et protection de la nature. Il était bénévole à France Nature Environnement (FNE) Midi-Pyrénées et avait adhéré à la Ligue des droits de l’homme. Avec FNE, il faisait des relevés de la présence de la renoncule à feuilles d’ophioglosse, une fleur jaune protégée qui est aujourd’hui devenue son emblème. Il était respectueux des autres, des animaux, de la nature.

Je me souviens, quand il était petit et qu’on faisait des balades en famille, il ramassait avec son père les déchets pour les mettre à la poubelle. Il a eu une conscience écologique très tôt et disait souvent que « les arbres, c’est la vie ». Il essayait de faire en sorte que ses actions soient conformes à ses valeurs. Mais c’est le hasard qui l’a conduit à Sivens.”

Rémi est le premier militant écologiste tué par les forces de l’ordre en France depuis l’antinucléaire Vital Michalon, abattu en 1977 par le même type d’arme.

La manifestation des 25 et 26 octobre 2014 contre le barrage de Sivens constitue le point d’orgue d’un mouvement de contestation du projet de barrage de Sivens envisagé sur le cours du Tescou, un affluent du Tarn dans le bassin de la Garonne.

Malgré la destruction de la zone humide, 3 000 personnes se sont retrouvées les 25 et 26 octobre 2014 pour le plus grand rassemblement contre le barrage, devenu enjeu national. La présence de gendarmes mobiles, malgré une mobilisation bon enfant, a fini par exaspérer une partie des manifestants, et la tension est montée. La nuit tombée, les affrontements sont devenus plus violents et vers 1 h 45 du matin, des gendarmes ont décidé de lancer une grenade dite « offensive ». Le projectile a explosé dans le dos d’un jeune homme désarmé. Quand les secours sont arrivés, il était déjà trop tard : Rémi  était mort sur le coup.

La version des flics

Pendant près d’une semaine, les autorités vont tenter de minimiser l’affaire et d’instiller le doute pour réduire la responsabilité des gendarmes mobiles déployés à Sivens :

Communiqué laconique de la Préfecture du Tarn, dimanche 26, 10:30 : «Vers 2h du matin, le corps d’un homme a été découvert par les gendarmes sur le site de Sivens.» Pourtant, la première autopsie réalisée au petit matin, le 26 octobre, révèle déjà la possibilité d’un décès causé par l’explosion d’une grenade offensive.

Une grenade offensive « égarée » par les gendarmes mobiles à Sivens a été signalée  en haut lieu, selon l’enquête de flagrance à laquelle Reporterre a eu accès. Si les munitions utilisées par les forces de l’ordre sont comptabilisées soigneusement au cours de leurs « opérations », celles qui sont perdues ne sont que très rarement signalées, en raison du risque de sanction.

Interrogé pour l’enquête de flagrance deux jours après les faits, le chef L. de l’escadron de Châteauroux assure aux enquêteurs qu’il pense être en possession de la totalité de son matériel au moment de la relève du samedi soir. Pour lui, il n’y a alors aucun doute : sa grenade a disparu « au moment du départ du site de Sivens. Dans la zone vie et à l’extérieur jusqu’au chemin en direction de la maison forestière ». Des endroits où les zadistes auraient pu accéder.

L’alerte sur la perte de cette grenade n’est donc donnée que le dimanche après-midi et elle tombe à point nommé. Car, à ce moment-là, il ne fait aucun doute que Rémi a été tué par une grenade offensive de type OF-F1« Faire disparaître du matériel pour se protéger, c’est une pratique courante », remarque une source policière qui a pris connaissance du dossier. « Au vu de la quantité de munitions balancées par les gendarmes ce week-end, ils n’étaient pas obligés de la signaler, surtout 24 heures après. » On peut émettre l’hypothèse que les gendarmes ont tenté de se ménager une porte de sortie en mettant de côté une preuve matérielle. Ceci afin de suggérer que le jeune homme aurait été tué par une grenade qu’il aurait récupérée lui-même ou qui aurait été trouvée par des zadistes.

Claude Dérens, procureur de la République, 27.10 :

«La plaie importante située en haut du dos de Rémi Fraisse a été causée, selon toute vraisemblance, par une explosion. Rien ne permet d’affirmer qu’une grenade lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés a pu être à l’origine de cette explosion.»

Claude Dérens, procureur de la République, 28.10 :

les zadistes «ont toujours le sac à dos, mais nous espérons qu’ils vont le donner aux enquêteurs.»

La partie du sac encore intacte a été récupérée par les gendarmes en même temps que le corps de Rémi. Elle figure parmi les premières pièces à conviction.

Le doute a été cependant insinué et journalistes et gendarmes posent la question : le sac à dos contenait-il des produits explosifs ?

31 octobre : les analyses présentes dans le dossier confirment « une explosion due au TNT » Aucun autre élément chimique n’est découvert.

On assiste donc à l’échec du double mensonge : non, les zadistes n’avaient pas récupéré le sac, et non, le sac ne contenait pas d’explosif, tel que, par exemple, un cocktail Molotov.

Au demeurant, les cocktails Molotov, abondamment cités par les gendarmes à ce moment, restent presque introuvables le soir du drame. Si, dans l’après-midi, comme cela avait été filmé, deux de ces engins sont envoyés sur les forces de l’ordre, en revanche, durant la nuit, racontent les gendarmes aux enquêteurs, « nous n’avons pas été touchés par ces cocktails, ils sont tombés devant nous (…) ils étaient lancés de trop loin pour nous toucher ».

Après l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » est ouverte. Anissa Oumohand et Élodie Billot, les deux juges toulousaines en charge du dossier, délèguent leurs pouvoirs d’instruction à cette même IGGN et aux gendarmes de la section de recherches de Toulouse. Ces militaires s’échinent à trouver des éléments à charge contre Rémi. Son ordinateur est saisi. Au fil des semaines, ses proches sont auditionnés sous la pression : « On sait tout. Attention à ce que vous allez dire ! » déclare-t-on à un ami de Rémi en guise de préambule à une audition.

Un camarade de la victime raconte que : « Les gendarmes n’arrêtaient pas de demander si Rémi fumait du shit. Tout l’entretien était mené comme si ils voulaient prouver que c’était un vilain garçon. » (Voir ici) Peine perdue : malgré toutes les pressions exercées sur l’entourage de Rémi, les gendarmes ne trouvent rien de probant contre le jeune homme.

Les tentatives d’intimidation se déplacent alors sur les témoignages des opposants qui viendraient contredire la version des forces de l’ordre. Marc, l’opposant de longue date que nous avons déjà cité hier, est entendu par les gendarmes un mois après les faits. « Au début, l’entretien se déroule dans le calme », nous explique-t-il. C’est lorsqu’il en vient à la question épineuse de la position réelle des militaires que l’audition dérape : « Le capitaine en charge de l’enquête se met en colère quand je lui explique que, la nuit de la mort de Rémi, je vois arriver des gendarmes qui prennent position en dehors de la zone de vie du chantier. Il me cite un autre témoin qui n’aurait pas vu la même chose que moi. Le capitaine s’énerve en me précisant que lui aussi était à Sivens, qu’il a été victime de jets de pierre et qu’il y avait des cocktails Molotov. » Devant l’attitude de l’enquêteur, Marc refuse de signer le procès-verbal de l’audition, qui est versé au dossier. Procès-verbal dans lequel il n’est fait aucune mention de la question cruciale de l’équipe « hors-zone », évoquée par le témoin. Mais le procès-verbal où il est écrit noir sur blanc que des militaires sont positionnés hors de la zone de vie ne sera jamais versé au dossier d’instruction.

D’autres témoins interrogés sont intimidés, voire menacés pendant leur audition….

La version de la justice

Le gendarme auteur du lancer de la grenade, interdite depuis fin 2014 dans l’arsenal policier, n’a jamais été condamné. Après une enquête compliquée, la justice a ordonné le non-lieu le 9 janvier 2018. Une décision confirmée en appel deux ans plus tard en 2020 puis en cassation en mars 2021.

De son côté, la cour administrative d’appel a considéré qu’il y avait bien eu « une faute commise par les forces de l’ordre » et condamné l’État, pour le préjudice moral, à verser quelques milliers d’euros à ses proches.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 “Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
XUsage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 09.01.2018 – Non-lieu prononcé contre le gendarme
  • 31.10.2014 – Les analyses confirment une explosion due au TNT
  • 29.10.2014 – Ouverture d’une information judiciaire contre X pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Délégation des pouvoirs d’instruction à l’IGGN et aux gendarmes de la section de recherches de Toulouse par les deux juges Anissa Oumohand et Élodie Billot
  • 26.10.2014 – Agression de Rémi

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Agressions

Morad, 01.04.2014. Défenestré – Marseille

1er avril 2014, Marseille
16 ans. Défenestré du 2ème étage : traumatisme crânien, décédé après cinq jours de coma

Le 1er avril 2014, vers 15 heures, un équipage de la BAC, affecté ce jour-là au secteur nord, repère le ballet habituel des clients au pied de l’immeuble. Une deuxième Bac remonte du centre-ville et les sept policiers montent une opération de flagrant délit en quelques minutes.

Dans la cage d’escalier, le premier policier tombe nez à nez avec Morad. Le policier connaît bien le gamin, Morad le reconnaît aussi. Il court vers un appartement au deuxième étage. Le policier à ses trousses, Morad traverse l’appartement et déboule sur le balcon à quelques 7 mètres au-dessus du sol.

La suite est moins claire : Morad a-t-il sauté en espérant passer d’un balcon à l’autre ? Ou a-t-il chuté accidentellement ? Ce qui est certain, c’est que si les policiers n’étaient pas intervenus comme ils l’ont fait ce jour là, Morad serait encore en vie.

L’IGPN a été appelée suite à « la découverte d’une personne grièvement blessée » car Morad n’est pas mort sur le coup. Or, plusieurs témoins non entendus, affirment qu’entre le moment où Morad était au sol et le moment où les secours sont intervenus, il a été violemment secoué par un agent.

Morad portait une sacoche. Alors que les policiers affirment qu’elle a été récupérée à l’intérieur du bâtiment, avant la poursuite, plusieurs témoins affirment que la sacoche lui a été enlevée après la chute, par le policier qui l’aurait secoué violemment. Aurait-il pu survivre à la chute s’il n’avait pas été secoué ? L’enquête se résume à peu de chose. Aucun horaire, pas d’enregistrement du trafic radio des policiers, ni de relevés téléphoniques qui auraient permis de préciser la chronologie du drame. Les enquêteurs n’ont pas non plus cherché à récupérer la vidéo réalisée par un policier avec sa caméra boutonnière, une fois Morad au sol.

Sur les lieux, un jeune de 17 ans témoignait :

J’étais au terrain de jeu quand j’ai entendu des cris. Quand j’ai rejoint le bâtiment K, j’étais choqué, Morad était au sol tandis qu’un policier lui enlevait sa sacoche en le secouant violemment. Les renforts sont arrivés très rapidement, sept voitures en tout. On ne pouvait pas s’approcher de Morad. Les pompiers ont été appelés par un habitant, pas par les policiers.

Il y a un mois, deux flics sont venus dans le bloc, ils sont venus pour frapper. Je te jure. Ils ont même mis des coups de matraque télescopique dans la tête d’un des jeunes. Franchement, ils viennent pour gazer tout le monde, ils s’en foutent complètement, ils gazent ta mère, ton frère, tous les habitants du bloc, pourtant il y a des enfants, et même des asthmatiques.

Il faut savoir que trois jours avant le décès de Morad, deux flics ont débarqué. Morad jouait sur son iPad, ils l’ont coursé, pris sa tablette, sa sacoche avec ses affaires personnelles et même les clés de son scooter !”

Au sol, Morad souffre d’un grave traumatisme crânien. Un policier demande l’intervention des sapeurs-pompiers et de renforts, craignant l’émeute. Il décédera au bout de cinq jours de coma.

Sept voitures de police sont alors rapidement arrivées, bien avant les secours. A un moment où chaque seconde peut être vitale, la priorité absolue aurait dû être d’appeler les secours, pas de constituer un cordon de sécurité pour protéger les policiers d’une éventuelle émeute.

Une plainte a été déposée par la mère de Morad avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Marseille le 7 janvier 2015, en espérant l’ouverture d’une information judiciaire.

On veut savoir si le policier ne l’a pas mis en danger en le coursant jusqu’au balcon, comment il est tombé, s’il a été secoué quand il était par terre, combien de temps les pompiers ont mis à venir, les soins qu’ils ont faits.

Et que la mort de son fils ne soit pas réduite à un entrefilet sur un « charbonneur » dans la colonne faits divers des journaux. « Comme si ça blanchissait tout », complète la tante de Morad, qui n’en revient pas que le 9 juillet 2014, un des flics, toujours en service, ait été décoré de la médaille de bronze de la sécurité intérieure décernée par Bernard Cazeneuve, alors que l’enquête de l’IGPN. L’enquête a d’ailleurs été fermée dès le lendemain, soit le 10 juillet.

Il faut rappeler que ce n’était qu’un gamin de 16 ans. On veut nous criminaliser pour que les gens gardent confiance dans la police. Pour moi, il y a une vraie impunité policière, c’est la parole sacrée du policier contre celle du jeune. Si tu es policier et que tu comprends ça, tu fais ce que tu veux, les policiers se foutent de la gueule des jeunes de Fontvert, surtout quand ils leur lancent : « Oh les gars, attention au balcon ! ». Je croyais que la peine de mort était abolie… mais elle revient, sous d’autres formes en fait. Quand il n’y a pas de justice, c’est simple, on a envie de se rebeller. Les jeunes respectent moins les forces de l’ordre parce que la confiance est brisée. On a fait confiance à la police des polices. Quand on s’est aperçu que c’était des conneries, on n’a décidé de plus avoir peur d’eux.

Au fur et à mesure, on a moins peur de la police et on la respecte moins, franchement, ça rend service à personne. Quand je vois que pour Abdelhakim Ajimi, les policiers n’ont eu que du sursis, alors qu’il a été tué par trois policiers en plein centre ville de Grasse en 2011… en résumé, ce qu’il faut comprendre c’est que le premier meurtre pour les policiers, il est gratuit ! Voilà le message que le gouvernement nous envoie.”

Le lendemain de la chute de son fils, alors que Morad se débattait encore entre la vie et la mort à l’hôpital, sa mère pour qui jamais aucun soutien psychologique n’a été mis en place, a en revanche reçu la visite de policiers venus perquisitionner son appartement. Ils sont repartis bredouilles.

Pour lui comme pour toutes les autres personnes tuées par la police ou passées entre leurs mains. Pour toutes les personnes qui subissent sa violence parce que condamnées à l’illégalité par un système qui les relègue en seconde zone. Rejoignez les appels à commémorer la mort de Zineb Redouane assassinée par un CRS le 1er décembre 2018.

Violences physiques
 Arrestation
 Détention
X
Bousculade / projection
 Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 Clés aux bras douloureuses
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
 Expulsion
 Disparition
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Intimidation, chantage, menaces
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Position inconfortable prolongée
XNon-assistance à personne en danger
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Course-poursuite
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
XIntervention dans un lieu privé
 Problèmes de santé mentale
 Harcèlement
 Fouille
XPerquisition
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Complaisance des médecins
  • 07.01.2015 – Dépôt de plainte avec constitution de partie civile par la famille
  • 10.07.2014 – Clôture de l’enquête de l’IGPN et classement sans suite
  • 09.07.2014 – Décoration d’un des policiers de la médaille de bronze de la sécurité intérieure
  • 05.04.2014 – Décès de Morad
  • 01.04.2014 – Agression de Morad; ouverture d’une enquête par l’IGPN
  • Avocats :
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  • Cagnotte :
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Agressions

Wissam El-Yamni, 09.01.2012. Mort à l’hôpital après tabassage – Clermont-Ferrand

9 janvier 2012 – Clermont-Ferrand
30 ans. Tabassé pendant une interpellation : coma et décès à l’hôpital neuf jours plus tard

Aux premières heures de l’année 2012, dans le quartier clermontois de la Gauthière, Wissam El Yamni fêtait la nouvelle année avec quelques amis d’enfance, sur le parking du Coccimarket. Un autoradio diffusait de la musique, on se partageait une bouteille de vodka, l’atmosphère était détendue. Pas d’excès, pas de tapage, juste un moment convivial aux pieds d’une cité HLM ordinaire.

Vers 2 h 30 du matin, la police reçut, semble-t-il, un appel provenant du téléphone portable de Wissam et signalant la présence d’un corps inanimé sur la chaussée. Deux (ou peut-être trois) voitures se rendirent sur place, où un véhicule de pompiers les rejoignit également. Les véhicules, parmi lesquels au moins deux équipes de l’unité cynophile, arrivèrent à proximité du parking par la rue de l’Aiguillade. Tandis que les pompiers étaient renvoyés à la caserne, l’un des véhicules de police essuya un jet de pierre qui rebondit sur la vitre. Wissam, identifié comme l’auteur du jet de projectile, fut alors pris en chasse par des agents de police, fuyant en direction de l’école Jean de la Fontaine. La suite reste confuse et le déroulé des faits varie selon les témoignages, bien qu’un certain nombre d’éléments concordent.

Rattrapé à l’angle des rues du Colombier et Grande Combaude (200 m plus loin), Wissam fut frappé une première fois au visage par un policier de l’unité cynophile avant de chuter au sol, puis reçut un second coup dans le thorax. Dans un laps de temps très court et alors que Wissam était déjà au sol et menotté, au moins huit autres véhicules de police (deux voitures de police secours, trois de la BAC, deux de la section d’intervention et deux autres de l’unité cynophile) vinrent stationner sur le parking de l’école Jean de la Fontaine.

Quand les amis de Wissam, alertés, arrivèrent sur les lieux, ils y trouvèrent un grand nombre de policiers (l’analyse des faits en révélera près de vingt-cinq) visiblement rigolards, fumant et écoutant de la musique funk. L’explication la plus plausible étant qu’ils avaient eux aussi fêté la nouvelle année au commissariat avant de partir en intervention. Depuis les immeubles avoisinants, d’autres témoins décriront une scène similaire.

Les policiers évoqueront l’utilisation de chiens pour interrompre Wissam dans sa course. Et d’autres témoins diront que les policiers lancèrent un décompte à haute voix avant de frapper Wissam : d’humeur festive, certains policiers semblaient vouloir se défouler sur le jeune homme.

Finalement menotté et visiblement inconscient, il fut placé sur la banquette arrière de la Ford Mondeo blanche de la brigade canine. Au cours du transport, qui dura entre 3 et 5 minutes, le policier présent à l’arrière avec Wissam le redressa dans un premier temps pour libérer de la place, puis le plaqua contre la vitre pour le maintenir tranquille. Trouvant cette posture inconfortable et cherchant à immobiliser totalement Wissam, le policier appliqua alors, si l’on en croit la version policière, la bonne vieille méthode du « pliage » enseignée autrefois à l’école de police, mais interdite depuis par une circulaire du 17 juin 2003 (suite à la mort par étouffement de Getu Hagos, un jeune Ethiopien sans-papiers, lors d’une expulsion le 16 janvier 2003).

Mais en vérité, personne hormis les policiers ne saura exactement ce qu’il s’est passé dans les minutes qui ont précédé son arrivée au commissariat de la rue Pélissier, ainsi que durant celles qui ont suivi, pour que Wissam se retrouve inanimé, sans ceinture et le pantalon baissé au niveau des chevilles, allongé à plat ventre sur le sol du couloir qui mène aux cellules de garde-à-vue. L’un des policiers qui le sortit du véhicule dira pourtant que Wissam « avait les jambes pendantes et pesait de tout son poids ». Et aucun PV de notification de garde-à-vue ne fut rédigé…

Il semble que dans ce laps de temps, le capitaine Fabrice B., également présent à la Gauthière lors de l’interpellation, aurait procédé à un contrôle d’alcoolémie, agissant « conformément aux demandes du parquet », sur tous les autres policiers présents (trois équipes, six policiers seulement). Aucune trace écrite des résultats d’éthylotest n’existe, mais il faut le croire sur parole : tous ses hommes étaient à 0,00 mg d’alcool par litre de sang, irréprochables. Ce sera d’ailleurs le seul procès verbal de l’officier qui sera versé au dossier, comme s’il n’avait jamais été présent sur les lieux de l’interpellation.

La trame de l’histoire reprend lorsque l’OPJ, en charge de lui notifier son placement en garde-à-vue, se rendit compte que les mains de Wissam avaient changé de couleur et que son pouls cette fois-ci ne battait plus. Elle se décida à faire appeler les secours. L’heure est incertaine, mais il semblerait que les secours (pompiers suivis du SAMU) arrivèrent sur place autour de 03:40, réanimant Wissam qui venait de subir un arrêt cardiaque. Cet arrêt aurait duré entre 10 et 40 minutes selon les versions ! En tout état de cause, Wissam fut transporté et admis à l’hôpital d’Estaing, sans que sa famille ne soit prévenue : il semblerait que personne n’avait alors identifié Wissam.

Au cours de la matinée, les médecins procédèrent aux premiers examens médicaux. Wissam présentait des ecchymoses au visage et sur le torse (coups), accompagnées en interne de fractures du rocher orbital et des côtes, ainsi que de nombreuses lésions, notamment au cou. Les marques relevées au cou apparaissent dans les comptes rendus médicaux comme des marques de compression manuelle, autrement dit de strangulation. Les médecins firent également des analyses sanguines et urinaires révélant un faible mélange d’alcool (1,58g/L), de cannabis et de cocaïne.

Pour une raison indéterminée, ce n’est que vers 16 heures que la famille de Wissam fut informée de son état. Wissam avait déjà été admis en soins intensifs et placé en coma artificiel.

Le 2 janvier 2012, l’IGPN ouvrit une enquête et récupéra le dossier médical, ainsi que les images de vidéo-surveillance du commissariat. À ce stade, les médecins prirent à leur tour des clichés photographiques du corps de Wissam. La famille quant à elle, alertée par le personnel médical, prit des photographies des lésions le 3 janvier. Mais les lésions constatées le premier jour avaient déjà commencé à s’estomper, le coma n’empêchant pas la cicatrisation.

Du 2 au 10 janvier 2012, plusieurs soirées de révolte eurent lieu dans les quartiers périphériques de Clermont Ferrand. La nouvelle de l’agression de Wissam avait couru et les habitants manifestèrent leur colère en brûlant des voitures et des bâtiments publics. Les médias s’empressèrent de médiatiser les émeutes urbaines, sans chercher à en dire davantage sur les faits à l’origine du grabuge. Ce fut l’occasion encore une fois pour les édiles politiques de se scandaliser de la violence des quartiers, tout en occultant la violence quotidienne exercée par les forces de l’ordre sur leurs habitants.

Plus de 400 policiers et gendarmes furent déployés dans les quartiers de la Gauthière, de Saint-Jacques et de Croix de Neyrat, épaulés par deux hélicoptères, l’un équipé d’une caméra thermique, l’autre d’un projecteur. Ainsi, le tabassage de Wissam devait devenir un nouveau prétexte pour aller faire la guerre aux banlieues. Et les journalistes de faire le décompte inutile des véhicules incendiés, comme pour juger de l’intensité de la révolte au regard d’éléments purement matériels. En guise de bilan non matériel, la répression aboutit sur l’arrestation de plus de vingt personnes, dont certaines furent jugées et condamnées à plusieurs mois de prison ferme. Mais on ne guérit pas la colère du peuple à coups de bâtons…

Le 6 janvier 2012, le procureur de la République Gérard Davergne ouvrit une information judiciaire pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » à l’encontre des deux agents de l’unité cynophile à l’origine des premiers coups et du transport vers le commissariat, Arnaud P. et Pascal F. (formateur), 33 et 44 ans. Le dossier d’instruction fut confié aux juges d’instruction Fabienne Hernandez et Jean-Christophe Riboulet. De son côté, la famille El Yamni choisit Me Jean-François Canis et Me Jean-Louis Borie pour les défendre.

Le 9 janvier 2012 vers 17 heures, Wissam décéda sans être sorti du coma, amenant les juges d’instruction à requalifier les motifs de poursuites en « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Le journal local La Montagne informa ses lecteurs que les policiers incriminés n’étaient pas suspendus, mais seulement « mis en congés », tandis que le syndicat de policiers Synergie prenait déjà fait et cause pour ses collègues, se fendant d’un communiqué exhortant « la cohorte des petits inquisiteurs de salon à s’abstenir de lyncher médiatiquement les policiers incriminés ». Et le ministre de l’Intérieur d’ajouter, que « s’il y avait eu interpellation difficile, elle n’était pas le fait des policiers ». Comme dans toutes les affaires du même genre, on entra bientôt dans la phase de discréditation de la victime…

Le 11 janvier 2012, Clermont Ferrand manquant visiblement d’experts légistes, le corps de Wissam fut transmis à Saint-Etienne (135 km) pour procéder à une pré-autopsie. Celle-ci fut alors confiée à Sébastien Duband et Carolyne Bidat, experts en autopsie et thanatologie au service de médecine légale de l’hôpital Bellevue, CHU de Saint-Etienne. Mais à ce moment de l’enquête, ni le dossier médical de Wissam, ni les photographies prises à l’hôpital de Clermont Ferrand ne furent transmis aux légistes. L’autopsie allait donc être réalisée sans réellement tenir compte de tous les éléments survenus entre le 1er janvier et la mort de Wissam après huit jours de coma, et reposer essentiellement sur les conclusions réalisées post-mortem et à partir de clichés photographiques réalisés les 10 et 11 janvier (cotes D146 et D168 du dossier d’instruction).

Entre temps, le Comité Vérité et Justice se constitua autour des proches de Wissam, multipliant les rassemblements et réunions d’information pour mobiliser autour de sa mort : marche de 500 à 600 personnes le 7 janvier, rassemblement de 500 personnes le 10 janvier devant le centre commercial de la Gauthière, marche de 1500 à 3000 personnes le 14 janvier jusque devant la préfecture de région, réunion publique réunissant plus d’une centaine de personnes le 20 janvier à la salle Leclanché, rassemblement d’une centaine de personnes le 27 janvier devant le Palais de Justice de Clermont-Ferrand, rassemblement de 150 à 300 personnes le 11 février devant le commissariat de la rue Pélissier, projection-débat le 15 février à la faculté de lettres, happening de 120 personnes devant la préfecture le 14 avril, etc.

Dès le 24 janvier 2012, le procureur Davergne rendit publiques les conclusions du rapport provisoire d’autopsie. L’expert Sébastien Duband, qui n’avait pas daigné prendre en considération les observations des médecins ayant ausculté Wissam dès son admission à l’hôpital le 1er janvier, conclut à une mort résultant de la « compression des artères carotides internes par des apophyses styloïdes crâniennes anormalement longues chez la victime », suite à un « maintien en hyperflexion » provoquant un « hypodébit sanguin artériel cérébral à l’origine d’une perte de connaissance ».

Cela signifiait donc que Wissam serait mort suite à un « pliage », position qui aurait amené des segments osseux de son crâne à comprimer ses artères et ralentir la circulation sanguine au point d’interrompre l’irrigation de son cerveau et d’engendrer une perte de connaissance. La mort de Wissam devenait donc subitement le résultat d’une malformation naturelle et l’utilisation du pliage fut admise par le policier mis en cause. Par ailleurs, le légiste exclut toute mort traumatique (coups) ou par strangulation, estimant que l’autopsie n’avait « apporté aucun argument en faveur d’un décès d’origine traumatique » et la « superficialité des lésions cervicales n’étant pas en faveur des stigmates de strangulation ». Le légiste semblait ainsi dédaigner la fracture du rocher orbital dû au coup porté au visage de Wissam, coup que les policiers eux-mêmes ne nièrent pas avoir donné. Il reprenait également la version policière attribuant les lésions à des « frottements de vêtements » lors des mesures de contention (pliage), aussi incohérente qu’apparaisse cette version des faits. La mort par overdose alcoolique ou de drogues est également exclue par le rapport.

Immédiatement, les proches de Wissam mirent en doute les conclusions fébriles du légiste. Les photographies prises dès le troisième jour, et malgré la cicatrisation déjà entamée, montraient clairement des marques de strangulation, ainsi qu’un épanchement sanguin remontant jusque sous l’oreille (ressemblant sans s’y tromper à une veine éclatée).

Le 30 janvier 2012, l’IGPN rendit à son tour son rapport, reprenant sans surprise les conclusions de l’expertise légale, précisant cependant que la technique du pliage « ne faisait pas partie des gestes techniques professionnels en intervention enseignés dans les écoles de police » (en tous cas depuis 2003). Elle alla même jusqu’à affirmer que « rien ne permettait de penser que les conditions de l’arrestation avaient été irrégulières », et cela en dépit des nombreux témoignages à charge pour les policiers, notamment des voisins ayant assisté directement à la scène depuis leurs fenêtres.

En février, le Défenseur des Droits Dominique Baudis se saisit de l’enquête en cours.

Le 23 mars 2012, les deux juges d’instruction remirent le rapport définitif d’autopsie, qui ne changea pas de version et confirma la mort par pliage. Dans la foulée, la famille de Wissam refusa ces conclusions et demanda une contre-expertise, mettant en cause la datation des photographies utilisées pour l’expertise et apparaissant dans le dossier d’instruction sous les cotes D146 et D168, celles-ci ayant été prises alors que les lésions sur le corps de Wissam avaient déjà partiellement cicatrisé.

Le même médecin légiste de Saint-Etienne fut alors chargé de procéder à la contre-expertise de sa propre expertise et changea subitement de version, imputant désormais la mort de Wissam à une intoxication cardiaque provoquée par la consommation de drogues ! Et les médias se saisirent immédiatement de cette information plus que douteuse, contribuant à dédouaner un peu plus les policiers tout en salissant la mémoire de Wissam.

Les deux policiers incriminés purent donc reprendre leur travail sans être inquiétés des conséquences de leur geste.

Le 10 juin 2012, le corps désormais mal conservé de Wissam fut cette fois transféré au CHRU La Miletrie de Poitiers (250 km) pour une autopsie complémentaire, alors qu’il ne pouvait guère livrer plus d’éléments à ce stade que trois à six mois plus tôt. Les examens furent réalisés par Michel Sapanet, expert en chirurgie maxillo-faciale et stomatologie, et Jean-Yves Poupet, expert en médecine générale. De l’aveu même des légistes, le corps en putréfaction ne permettant aucune analyse fiable, l’autopsie fut réalisée sur dossier. En deux jours, nos « experts » eurent donc le temps de procéder aux examens nécessaires et encore une fois les cotes D146 et D168 (photographies prises après les neuf jours de coma) servirent de support à leurs conclusions.

Le corps de Wissam put enfin être rendu à sa famille, qui s’organisa pour le faire inhumer au Maroc, le pays d’origine de ses parents, immigrés en France dans les années 1970 pour y être employés par Michelin.

Imbroglio autour du dossier d’instruction

A l’automne, la famille de Wissam déposa une requête auprès de la chambre d’instruction pour exiger que les photographies produites dans le dossier et datées au 1er janvier par la Sûreté Départementale soient correctement datées et que les véritables photographies prises le 1er janvier soient récupérées et ajoutées au dossier d’instruction. Marwa, la sœur de Wissam, affirma que « ce ne sont pas des photos le premier jour de son hospitalisation. Nous l’avons dit à la juge : sur les photos que nous avons pris le troisième jour, les coups sont beaucoup plus visibles que sur celles des policiers, censées avoir été prises avant ». Autre incohérence : l’OPJ qui avait annexé les trois photographies prises par un policier de l’identité judiciaire avait signalé sur son procès verbal qu’il était en attente de recevoir un album photo complet. Celui-ci ne fut jamais versé au dossier d’instruction. Les policiers plaidèrent une erreur d’écriture : l’album n’aurait en fait jamais existé. Pourtant, ces mêmes policiers avaient affirmé plus tôt avoir pris plusieurs photos le matin du 1er janvier…

Le 17 novembre 2012, la chambre d’instruction ordonna finalement aux juges d’instruction de donner suite à toute demande d’expertise de l’appareil photographique des policiers, ainsi que de l’ordinateur ayant servi à envoyer les clichés.

Le 3 janvier 2013, soit un an après les faits, la Cour d’Appel de Riom fut saisie concernant les clichés photographiques. Dans le même temps, de nouvelles demandes d’actes avaient été transmises au seul juge d’instruction resté en charge de l’affaire, Fabienne Hernandez ayant été déchargée de ses fonctions en décembre : l’exploitation des images de vidéo-surveillance sur le trajet emprunté par les forces de l’ordre, afin de déterminer le nombre exact de véhicules ayant participé à l’intervention ; les conversations radio entre les voitures de police et le relevé des coordonnées GPS des véhicules ; enfin, de nouvelles auditions de riverains et de policiers présents sur les lieux de l’interpellation. Mais toutes ces demandes d’actes se virent opposer un refus.

Le 9 janvier 2013, 70 personnes se rassemblèrent à nouveau devant le palais de justice, exigeant les conclusions de la contre-autopsie. Les deux policiers n’avaient à ce jour pas été mis en examen, ni entendus par les juges d’instruction. La juge s’était contentée de juger sur les conclusions des experts et de l’IGPN, sans jamais solliciter d’enquête contradictoire.

Le 15 avril 2013, soit un an après la remise du corps de Wissam à sa famille, les deux experts rendirent enfin leurs conclusions, reprenant la version élaborée à la va-vite par Duband lors de sa « contre-expertise ». Wissam fut à nouveau rendu responsable de sa propre mort, son décès étant attribué à la présence dans son organisme de « cocaïne et de cannabis ayant entraîné des troubles de son rythme cardiaque ». De même que leur collègue de Saint-Etienne, les experts affirmèrent que « l’examen des tissus du cou ne montre pas de lésions qui permettent de retenir une strangulation », affirmant même que « le décès s’explique sans intervention d’un tiers. L’interpellation a toutefois pu favoriser ou précipiter la survenue du trouble cardiaque en tant que facteur de stress physiologique ». Les lésions osseuses furent quant à elles qualifiés « d’anciennes », observation réalisée à partir des scanners effectués également à neuf jours des faits. L’allongement de l’intervalle QT [4] serait donc seul responsable de la mort de Wissam et le pliage n’était dès lors plus la cause première du décès.

Cette fois encore, la famille rejeta les conclusions hasardeuses des « experts », Poupet et Sapanet n’étant ni l’un ni l’autre experts en cardiologie, ni même en radiologie. Leurs interprétations ne tenaient pas la route, d’autant plus qu’elles entraient en contradiction totale avec les conclusions de la première autopsie. Les avocats de la famille El-Yamni déclarèrent alors :

« Les taux de cannabis (0,5ng/mL) et de cocaïne (4ng/mL) relevés lors de l’analyse toxicologique sont très en-deçà des seuils minimaux de détection utilisés pour le dépistage routier. Ces seuils réglementaires sont de 1ng/mL pour le THC et de 50ng/mL pour la cocaïne, ce qui signifie qu’en-dessous la personne n’est plus sous influence significative. La thèse d’un arrêt cardiaque causé par la prise de stupéfiants ne tient pas. »

La famille demanda le rapport complet afin de le soumettre à des cardiologues professionnels. C’est ainsi que ces conclusions furent transmises au chef du service de cardiologie au CHU de Clermont-Ferrand, qui les contesta en bloc : l’allongement de l’intervalle QT ne se traduit pas forcément par la mort et ne permet pas de conclure quoi que ce soit. Ce n’est pas parce que des personnes meurent suite à un allongement de l’intervalle QT que tous les allongements de l’intervalle QT aboutissent forcément sur un décès. Et encore, il est fortement probable que l’allongement de l’intervalle QT ait été la conséquence du traitement thérapeutique appliqué à Wissam deux heures plus tôt.

Plus d’un an après les faits, la police clermontoise se dota d’un nouveau directeur départemental de la Sécurité Publique, Marc Fernandez, et fit fermer le commissariat de la rue Pélissier pour en inaugurer un nouveau, avenue de la République, en mars 2013 en présence du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, qui profita de l’occasion pour dénoncer les violences urbaines commises suite à l’interpellation de Wissam. Le discours, bien rôdé, permit de recentrer le débat sur la délinquance des quartiers pour mieux faire oublier la violence des forces de l’ordre. En septembre, le juge d’instruction Jean-Christophe Riboulet quitta ses fonctions à son tour, laissant son poste vacant.

Les autorités voudraient enterrer l’affaire El-Yamni, elles ne s’y prendraient pas mieux…

Violences physiques
 XCoups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
XCoups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
XMorsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
X“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 “Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
XAgressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
XPropos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
XAbsence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 24.02.2014 – Mise en examen pour pour “coups mortels” de l’un des policiers
  • 09.01.2013 – Conclusions des deux experts
  • 03.01.2013 – Saisie de la Cour d’Appel de Riom concernant les clichés photographiques
  • 17.11.2012 – Ordre de la chambre d’instruction aux juges d’instruction de donner suite à toute demande d’expertise de l’appareil photographique des policiers, ainsi que de l’ordinateur ayant servi à envoyer les clichés.
  • 00.00.2012 – Requête de la famille aux fins de correction des dates et d’ajoût des photos au dossier d’instruction
  • 10.06.2012 – Transfert du corps au CHRU La Miletrie de Poitiers pour autopsie complémentaire
  • 23.03.2012 – Rapport définitif d’autopsie
  • 00.02.2012 – Autosaisine du Défenseur des droits
  • 30.01.2012 – Rapport de l’IGPN
  • 24.01.2012 – Publication par le procureur Davergne des conclusions du rapport provisoire d’autopsie
  • 11.01.2012 – Pré-autopsie
  • 09.01.2012 – Décès de Wissam
  • 06.01.2012 – Ouverture d’une information judiciaire pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » à l’encontre d’Arnaud P. et Pascal F. 
  • 02.01.2012 – Ouverture d’une enquête par l’IGPN 
  • 01.01.2012 – Interpellation et agression de Wissam
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Agressions

Mustapha Ziani, 12.12.2010. Flingué au Falshball – Marseille

12 décembre 2010, dans sa chambre des quartiers nord – Marseille
43 ans. Atteint par un tir de Flash Ball à 4 mètres : décédé

Mustapha Ziani était un Algérien tué au flash ball dans sa chambre dans les quartiers nord de Marseille.

Le 12 décembre 2010, l’équipage de police-secours commandé par Xavier Crubezy, alors âgé de 33 ans, est appelé pour une rixe au couteau entre deux résidents d’un foyer des quartiers nord de Marseille. Très agité, Mustapha souffre de troubles du comportement. Après avoir reçu une tasse sur le front, Xavier Crubezy tire en visant le thorax de Mustapha.

Pour l’institution judiciaire, il s’agit de qualifier les faits : violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner ? Ce serait alors un crime passible de la cour d’assises. Homicide involontaire ? Ce serait du ressort du tribunal correctionnel. La justice choisit d’abord la deuxième option et un premier procès a lieu fin 2014. Il n’ira pas jusqu’au bout : les magistrats se déclarent incompétents, renvoyant l’affaire aux assises. La Cour de cassation désigne alors la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix pour trancher. Celle-ci décide que la volonté du policier étant de neutraliser l’agresseur, il s’agit bien d’un homicide volontaire. Retour à la case correctionnelle, six ans après les faits.

Le policier et son avocate considéraient qu’il n’avait « pas d’autre alternative » et a tiré en état de légitime défense. Pourtant Mustapha « était dans sa chambre, donc il n’était pas dangereux pour autrui ». « [Ils étaient] trois fonctionnaires de police face à un individu acculé contre le mur, armé d’un verre et d’un mug ! ».

«Je n’ai pas voulu le tuer, rappelle encore devant le tribunal Xavier Crubezy. On a essayé de dialoguer. Il s’est montré violent face à nous, il fallait annuler cette violence.» Le policier l’affirme, il était en situation de légitime défense, ce qui, pour lui, l’autorisait à dégainer son flash-ball, une arme considérée comme non létale. La distance entre lui et l’agresseur n’était pourtant que de 4,40 m, là où une note de la direction générale de la police nationale impose un minimum de 7 m. «A l’époque où j’ai passé l’habilitation, la législation, c’était 5 mètres, soutient le policier, qui utilisait l’arme en service pour la première fois. La distance a évolué plus tard. Dans mon esprit, j’étais toujours dans la réglementation.» Mais pour le procureur, qui réclame dix-huit mois de prison avec sursis, «il y a une disproportion entre l’utilisation du flash-ball et le projectile [brandi par la victime]. Il y avait forcément d’autres moyens de procéder à cette interpellation».

L’autopsie montre que le choc causé par le tir de flash-ball est bien la cause « directe et exclusive » de la mort. C’est une première en France. A l’époque, l’usage de balles de défense, introduit dans l’armement de la police et de la gendarmerie en France dans les années 90, n’a pas encore suscité la levée de bouclier que l’on connaît aujourd’hui.

Le tir qui a tué Mustapha  n’est ni accidentel ni involontaire », avait fait valoir en novembre 2014 le président du tribunal, concluant qu’il devait revenir « à la juridiction compétente », autrement dit la cour d’assises, de juger le policier. L’avocat de la famille déclarait alors « Ce sera la première fois qu’on jugera un tir de flash-ball aux assises et qu’on ouvrira le débat sur ces armes intermédiaires », estimant que cette question, quelques semaines après la mort de Rémi Fraisse, touché par une grenade offensive GLIF4, toujours elle aussi en usage aujourd’hui, sur le barrage de Sivens, était « d’une pleine actualité ».

Au début du procès, la fille de la victime déclarait « Je veux garder la tête haute, et prouver que même s’il n’est plus parmi nous, je suis toujours là pour mon père, et je veux lui rendre justice. Ce qui s’est passé est grave, il faudrait enlever cette arme aux policiers. Cette arme qui fait qu’aujourd’hui, à 24 ans, et depuis l’âge de 17 ans, je dois me construire sans mon père. »

Le 25 janvier 2017 c’est finalement quand même par le tribunal correctionnel de Marseille, loin des assises, que l’assassin a été jugé pour homicide involonaire, après un cambriolage, un conflit de voisinage et un vol de cartes postales au Vieux-Port.

Sept ans après le meurtre de Mustapha Ziani, toujours CRS, le policier était condamné à six mois de prison avec sursis le 3 mars 2017.

Lors d’un première audience le 15 octobre 2013, quatre à six mois de prison avec sursis avaient été requis contre Xavier Crubezy, qui avait plaidé la légitime défense. Le tribunal avait demandé de nouvelles expertises. Celles-ci avaient mis en cause le flash-ball comme cause directe de la mort de Mustapha, conduisant alors le parquet à demander, lors d’une nouvelle audience en octobre 2014, le renvoi de Xavier Crubezy devant les assises.

Le tribunal correctionnel a suivi les conclusions du parquet auquel il revient désormais de saisir le chambre criminelle de la Cour de cassation.

La famille de la victime “est pleinement satisfaite”, a déclaré son avocat, Chedid Selmi, selon lequel “le dossier doit être renvoyé aux assises“. “Ce sera la première fois qu’on jugera un tir de flash-ball aux assises et qu’on ouvrira le débat sur ces armes intermédiaires“.

Violences physiques
 Arrestation
 Détention
 Bousculade / projection
 Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
 “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 Clés aux bras douloureuses
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
XUsage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
 Expulsion
 Disparition
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Intimidation, chantage, menaces
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Position inconfortable prolongée
 Non-assistance à personne en danger
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Course-poursuite
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
XIntervention dans un lieu privé
XProblèmes de santé mentale
 Harcèlement
 Fouille
 Perquisition
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Complaisance des médecins
  • 03.03.2017 – Condamnation par le tribunal correctionnel de Marseille de Xavier Crubezy à à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire
  • 00.10.2014 – Demande de renvoi du policier devant les assises par le parquet
  • 15.10.2013 – Ouverture du procès pour homicide involontaire de Xavier Crubezy
  • 13.12.2010 – Décès de Mustapha
  • 12.10.2010 – Agression de Mustapha