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Agressions

Mohamed Bendriss, 30.06.2023. Flingué – Marseille

Nuit du 30 juin au 1er juillet 2023 – Cours Lieutaud, Marseille
27 ans. Atteint par un tir de LBD40 : décédé
Dans le contexte des émeutes qui ont embrasé le pays après l’exécution de Nahel le 30 juin 2023…

Vers 22:00, Mohammed avait envoyé une dernière vidéo à ses proches : il filmait avec son portable des policiers en train d’arrêter un suspect rue Saint-Ferréol, et avait publié la vidéo sur le réseau social Snapchat. D’après sa tante, c’était 20 minutes avant sa mort..

Peu de temps après, le jeune homme à scooter est la cible d’un projectile. Le policier l’a-t-il visé parce qu’il venait de le filmer ?

Mohamed serait décédé vers 01.00 cours Lieutaud, à quelques rues des affrontements, devant l’immeuble de sa mère. Sa cousine Lina raconte :

« Un quart d’heure après, il allait chez sa mère, on le voit sur les vidéos de surveillance, sur son scooter. Il lâche une main pour tenir son thorax parce qu’il devait avoir mal. Il s’est précipité vers chez sa mère parce qu’elle habite au centre-ville, pour qu’elle appelle les pompiers ou pour qu’elle puisse le secourir. Et quand il est descendu de son scooter, il l’a garé, et il est tombé par terre.

C’est lors de son autopsie qu’a été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l’impact d’un tir de flash-ball ou de LBD40. « Les médecins constatent tout de suite deux impacts  »en cocarde » de 4,5 cm de diamètre, évocateurs d’un flash-ball », selon la journaliste de Mediapart qui a mené l’enquête.

D’après l’avocat de son cousin Abdelkarim (éborgné la veille), Me Arié Halimi :

« Mohamed a été atteint par au moins deux projectiles, un au niveau du cœur, un autre à la cuisse. La preuve qu’il était visé. Peut-être parce qu’il venait de filmer des interpellations policières. Ces images, les dernières qu’il a filmé avant de s’écrouler, ont été retrouvées« 

Le premier est situé à l’intérieur de la cuisse droite, le second sur le thorax, côté cœur. Selon l’autopsie, le choc sur le cœur « a probablement causé la crise cardiaque qui a emporté ce jeune homme sans antécédents médicaux ».

La version des flics

Deux jours après avoir indiqué qu’il était mort d’une crise cardiaque, le parquet de Marseille écrit, que « les éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par un tir de projectile de type « flash-ball »« .

Il était père d’un enfant de deux ans et sa femme était enceinte. Il n’était pas connu des services de police.

La version de la famille

Me Arié Halimi, avocat de la famille :

« Les articles de Mediapart et de Libération nous ont permis de comprendre que la hiérarchie du Raid avait connaissance de l’implication de ses fonctionnaires et avait monté une cellule de crise trois semaines avant qu’ils ne soient interrogés par l’IGPN. Il y a eu non dénonciation d’un crime pour leur permettre de se concerter et éventuellement de réduire leur responsabilité pénale. Ce sera à l’enquête de déterminer qui, au sein du Raid avait l’obligation de dénoncer et ne l’a pas fait.

Nous avons la certitude que la procureure a menti. Elle n’aurait pas dû faire ce communiqué évoquant la présence de Mohamed Bendriss un peu plus tôt, qui n’avait rien à voir avec les faits. Elle a aussi affirmé qu’il avait tenté de voler quelque chose, mais aucun élément du dossier ne permet de l’affirmer« 

La famille annonce déposer plainte fin août contre X, pour non dénonciation de crime visant la hiérarchie du Raid, et pour violation du secret de l’instruction et diffamation contre la procureure de Marseille Dominique Laurens.

Nour, la veuve de Mohamed :

« Il m’a laissé avec deux enfants. […] Je trouve que c’est pitoyable de tuer des gens, alors qu’ils ont des familles« , s’indigne. « Je suis sous le choc. J’ai ses habits dans l’armoire. Je n’y crois toujours pas. Là, j’attends. J’ai l’impression qu’il est en voyage et qu’il va revenir. Je n’arrive pas le faire rentrer dans ma tête, que mon mari est vraiment parti« .

Le 6 juillet, cité Bel Air, 200 personnes se sont réunies à partir de 18 heures, répondant à un appel d’une marche blanche en mémoire de Mohamed qui s’est muée en rassemblement.

Mohamed était le cousin d’Abdelkarim, éborgné le même soir par un tir de LBD40…

Un rapport d’expertise crucial rendu le 26 mars 2025 confirme que la mort du jeune homme de 27 ans, en juillet 2023, est bien due à l’impact d’une balle de LBD au niveau du cœur.

Dans l’enquête judiciaire menée sur les circonstances de la mort de Mohamed, dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023 à Marseille, une expertise, consultée par Libération et Mediapart, a été rendue le 26 mars. Ce rapport collégial, signé par une médecin légiste, un expert balistique, un expert en accidentologie et un expert informatique, parvient à deux constats cruciaux.

  1. Mohamed a bien été tué par un tir de lanceur de balles de défense (LBD)
  2. L’auteur de ce tir est Alexandre P., le policier du Raid qui était alors positionné sur la tourelle du véhicule blindé de l’unité d’élite, à l’avant de la colonne de véhicules.

Dans cette affaire, trois agents sont actuellement mis en examen pour l’infraction criminelle de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec arme, et par personne dépositaire de l’autorité publique.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
?Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
?Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 26.03.2025Rapport d’expertise confirmant la mort due à l’impact d’une balle de LBD au niveau du cœur
  • 31.08.2023 – Dépôt de plaintes de la famille contre X, pour non dénonciation de crime visant la hiérarchie du Raid, et pour violation du secret de l’instruction et diffamation contre la procureure de Marseille Dominique Laurens
  • 08.08.2023 – Audition des 5 policiers par l’IGPN; fin de garde-à-vue pour 2 d’entre eux, maintien en garde-à-vue pour les 3 autres, mis en examen pour « violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner« 
  • 04.07.2023 – Ouverture par le Parquet de Marseille d’une information judiciaire pour « coups mortels » avec arme, confiée à l’IGPN
  • 01.07.2023 – Décès de Mohamed
  • 30.06.2023 – Agression de Mohamed
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Agressions

Mehdi, 29.06.2023. Flingué – Saint-Denis

Nuit du 29 juin 2023 – Saint-Denis
21 ans. Atteint par un tir de LBD40 : éborgné
Le 29 juin 2023, affrontements liés au décès de Nahel

Le père de Mehdi raconte :

« C’était la deuxième nuit de révolte. Ce soir-là, mon fils est parti avec un de ses amis à la Plaine Saint-Denis, près d’un parc, rue Jamin. Pas loin, il y avait des affrontements entre les jeunes et les policiers. Tout le monde courait et Mehdi a voulu rentrer, mais il s’est retrouvé seul face aux forces de l’ordre. Alors qu’il ne faisait rien, un des policiers l’a mis en joue et lui a tiré dessus au LBD. Ils n’ont pourtant pas le droit de viser le visage.

Mehdi a eu le réflexe d’enjamber la grille de l’école pour se protéger des policiers. Les policiers ne l’ont même pas secouru.

La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est son cerveau. Et la deuxième, c’est de me dire que tout cela était de ma faute. Il a été opéré à 17 heures. Son œil a été retiré et on avait peur que le cerveau soit touché, mais ce n’est pas le cas.

Je lui ai demandé d’être transparent et de me dire ce qu’il avait fait exactement. Il m’a répété qu’il n’avait rien fait et rien lancé contre les policiers. Et quoi qu’il en soit, est-ce normal de perdre un œil pour des jeunes qui ont manifesté leur colère contre l’injustice et les violences policières ?

J’aurais dû quitter la cité pour que mon fils grandisse ailleurs. Je vis un drame avec mon fils, mais je tiens à vous dire combien c’est violent d’être jugé en tant que parent. »

Sur le compte rendu d’hospitalisation daté du 30 juin, les médecins constatent « un traumatisme maxillo-facial par flash-ball » et « l’éclatement du globe oculaire droit avec une fracture du plancher de l’orbite passant par le canal intra-orbitaire ». Mehdi perdra l’usage de son oeil.

Selon Rachid, le père de Mehdi, les relations entre policiers et jeunes se résument en deux mots : « harcèlement et racisme ». À 14 ans, son fils a « été violemment interpellé sans motif par des policiers de la BAC. Il les vouvoyait alors qu’ils l’insultaient, un voisin a dû s’interposer pour défendre Mehdi ». Depuis ce jour, les relations avec les policiers se seraient dégradées. 

« Mehdi s’est endurci à force de se prendre des coups par la police », déplore encore Rachid, qui énumère les contrôles subis par son fils, jusqu’à cette garde à vue au cours de laquelle Mehdi « s’est fait tabasser en cellule ». « Il n’y a rien de constructif ni de pédagogique dans les pratiques et le comportement des policiers, au contraire, ils provoquent les jeunes et alimentent leur méfiance. »

Il y a deux ans, en avril 2021, Mehdi avait vécu un autre drame : la perte de son meilleur ami, Yanis, 20 ans. Au cours d’une course-poursuite avec les policiers, le jeune homme avait percuté avec son scooter un véhicule sur l’autoroute. Après plusieurs semaines dans le coma, Yanis a finalement succombé à ses blessures.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
XUsage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 20.07.2023 – OUverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Bobigny, confiée à l’IGPN
  • 17.07.2023 – Dépôt de plainte par Mehdi
  • 30.06.2023 – Compte-rendu d’hoospitalisation
  • 29.06.2023 – Agression de Mehdi
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Agressions

Aimène Bahouh, 29.06.2023. Flingué – Mont-Saint-Martin

Nuit du 29 au 30 juin 2023 – Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle)
25 ans. Atteint à la tempe gauche par un tir de Bean Bags : placé dans un coma artificiel, il s’est réveillé le 25 juillet « avec pas mal de séquelles« 
Nuit du 29 au 30 juin 2023, dans le contexte des affrontements qui ont embrasé le pays après la mort de Nahel

La nuit des faits, la ville de 10 000 habitants était en proie aux émeutes. Le préfet de Meurthe-et-Moselle avait choisi de déployer une unité du Raid dans le quartier du Val, où vivent les Bahouh.

Le frère d’Aimène, Rochdi :

« Mon frère a fini le travail vers 22 h. Il est employé comme agent de sécurité à Luxembourg-Ville. Une heure plus tard, il était à la maison. Il a passé la soirée là, à discuter avec un voisin et deux jeunes du quartier. Un peu avant 1 h, lui et les deux jeunes ont décidé d’aller chercher de la boisson et un sandwich dans une station ouverte toute la nuit, à Rodange (Luxembourg), juste à côté. »

Aimène, se déplaçait en voiture, vitre ouverte. Deux rues plus loin, il est blessé à la tempe gauche par un projectile. « Pas une balle de LBD », d’après l’un des amis : sur son smartphone, il montre une vidéo d’un sachet ensanglanté contenant de petites billes, recueilli dans une casquette. Un des types de munitions ayant été tirés à Mont-Saint-Martin par le RAID

Aimène est opéré « pendant près de six heures » à l’hôpital d’Arlon, ville belge voisine, les émeutes et les mauvaises conditions météorologiques cette nuit-là n’ayant pas permis son transfert par hélicoptère au CHRU de Nancy. Il est placé dans un coma artificiel, dont il ne se réveillera que le 25 juillet…

D’autres personnes ont également été blessées plus légèrement par des tirs selon des témoignages obtenus par l’AFP, confirmés par le parquet.

La version de la police

Le policier identifié soupçonné d’être l’auteur du tir se souvient d’avoir visé un véhicule « de couleur claire » qui se trouvait rue de Marseille, avec à son bord des « individus cagoulés », dont l’un des occupants s’apprêtait à allumer un mortier. Mais cette voiture ne correspond pas à celle que conduisait Aimène.

Catherine Galen, procureure de la République de Val de Briey :

« Le fait que le jeune homme soit victime d’un tir du Raid est une version plausible et reste la piste privilégiée. Mais pour le moment, nous n’arrivons pas à restituer et comprendre les circonstances de tout cela. Et donc à confirmer formellement cette hypothèse, d’autant que nous n’avons pas de retour sur les éléments médico-légaux.

Les fonctionnaires du Raid sont intervenus dans un cas de violences urbaines en étant pris pour cible par des caillassages, des tirs de mortiers, provenant d’attroupements de piétons et de véhicules passant et repassant devant eux. Ils ont, à plusieurs reprises, fait usage de leurs armes dites intermédiaires (ou « non létales », N.D.L.R.) […] Il nous manque des éléments pour savoir s’il s’agit d’un tir volontaire ou d’une balle perdue, etc.

Rien dans la procédure ne laisse à penser qu’il s’agit d’une intervention dans le cadre d’un refus d’obtempérer. Nous sommes dans un contexte bien différent de Nanterre.

« Est-ce une balle perdue ou un tir parce qu’on soupçonne des auteurs de violences urbaines, cela reste à déterminer. On est sur une scène de nuit, avec de nombreux tirs, des jets de lacrymo, des mortiers, ça reste confus. À la fin de son intervention, le Raid ne savait pas qu’il y avait une victime grave. »

La Procureure a confirmé qu’Aimène n’était pas connu de la justice. Saisi pour les besoins de l’enquête, le véhicule dont les sièges étaient tachés de sang, ne contenait aucun objet pouvant laisser supposer qu’il faisait partie des émeutiers.

La famille « rejette tout amalgame entre Aimène et les émeutiers. C’est quelqu’un qui travaille, il fait 40 heures par semaine en tant qu’agent de sécurité au Luxembourg, ce n’est pas du tout un délinquant ».

Le parquet du Val-de-Briey s’est dessaisi vu la « complexité des faits », au profit de celui de Nancy et une information judiciaire a été ouverte. Selon les conclusions du premier rapport de l’IGPN, dont Le Monde a eu connaissance, les éléments recueillis n’ont pas pu « éclair[er] précisément ni sur les circonstances des faits ayant conduit à la grave blessure de M. Bahouh ni sur les conditions légales d’usage de l’arme par le policier ».

Dans un courrier au procureur de Nancy début août, Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la mère d’Aimène, demande le dépaysement de l’affaire, ce qu’il justifie notamment par le refus des juges d’instruction de lui donner accès au dossier :

« L’agent du RAID ayant procédé au tir a nécessairement été identifié à ce jour par l’inspection générale de la police nationale or, à notre connaissance, il n’a toujours pas été mis en examen.

Le refus des magistrats instructeurs d’instruire ce dossier et de communiquer aux parties civiles les éléments du dossier démontre une hostilité qui ne peut s’expliquer que par un souci de protection du fonctionnaire de police qui a commis une infraction extrêmement grave ».

L’usage de « Bean bags« 

Selon une étude de l’Université du Texas publiée en septembre 2020 par le New England Journal of Medecine, les « beanbags », sont des munitions « censées être moins létales et qui ne devraient pas causer de blessures pénétrantes lorsqu’elles sont utilisées à des distances appropriées », elles « peuvent causer des dommages graves et ne sont pas appropriées pour une utilisation dans le contrôle des foules ».

Paul Rocher, universitaire auteur de « Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non létale » explique à l’AFP :

« Il existe un risque de mort inhérent à l’usage de ces armes. Le caractère soi-disant non létal de l’arme incite à une utilisation moins prudente et plus abondante, rendant ces munitions plus dangereuses que par exemple les balles en caoutchouc ».

« Quand j’ai appris ça le samedi matin à mon réveil, je n’arrivais pas à y croire. Je ne savais pas qui appeler pour avoir de ses nouvelles. Pourquoi Aimène ? C’est injuste », explique un collègue de son équipe avec qui il avait pris l’habitude de covoiturer. « C’est un super mec, gentil, sérieux et investi dans son travail. Il avait annulé ses vacances pour faire un remplacement. Il voulait absolument décrocher son CDI ».

Dès l’annonce de l’incident, c’est aussi tout un quartier qui a été bouleversé. Le jeune homme à la carrure imposante est connu pour sa jovialité et est unanimement décrit comme un jeune sans histoire. « J’ai vécu ça comme un coup de massue. Je ne l’ai jamais vu sans son sourire, alors l’imaginer couché sur un lit d’hôpital, ça me fait très mal » explique Thiébaut, un ami de longue date.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Pare-chocage (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
XUsage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 01.08.2023 – Demande de dépaysement de l’information judiciaire vers une autre juridiction par l’avocat de la famille.
  • 06.07.2023 – Plainte pour « violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique ».
  • 00.07.2023 – Désaisissement du parquet de Val-de-Briey, au profit de celui de Nancy
  • 30.06.2023 – Ouverture d’une enquête pour “fait de violence volontaire” confiée à l’IGPN de Metz par Catherine Galen, procureure de la République au tribunal judiciaire de Val-de-Briey
  • 29.06.2023 – Agression sur Aimène. Transfert à l’hôpital d’Arlon, 6 heures de chirurgie et coma artificiel
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Nahel Merzouk, 27.06.2023. Flingué – Nanterre

27 juin 2021 – Nanterre
17 ans. Flingué à bout portant lors d’un contrôle routier : décédé

Nahel était âgé de 17 ans. Français d’origine algérienne. Il était accompagné dans sa voiture de deux camarades, âgés de 17 et 14 ans. Lors d’un contrôle routier par deux motards, il est mortellement touché par un tir à bout portant.

La voiture a poursuivi sa route sur quelques mètres au niveau du passage Arago, avant de venir s’encastrer dans du mobilier urbain place Nelson Mandela. Tandis que l’auteur du tir prodigue les premiers secours, des renforts et les pompiers arrivent sur place. Ils tentent de le réanimer, mais il est déjà trop tard. Nahel, touché au bras et au thorax, décède des suites de ses blessures à 09:15.

La version du flic

Florian Menespelier, le motard de 38 ans de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) meurtrier de Nahel nie avoir menacé le jeune homme avant de tirer. Il assure également avoir eu peur d’être renversé par Nahel lorsque celui-ci a appuyé sur l’accélérateur pour fuir.

Son avocat Laurent-Franck Liénard :

« [Mon client a] a appliqué un tir qu’il a pensé nécessaire […] [Il] ne se lève pas le matin pour tuer des gens. Il n’a pas voulu tuer [Il a demandé] pardon à la famille de Nahel.

Ce qu’il a fait était nécessaire, au moment où il l’a fait il a estimé que c’était nécessaire. C’est sa position et sa position est conforme au droit. En détention, il comprend qu’il sert de fusible […] Jamais mon client n’a voulu tuer ce conducteur ».

Selon l’avocat, au moment de l’interpellation, le seul objectif du fonctionnaire de police aurait été de stopper le véhicule. Il aurait décidé d’appliquer un tir vers le bas, mais le mouvement de la voiture sur son corps aurait fait que son geste remonte et que la balle touche une partie vitale.

La version du Parquet

Le 5 juillet, dans un document d’étape, le procureur de la République de Nanterre synthétise l’état d’avancement de l’enquête dans lequel figure la demande de maintien en détention provisoire du policier. D’après le procureur Pascal Prache :

Après avoir pris leur service, deux policiers motocyclistes de la DOPC remarquent une Mercedes-Benz Classe A (Type 177) AMG au boulevard Jacques-Germain-Soufflot avec une plaque d’immatriculation polonaise vers 07:55 qui circule à vive allure sur une voie de bus conduite par une personne de jeune âge apparent. Les motards activent leurs avertisseurs (sonores et lumineux) et indiquent au conducteur au niveau d’un feu rouge de stationner. Le véhicule redémarre et grille alors le feu rouge. La voiture est poursuivie par les deux motards à travers diverses voies de circulation. Ils activent à nouveau leurs gyrophares, mais cela s’avère inefficace. À 08:16, les deux motards informent leurs collègues de la situation via radio. Au cours de cette course-poursuite, le conducteur du véhicule commet plusieurs infractions au code de la route, dont le franchissement d’un passage piéton, mettant ainsi en danger un piéton et un cycliste.

En raison d’un embouteillage, le véhicule est finalement contraint de s’arrêter au niveau du boulevard de la Défense. Les policiers mettent pied à terre et ordonnent au conducteur d’ouvrir sa vitre, ce qu’il exécute. Les deux policiers sortent leurs armes, les pointent sur le conducteur et lui demandent de couper le contact. Le véhicule redémarre et un des deux policiers fait feu une fois sur le conducteur. Le véhicule poursuit sa route avant de s’encastrer dans du mobilier urbain sur la place Nelson-Mandela à 08:19. Le passager arrière est interpellé à sa sortie du véhicule. Le passager avant droit a pris la fuite. Le policier auteur du tir prodigue les premiers secours au conducteur. Le décès est constaté à 09:15. Les deux passagers du véhicule sont mineurs, l’un âgé de 17 ans et l’autre âgé de 14 ans.

Des versions contestées par la famille

Selon la première version des policiers, une voiture aurait refusé un contrôle avant de foncer sur un fonctionnaire de police qui n’aurait eu d’autre choix que d’ouvrir le feu dans son bon droit. Cette version invoquant la légitime défense et le refus d’obtempérer est reprise par les syndicats policiers et une partie des médias dont l’AFP, Europe 1, 20 Minutes et BFM TV.

Mais une heure après le décès seulement est diffusée la vidéo d’une passante, une apprentie qui a filmé la scène avec son téléphone puis l’a montrée à sa patronne. La cinquantaine de secondes d’images, diffusée sans montage et dans son intégralité, montre que les policiers sont au moment du coup de feu sur le côté de la voiture, pas devant elle, et qu’elle ne se dirige pas vers eux ne pouvant donc les blesser.

Entre-temps, est diffusée une seconde vidéo qui a été filmée dans son rétroviseur par l’automobiliste situé devant la voiture de Nahel : « Durant les sept secondes de cette vidéo, on voit les deux policiers s’approcher de la vitre du conducteur, on les entend crier, sans pour autant comprendre ce qu’ils disent. On entend également des coups donnés par l’un des policiers à la voiture. »

Selon Le Monde, la première séquence de la première vidéo, d’une durée de 11 secondes, « devenue virale sur les réseaux sociaux, a littéralement balayé les éléments de langage distillés d’abord par des sources policières reprises par certains médias ». L’un des policiers crie « Tu vas te prendre une balle dans la tête », pointant son arme à bout portant. Un des policiers dit ensuite à son collègue qui va tirer, selon les interprétations, « shoote-le », ou « coupe » en parlant du moteur, suivi d’une phrase difficilement compréhensible. La voiture redémarre à peine et roule encore au pas lorsque le deuxième policier tire71, toujours à bout portant7

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre qu’un des deux policiers intervenus a tenu l’automobiliste de 17 ans en joue, puis a tiré à bout portant. « On voit bien que le policier était sur le côté du véhicule et que le véhicule était à l’arrêt, et qu’au moment où il redémarre, c’est là où il tire en plein thorax de Nahel« , décrit Me Jennifer Cambla.

Les causes du décès de Nahel sont contredites par les témoignages de ses deux passagers, chacun des deux écrivant un texte envoyé au quotidien Le Parisien. Tous deux affirment que le conducteur n’a pas redémarré sciemment mais sous l’effet d’« environ trois coups de crosse«  des policiers l’ayant « sonné », Je vais te mettre une balle dans la tête !” Le deuxième motard aurait alors adressé un troisième coup de crosse à Nahel, l’amenant à « se protéger la tête », dans un mouvement qui lui a fait « lever le pied de la pédale du frein », le véhicule à boîte de vitesse automatique n’ayant pas été placé sur la position stationnement.

Le passager à l’avant écrit le premier texte, publié le , qu’il lit aussi dans un enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux. Le second texte, publié le , émane du passager à l’arrière, que Nahel emmenait au collège de Nanterre pour y passer les épreuves du brevet des collèges. Son père l’a aidé à rédiger car il était encore choqué par le décès.

Ils nous ont dit de baisser la fenêtre. Nahel a baissé la fenêtre. Le motard qui était près de la fenêtre a dit ‘Éteins le moteur !’ et il a mis un coup de crosse à Nahel gratuitement. Le deuxième motard s’est penché par la fenêtre, et il lui a mis un coup de crosse, lui aussi. Nahel ne savait pas quoi faire. Il avait la tête qui tournait, il ne pouvait rien faire, même pas parler. Il était vraiment traumatisé« 

[La Mercedes] n’était pas sur (le mode) Parking, au moment où il a reçu le 3ème coup de crosse, son pied a lâché la pédale de frein et la voiture a avancé. Le policier situé près de la fenêtre a dit à son collègue: ‘Shoote-le !’. C’est là que le motard qui était à l’avant a tiré. Le pied de Nahel s’est bloqué sur l’accélérateur. Il a réussi à être là encore pendant 3 secondes, et il a klaxonné la voiture devant. Et, d’un coup, il s’est mis à trembler. Il ne me répondait pas. […] J’avais peur, peur qu’on me tire dessus« .

Le policier de 38 ans auteur du coup de feu mortel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire le 29 juin.

Les avocats de la famille de la victime estiment que les deux policiers auraient dû être immédiatement placés en garde à vue pour éviter qu’ils ne se mettent d’accord sur une version. Ils ont rapidement demandé le dépaysement de l’affaire :

« À ce jour, seul le procureur de la République de Nanterre (qui n’est pas un magistrat indépendant) dirige l’enquête sur des policiers de son propre département »

Me Yassine Bouzrou a aussi dénoncé l’ouverture d’une enquête par le procureur sur la base de « fausses déclarations des policiers » et estimé qu’elle montrait « son incapacité totale à diriger cette enquête de manière sereine et objective« . La décision d’un éventuel dépaysement revient au procureur général, le chef du parquet auprès de la cour d’appel.

Par ailleurs, le 28 juin 2023, la famille déclare déposer plainte pour « faux en écriture publique » ainsi que « complicité » contre le deuxième policier qui est aux côtés du tireur, son avocate Jennifer Cambla décrivant la mort de Nahel comme une « exécution » : dans un premier temps, des sources policières ont affirmé qu’un véhicule avait foncé sur deux motards de police et « sur ces paroles, le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête pour tentative d’homicide à l’encontre des policiers« . Dans leur première version, les policiers ont en effet affirmé que le conducteur leur avait foncé dessus. Ils ont ensuite déclaré qu’il avait seulement accéléré après s’être arrêté à leur vue, a appris franceinfo de source policière.

Selon l’avocate, le geste du policier « est absolument illégitime et ne rentre absolument pas dans cadre de la légitime défense« .

Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur du véhicule avait commis plusieurs infractions au code de la route, mais « il n’en demeure pas moins que ça reste des contraventions et que ça ne justifie pas le geste qui a été fait par le policier et le fait de l’avoir abattu de sang-froid », selon l’avocate.

Malgré la mort de Nahel, sa famille et ses avocats n’ont à aucun moment mis en cause la police ou les policiers dans leur ensemble, concentrant la totalité de leur critiques sur les seuls deux fonctionnaires impliqués. La mère, la tante et la grand-mère appellent ainsi à la retenue, tout comme le maire de Nanterre, tandis que l’avocat de la mère, Yassine Bouzrou, déclare au Monde qu’il « n’y a pas de problème policier en France, il y a un problème judiciaire » en raison de la protection « flagrante » des policiers concernés, nourrissant un sentiment d’impunité.

Nahel a été enterré à Nanterre le samedi 1er juillet. Après la vague d’émeutes déclenchées par sa mort (d’après des données policières relayées par les médias, un millier d’arrestations auraient été enregistrées), les avocats de la famille, Mes Abdelmadjid Benamara, Jennifer Cambla et Yassine Bouzrou ont invité dans un communiqué les journalistes à ne pas être présents aux funérailles afin d’éviter toute « ingérence médiatique« .

« La journée du samedi 1er juillet sera pour la famille de Nahel, une journée de recueillement, [soulignant] l’importance d’accorder aux familles endeuillées l’intimité et le respect dont elles ont besoin pendant cette période difficile ».

Loi Cazeneuve et racisme dans la police

À la suite de l’affaire des policiers brûlés à Viry-Châtillon, la Loi sur l’usage des armes à feu par les policiers est modifiée en février 2017 et alignée sur celle des gendarmes, autorisant les policiers à faire usage de leurs armes sur un véhicule « dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui » alors qu’ils devaient jusqu’alors justifier d’être en situation de légitime défense d’eux-mêmes ou autrui pour pouvoir faire usage de leurs armes.

Le terme « susceptible » leur laisse ainsi la possibilité d’évaluer la situation, et rend l’appréciation ambiguë en leur permettant d’agir avant qu’un délit ne soit commis. Cette loi, dite « loi Cazeneuve », est critiquée par les groupes de défense des droits, qui affirment qu’elle élargit de manière dangereuse le cadre juridique permettant à un policier d’utiliser son arme à feu. Les tirs sur des véhicules en mouvement sont en hausse de 40% en cinq ans.

  • 2020 : la Défenseure des droits, Claire Hédon évoquait une « discrimination systémique donnant lieu à la surreprésentation de certaines populations issues de l’immigration et de pratiques dérogatoires dans la mise en œuvre des contrôles d’identité par les forces de l’ordre ».
  • Juillet 2021 : une note rédigée par le conseil scientifique de la délégation interministérielle contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) indiquait : « Qu’il y ait des policiers racistes au sein de la police française et que cela se traduise par des comportements, au cours de l’activité professionnelle, pénalement condamnables, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. » Mais cette note n’avait pas été suivie d’effets. Le conseil scientifique de la DILCRAH est dissout en janvier 2023.
  • Décembre 2022 : le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale avait exprimé sa profonde préoccupation « face au recours fréquent aux contrôles d’identité, aux interpellations discriminatoires, à l’application d’amendes forfaitaires imposées par la police ou les forces de l’ordre » visant « de manière disproportionnée » les « personnes d’origine africaine, arabe, les Roms, les gens du voyage et les non-ressortissants ».

Cette évaluation est confirmée par le sociologue de la police Sébastian Roché pour qui « on ne peut éliminer l’aspect ethnique dans cette affaire. Surtout quand on sait qu’il y a une surreprésentation des minorités ethniques dans les personnes tuées lors de refus d’obtempérer ».

  • Mai 2023 : l’ONU, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le Brésil, le Japon et le Danemark avaient exprimé leur inquiétude « face aux violences policières et à la discrimination raciale en France » et avaient critiqué le « profilage racial effectué par les forces de l’ordre ».

Selon un pointage fait par Reuters, la majorité des personnes abattues par la police en France depuis 2017 à la suite des refus d’obtempérer lors d’un contrôle de circulation sont « noires ou d’origine arabe ».

Pour Paul Rocher, économiste et diplômé en science politique de Sciences Po Paris, « dès lors qu’on choisit d’écarter l’hypothèse du racisme policier, la réaction à la mort de Nahel devient effectivement inexplicable . […] Depuis plus de trente ans, des travaux scientifiques démontrent l’existence d’un racisme particulièrement développé dans l’institution policière [et d’après une étude de 2009] les Noirs couraient entre 3,3 et 11,5 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés [et les Arabes] couraient entre 1,8 et 14,8 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés par la police. [Les émeutes sont] le reflet de cette discrimination institutionnelle ».

François Dubet, sociologue, professeur émérite à l’université Bordeaux-II, explique que « les habitants des cités se sentent mis à l’écart en raison de leurs origines, de leur culture ou de leur religion. Les mouvements sociaux et les partis ne parviennent cependant pas à transformer ce sentiment d’abandon en actions organisées, en revendications ou en projets ».

Le 15 juillet, dans une tribune publiée sur Le Monde, Hicham Benaissa, docteur en sociologie au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL), déclare « qu’il est vain de croire que le calme revenu après les émeutes en banlieue est durable » et que « la colère se manifestera tant que nos institutions ne regarderont pas notre passé colonial en face ».

En juin 2025, Florian Menespelier a pu reprendre son taf grâce à un arrêté de réintégration signé par Retailleau comme si rien ne s’était passé , après les coups de pouce à répétition de son administration de tutelle :

  • des milliers d’euros de frais de justice réglés pour lui
  • 15000€ de caution réglés pour lui
  • Maintien de son salaire, y compris son salaire des 2 dernières années
  • Mutation acceptée au Pays basque
  • 1,6 million d’euros récoltés via la cagnotte (l’enquête sur la cagnotte lancée par Jean Mesinah a été classée sans suite par la justice : aucune infraction n’apparaissait suffisamment caractérisée.)

Inculpé pour meurtre, il bénéficie toujours du soutien de la police nationale. Un an après la mort de Nahel, un rapport a démontré que même si l’adolescent avait redémarré volontairement la voiture alors que les policiers le tenaient en joue, celui qui a fait feu, n’était pas en situation de « danger imminent » : « Le volant n’a pas été tourné vers eux » et « il n’y avait pas de risque d’écrasement, l’accélération ayant été de faible intensité« .

Selon une enquête de l’ONG d‘investigation Index, qui a enquêté sur les circonstances de la mort de l’adolescent :

« Au cours des 22 secondes qui précèdent le coup de feu mortel, le policier Florian Menespelier, auteur du tir, porte 4 coups sur le pare-brise du véhicule conduit par Nahel Merzouk avec son arme à feu ; le second policier, Julien L., porte des coups à l’intérieur de l’habitacle du véhicule et brandit son arme à feu à hauteur de la tête de Nahel Merzouk ; moins de 2 secondes avant le coup de feu mortel, l’un des deux policiers prononce vraisemblablement les mots « balle dans la tête ».

Le directeur du journal Oise Hebdo, qui a divulgué, peu après les émeutes, le nom du policier auteur du tir mortel, a été condamné, le 22 août 2024, à une amende, de 4 000 €, dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 € au policier, au titre du préjudice moral.

Gageons que là-bas il essaiera de se faire oublier, à moins que des camarades basques se rappellent à son bon souvenir et lui fassent comprendre qu’où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de paix, qu’on n’oublie pas et qu’on ne pardonne pas…

Justice et Lumière pour Nahel et les siens !

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
XUsage d’arme à feu
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
XAgressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 00.06.2025 – Paiement des frais de justice et de la caution par la Police; Mutation avec maintien de salaire au Pays-basque de Florian Menespelier au Pays-basque
  • 22.08.2024 – Condamnation du directeur du journal Oise Hebdo à une amende, de 4 000 €, dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 € au policier, au titre du préjudice moral
  • 10.08.2023 – Maintien en détention de Florian Menespelier par la Cour d’appel de Versailles
  • 05.07.2023 – Conférence de presse du Procureur de Nanterre qui donne une synthèse de l’enquête
  • 04.07.2023 – Publication du témoignage du passager arrière
  • 30.06.2023 – Publication du témoignage du passager avant
  • 29.06.2023 – Prolongation de garde à vue de Florian Menespelier. Ouverture d’une information judiciaire pour « homicide volontaire » contre Florian Menespelier. Mise en examen du policier tireur et placement en détention provisoire
  • 28.06.2023 – Ouverture d’une enquête pour pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique » confiée à l’IGPN ; ouverture d’une enquête pour homicide volontaire contre Florian Menespelier. Placement en garde à vue du policier. Auto-saisine de la Défenseure des Droits. Demande de dépaysement de l’affaire par les avocats de la famille. Dépôt d’une plainte par la famille pour « faux en écriture publique » et « complicité » contre le second policier
  • 27.06.2023 – Contrôle routier et décès de Nahel
  • Avocat
  • Collectif
  • Cagnotte
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Agressions

14 militants écologistes, 20.06.2023. Arrêtés et détenus – Loire-atlantique

DATE – LIEU
AGE. VIOLENCES : RÉSULTATS
Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée

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Un citoyen, 01.05.2023. Grenadé – Paris

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Jake Hanrahan, 01.05.2023. Flinqué – Paris

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Un citoyen, 01.05.2023. Matraqué – Paris

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Samuel Clauzier, 01.05.2013 – Journaliste

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Un manifestant, 01.05.2023. Grenadé – Nantes