8 décembre 2018 – Marseille
19 ans. Flinguée au LBD dnas la jambe puis tabassée au tonfa et à coups de pied : traumatisme cranio-facial, cerveau touché et état de stress aigu
Le 8 décembre 2018, à Marseille, plusieurs manifs s’étaient rejointes : une marche contre l’habitat indigne, un mois après l’effondrement meurtrier des immeubles de la rue d’Aubagne, une marche pour le climat et une manifestation de gilets jaunes, soit 500 flics mobilisés. Angélina, une jeune femme de 19 ans rentre chez elle. Pour éviter une manifestation des Gilets jaunes à laquelle elle ne participe pas, Angélina passe par une ruelle parallèle. « Quand tout à coup un groupe d’hommes, habillés en noir et armés de matraques, se précipitent en courant et en criant dans ma direction”.
Angélina est d’abord touchée par un tir de LBD à la cuisse puis, alors qu’elle s’est écroulée à terre, une dizaine de policiers la matraquent et la rouent de coups de pied à la tête. « Il y avait des traces de sang au sol, jusque sur les murs, racontera une témoin. La police en civil est partie sans même vérifier son état. » En voulant la protéger, son ami se fait également violenter par les “forces de l’ordre”.
Elle est opérée d’urgence pour « un traumatisme cranio-facial droit par coup de matraque et embarrure frontale droite en regard avec contusion cérébrale ». Crâne est fracturé, cerveau touché et « état de stress aigu ».
Avec son avocat Me Brice Grazzini, Angélina a porté plainte pour « tentative d’homicide par personne dépositaire de l’autorité publique », « violences aggravées » et « non-assistance à personne en danger ». Mais l’affaire a depuis été une succession de déceptions pour la partie civile : enregistrements radio du logiciel Acropol, qui capte les échanges entre policiers sur le terrain, effacés, images de vidéosurveillance de la ville aussi. L’enquête s’est même heurtée à une panne du logiciel Pégase, qui suit les demandes d’intervention à la police, l’après-midi des faits. Le dossier s’était soldé par deux non-lieux, prononcés en 2020 et 2022 faute de pouvoir identifier les policiers. À tel point qu’Angelina, avait dénoncé à l’AFP avoir été « abandonnée ». « Ils n’ont rien cherché ».
L’enquête a finalement été rouverte en juin 2023 sous la houlette d’une nouvelle juge d’instruction, Karine Lebrun, qui a repris les expertises. Les images du drame ont notamment été étudiées.
Selon Mediapart, à l’issue de leur GAV, des flics d’Aliiance, le syndicat poulaga, sont venus soutenir les mis en cause à la sortire de l’IGPN. Selon un proche du dossier, “l’ambiance était déjç très tendue à la fin de leur audition. La présence de policiers est vite apparue comme une pression exercée sur la commissaire de l’ICPN en charge de leur audition.”
10 policiers dont au moins six de la SISTC ont été mis en examen cet automne, essentiellement pour « non-assistance à personne en danger ». Mediapart avait révélé mi-novembre, que l’un d’eux avait avoué « avoir menti » à la justice au cours de sa première audition, en 2019, en invoquant des « pressions de sa hiérarchie et de son syndicat » Alliance.
Le policier, Vincent R., un fonctionnaire d’une trentaine d’années, désormais en poste à la BAC de Toulon, a été mis en examen pour « violences aggravées par trois circonstances (arme, réunion et par une personne dépositaire de l’autorité publique) », selon un communiqué du parquet. Il est le premier mis en examen pour violences depuis 2018.
Outre les 2 flics possibles auteurs des coups, un autre moins que rien, Stéphane N., a été mis en examen pour non-assistance à personne en danger.
Brice Grazzini a réagi en indiquant que « la partie civile, que je représente, se réjouit que, presque sept ans après les faits et suite à une bataille judiciaire sans précédent, le dossier soit relancé ».
Violences physiques
| Arrestation | |
| Détention | |
| X | Bousculade / projection |
| Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral | |
| “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux) | |
| Clés aux bras douloureuses | |
| X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
| Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
| X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
| Coups sur les oreilles | |
| Étranglement | |
| Doigts retournés | |
| Arrosage | |
| Morsures de chien | |
| Tirage par les cheveux | |
| Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
| Tirage par les colsons ou des menottes | |
| Sévices sexuels | |
| “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police) | |
| Usage de gants | |
| Usage d’arme à feu | |
| Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
| Usage de FlashBall | |
| Usage de grenade assourdissante | |
| Usage de grenade de désencerclement | |
| Usage de grenade lacrymogène | |
| X | Usage de LBD40 |
| X | Usage de matraques |
| Usage de spray lacrymogène | |
| Usage de Taser | |
| Usage de tranquillisants | |
| Enlèvement | |
| Torture, traitements inhumains et/ou dégradants | |
| Expulsion | |
| Disparition | |
| Exécution |
Violences psychologiques
| Accusation de trouble à l’ordre public | |
| Accusation d’entrave à la circulation | |
| Accusation de rébellion | |
| Accusation de coups à agent | |
| Accusation de menace à agent | |
| Accusation d’injure à agent | |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de refus d’obtempérer | |
| Agressivité, manque de respect, insultes | |
| Intimidation, chantage, menaces | |
| Simulacre d’exécution | |
| Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
| Intimidation ou arrestation des témoins | |
| Obstacle à la prise d’images | |
| Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
| Position inconfortable prolongée | |
| Non-assistance à personne en danger | |
| Prise de photos, empreintes, ADN | |
| Menace avec une arme de poing | |
| Tir dans le dos | |
| Charge sans avertissement | |
| Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
| Course-poursuite | |
| Propos sexistes | |
| Propos homophobes | |
| Propos racistes | |
| Intervention dans un lieu privé | |
| Problèmes de santé mentale | |
| Harcèlement | |
| Fouille | |
| Perquisition | |
| Violences de la part de collègues policiers | |
| Passivité des collègues policiers | |
| Défaut ou refus d’identification des policiers | |
| Refus de prévenir ou de téléphoner | |
| Refus d’administrer un éthylotest | |
| Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
| Refus d’acter une plainte | |
| Refus de soins ou de médicaments | |
| Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
| Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
| Flexions à nu devant témoins | |
| Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
| Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
| Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
| Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
| Privation de sommeil | |
| Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
| Vol ou destruction d’images | |
| Pression pour signer des documents | |
| Absence de procès-verbal | |
| Complaisance des médecins |
- 03.10.2025 – Mise en examen d’un policier pour violences aggravées et placement sous contrôle judiciaire avec interdiction d’acte de police, de voie publique ainsi que de porter une arme; mise en examen de cinq autres policiers et placement sous contrôle judiciaire, sans interdiction d’exercer
- 00.06.2023 – Réouverture de l’enquête par la juge d’instruction Karine Lebrun
- 00.00.2020 : Non-lieu par défaut d’identification des policiers
- 00.00.2019 : Ouverture d’une information judiciaire pour « violences aggravées et non-assistance à personne en danger », confiée à l’IGPN
- 00.00.2019 – Dépôt de plainte pour « tentative d’homicide par personne dépositaire de l’autorité publique », « violences aggravées » et « non-assistance à personne en danger »
- 08.12.2018 : Agression d’Angélina
- Avocats : Me Brice Grazzini
- Collectifs :
- Cagnotte :
- Dernière mise à jour : il y a 2 jours - Publié le
