Le préfet du Tarn a autorisé la gendarmerie à déployer des "dispositifs de captation d’images par aéronefs" pour la manif prévue samedi 22 avril contre le projet autoroutier A69. Une première...
Le préfet du Tarn François-Xavier Lauch n’a pas attendu 24 heures pour mettre en application les nouvelles possibilités offertes aux policiers.
Policiers, gendarmes, douaniers ou militaires peuvent désormais se servir de drones espions pour « la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés« , pour « la sécurité des rassemblements » sur la voie publique, ainsi qu’en « appui » des agents « au sol » « en vue de leur permettre de maintenir ou de rétablir l’ordre public ».
Après Sainte Soline, le 25 mars, le sinistre intérieur Gérald Darmanin avait déploré à la radio qu’ « en France, tout le monde peut faire voler un drone. D’ailleurs, les casseurs de Sainte-Soline l’ont fait pour observer le dispositif. Mais la police et la gendarmerie ne le peuvent pas« .
La CNIL s’est prononcée en mars sur le décret : elle demande que lui soient transmises les doctrines d’emploi, ne figurant pas dans le décret, et qui devront préciser les « cas d’usage, les conditions d’emploi et les conduites à tenir » en particulier s’agissant de « l’information » du public concerné par l’utilisation des drones. Elle réclame également un chiffrement des enregistrements « directement au niveau des caméras » pour « répondre à l’obligation de garantie d’intégrité et de sécurité des enregistrements jusqu’à leur effacement« .
Jean-François Mignard de la LDH de Toulouse :
« Nous sommes dans une dérive sécuritaire, estime Au début tout est réglementé, très surveillé et petit à petit le dispositif est systématisé. À Sivens, des tels dispositifs avaient déjà été expérimentés. Ils seront utilisés pour des événements exceptionnels comme la Coupe du Monde de rugby, comme les JO. Puis, tout sera banalisé. »
Tout est dit. L’efficacité prime sur les droits, la surveillance des mouvements sociaux sur leur prise en compte, l’intimidation sur la reprise en main de leur destin par les citoyens, le flic sur le citoyen, la techno sur l’humain.
On se croirait en Australie, où les troupeaux géants de bétail sur des espaces immenses sont gardés par hélicoptère. De quel ordre public parle-t-on qu’on veut protéger à ce prix ? L’ordre républicain (la République arrive largement en tête au palmarès des morts victimes de la répression), ne serait-il pas temps de protéger la République, celles et ceux qui la font ? Pas les institutions, qui montrent chaque jour leur déconnexion, mais les gens ?
D’abord les drones espions. Bientôt les drones qui lâchent des grenades ou de nouvelles munitions anti-gôchisses ?