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Vanessa, Marcel et leurs 4 enfants, 12.03.2024. Perquisitionnés – Guyancourt

12 mars 2024 – Guyancourt (78)
Porte défoncée, coup de feu en direction du chien, Taser, coups, 30 et 9 heures de garde à vue
Des suites de la révolte post-Nahel
La version de la famille

Le matin du 12 mars 2024, Vanessa mate la téloche chez elle quand elle entend un gros coup sur la porte, qui s’ouvre violemment. Une quinzaine de keufs cagoulés, gilets pareballe et gros flingues dehors.

Un flic hurle « Il y a des chiens ! » et un tir part en direction de la chienns Naïa, en ratant sa cible.

La balle érafle le mur, rebondit sur le carrelage de l’entrée et finit par transpercer la porte de la cuisine. À quelques centimètres près, c’était Vanessa.

Réveillé par le bruit, Marcel, sort de sa chambre et prend deux coups de taser et deux coups de pied, il tombe et heurte un bureau de la tête. Il est immobilisé par le pied d’un policier sur le dos et menotté brutalement.

Les policiers entrent ensuite dans les chambres des enfants. Pendant qu’une fonctionnaire interroge les deux petites de huit ans, les agents cagoulés fouillent les lits.

Dans la chambre d’à côté, l’aîné , Tanguy, est réveillé par plusieurs policiers, menotté et conduit dans le salon.
Une fois toute la famille réunie dans le salon, les flics les interrogent sur un autre fils, Kenny, 22 ans, qui n’habite plus chez ses parents, suspecté d’avoir incendié les écoles maternelles et primaires de La Verrière, lors des révoltes post-Nahel.

À peine 15 minutes après leur entrée fracassante, les « forces de l’ordre » repartent avec Marcel, qui passera neuf heures en garde à vue, accusé de « résistance violente à personne dépositaire de l’autorité publique ».

Kenny se rend de lui-même au comico. 30 heures de garde à vue, un interrogatoire filmé avec violences physiques et verbales. Aucune poursuite judiciaire, malgré les perquisitions au domicile de chez ses parents et chez lui, en présence de sa femme.

Pour la famille, la trace de la balle se voit toujours à deux endroits dans la cuisine, et les jumelles de huit ans ont perdu l’appétit et font des cauchemars.

Marcel attend son procès. Pour lui, c’est un acte raciste. La Police, raciste ?

Violences physiques
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
XUsage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
XUsage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
XAccusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
XMenace avec une arme de poing
XAgressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
XPropos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée

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Agressions

Hédi, 01.07.2023. Flingué – Marseille

1er juillet 2023 – Marseille
22 ans. Atteint par un tir de LBD40 puis tabassé : hématome intra-cérébral, d’une fracture de la mâchoire, et d’une perte de la vision de l’œil gauche, d’où un coma, une semaine en réanimation, deux semaines en neurochirurgie, plus de 50 agrafes, défiguré et des souvenirs difficiles à vivre
Nuit du 1er au 2 juillet, Marseille : émeutes et violence dans les rues de la ville en suite de la mort de Nahel à Nanterre…

Hédi sortant du travail à Vauvenargues, retrouve un ami sur le Vieux-Port de Marseille pour la « fête des terrasses ». Alors qu’ils n’ont pas participé aux émeutes, ils croisent une équipe de la BAC qui leur demande de partir, et qu’ils « saluent » en passant à leur hauteur. Hédi est d’abord touché par un tir de LBD40 à la tempe , puis, immobilisé, il est tabassé à coups de poing et de matraques et se fait casser la mâchoire : un policier se tient alors sur lui, tandis que les autres le frappent et le matraquent :

« On a croisé une équipe de la Bac, on leur a dit bonsoir et on a vu qu’ils n’avaient pas envie de discuter.

[…] À aucun moment on ne m’a demandé mes papiers, ni ce que je faisais là. J’essayais de leur dire qu’ils pouvaient me fouiller, que je n’avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir.

[…] J’ai reçu un impact dans la tête, au début je savais pas ce que c’était. Je suis tombé au sol et quand j’ai voulu me relever, on m’a traîné dans un petit coin où il faisait tout noir et de là on a commencé à me frapper.  Il y en a un qui était allongé sur moi, donc je ne pouvais pas bouger. Il y en a qui m’ont frappé avec les poings, d’autres avec les matraques.

[…] À aucun moment on ne m’a demandé mes papiers, ni ce que je faisais là. J’essayais de leur dire qu’ils pouvaient me fouiller, que je n’avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir.

[…] J’ai voulu me toucher la tête mais je n’ai pas senti mon crâne. ».

Selon BFMTV, Hédi se réfugie avec son ami chez un épicier, qui tente en vain de joindre les pompiers, débordés par la situation sur la ville. Hédi, qui perd beaucoup de sang, se met à vomir. L’épicier décide alors de le transporter avec son propre véhicule à l’hôpital de la Timone, où il sera pris en charge. 

Après un coma jusqu’au lendemain, victime d’un trauma crânien, Hédi passe une semaine en réanimation, puis deux dans un service de neurochirurgie. Après deux opérations, les médecins lui retirent un morceau de crâne, qu’ils referment ensuite à l’aide de « 65 agrafes ». Désormais, Hédi se déplace et s’exprime plus lentement.

« […] J’ai eu un trauma crânien, dû à un tir de flash-ball. Et du coup, j’ai une partie du crâne en moins.

J’ai été dans le coma […]. J’ai été opéré de la tête. D’après eux, ils ont opéré un mort. […] . Ils ont été obligés de m’enlever un bout de crâne pour ça « respire ».

[…] Je me suis regardé une fois à l’hôpital, par curiosité, je voulais savoir, mais c’était trop… […] Quand tu vois un grand trait métallique de 65 cm sur ta tête, que tu te vois gonflé, que tu vois que ton crâne n’est plus rond, c’est super dur à supporter. J’ai perdu presque dix kilos

[…] Je parle lentement, je me déplace lentement, avant j’étais une pile et maintenant je dois rester souvent dans le noir, avec aucun son, aucune lumière, parce que j’ai des migraines qui ne s’arrêtent pas.

J’estime avoir une certaine chance de me réveiller avec mes facultés, c’est important étant donné ce qu’il s’est passé, des blessures. Mais tous les jours, c’est encore dur, il faut supporter le fait d’avoir ce passage dans ma vie.

Des fois, je me dis que je vais me réveiller, mais en fait je me réveille toujours avec la tête déformée, avec ces migraines, avec cet œil flou. […] Je me suis regardé une fois à l’hôpital par curiosité mais c’était trop, quand tu vois que ton crâne il est plus comme avant, c’est super dur à supporter.

[…] Je sais que je n’aurai plus la même vie qu’avant, mais ma vie d’avant elle était bien, par rapport à celle-ci.

C’est important de dire que la police est importante en France. Si elle n’était pas là, ce serait un grand bordel. J’en veux à ce groupe d’individus qui se sont permis ce qu’ils n’auraient pas du faire. J’espère qu’ils regrettent, qu’ils ont réfléchi.

Un citoyen français lambda serait déjà en prison et on n’en parlerait plus, je pense qu’ils ont tort, mais ça reste à leur prouver, ils ont besoin de voir et entendre ce qui s’est passé, il y a certains moutons noirs à écarter du troupeau.

Pourquoi moi ? Quand il y en a un ou deux, OK. Mais quand sur une équipe de quatre ou cinq, tu vois qu’ils sont tous pourris, c’est grave. Ça veut dire que c’est clair et assumé. ».

D’après son avocat Me Jacques Preziosi, les blessures de Hédi sont « Autant de choses qui ne sont pas causées par un seul coup, mais par une série de coups portée avec une violence effrayante ».

La version des flics

La cheffe de la BAC n’a signalé aucun incident cette nuit-là, ni aucun usage d’un LBD dans son rapport à sa hiérarchie.

« Aucun policier ne souhaite collaborer à l’enquête, allant même jusqu’à avoir du mal à s’identifier sur les vidéos« , déplorent les enquêteurs de l’IGPN.

Le policier placé en détention provisoire et seul porteur de LBD, identifié grâce à son tee-shirt sur les images de vidéosurveillance au moment des faits, affirme n’avoir aucun souvenir des faits et va même jusqu’à dire qu’il ne se reconnaît pas sur les vidéos qui lui sont présentées.

Un autre policier, identifié lui-aussi grâce à sa tenue vestimentaire, a nié tout fait de violences lors de sa garde à vue, et dit ne pas savoir pourquoi Hedi est tombé au sol. Il dit d’ailleurs n’avoir aucun souvenir des faits.

Un troisième lui aussi identifié grâce à sa tenue vestimentaire, assure ne pas se souvenir de la scène, et ne pas avoir participé à cette action à ce moment-là et a même refusé d’être pris en photo par les enquêteurs de l’IGPN pour « des questions de sécurité » selon ses dires.

Début août, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence doit se prononcer sur la demande de remise en liberté du policier tireur de LBD40 (un « Marseillais de 35 ans au crâne rasé, moulé dans son tee-shirt blanc, un tatouage imposant sur son bras gauche musclé, en détention provisoire depuis deux semaines » selon 20 Minutes). Le flic change pour la première fois de version (il avait toujours nié jusqu’ici) : « J’ai fait usage du LBD à une reprise. […] La consigne était de ne plus interpeller. Arrivé au cours Lieutaud, la consigne était de rétablir l’ordre dans la rue d’Italie prise d’assaut par des individus hostiles qui pillaient. » Selon lui, Hédi « avait toujours le visage dissimulé et était toujours porteur de sa capuche. [… Il a fait ] un mouvement vers l’arrière pour jeter un objet. »

Réplique de l’avocat d’Hédi :

« Moi, je porte souvent des vestes à capuche. Je me demande si je suis en danger parce que je porte des vestes à capuche ! [citant une déclaration d’un des policiers mis en examen : « habillé en mode délinquant. »] C’est extraordinaire ! Qu’est-ce que c’est que cette expression ? Après le délit de sale gueule, on invente le délit d’habit. […] Vous avez tiré à trois mètres dans la tête de ce pauvre homme qui a commis la faute de porter un vêtement à capuche. […] Vous êtes dangereux, monsieur. »

L’escalade de la récupération politique et flicarde :
  • Les syndicats de police réclament un statut spécifique pour les fonctionnaires lorsque les faits reprochés le sont dans le cadre de leurs missions, les des arrêts maladie se multiplient à Marseille, puis dans les Bouches-du-Rhône, puis un peu partout en France, en application du « code 562« , c’est-à-dire un service minimum;
  • David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires SCPN : « Que ce policier doive répondre devant la justice des faits pour lesquels il est soupçonné, c’est une évidence, personne n’est au-dessus des lois. Ce qu’on dénonce – et c’est ce qu’a très bien dit Frédéric Veaux -, c’est qu’un policier soit traité comme un simple voyou alors que les faits qu’on lui reproche ont été commis dans l’exercice de ses fonctions, qu’il a des garanties de représentations. » 
  • Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, déclare que les policiers qui ont participé à la restauration de l’ordre public après les émeutes (à la sanglante répression policière donc) n’ont pas leur place en détention : « Le savoir en prison m’empêche de dormir. Dans ce type d’affaire, le placement sous mandat de dépôt n’est pas la solution« 
  • Une cagnotte « en faveur des familles des policiers de Marseille » est lancée sur la plateforme Gofundme…
Violences physiques
 Grenade de désencerclement
 Taser
xTir de LBD
xCoups de pieds, coups de poings, gifles
 Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage
xCoups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Usage de matraques
 Morsures de chiens
 Usage de spray lacrymogène
 Tirage par les cheveux
 Arrosage
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Refus de soins ou de médicaments
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
xMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Absence de procès-verbal
  •  
  • 03.04.2023 – Audience de la chambre d’instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence sur la demande de remise en liberté du policier tireur
  • 26.07.2023 – Interview d’Hédi à Konbini
  • 20.07.2023 – Mise en examen de quatre fonctionnaires ( deux membres de la BAC sud et deux de la BAC centre) pour violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours ; placement en détention provisoire de l’un des fonctionnaires ; placement des 3 autres sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer
  • 18.07.2023 – 8 fonctionnaires de police placés en garde à vue sur commission rogatoire d’un juge d’instruction
  • 05.07.2023 – Ouverture d’une information judiciaire du chef de violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours. Enquête confiée à l’IGPN
  • 01.07.2023 – Agression d’Hédi
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Abdelkarim, 01.07.2023. Flingué – Marseille

Nuit du 30 juin au 1er juillet 2023 – Rue Saint-Ferréol, Marseille
22 ans. Atteint par un tir de LBD40, de Flasball ou de beanbags : éborgné
Dans le contexte des émeutes qui ont embrasé le pays après l’exécution de Nahel le 30 juin 2023…

Vers 00:50, Abdelkarim se tenait à l’écart des événements en allant chez un ami quand il a été atteint de plein fouet au visage par un tir de LBD ou de « beanbags« .

Il aurait été visé par un homme en noir depuis la tourelle d’un véhicule blindé, pouvant appartenir à celui utilisé par les troupes d’élite du Raid, mobilisées ce soir-là dans le centre-ville. Après avoir brièvement perdu connaissance et s’être traîné le visage en sang jusqu’à la rue Haxo, Abdelkarim  a été hospitalisé et opéré à plusieurs reprises.

Éborgné, il n’aurait que très peu de chance de retrouver l’usage de son œil gauche et souffre également d’une fracture du nez.

Abdelkarim a porté plainte avec constitution de partie civile contre X, contre le directeur du Raid Jean-Baptiste Dulion et contre le directeur général de la police nationale pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, commises en réunion, par personne dépositaire de l’autorité publique, avec usage d’une arme » et pour « tentative d’homicide volontaire« .

Daprès la plainte qu’a pu consulter Francetvinfo, il « est incontestable que le policier ayant tiré sur Abdelkarim visait sa tête […] Ainsi, le policier qui visait et tirait un LBD au niveau du visage d’Albedlkarim caractérisait bien son intention de le tuer« .

La plainte vise Jean-Baptiste Dulion, directeur du Raid : « En ordonnant le déploiement des membres du RAID et l’utilisation de LBD [il] se rend complice des infractions commises par les forces de l’ordre sous son contrôle« . De plus, « il est important de souligner le fait que le RAID est placé sous l’autorité directe du directeur général de la police nationale, monsieur Frédéric Veaux. Ainsi, ce dernier est responsable et complice des infractions commises par les forces de l’ordre sous son contrôle la nuit du 30 juin au 1er juillet à Marseille, comprenant les fonctionnaires du RAID ».

Son avocat Arié Halimi demande « le dessaisissement de tous les services d’enquête dépendant du directeur général de la police nationale, DGPN, et du ministère de l’Intérieur »,  estimant sur Twitter que « les propos tenus par le DGPN et le ministère de l’Intérieur ont définitivement corrompu l’intégralité des services de police du fait de la partialité affichée ».

L’enquête citoyenne

Selon Francetv info, la Ligue des droits de l’homme à Marseille a déclaré sur Twitter mener, avec d’autres collectifs marseillais, « une enquête citoyenne » pour faire la lumière sur la mort de Mohamed et les blessures de son cousin Abdelkarim. Mediapart raconte comment s’est déroulé, samedi, les investigations des collectifs : « Les volontaires passent plusieurs heures à sonder les commerçants et à sonner aux portes, espérant reconstituer le trajet de Mohamed la nuit de sa mort. Les voisins répondent volontiers mais n’ont pas vu grand-chose. Le pillage du magasin Speedway, la veille, les a plus marqués que cette nuit-là. M6 est déjà passé leur poser des questions, pas la police. »

Abdelkarim est le cousin de Mohamed Bendriss, le livreur Uber tué le lendemain par un tir de flashball. La plainte fait également mention de cet autre tir de LBD, le lendemain, cette fois concernant Mohamed : « Il est important de souligner que dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023, à Marseille, Mohamed décédait des suites du tir d’un lanceur de LBD au thorax lui provoquant un arrêt cardiaque« .

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
?Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
?Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 24.07.2023 – Audition d’Abdelkarim par l’IGPN
  • 24.07.2023 – Dépôt de plainte avec constitution de partie civile contre X, contre le directeur du Raid et contre le directeur général de la police nationale pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, commises en réunion, par personne dépositaire de l’autorité publique, avec usage d’une arme« , et pour « tentative d’homicide volontaire« 
  • 00.07.2023 – Ouverture d’une enquête pour « violence en réunion ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme« 
  • 01.07.2023 – Agression d’Abdelkarim
  • Avocat : Arié Halimi
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Mohamed Bendriss, 30.06.2023. Flingué – Marseille

Nuit du 30 juin au 1er juillet 2023 – Cours Lieutaud, Marseille
27 ans. Atteint par un tir de LBD40 : décédé
Dans le contexte des émeutes qui ont embrasé le pays après l’exécution de Nahel le 30 juin 2023…

Vers 22:00, Mohammed avait envoyé une dernière vidéo à ses proches : il filmait avec son portable des policiers en train d’arrêter un suspect rue Saint-Ferréol, et avait publié la vidéo sur le réseau social Snapchat. D’après sa tante, c’était 20 minutes avant sa mort..

Peu de temps après, le jeune homme à scooter est la cible d’un projectile. Le policier l’a-t-il visé parce qu’il venait de le filmer ?

Mohamed serait décédé vers 01.00 cours Lieutaud, à quelques rues des affrontements, devant l’immeuble de sa mère. Sa cousine Lina raconte :

« Un quart d’heure après, il allait chez sa mère, on le voit sur les vidéos de surveillance, sur son scooter. Il lâche une main pour tenir son thorax parce qu’il devait avoir mal. Il s’est précipité vers chez sa mère parce qu’elle habite au centre-ville, pour qu’elle appelle les pompiers ou pour qu’elle puisse le secourir. Et quand il est descendu de son scooter, il l’a garé, et il est tombé par terre.

C’est lors de son autopsie qu’a été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l’impact d’un tir de flash-ball ou de LBD40. « Les médecins constatent tout de suite deux impacts  »en cocarde » de 4,5 cm de diamètre, évocateurs d’un flash-ball », selon la journaliste de Mediapart qui a mené l’enquête.

D’après l’avocat de son cousin Abdelkarim (éborgné la veille), Me Arié Halimi :

« Mohamed a été atteint par au moins deux projectiles, un au niveau du cœur, un autre à la cuisse. La preuve qu’il était visé. Peut-être parce qu’il venait de filmer des interpellations policières. Ces images, les dernières qu’il a filmé avant de s’écrouler, ont été retrouvées« 

Le premier est situé à l’intérieur de la cuisse droite, le second sur le thorax, côté cœur. Selon l’autopsie, le choc sur le cœur « a probablement causé la crise cardiaque qui a emporté ce jeune homme sans antécédents médicaux ».

La version des flics

Deux jours après avoir indiqué qu’il était mort d’une crise cardiaque, le parquet de Marseille écrit, que « les éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par un tir de projectile de type « flash-ball »« .

Il était père d’un enfant de deux ans et sa femme était enceinte. Il n’était pas connu des services de police.

La version de la famille

Me Arié Halimi, avocat de la famille :

« Les articles de Mediapart et de Libération nous ont permis de comprendre que la hiérarchie du Raid avait connaissance de l’implication de ses fonctionnaires et avait monté une cellule de crise trois semaines avant qu’ils ne soient interrogés par l’IGPN. Il y a eu non dénonciation d’un crime pour leur permettre de se concerter et éventuellement de réduire leur responsabilité pénale. Ce sera à l’enquête de déterminer qui, au sein du Raid avait l’obligation de dénoncer et ne l’a pas fait.

Nous avons la certitude que la procureure a menti. Elle n’aurait pas dû faire ce communiqué évoquant la présence de Mohamed Bendriss un peu plus tôt, qui n’avait rien à voir avec les faits. Elle a aussi affirmé qu’il avait tenté de voler quelque chose, mais aucun élément du dossier ne permet de l’affirmer« 

La famille annonce déposer plainte fin août contre X, pour non dénonciation de crime visant la hiérarchie du Raid, et pour violation du secret de l’instruction et diffamation contre la procureure de Marseille Dominique Laurens.

Nour, la veuve de Mohamed :

« Il m’a laissé avec deux enfants. […] Je trouve que c’est pitoyable de tuer des gens, alors qu’ils ont des familles« , s’indigne. « Je suis sous le choc. J’ai ses habits dans l’armoire. Je n’y crois toujours pas. Là, j’attends. J’ai l’impression qu’il est en voyage et qu’il va revenir. Je n’arrive pas le faire rentrer dans ma tête, que mon mari est vraiment parti« .

Le 6 juillet, cité Bel Air, 200 personnes se sont réunies à partir de 18 heures, répondant à un appel d’une marche blanche en mémoire de Mohamed qui s’est muée en rassemblement.

Mohamed était le cousin d’Abdelkarim, éborgné le même soir par un tir de LBD40…

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
?Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
?Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 31.08.2023 – Dépôt de plaintes de la famille contre X, pour non dénonciation de crime visant la hiérarchie du Raid, et pour violation du secret de l’instruction et diffamation contre la procureure de Marseille Dominique Laurens
  • 08.08.2023 – Audition des 5 policiers par l’IGPN; fin de garde-à-vue pour 2 d’entre eux, maintien en garde-à-vue pour les 3 autres, mis en examen pour « violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner« 
  • 04.07.2023 – Ouverture par le Parquet de Marseille d’une information judiciaire pour « coups mortels » avec arme, confiée à l’IGPN
  • 01.07.2023 – Décès de Mohamed
  • 30.06.2023 – Agression de Mohamed
Catégories
Agressions

Mehdi, 29.06.2023. Flingué – Saint-Denis

Nuit du 29 juin 2023 – Saint-Denis
21 ans. Atteint par un tir de LBD40 : éborgné
Le 29 juin 2023, affrontements liés au décès de Nahel

Le père de Mehdi raconte :

« C’était la deuxième nuit de révolte. Ce soir-là, mon fils est parti avec un de ses amis à la Plaine Saint-Denis, près d’un parc, rue Jamin. Pas loin, il y avait des affrontements entre les jeunes et les policiers. Tout le monde courait et Mehdi a voulu rentrer, mais il s’est retrouvé seul face aux forces de l’ordre. Alors qu’il ne faisait rien, un des policiers l’a mis en joue et lui a tiré dessus au LBD. Ils n’ont pourtant pas le droit de viser le visage.

Mehdi a eu le réflexe d’enjamber la grille de l’école pour se protéger des policiers. Les policiers ne l’ont même pas secouru.

La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est son cerveau. Et la deuxième, c’est de me dire que tout cela était de ma faute. Il a été opéré à 17 heures. Son œil a été retiré et on avait peur que le cerveau soit touché, mais ce n’est pas le cas.

Je lui ai demandé d’être transparent et de me dire ce qu’il avait fait exactement. Il m’a répété qu’il n’avait rien fait et rien lancé contre les policiers. Et quoi qu’il en soit, est-ce normal de perdre un œil pour des jeunes qui ont manifesté leur colère contre l’injustice et les violences policières ?

J’aurais dû quitter la cité pour que mon fils grandisse ailleurs. Je vis un drame avec mon fils, mais je tiens à vous dire combien c’est violent d’être jugé en tant que parent. »

Sur le compte rendu d’hospitalisation daté du 30 juin, les médecins constatent « un traumatisme maxillo-facial par flash-ball » et « l’éclatement du globe oculaire droit avec une fracture du plancher de l’orbite passant par le canal intra-orbitaire ». Mehdi perdra l’usage de son oeil.

Selon Rachid, le père de Mehdi, les relations entre policiers et jeunes se résument en deux mots : « harcèlement et racisme ». À 14 ans, son fils a « été violemment interpellé sans motif par des policiers de la BAC. Il les vouvoyait alors qu’ils l’insultaient, un voisin a dû s’interposer pour défendre Mehdi ». Depuis ce jour, les relations avec les policiers se seraient dégradées. 

« Mehdi s’est endurci à force de se prendre des coups par la police », déplore encore Rachid, qui énumère les contrôles subis par son fils, jusqu’à cette garde à vue au cours de laquelle Mehdi « s’est fait tabasser en cellule ». « Il n’y a rien de constructif ni de pédagogique dans les pratiques et le comportement des policiers, au contraire, ils provoquent les jeunes et alimentent leur méfiance. »

Il y a deux ans, en avril 2021, Mehdi avait vécu un autre drame : la perte de son meilleur ami, Yanis, 20 ans. Au cours d’une course-poursuite avec les policiers, le jeune homme avait percuté avec son scooter un véhicule sur l’autoroute. Après plusieurs semaines dans le coma, Yanis a finalement succombé à ses blessures.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
XUsage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 20.07.2023 – OUverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Bobigny, confiée à l’IGPN
  • 17.07.2023 – Dépôt de plainte par Mehdi
  • 30.06.2023 – Compte-rendu d’hoospitalisation
  • 29.06.2023 – Agression de Mehdi
Catégories
Agressions

Aimène Bahouh, 29.06.2023. Flingué – Mont-Saint-Martin

Nuit du 29 au 30 juin 2023 – Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle)
25 ans. Atteint à la tempe gauche par un tir de Bean Bags : placé dans un coma artificiel, il s’est réveillé le 25 juillet « avec pas mal de séquelles« 
Nuit du 29 au 30 juin 2023, dans le contexte des affrontements qui ont embrasé le pays après la mort de Nahel

La nuit des faits, la ville de 10 000 habitants était en proie aux émeutes. Le préfet de Meurthe-et-Moselle avait choisi de déployer une unité du Raid dans le quartier du Val, où vivent les Bahouh.

Le frère d’Aimène, Rochdi :

« Mon frère a fini le travail vers 22 h. Il est employé comme agent de sécurité à Luxembourg-Ville. Une heure plus tard, il était à la maison. Il a passé la soirée là, à discuter avec un voisin et deux jeunes du quartier. Un peu avant 1 h, lui et les deux jeunes ont décidé d’aller chercher de la boisson et un sandwich dans une station ouverte toute la nuit, à Rodange (Luxembourg), juste à côté. »

Aimène, se déplaçait en voiture, vitre ouverte. Deux rues plus loin, il est blessé à la tempe gauche par un projectile. « Pas une balle de LBD », d’après l’un des amis : sur son smartphone, il montre une vidéo d’un sachet ensanglanté contenant de petites billes, recueilli dans une casquette. Un des types de munitions ayant été tirés à Mont-Saint-Martin par le RAID

Aimène est opéré « pendant près de six heures » à l’hôpital d’Arlon, ville belge voisine, les émeutes et les mauvaises conditions météorologiques cette nuit-là n’ayant pas permis son transfert par hélicoptère au CHRU de Nancy. Il est placé dans un coma artificiel, dont il ne se réveillera que le 25 juillet…

D’autres personnes ont également été blessées plus légèrement par des tirs selon des témoignages obtenus par l’AFP, confirmés par le parquet.

La version de la police

Le policier identifié soupçonné d’être l’auteur du tir se souvient d’avoir visé un véhicule « de couleur claire » qui se trouvait rue de Marseille, avec à son bord des « individus cagoulés », dont l’un des occupants s’apprêtait à allumer un mortier. Mais cette voiture ne correspond pas à celle que conduisait Aimène.

Catherine Galen, procureure de la République de Val de Briey :

« Le fait que le jeune homme soit victime d’un tir du Raid est une version plausible et reste la piste privilégiée. Mais pour le moment, nous n’arrivons pas à restituer et comprendre les circonstances de tout cela. Et donc à confirmer formellement cette hypothèse, d’autant que nous n’avons pas de retour sur les éléments médico-légaux.

Les fonctionnaires du Raid sont intervenus dans un cas de violences urbaines en étant pris pour cible par des caillassages, des tirs de mortiers, provenant d’attroupements de piétons et de véhicules passant et repassant devant eux. Ils ont, à plusieurs reprises, fait usage de leurs armes dites intermédiaires (ou « non létales », N.D.L.R.) […] Il nous manque des éléments pour savoir s’il s’agit d’un tir volontaire ou d’une balle perdue, etc.

Rien dans la procédure ne laisse à penser qu’il s’agit d’une intervention dans le cadre d’un refus d’obtempérer. Nous sommes dans un contexte bien différent de Nanterre.

« Est-ce une balle perdue ou un tir parce qu’on soupçonne des auteurs de violences urbaines, cela reste à déterminer. On est sur une scène de nuit, avec de nombreux tirs, des jets de lacrymo, des mortiers, ça reste confus. À la fin de son intervention, le Raid ne savait pas qu’il y avait une victime grave. »

La Procureure a confirmé qu’Aimène n’était pas connu de la justice. Saisi pour les besoins de l’enquête, le véhicule dont les sièges étaient tachés de sang, ne contenait aucun objet pouvant laisser supposer qu’il faisait partie des émeutiers.

La famille « rejette tout amalgame entre Aimène et les émeutiers. C’est quelqu’un qui travaille, il fait 40 heures par semaine en tant qu’agent de sécurité au Luxembourg, ce n’est pas du tout un délinquant ».

Le parquet du Val-de-Briey s’est dessaisi vu la « complexité des faits », au profit de celui de Nancy et une information judiciaire a été ouverte. Selon les conclusions du premier rapport de l’IGPN, dont Le Monde a eu connaissance, les éléments recueillis n’ont pas pu « éclair[er] précisément ni sur les circonstances des faits ayant conduit à la grave blessure de M. Bahouh ni sur les conditions légales d’usage de l’arme par le policier ».

Dans un courrier au procureur de Nancy début août, Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la mère d’Aimène, demande le dépaysement de l’affaire, ce qu’il justifie notamment par le refus des juges d’instruction de lui donner accès au dossier :

« L’agent du RAID ayant procédé au tir a nécessairement été identifié à ce jour par l’inspection générale de la police nationale or, à notre connaissance, il n’a toujours pas été mis en examen.

Le refus des magistrats instructeurs d’instruire ce dossier et de communiquer aux parties civiles les éléments du dossier démontre une hostilité qui ne peut s’expliquer que par un souci de protection du fonctionnaire de police qui a commis une infraction extrêmement grave ».

L’usage de « Bean bags« 

Selon une étude de l’Université du Texas publiée en septembre 2020 par le New England Journal of Medecine, les « beanbags », sont des munitions « censées être moins létales et qui ne devraient pas causer de blessures pénétrantes lorsqu’elles sont utilisées à des distances appropriées », elles « peuvent causer des dommages graves et ne sont pas appropriées pour une utilisation dans le contrôle des foules ».

Paul Rocher, universitaire auteur de « Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non létale » explique à l’AFP :

« Il existe un risque de mort inhérent à l’usage de ces armes. Le caractère soi-disant non létal de l’arme incite à une utilisation moins prudente et plus abondante, rendant ces munitions plus dangereuses que par exemple les balles en caoutchouc ».

« Quand j’ai appris ça le samedi matin à mon réveil, je n’arrivais pas à y croire. Je ne savais pas qui appeler pour avoir de ses nouvelles. Pourquoi Aimène ? C’est injuste », explique un collègue de son équipe avec qui il avait pris l’habitude de covoiturer. « C’est un super mec, gentil, sérieux et investi dans son travail. Il avait annulé ses vacances pour faire un remplacement. Il voulait absolument décrocher son CDI ».

Dès l’annonce de l’incident, c’est aussi tout un quartier qui a été bouleversé. Le jeune homme à la carrure imposante est connu pour sa jovialité et est unanimement décrit comme un jeune sans histoire. « J’ai vécu ça comme un coup de massue. Je ne l’ai jamais vu sans son sourire, alors l’imaginer couché sur un lit d’hôpital, ça me fait très mal » explique Thiébaut, un ami de longue date.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Pare-chocage (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
XUsage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 01.08.2023 – Demande de dépaysement de l’information judiciaire vers une autre juridiction par l’avocat de la famille.
  • 06.07.2023 – Plainte pour « violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique ».
  • 00.07.2023 – Désaisissement du parquet de Val-de-Briey, au profit de celui de Nancy
  • 30.06.2023 – Ouverture d’une enquête pour “fait de violence volontaire” confiée à l’IGPN de Metz par Catherine Galen, procureure de la République au tribunal judiciaire de Val-de-Briey
  • 29.06.2023 – Agression sur Aimène. Transfert à l’hôpital d’Arlon, 6 heures de chirurgie et coma artificiel