Entre 18 et 30 ans. GAVés 22 heures, poursuivis et condamnés pour un drapeau palestinien sur le Tour de France
Muselage des voix pro-Palestine sur le Tour de France 2025
Lisa :
“C’est juste ici qu’on s’est faits interpeller, puis garder à vue pendant 22 heures pour avoir accroché un drapeau de la Palestine sur un bandeau de signalisation sur le parcours du Tour de France.
Les policier nous ont vus nous ont vus avec un drapeau de la Palestine, on les a vus annoncer quelque chose au talkie-walkie, j’imagine à leurs supérieurs. Juste en face, il y avait un drapeau des États-Unis, mais visiblement il n’a pas posé problème aux policiers.
Ils m’ont poussé vers la porte, ils m’ont mis les mains dans le dos avec l’usage de la force pour me menotter.
On nous a pris nos ADN, nos empreintes et ils ont pris des photos de nous sans jamais nous dire qu’on avait le droit de refuser.
La question palestinienne, c’est un vrai baromètre du niveau et de l’état des lieux de la liberté d’expression et de toutes les libertés individuelles en France. On voit bien que juste en affichant un drapeau de la Palestine dans une compétition sportive où elle a été empêchée de concourir, on peut être mis en garde à vue, interpelés.“
Lyes :
“En arrivant au commissariat, dans les 10 secondes qui ont suivi mon arrivée, j’ai entendu les policiers bien parler du motif pour lequel j’étais là, et ils ont crié “Palestine, Palestine, va te faire enculer, Palestine”, mot pour mot.
D‘abord on m’a accusé d’avoir mis une droite à un policier, ensuite ç’a été violences en réunion contre personne dépositaire de l’autorité publique. Au final on m’annonce un stage de citoyenneté de deux jours. pour ces mêmes faits.
Juste avant que notre avocate vienne nous voir bien entendu.
Tout procès-verbal qui a été rédigé pendant la garde à vue, on nous l’a jamais présenté avant de le signer, parce qu’ils ne pouvaient pas tourner leur ordinateur.
Moi j’ai une question à poser aux autorités : reconnaître la Palestine, mais avec quel drapeau du coup, si on n’a même pas le droit d’arborer ce drapeau-là ?“
Violences physiques
X
Arrestation
X
Détention
X
Bousculade / projection
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
Clés aux bras douloureuses
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Sévices sexuels
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Expulsion
Disparition
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion
X
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d’obtempérer
X
Agressivité, manque de respect, insultes
X
Intimidation, chantage, menaces
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
X
Obstacle à la prise d’images
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Position inconfortable prolongée
Non-assistance à personne en danger
X
Prise de photos, empreintes, ADN
Menace avec une arme de poing
Tir dans le dos
Charge sans avertissement
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Course-poursuite
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Intervention dans un lieu privé
Problèmes de santé mentale
Harcèlement
Fouille
Perquisition
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
X
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
X
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Complaisance des médecins
28.07.2025 – Fin de GAV; condamnation à un stage de citoyenneté de 2 jours à effectuer en octobre
27.07.2025 – Agression, arrestation et début de GAV pour Lisa et Lyes
18 juin 2025, siège d’Exxelia Technologies, 93, rue Oberkampf – Paris XI
Journaliste. Arrêtée, détenue 32 heures en GAV, renouvelée après son refus de déverrouiller son téléphone et donner son ADN
Manifestation devant le siège du marchand d’armes Exxelia technologies contre la vente d’armes à Israël
Parmi les 7 personnes arrêtées puis placées en garde à vue, une journaliste du média en ligne Blast, qui couvrait l’évènement :
« Dans le cadre d’une enquête sur les ventes d’armes en Israël, notre reporter couvrait une manifestation menée au siège de l’entreprise d’armement Exxelia, visée par une plainte pour complicité de crimes de guerre et homicide ».
Une heure après l’annonce de la garde à vue de sa journaliste, Blast a informé de la prolongation de celle-ci, indiquant être « stupéfait ». D’autant que la décision avait été prise « suite à son refus de communiquer les codes de son téléphone, saisi par les policiers, afin de protéger ses sources .C’estune atteinte grave et injustifiable à la liberté d’informer » et demande « sa libération immédiate. Une journaliste de Blast dort derrière les barreaux notre reporter a commis l’irréparable : elle exerçait son métier. C’est en France, aujourd’hui, cette nuit »
Le parquet invoque « des faits de participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et dégradations volontaires en réunion, à la suite de l’introduction sur le site de l’entreprise Exxelia ».« Le portail étant déjà dégradé (à cause) d’un précédent attroupement », les manifestants « ont réussi à s’introduire dans le site de l’entreprise et ont causé des dégradations et des tags dans les parties communes »
La GAV de la journaliste a été prolongée après son refus de déverrouiller son téléphone et de donner son ADN.
Violences physiques
Bousculade / projection
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
“Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Sévices sexuels
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d’obtempérer
Menace avec une arme de poing
Charge sans avertissement
Course-poursuite
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
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22 février 2023 – Commissariat de Pontault-Combault
Entre 31 et 50 ans. Violée à deux reprises : traumatisée
Armandina Bakutu Pena, une Angolaise sans papiers, accuse le gardien de la paix Jean-Pierre D. qui a enregistré sa plainte pour violences conjugales, de l’avoir violée à deux reprises à l’hiver 2023 au commissariat.
Ce 22 février 2023, son conjoint, qu’elle accuse de l’avoir frappée par le passé, la menace. Elle appelle la police. Les agents lui disent d’aller porter plainte, ce qu’elle fait. Jean-Pierre D., 55 ans, la reçoit dans son bureau du commissariat de Pontault-Combault, à quelques kilomètres de chez elle, et ferme la porte. Àla fin de l’audition, il lui demande une relation sexuelle ; elle refuse. Mais le policier la viole dans son bureau, fermé à clef, du commissariat.
La vie de cette ancienne commerçante angolaise est recroquevillée dans son petit appartement d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), qu’elle occupe avec son conjoint électricien et ses trois enfants, nés en France. Faute d’avoir pu obtenir une carte de séjour, elle reste là « du matin au soir », assignée aux tâches domestiques. « C’est comme si j’étais en prison »t. Depuis peu, elle évite même les rues de cette commune qu’elle arpente depuis deux décennies. « Ici, je ne me sens pas en sécurité. ». « Traumatisée », elle espère déménager «pour reprendre [sa] vie». « Dès que je vois une voiture de police, je sens de mauvaises sensations. Là où je croyais être protégée, ce fut ma mort. »…
Justice et Lumière pour Armandina !
Violences physiques
Arrestation
Détention
Bousculade / projection
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
Clés aux bras douloureuses
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
X
Sévices sexuels
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Disparition
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d’obtempérer
Agressivité, manque de respect, insultes
Intimidation, chantage, menaces
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Position inconfortable prolongée
Non-assistance à personne en danger
Prise de photos, empreintes, ADN
Menace avec une arme de poing
Tir dans le dos
Charge sans avertissement
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Course-poursuite
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Intervention dans un lieu privé
Problèmes de santé mentale
Harcèlement
Fouille
Perquisition
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
21 ans. Exécutée d’une balle dans la tête : décédée
Rayana et sa copine Inès, 21 ans toutes les deux, décident de sortir en after à Pigalle vers 10:00 du matin. Elles acceptent que deux hommes, Mohamed B. et Ibrahima, rencontrés quelques heures plus tôt, en soirée, les emmènent en voiture. Elles sont assises à l’arrière. Quand la voiture est arrivée au niveau de Clignancourt, trois véloflics de la Brigade territoriale de contact (BTC)toquent à la vitre du conducteur parce qu’il n’a pas sa ceinture de sécurité. Mohamed M., le conducteur ne baisse pas sa vitre, se soustrait au contrôle, avant d’être bloqué quelques mètres plus loin sur une voie de bus, comme le montre une vidéo versée au dossier que la famille a pu visionner. La voiture a fini sa course en percutant une camionnette blanche. Après, les versions divergent…
Touchée d’au moins une balle dans la tête, Rayana est décédée à La Salpêtrière le lendemain, dimanche 5 juin, des suites de ses blessures. Elle ne pourra pas être opérée car elle a été touchée au cerveau. Mohamed M., 38 ans, sans permis, a été blessé par balles au thorax par Thomas B., le policier. tireur.
La version de la police
L’enquête sur les responsabilités des policiers a été confiée à l’IGPN.
Mohamed M. a été placé en garde à vue pour “tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique” et “refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger d’autrui“.
Une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, pour “retracer avec précision le déroulement des faits et de déterminer les circonstances exactes d’usage de leur arme par les policiers“, a expliqué la procureure de la République de Paris.
Les policiers sont ressortis libres de leur 48 heures de garde à vue. Ils n’ont alors été soumis à aucun contrôle judiciaire, ni à aucune interdiction d’exercer leur métier, ni de porter une arme, ni mis en examen. Ils avaient expliqué avoir agi dans le cadre légal face à un homme qui les visait avec sa voiture, et donc était dangereux pour eux et les passants. Une version contestée.
Onze mois plus tard, ces trois fonctionnairesn’ont toujours pas été auditionnés par le juge d’instruction. Les résultats de l’expertise balistique ne figurent toujours pas au dossier.
L’avocat des trois fonctionnaires, Laurent-Franck Liénard : selon lui, le témoignage de la passagère « n’est pas conforme aux éléments objectifs du dossier » et notamment à l’enregistrement d’une vidéo versée à ce même dossier.
Quand l’affaire est relayée par les médias, le débat porte rapidement sur le comportement du chauffeur, Mohamed M., qui s’est soustrait au contrôle policier. Rayana, la victime, est réduite au rang de « femme objet », selon son cousin Bilal :
« Ma cousine a été résumée à un décor, pas plus qu’un mobilier urbain. On nous a fait comprendre que c’était un dommage collatéral.
Nous n’avons pas parlé au début de l’affaire, en partie parce que les débats n’ont jamais porté sur Rayana. On n’avait pas la place pour parler du fond. »
La version des témoins et de la famille
Inès raconte les deux femmes ont supplié le Mohamed M. de s’arrêter (“Laisse-nous sortir, au secours, on veut descendre !“) mais qu’il leur a répondu qu’il n’avait pas le permis.
“Trois policiers à vélo ont toqué à la vitre du conducteur parce qu’il ne portait pas sa ceinture de sécurité. Il n’a pas voulu baisser sa vitre. Il a accéléré et s’est arrêté 30, 40 mètres plus loin à cause de la circulation […]. Quand on lui dit de s’arrêter, il nous répond qu’il n’a pas le permis. Il est un peu paniqué, un peu stressé et je vois deux policiers se mettre au niveau des vitres devant. On lui a dit ‘Abandonne la voiture, laisse-nous, c’est entre toi et eux, nous, on est des victimes’. On lui a dit ‘Il faut que vraiment tu nous laisses’.
Tout est allé très vite. Je n’ai même pas entendu ‘Sortez de la voiture‘ ou ‘Mains en l’air’. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. La scène était très violente.”
Deux policiers étaient au niveau des vitres devant nous. (…) Je n’ai même pas entendu sortez de la voiture ou mains en l’air. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. Le conducteur n’a même pas eu le temps d’enlever les mains du volant. On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Les coups de feu et la voiture qui repart, ça se passe en même temps. Ils ont dû tirer une dizaine de coups de feu, ça a duré longtemps.
Ils nous ont laissés plus de 3 heures en plein soleil devant la foule. On nous a pas laissé voir de médecin.”
Inès ne comprend pas pourquoi Rayana ne réagit pas, elle pense que son amie s’est évanouie. La jeune femme a en fait reçu une balle dans la tête.
“Son corps était lâche. C’est là que j’ai vu son cou rempli de sang. Je n’ai même pas eu le temps de bien réaliser et de la prendre dans mes bras.
La police est arrivée derrière nous. Ils nous ont braqués en disant : ‘Mains en l’air, mains sur la tête’, ce qu’ils auraient dû dire la première fois pour nous laisser une chance, peut-être, de sortir. Ils auraient pu essayer de nous protéger et d’arrêter le conducteur.
La personne est en tort, mais ils n’étaient pas obligés de tirer directement. En venir à tirer sur quelqu’un, surtout lui tirer dans la tête, c’est en dernier recours.
Il était 10h:0 en plein Paris. Il y avait d’autres gens dans la rue, des enfants notamment. Un enfant, une mère de famille, n’importe qui aurait pu prendre une balle perdue. Les policiers n’ont pas pensé à ça. Ils n’ont juste pas su garder la tête froide. Ils ont perdu le contrôle.
Pour l’instant, les policiers sont sortis, c’est comme ça. On ne peut pas faire autrement. Il y aura une enquête qui sera faite. On n’a pas le choix. On ne peut pas faire justice nous-mêmes. On ne peut pas aller dénigrer les gens, ça se réglera dans un tribunal. On est là pour Rayana et c’est pour elle qu’on se bat”
La mère de Rayana :
“Depuis le décès de mon enfant, j’attends que son dossier en justice avance, mais il n’avance pas. Aucune convocation de personne malgré la promesse des juges. Je demande justice dans un pays de justice. Ma fille avait, elle aussi, confiance dans les institutions de notre pays. Peu de temps avant sa mort, elle allait aux meetings d’Emmanuel Macron. C’était une jeune fille qui s’intéressait aux choses politiques, qui aimait son pays et était fière d’être française, fière d’être liée à ce pays de loi.
Dans notre famille, on respecte la police, mais les policiers que mon enfant a croisés ce matin-là, je ne les comprends pas. Ma fille était passagère, n’avait rien fait, et au lieu de la protéger, ils ont tiré sur elle. C’est cette réalité-là qui me fait si mal.
Je vis ici à Paris. Alors, forcément, je me dis que si ça se trouve, je peux les croiser, que la personne qui a tiré mortellement sur ma fille est peut-être toujours sur le terrain… Souvent, j’y pense, je me demande s’il ou elle est lui-même un papa ou une maman. S’il ou elle a conscience d’avoir enlevé la vie de mon enfant. S’il ou elle travaille en uniforme, porte son arme
Si la balle qui a tué ma fille avait été tirée par un civil et non un policier, le travail d’enquête avancerait-il plus vite ? La justice y mettrait-elle plus de moyens ?
On était fusionnelles. Ce jour-là, je suis morte en même temps. Je n’ai reçu aucunes condoléances ou aucune excuse officielle de l’autorité policière. Tout le monde se souciait du sort des policiers mais personne n’avait l’air de s’intéresser à la mort d’une jeune fille de 21 ans; [elle n’était] pas un gangster.”
Florian Lastelle, l’avocat de la famille :
“Des témoignages, des vidéos doivent être sérieusement examinés dans ce dossier. Les policiers n’ont pas été auditionnés et donc n’ont pas été confrontés aux éléments à charge qui pourraient largement justifier des mises en examen. C’est incompréhensible avec les mois qui passent. Lorsque des policiers font des fautes, il faut les constater. Et j’ai le sentiment – et j’espère que ce n’est que mon sentiment – qu’aujourd’hui, on a dans cette affaire des policiers qui protègent d’autres policiers.
Ce conducteur n’a pas tenté de foncer sur les policiers et rien ne peut justifier, expliquer la rafale de neuf balles tirées en plein jour un samedi dans un secteur fréquenté, par des familles notamment.”
La version de la Justice (?)
La famille de Rayana a décidé de porte plainte contre le conducteur du véhicule, soupçonné d’avoir refusé d’obtempérer et grièvement blessé par les tirs de la police.
Sylvie Noachovitch, avocate de la famille :
“La famille de Rayana va déposer plainte dès ce jour contre le conducteur du chef d’homicide involontaire, car en refusant d’obtempérer, alors que les passagers le suppliaient de s’arrêter, il a commis une violation délibérée aux règles de prudence et de sécurité et a causé la mort de cette jeune fille.”
Une autre plainte contre X visant indirectement les policiers va aussi être déposée :
“La famille va également déposer plainte contre X pour violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner et pour homicide involontaire également. il n’y avait plus de danger au moment du tir et la légitime défense ne peut donc pas être invoquée par les policiers. On ne comprend pas pourquoi on a tiré dix coups de feu devant la passagère, pourquoi elle s’est retrouvée avec une balle dans la tête. À en croire la version des témoins, il n’y avait plus de danger pour la vie des policiers au moment des tirs. Ils ne peuvent pas invoquer la légitime défense.”
Le 5 mai, les juges d’instruction rendent une ordonnance de non-lieu : les 3 flics ne seront pas jugés. les tirs des fonctionnaires de police « étaient absolument nécessaires et strictement proportionnés au regard de la situation créée » par le conducteur, « du fait de ses multiples refus d’obtempérer, de sa détermination à se soustraire aux contrôles, du danger objectif qu’il représentait pour les autres usagers de la route (…) et de la menace légitimement perçue par les fonctionnaires de police pour leur vie ». Une ordonnance très sommaire selon Florian Lastelle, dans laquelle Rayana « n’est même pas mentionnée ».
La famille, persuadée que la trajectoire du tir qui touche Rayana prouve l’intention d’homicide, a fait appel du non-lieu et a lancé une cagnotte pour faire face aux frais judiciaires. « La juge qui a requis le non-lieu, je ne l’ai jamais vue », souffle Nora, la mère de Rayana. En trois années, trois magistrats se sont succédés dans cette affaire. Jusqu’à cette dernière, qui a clos le dossier en quelques mois.
« Ce sont les larmes de Rayana», imagine Aïcha, sa tante, en regardant le ciel. « C’était pourtant notre rayon de soleil. Quand elle rentrait dans une pièce, tout s’illuminait », raconte Halima, 35 ans, sœur de la victime, qui l’a vu grandir « sur ses genoux ». « Elle mettait des perruques et voulait absolument nous faire sourire. On nous a privés de ça. »
Rayana fait partie des 35 victimes tuées suite à l’élargissement des conditions d’utilisation des armes à feu en cas de refus d’obtempérer entre 2017 et 2022, l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure.
Justice et Lumière pour Rayana et les siens !
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
“Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
X
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
05.05.2025 – Ordonnance de non-lieu des juges d’instruction
00.06.2022 – Ouverture d’une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, confiée à l’IGPN
07.06.2022 – Fin de GAV pour les 3 policiers, aucune mesure de contrainte ou de suspension ou de port d’arme
05.06.2022 – Décès de Rayana
04.06.2022 – Agression de Rayana et Mohamed M.; placement en GAV des 3 policiers
🔴 TEMOIGNAGE. "On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Tout cela s'est passé en même temps", raconte Inès, passagère rescapée, amie de Rayana, qui est décédée. “Ils nous ont laissés plus de 3h en plein soleil devant la foule. On nous a pas laissé voir de médecin.” pic.twitter.com/2HE1r8qohM
43 ans. Étranglement, coups de pied dans les tibias, une nuit de garde à vue
Sans le vouloir, Leila tombe sur une scène d’agression, rue Legendre, dans le XVIIème arrondissement de Paris, la nuit vers 22:00. Elle voit une femme gisant au sol entourée de ses agresseurs. La scène a attiré tout le voisinage au balcon. Aussitôt, elle appelle le 17. Les policiers en civil, brassard police en vue, arrivent dans une voiture banalisée sur les lieux. Ensuite, ils isolent les agresseurs et les témoins. Dans la foulée, l’un des agresseurs hèle Leila, depuis le trottoir et lui ordonne à plusieurs reprises de se taire : « Toi là-bas, t’as rien vu, tu dis rien« .
Elle décide de prévenir le policier Florian G., membre de la BAC du 17ème, de cette tentative d’intimidation. C’est alors que tout se complique:
Sur procès-verbal, Florian G. la décrit comme une jeune femme « excitée » en train de « vociférer » à laquelle il intimerait l’ordre de reculer. « Je vois qu’elle refuse de s’exécuter, j’essaie alors de l’accompagner avec le bras au niveau du trottoir d’en face […] Je décide alors de saisir son manteau avec ma main gauche au niveau de son épaule droite et je la repousse calmement vers le trottoir, sans force« . Selon lui, elle lui aurait retourné le pouce « très sèchement et très violemment« , à tel point qu’il « a dû porter un coup« , ce que confirme son collègue Fabrice I. Le flic dépose plainte pour violences volontaires.
Leila passe la nuit en garde à vue. Mais une vidéo de la scène filmée par un riverain, sept témoignages directs, les certificats médicaux, tous versés au dossier contredisent la version des deux policiers.
Dans cette vidéo publiée sur Marianne, l’on voit Florian G., barbe touffue et casquette sur la tête, agripper la gorge de Leila, l’étrangler, la repousser jusqu’au trottoir avant de la plaquer contre un mur. Elle crie et lui saisit la main. Au milieu de la séquence, le policier lui assène un coup de pied dans le tibia. Les cris de Leila sont distinctement audibles dans la vidéo : « Lâchez-moi, ça va pas ou quoi ?« , hurle-t-elle.
Des témoins : « Elle n’opposait aucune résistance et criait “Je ne vous ai rien fait, c’est moi qui vous ai appelés”, puis à plusieurs reprises “lâchez-moi, vous me faites mal » »; « La dame avait le visage choqué, elle n’avait rien fait, elle demandait au policier pourquoi elle se faisait agresser« ; « J’ai vu parfaitement – j’étais à un mètre de distance – comment il l’a lâchée et lui a ensuite mis un coup de pied très fort sur les jambes.«
Au tribunal de Paris le 4 juin 2020, Leila répète : « Je ne comprends pas ce que je fais là », et finit en larmes : « J’étais témoin d’une agression, je me suis retrouvée victime, et maintenant je suis accusée. la présidente de la 28ème chambre correctionnelle, Agnès Herzog, a déclaré que Leila :
« Leila N. tenté courageusement d’enjoindre l’agresseur à cesser de porter des coups à la victime au sol« . Si elle a « tordu le pouce gauche » du policier, c’était pour « mettre fin à sa sensation d’étouffement » infligée par le gardien de la paix, et non pour « porter atteinte à son intégrité physique« , conclut la juge. Pour sa part, l’avocat de LeilaDavid Curiel a accusé l’agent de la BAC d’avoir « travesti la réalité » sur procès-verbal.
« Sans la vidéo, j’aurais été condamnée…« , soupire Leila.
Violences physiques
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
X
Étranglement
X
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
“Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
X
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
X
Intimidation ou arrestation des témoins
X
Obstacle à la prise d’images
X
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
04.06.2020 – Relaxe de la prévenue par la 28e chambre correctionnelle du tribunal de Paris
08.2019 – Dépôt de plainte contre Leila pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique
18 ans. Triple fracture de la mâchoire et 2 dents cassées par un tir de flash-ball : 45 jours d’ITT et un trauma psychologique
Manif anti-G7, en marge de la visite du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian
Le 18 décembre, la ville est sous haute surveillance. Lola n’est pas une habituée des manifestations mais ce jour-là, l’étudiante à l’école d’art de Bayonne rejoint des amis dans le centre de Biarritz. Une mobilisation contre le G7 qui doit se tenir à la fin de l’été dans la station balnéaire a, en parallèle, été lancée à l’appel de diverses organisations. En début d’après-midi, les forces de l’ordre essaient de disperser les regroupements de populations.
“Il est 14 heures, je voulais faire un petit doc pour l’école, je suis debout sur un banc devant la grande plage, je filme d’abord le large puis je me retourne côté promenade où se trouvent des manifestants et des policiers. J’ai l’œil dans le viseur et je suis dos à l’hôtel du Palais quand subitement un projectile allant à 300 km/h m’atteint à la bouche. Rien qu’au bruit, j’ai toute de suite compris que c’était un tir de LBD et vu la violence, j’ai su que c’était une arme qui venait de me frapper. Le tir m’a atteint à la bouche, j’étais en sang. Un street médic m’a aidée et heureusement aussitôt un camion de pompier est passé ; j’ai été conduite à la clinique d’Aguiléra où un stomato a effectué les premiers soins.”
Le projectile a touché le bas de sa joue. Le diagnostic est fait : une triple fracture de la mâchoire, la commissure de la lèvre est déchirée, une dent arrachée, les autres sont branlantes. Lola est hospitalisée et opérée, on lui met des plaques.
Aujourd’hui, les séquelles physiques de Lola commencent à s’estomper, même si elle a toujours une fragilité de la mâchoire, elle n’a pas de handicap. En revanche elle garde un traumatisme psychologique qui s’effacera difficilement. Certes, Lola était engagée pour la cause écologique mais de façon pacifiste. Jamais, elle n’avait imaginé que sur ce territoire où elle a grandi, sa vie pouvait basculer aussi brutalement juste pour avoir était là. Là, dans une ville qui accueillait des autorités politiques mais où des altermondialistes, entre autres, venaient exprimer leur liberté de penser.
“L’enquête a été ouverte. C’est un policier de la BAC de Bordeaux qui a tiré à 10 ou 20 mètres. Avec mon avocate nous avons déposé une plainte. Le procès a lieu au tribunal de Bayonne. C’est assez exceptionnel. La justice va pouvoir faire son travail.
Forcément, lorsque l’on voit autant de personnes qui restent sur le carreau, depuis des années par rapport aux violences policières […] d’avoir le nom d’un policier en particulier, et de pouvoir le “traîner en justice”, c’est exceptionnel. Je ne sais pas si l’on pourra prouver l’intentionnalité, ou non, des faits, mais au moins, la justice va pouvoir faire son travail.
J’espère que le contexte va permettre une prise de conscience. Interdire le LBD notamment. Lors de mon procès, de nombreux amis vont venir me soutenir. Je ne serai pas seule. Eux aussi attendent des réponses. Des décisions de la part de la justice.
Il faut que tous les mutilés des manifestations aient accès à la justice. La France est pointée du doigt par l’Europe. Il ne faut plus que des gens soient mutilés pour l’exemple. Il n’est pas normal qu’en 2021 on essaie d’intimider des gens pour qu’ils aient peur d’aller manifester; en fait tout cela est bien orchestré. C’est fait pour l’exemple, pour montrer à d’autres que si jamais ils ne se calment pas, si jamais ils vont manifester et bien ils vont perdre un œil, une main ou être choqué à vie.
Il faut revoir le système de maintien de l’ordre dans les manifestations et les armes qui sont utilisées. Je participais d’ailleurs ce samedi après-midi à une manifestation contre les violences policières, à Metz.. J’espère que le procès va mettre fin aux techniques actuelles de maintien de l’ordre et remettre l’État français face à ses responsabilités.”
Son avocate Sophie Bussière :
“On parle de nouveau des problèmes liés au maintien de l’ordre. Dans un contexte où il y a beaucoup de blessés dans certaines manifestations dernièrement avec très peu de poursuites. Ce procès sera peut-être l’occasion d’évoquer toutes ces violences.”
Poursuivi pour « violences involontaires », le policier tireur de la brigade anticriminalité (BAC) Sébastien M. a reconnu les faits et admis une « blessure par imprudence » le 26 juin 2020, dans le cadre d’une « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » (CRPC), une procédure qui permet d’accepter une condamnation pénale tout en évitant un procès. Le policier a accepté cette peine proposée par le parquet de Bayonne et homologuée dans la foulée par un juge du tribunal en audience publique. Il est condamné à 90 jours-amende à 15 euros, soit un total de 1.350 euros, avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement.
Cicatrice barrant le bas du visage, Lola a confié se sentir « un peu mieux, soulagée » à la sortie de l’audience. « J’ai eu la chance qu’on retrouve mon tireur, qu’il ait tenu à me parler, il m’a fait part de son regret. Mais tout le monde n’aura pas cette chance. »
“Cette exposition médiatique ne me plaît pas, mais je me dis que c’est important. Le plus dur, c’est peut-être psychologiquement. C’est un geste violent, après lequel on ne voit plus les choses de la même façon, on ne se sent plus pareil. On m’a retiré les plaques l’été dernier (à la mâchoire, après une triple fracture, NDLR). La cicatrice se voit encore, mais cela ne me gêne pas trop. J’ai une dent en moins, une autre qui doit être dévitalisée, et des petits morceaux qui partent parfois. Mais j’ai la chance de ne pas avoir gardé de handicap physique.
On nous ressert toujours l’argument selon lequel tous les flics ne sont pas violents. Il y en a sans doute qui font bien leur travail. Mais il y en a aussi qui prennent beaucoup de liberté par rapport à leur statut et leur position. C’est tout un système que nous dénonçons. Il y a ceux qui sont violents, ceux qui protègent ceux qui sont violents, et la police des polices. On ne s’en sort pas! Ce sont tous des collègues.”
Violences physiques
Bousculade / projection
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
“Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Sévices sexuels
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
X
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d’obtempérer
Prise de photos, empreintes, ADN
Menace avec une arme de poing
Tir dans le dos
X
Charge sans avertissement
Course-poursuite
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Problèmes de santé mentale
Non-assistance à personne en danger
Harcèlement
Arrestation
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation, chantage, menaces
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Perquisition
Fouille
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
26.06.2020 – Procès du policier Sébastien M. devant le tribunal correctionnel de Bayonne pour “violences involontaires“; condamnation à 90 jours-amende à 15 euros, soit 1350€
00.01.2019 – Dépôt d’une plainte contre X pour pour “violence aggravée avec arme” par Lola ; signalement du Préfet auprès du ministère de l’Intérieur, débouchant sur une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN)
1er décembre 2018, 12 rue des Feuillants – Marseille
80 ans. Atteinte par un tir de grenade lacrymogène : décédée
Manif contre l’habitat indigne et le mal logement
Le 1er décembre 2018, à l’appel du Collectif du 5 novembre créé suite à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, plus de 15 000 Marseillais.e.s manifestent contre l’habitat indigne et le mal logement qui a coûté la vie à 8 habitants du quartier de Noailles, soutenus par les Gilets Jaunes qui font alors la jonction lors de l’acte III.
Après avoir dispersé la manifestation devant la mairie et sur le Vieux-Port de Marseille, les forces de l’ordre repoussent les manifestant.e.s vers le haut de la Canebière.
Surnommée « Mama Zina » par ses proches, Zineb est chez elle, au quatrième étage du 12 rue des Feuillants. Elle prépare son dîner en discutant au téléphone avec sa fille Milfet, qui se trouve alors à Alger. Beaucoup de gaz lacrymogène entre par la fenêtre de sa chambre ouverte, qui donne sur la Canebière. À 18:57, Zineb se dirige vers la fenêtre pour la fermer. Elle met le haut-parleur de son téléphone qu’elle pose sur le radiateur situé sous la fenêtre afin de continuer la conversation en ayant les mains libres, et passe la tête par la fenêtre pour regarder dans la rue avant de la fermer.
Elle voit alors deux policiers sur la Canebière, au croisement de la rue des Feuillants devant l’enseigne C&A. L’un d’entre eux tient un lance-grenade braqué en sa direction. Leurs regards se croisent quelques instants : son visage n’est pas masqué. « Je pourrai le reconnaître » a-t-elle affirmé à sa fille Milfet et à son amie Imen. Puis, elle reçoit une grenade lacrymogène sur l’hémiface droit de son visage. Les deux policiers montent alors en voiture et s’éloignent des lieux.
Immédiatement, elle déclare à sa fille Milfet inquiète d’entendre ses cris : «Il m’a visée, le policier m’a visée! » Malgré le choc de l’impact, Zineb reste debout et éteint le début d’incendie provoqué par les palets incandescents libérés par la grenade. Dans une pièce de 12 mètres carrés noyés par 800 mètres cubes de gaz, et en pleine hémorragie, elle piétine seule les étincelles qui brûlent au sol.
Sa voisine du dessous, alertée par ses cris, monte immédiatement lui porter assistance tandis que son amie Imen, prévenue par sa fille Milfet, appelle les pompiers dont la caserne est située à moins de 200 mètres sur la Canebière. Elle devra les rappeler trois fois, et ils mettront 1 heure 20 à venir lui porter secours. Pendant ces 80 minutes, Zineb les attend assise sur les marches du palier du 3ème étage, contenant une hémorragie importante à l’aide de nombreuses serviettes éponge fournies par sa voisine Nadjia.
Lorsque les pompiers arrivent enfin, un policier est avec eux et réclame les clés de l’appartement de Zineb, qui refuse de les lui donner. Elle explique qu’elle a déjà éteint l’incendie, fermé le gaz et coupé l’électricité. Le policier insiste et menace de forcer la porte, alors Zineb lui laisse les clés et se fait conduire à l’hôpital de la Timone peu avant 21h. Elle attend ensuite avec Imen près de 4 heures aux urgences avant d’être prise en charge pour suturer les plaies du visage dont l’hémorragie continue.
Un doute persiste sur la raison de la présence dans l’appartement d’un pompier et d’un policier pendant et après la prise en charge de Zineb par les pompiers. On ne sait pas ce qui a été fait sur la « scène de crime » à ce moment.
Au alentours de 4h du matin le 2 décembre, elle sera transférée à l’hôpital de la Conception. Avant d’être admise au bloc opératoire 10 heures plus tard, à 14 heures le 2 décembre, elle fait trois arrêts cardiaques. Son cœur parvient à redémarrer et elle reste consciente, ce qui lui permet de parler au téléphone avec Milfet alors qu’elle se trouve en service de réanimation, avant qu’on ne déclare finalement sa mort à 22:30, soit 27,5 heures après l’impact de la grenade, à l’hôpital de la Conception.
La version de la police
Au cours de l’enquête, le commandant des CRS mis en cause refuse de donner l’arme à l’origine du tir. Sur les 5 policiers porteurs d’un lance-grenades au moment des faits, aucun n’a reconnu son implication.
La version officielle parle d’un tir en cloche qui serait tombé au mauvais endroit. Les premiers constats d’enquête concluent à l’impossibilité de retrouver précisément l’auteur du tir. L’une des caméras de la ville, qui aurait pu permettre d’identifier précisément le CRS à l’origine du lancé de grenade, était en panne, le groupe d’agents concerné se disait alors incapable de dire qui, précisément, avait tiré en direction du mur d’un immeuble ce jour-là, à 30 mètres à peine et leur bonne foi n’a pas été remise en cause.
Un expert en balistique cité par Le Monde en juin 2020 avait bien repéré un tireur à partir de caméras plus lointaines mais cela ne permettait en aucun cas de déterminer l’identité du CRS en question. Selon les récits des policiers et de leur supérieur hiérarchique, acté sur procès-verbal, la cible, quoi qu’il en soit, n’était pas la vieille dame à sa fenêtre. D’après leurs versions, il s’agissait d’un tir en cloche pour disperser les manifestants au sol.
Il est totalement impossible qu’une grenade puisse occasionner de telles fractures alors qu’elle est en phase descendante, en retombée. De surcroît, l’ogive de grenade s’ouvre lorsqu’elle se situe en haut de sa trajectoire et l’ensemble des éléments la constituant (ogive + capsules de gaz lacrymogène) retombe avec une force cinétique très faible. Il ne peut y avoir d’impact dans ces conditions.
La présence d’un impact puissant susceptible de fracturer les os du visage à une distance de 30 à 40 mètres implique un « tir tendu » : la grenade est alors dans sa trajectoire montante et tirée avec un angle de 20 à 30°, soit en dessous de l’inclinaison verticale obligatoire de 30 à 45°.
Se présentent alors deux hypothèses :
soit le policier visait délibérément Zineb et a dirigé son arme en tir direct (non règlementaire) vers elle pour l’atteindre de plein fouet, ce qui impliquerait une tentative d’homicide ou un homicide volontaire,
soit le policier effectuait un « tir de façade » (non règlementaire) consistant à s’affranchir d’un obstacle en faisant rebondir la grenade sur un mur afin que les capsules lacrymogènes atteignent par rebond une foule dans un angle mort, ce qui impliquerait un homicide « involontaire ».
Au vu de la configuration des lieux, de l’angle de la rue des Feuillants par rapport à la Canebière, mais aussi des panneaux de chantier qui obstruent la visibilité sur la rue des Feuillants depuis la Canebière, l’hypothèse d’un tir de façade est crédible, dans la mesure où aucun tir direct, y compris en cloche, ne pouvait atteindre les manifestants présents plus haut dans la rue des Feuillants, très étroite et entourée d’immeubles hauts.
Sur les images produites par Désarmons-les !, on voit le champ de vision extrêmement réduit depuis la Canebière sur la rue des Feuillants. Le seul angle permettant un tir direct en cloche (règlementaire) sur une foule située plus haut dans la rue des Feuillants n’aurait jamais pu atteindre Zineb de plein fouet (sa fenêtre est située à l’endroit de la croix rouge). Sur les trois autres vues, seule l’angle depuis le centre de la Canebière ou le trottoir devant le magasin C&A permet d’atteindre la fenêtre de Zineb. Mais un tir depuis là ne peut en aucun cas atteindre les manifestants dans la rue des Feuillants, hormis par un rebonds (tir de façade). Ou alors Zineb était directement et volontairement visée…
La reconstitution ds faits par Disclose et Forensic Architecture établira que la grenade était équipée d’un lanceur de 100m, alors que l’appartement de Zineb n’était distant que de 30 mètres… L’expertise précise que l’impact a eu lieu à 37 mètres, dans la trajectoire encore montante de la grenade, à plus de 97 km/h. De type MP7, cette grenade est prévue pour évacuer un espace extérieur d’environ 1000m2.
Avant même de disposer d’éléments factuels et établis, le procureur Xavier Tarabeux a affirmé que « le décès résulte d’un choc opératoire et non d’un choc facial », ajoutant qu’« à ce stade, on ne pouvait pas établir de lien de cause à effet entre la blessure et le décès ».
La version de la Justice (?)
Fin décembre, Milfet Redouane et Imen Souames ont organisé le rapatriement du corps de Zineb, qui a été inhumé le 25 décembre à Alger. Elles ont également fait le choix de confier leur plainte à Yassine Bouzrou, qui a défendu plusieurs familles de victimes par le passé.
Le 24 avril 2019, la juge en charge de l’enquête est pointée du doigt après avoir demandé aux experts d’établir le montant de l’Incapacité Totale de Travail de Zineb . Pour autant, il n’est pas possible à ce stade de juger des avancées de l’enquête, confiée à l’IGPN. Des experts médicaux et balistiques ont été désignés dès le 10 décembre et devaient fournir un rapport en mars 2019.
En mai 2019, il n’y a toujours pas de nouvelle de ces expertises. Par conséquent, Me Bouzrou a mis en cause l’impartialité de la juridiction marseillaise et a demandé le dépaysement de l’affaire, qui a été refusé par l’avocat général près la Cour d’Appel d’Aix, Robert Gelli, le 2 mai 2019, estimant que « la requérante » ne fournit « aucun élément sérieux de nature à mettre en cause l’impartialité du magistrat instructeur saisi ».
Le 5 juin 2019, Yassine Bouzrou dépose plainte pour « faux en écriture publique aggravé » après avoir été informé que l’une des 4 caméra censée être la plus proche de l’endroit où a été effectué le tir serait inopérante : « Il est particulièrement surprenant que ce soit justement cette caméra qui ait été déclarée inopérante. La thèse malheureuse du défaut de fonctionnement de la caméra la plus proche des lieux des faits n’est pas crédible, et ce notamment au regard des manœuvres employées […]. »
Suite à l’audition par l’IGPN fin janvier des cinq CRS de Saint Etienne (CRS 50) porteurs de lanceurs Cougar le soir du 1er décembre sur la Canebière, on apprend qu’ils étaient accompagné d’un délégué du procureur de Marseille, André Ribes. Celui-ci, équipé d’un brassard « Parquet », apparaît en effet sur plusieurs vidéos.
Dans un périscope diffusé sur internet, le moment de la scène et l’atmosphère générale est retranscrite sur un laps de temps de 3 minutes correspondant au moment où les CRS arrivent au croisement de la rue des Feuillants avant de progresser plus en amont sur la Canebière : https://www.periscope.tv/w/1eaKbOZBQbXGX. Entre 14:01 et 14:09, on entend que les policiers procèdent à trois tirs de grenades à l’aide de lanceurs Cougar. S’il y a eu d’autres tirs, ils ne sont pas audibles sur cette vidéo. André Ribes apparaît à plusieurs reprises sur cette vidéo, ainsi que sur d’autres images prises plus tôt sur le vieux port.
Le 20 juin 2019, le procureur général Robert Gelli accepte à reculons le dépaysement de l’enquête : « Au moment de la manifestation, un magistrat du parquet était présent aux côtés des forces de l’ordre, ce qui, en soi, n’a aucune incidence sur les faits mais peut créer une forme de suspicion. C’est un élément que j’ignorais jusqu’alors et qui me gêne un peu. Je considère que la sérénité de la poursuite de l’information à Marseille risque d’être perturbée. Autant anticiper des polémiques inutiles. »
Le 2 juillet 2019, nouveau rebondissement dans l’affaire avec la publication d’un rapport d’autopsie réalisé par les médecins légistes du centre hospitalo-universitaire d’Alger suite au rapatriement du corps de Zineb le 25 décembre en Algérie : les professeurs Rachid Belhadj et Radia Yala affirment que « la victime présentait un important traumatisme facial imputable à l’impact d’un projectile non pénétrant », confirmant ainsi la responsabilité directe du tir dans la mort de Zineb.
Le 8 juillet 2019, Me Bouzrou annonce avoir saisi le Conseil Supérieur de la Magistrature à l’encontre du procureur Xavier Tarabeux, lui imputant des « manquements déontologiques et disciplinaires » pour avoir nié dés les premiers jours la responsabilité du « choc facial » dans le décès de Zineb, mais également pour avoir dissimulé la présence du procureur adjoint André Ribes à proximité des CRS à l’origine du tir de grenade.
Milfet Redouane et Imen Souames, accompagnées par des personnes de confiance, dont certaines sont des habitantes solidaires du quartier de Noailles, où habitait Zineb, ont constitué un comité et choisi de mener la bataille pour faire la lumière sur la mort de Zineb.
Selon France Inter, le rapport administratif final de l’IGPN, réalisé par des enquêteurs marseillais, a tenu compte de toutes les données, y compris celles de Disclose, qui ont été recoupées et ont permis d’identifier au final l’auteur du tir, comme le révèle Frédéric Charpier dans son livre.
Dans ses conclusions, selon plusieurs sources proches du dossier contactées par France Inter, l’Inspection générale de la police nationale estime que le tir à partir d’un lanceur Cougar était bien règlementaire sur le principe. Mais qu’il y avait bien un risque, que c’était “une action manifestement disproportionnée” et que l’auteur du tir ainsi que son superviseur (les CRS fonctionnent en binôme) ont fait preuve d’un “manque de discernement” à vouloir tirer dans la direction choisie. Et la directrice de l’IGPN, Brigitte Jullien va jusqu’à préconiser la convocation d’un conseil de discipline, ce qui signifie qu’il y a bien une faute professionnelle et qu’elle est d’un niveau de gravité suffisant pour justifier une telle convocation.
Des recommandations que Fréderic Veaux, le directeur général de la Police Nationale a décidé de ne pas suivre. Le patron de la police a classé le dossier sans prendre la moindre sanction au-delà d’un stage de formation continue pour les deux CRS concernés. Toujours selon nos informations, le DGPN est en désaccord avec la cheffe de l’inspection générale, estimant qu’il n’ y a rien dans le dossier qui démontre qu’il y a une faute grave. Que ce n’est d’ailleurs écrit nulle part. Et qu’au contraire, le rapport décrit bien les conditions d’exercice extrêmes dans un cadre limite insurrectionnel qui ne pouvait au milieu des fumées, en pleine nuit, qu’altérer le discernement des CRS. Et enfin, que cela ne pouvait en aucun cas leur être reproché.
En revanche, à aucun moment, les enquêteurs marseillais de la police des polices n’ont estimé que le CRS avait délibérément visé la fenêtre où apparaissait Zineb. Sur ce point-là comme sur le reste, et malgré ce classement administratif, le dossier a été transmis ces derniers jours au juge désormais en charge de cette affaire, qui a été judiciarisée à Lyon.
Le , le CRS auteur du tir mortel est mis en examen pour « homicide involontaire ».
Comité Vérité, Justice et Dignité pour ZinebRedouane
Le 28 mars 2019, Milfet Redouane sort du silence en adressant une lettre ouverte au président Macron suite à ses propos concernant Geneviève Legay, militante d’Attac blessées par des CRS le 23 mars à Nice dans le cadre d’une manifestation de gilets jaunes. Elle se prononce notamment pour l’interdiction des armes qui ont tué sa mère : « La vraie sagesse, c’est d’interdire ces armes ».
Le Comité a rencontré à Paris début avril plusieurs familles touchées par les violences d’État, des journalistes engagés, ainsi que des collectifs et personnes investies depuis plusieurs années auprès de victimes de violences policières. Milfet Redouane est notamment accueillie avec chaleur et émotion par Jérôme Rodrigues (gilet jaune éborgné par un tir de LBD lors d’une manifestation le 26 janvier 2019) et l’Assemblée parisienne des Gilets Jaunes le 9 avril 2019.
Milfet et Imen s’expriment ensemble fin avril 2019 dans une vidéo tournée par le collectif militant marseillais Primitivi, afin de revenir sur les faits et d’expliquer leur démarche 23.
Le 27 avril 2019, des manifestant-es solidaires collent une fausse plaque en hommage à Zineb par dessus le panonceau de la rue des Feuillants. Régulièrement, des hommages sont rendus à Zineb dans le cadre des commémorations des victimes de l’écroulement des immeubles de la rue d’Aubagne, dans la mesure où la mort de Zineb est intervenue en marge d’une manifestation suite à ce drame et que les victimes étaient toutes habitantes du même quartier que Zineb.
Justice et Lumière pour Zineb et ses proches !
Violences physiques
Bousculade / projection
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
“Tamponnage” (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Sévices sexuels
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
X
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d’obtempérer
Prise de photos, empreintes, ADN
Menace avec une arme de poing
Tir dans le dos
Charge sans avertissement
Course-poursuite
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Problèmes de santé mentale
X
Non-assistance à personne en danger
Harcèlement
Arrestation
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
X
Intimidation, chantage, menaces
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Perquisition
Fouille
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
12.09.2024 – Mise en examen du CRS auteur du tir mortel est mis en examen pour « homicide involontaire »
01.05.2023 – Ordonnance de la juge d’instruction désignant deux experts pour déterminer la « responsabilité médicale » des pompiers et du personnel de l’hôpital dans leur prise en charge de la victime
30.10.2021 – Classement administratif sans sanction par le directeur général de la Police Nationale Fréderic Veaux, malgré l’avis de l’IGPN recommandant de la convocation d’un conseil de discipline pour une faute professionnelle grave
30.11.2020 – Reconstitution 33D par Disclose et Forensic Architecture contradisant formellement l’analyse balistique
20.05.2020 – Rapport d’expertise balistique disculpant les policiers
00.08.2019 – Dépaysement de l’affaire à Lyon
08.07.2019 – Saisie du Conseil Supérieur de la Magistrature à l’encontre du procureur Xavier Tarabeux pour « manquements déontologiques et disciplinaires »
02.07.2019 – Rapport d’autopsie de médecins Algériens sur le corps rapatrié
20.06.2019 – Le parquet accepte la demande de dépaysement
05.06.2019 – Dépôt de plainte pour « faux en écriture publique aggravé »
02.05.2019 – Refus de la demande de dépaysement par l’avocat général près la Cour d’Appel d’Aix Robert Gelli
00.05.2019 – Demande de dépaysement de l’affaire en suite du rapport d’expertise toujours pas achevé et le doute sur l’impartialité des juges marseillais
12.04.2019 – Dépôt de plainte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner »
00.01.2019 – Audition des cinq CRS de Saint Etienne (CRS 50) porteurs de lanceurs Cougar le soir du 1er décembre sur la Canebière
06.12.2018 – Rapport d’analyse des images vidéo par l’IGPN
10.12.2018 – Ouverture d’une enquête confiée à l’IGPN; désignation d’experts médicaux et balistiques
04.12.2018 – Ouverture d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction
Tir en cloche ou tir tendu ? Les images reconsitutées de Désarmons-les ! :
Vidéo sur Périscope : moment de la scène et l’atmosphère générale est retranscrite sur un laps de temps de 3 minutes correspondant au moment où les CRS arrivent au croisement de la rue des Feuillants avant de progresser plus en amont sur la Canebière. Entre 14’01 et 14’09, on entend que les policiers procèdent à trois tirs de grenades à l’aide de lanceurs Cougar. S’il y a eu d’autres tirs, ils ne sont pas audibles sur cette vidéo. André Ribes apparaît à plusieurs reprises sur cette vidéo, ainsi que sur d’autres images prises plus tôt sur le vieux port.
Entre 18 et 30 ans. Frappée au visage, gazée et matraquée au ventre pendant sa grossesse : 48 heures à l’hôpital, 3 jours d’ITT et débit des contractions
Enceinte au moment des faits, Albertine a été frappée au ventre et gazée par des policiers alors qu’elle était témoin de violences policières à Paris.
Albertine a raconté à Amnesty International qu’elle avait été témoin d’un affrontement violent entre trois policiers en civil et trois résidents du quartier, dont son cousin, rue Clovis-Hugues, à Paris.
La jeune femme, qui était alors enceinte de six mois, a demandé à la police ce qui se passait. Comme elle insistait, l’un des policiers lui a donné un coup de poing sur la bouche. À ce moment, le frère d’Albertine Sow, Yenga Fele, est arrivé en courant et a demandé au policier s’il se rendait compte qu’il venait de frapper une femme enceinte. Un policier a alors fait usage de gaz lacrymogène contre lui et Albertine. Tous deux ont été frappés à coups de matraque. La jeune femme, dont la grossesse était pourtant manifeste, a reçu un coup de matraque près du bas-ventre. Elle est tombée et a perdu connaissance.
Elle a été emmenée à l’hôpital, où elle est restée sous surveillance policière pendant quarante-huit heures, accusée de « violences en réunion » contre les policiers. Elle s’est vu reconnaître une ITT de trois jours et, après cet épisode, elle a commencé à ressentir des contractions. (Elle a finalement accouché d’une fille à terme.)
Le 19 août, le procureur de Paris a ouvert une enquête concernant Yenga Fele et Albertine Sow, accusés de « violences en réunion » contre les policiers. Albertine a porté plainte contre les policiers pour mauvais traitements. Malgré les nombreux témoignages et certificats médicaux, sa plainte a été classée sans suite le 27 novembre 2006.
Le 19 novembre 2008, la jeune femme a été convoquée devant un juge d’instruction qui avait visiblement rouvert ce dossier. Elle s’est présentée à ce juge, qui a procédé à son audition, mais elle n’a pas eu de nouvelles de sa plainte depuis lors.
Le 27 janvier 2009, Albertine a été reconnue coupable d’avoir agressé les policiers et s’est vu infliger une peine d’un mois d’emprisonnement avec sursis. Son frère a été condamné à six mois d’emprisonnement. Tous deux ont été condamnés à verser à chacun des policiers une somme de 1 500 euros en réparation du préjudice subi. Ils ont interjeté appel de ce jugement.
Violences physiques
Arrestation
Détention
Bousculade / projection
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
Clés aux bras douloureuses
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Sévices sexuels
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
X
Usage de matraques
X
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Expulsion
Disparition
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion
X
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d’obtempérer
X
Agressivité, manque de respect, insultes
Intimidation, chantage, menaces
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
X
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Position inconfortable prolongée
Non-assistance à personne en danger
Prise de photos, empreintes, ADN
Menace avec une arme de poing
Tir dans le dos
Charge sans avertissement
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Course-poursuite
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Intervention dans un lieu privé
Problèmes de santé mentale
Harcèlement
Fouille
Perquisition
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Complaisance des médecins
00.00.2009 – Appel d’Albertine
27.01.2009 – Condamnation à un mois avec sursis et 1 500 euros de dommages et intérêts
19.11.2008 – Convocation devant un juge d’instruction
19.08.2006 – Ouverture d’une enquête par le procureur de Paris a ouvert contre Yenga Fele et Albertine Sow pour« violences en réunion »
Dernière mise à jour : il y a 4 semaines - Publié le
Appel à témoins - Lyon 1er mai 2025
APPEL À TÉMOINS
VIOLENCES POLICIÈRES À LYON LE 1ER MAI 2025
🔸 Sur la fin de la manifestation du #1erMai #Lyon, un peu avant d’arriver sur la place Jean Macé, une personne s’est faite éclater au tonfa par les flics (3 points de suture à la tête, de nombreuses contusions dans la dos). La personne souhaite faire un appel à témoins pour retrouver si possible des vidéos qui pourraient servir de preuve de ce qui lui est arrivé.
🔸 Si vous avez des informations à partager sur cette violence policière, merci de vous signaler dans un premier temps par le biais de Rebellyon : contact@rebellyon.info