24 novembre 2018 – Paris
40 ans. Atteint par un tir de LBD : éborgné
Acte 2 des Gilets jaunes, à l’angle de la rue du colisée et de l’avenue des Champs-Elysées (de part et d’autre des magasins DISNEY et enseigne POMME DE PAIN) quasiment en face du cinéma Gaumont. Jérôme raconte…
« 10:00 : Arrivée à Paris où nous nous sommes baladés dans les rues. En suivant plusieurs personnes, nous nous sommes retrouvés aux Champs-Elysées.
Là-bas, tout est parti dans tous les sens, nous ne savions plus où nous étions, complètement dans le flou, à ne plus avoir de repères.
J’ai vu dès le matin, un CRS tirer dans le dos d’un homme à une distance de 5-6 mètres, alors que celui-ci courait pour fuit et se mettre à l’abri… (cet homme leur parlait sans leur manquer de respect, sans les insulter).
Après j’ai vu des personnes âgées, des femmes, des hommes, des adolescents se faire gazer, matraquer, arroser par les camions anti-émeute (canon à eau), toute cette journée qui me paraissait interminable. Sans compter toutes ces grenades explosives anti-encerclement qui, lorsqu’elles explosent, vous donne vraiment le sentiment d’être en GUERRE. Sans compter que les CRS bloquaient les rues adjacentes, pour mettre en place la technique de nasse. Cette violence inconsidérée de leur part, sans comprendre les causes ou raisons et ce, dès notre arrivée aux Champs vers midi.
JOURNÉE TRAUMATISANTE POUR BEAUCOUP
Alors oui, effectivement, j’y ai vu des personnes mal intentionnées ce jour-là (casseurs, profiteurs, opportunistes) mais en nombre très réduit, et bizarrement certains avec la musique dans les oreilles… Par contre, les forces de l’ordre positionnées non loin de ces groupes de casseurs isolés n’agissaient pas et les ont laissé faire.
Vers 16:30, je cherchais ma femme que j’avais perdu de vue avec les mouvements de foules suite aux charges des CRS (lancé de grenades explosives anti-encerclement, lacrymogènes et les tirs de LBD.
Et BOUMMMM, il m’a touché …
Dans ma tête, tempe gauche au moment où je me retournais pour rejoindre mes concitoyens et surtout chercher ma femme désespérément.
Tout ceci s’est passé très vite.
J’ai senti un impact extrêmement violent, ça résonne dans ma tête, ça bourdonne, mais je marche, je marche rapidement, instinct de survie certainement, je ne sais pas où je vais, je saigne, je me mouche plein de sang… Je comprends alors que c’est grave, très grave, les gens me regardent apeurés. LA, JE CROIS QUE JE VAIS MOURIR ;
Un homme (que je remercie d’ailleurs) m’a vu et a demandé un mouchoir et de l’aide. Deux jeunes filles que je n’oublierais jamais ont essuyé le sang et m’ont accompagné jusqu’au camion de pompier à proximité.
Là, les pompiers m’ont mis une compresse sur l’œil avec du désinfectant et m’ont dit d’aller à l’hôpital par mes propres moyens, sachant que l’hôpital le plus proche était à 1h à pied de là où nous étions…
CHI KA (Pseudo) qui habite à Châteaudun (28) est également restée avec moi jusqu’à l’arrivée de ma femme.
Merci à toutes ces personnes qui ont essayé de m’aider, votre prévenante et gentillesse m’ont énormément touché.
Après 3 heures et demie de transport en métro (pleins de gaz et beaucoup de stations fermées), de taxi (plusieurs nous ont refusé) et de marche, je suis arrivé à l’Hôpital Bichat (18ème) où on m’a toute de suite dit que c’était mon œil et qu’il ne pouvait pas me prendre en charge, me conseillant de me rendre (toujours par mes propres moyens) à la Fondation Ophtalmologique Rothschild.
Je repars et reprends un autre métro toujours accompagné de ma femme, pour arriver à la Fondation Ophtalmologique Rothschild (19ème) où j’ai enfin pu être pris en charge rapidement par des professionnels.
Le chirurgien urgentiste consulte mon œil avec précautions, il décide de m’opérer en urgence pour arrêter l’hémorragie et essayer de reconstruire au maximum l’œil, me disant qu’il allait faire tout ce qu’il pouvait pour sauver mon œil qui était très abimé. Mais que si je ne voyais pas de lumière on comprendrait ce que cela voulait dire…
Mais je n’ai rien vu, pas une once de luminosité…
Je reste hospitalisé 6 jours… Le vendredi suivant, le 30 Novembre, je suis enfin rentré chez moi auprès de ma femme et de mes enfants.
Lundi 2 décembre retour à la Fondation Ophtalmologique Rothschild.
Mauvaise nouvelle, j’ai encore beaucoup de sang dans l’œil qui ne se résorbe pas, les chirurgiens sont inquiets, ils décident de réopérer mon œil le lendemain en urgence (mardi 3 décembre).
Cette fois-ci, ma femme s’organise pour me récupérer le soir même de l’opération pour me ramener, le lendemain, en fin de matinée (donc le mercredi 4 décembre) pour un contrôle de l’œil après opération ? L’œil a ressaigné mais le chirurgien n’est pas inquiet, j’ai donc un autre rdv le lundi 7 Novembre pour un autre contrôle.
La sentence tombe : je serais définitivement aveugle de mon œil gauche en plus des multiples fractures osseuses de l’orbite ainsi que la plaque derrière l’œil et les sinus côté gauche, 6 points de sutures pour arrêter l’hémorragie de l’œil ainsi que des micro-points, il faudra d’autres opérations pour l’esthétique car l’œil a été abimé aux deux tiers.
Le SAMEDI 24 NOVEMBRE 2018, ma femme et moi, étions allés à Paris afin de montrer notre mécontentement légitime, estimant que c’était notre droit et devoir de citoyen.
Ayant 5 enfants (famille recomposée), étant salarié dans le commerce et ma femme en formation, nos fins de mois sont très difficiles avec un découvert bancaire dès le début du mois et ce malgré nos efforts constants au quotidien, comme la plupart de nos concitoyens d’ailleurs.
Malheureusement, ce jour-là, j’ai vraiment pris conscience que nous ne vivions plus en démocratie.
La liberté d’expression ainsi que nos droits les plus légitimes ont été bafoué au plus haut point vu les actes disproportionnés et gratuits commis par les forces de police.
Depuis ce jour-là, malheureusement, ma vision de la vie a changée. »
- Ses idées et revendications : https://www.youtube.com/watch?v=7-abyyQVCHY&t=1s
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Violences physiques
Grenade de désencerclement | |
Taser | |
X | Tir de LBD |
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Absence de procès-verbal |