17 novembre 2020 – Paris
Journaliste – 28h de garde à vue
Manif pour défendre la liberté d’informer Le rédacteur en chef à France 3 Paris Île-de-France raconte :
Les projecteurs [sont] braqués sur cette question de la liberté de la presse, la liberté de couvrir les événements, les manifestations et c’est essentiel.
J’étais au travail, je suis rentré chez moi à pied. Je me suis retrouvé sur le boulevard Saint-Germain (Paris) et j’ai vu un déploiement de forces de l’ordre. Je ne savais même pas qu’il y avait un rassemblement, quelles étaient les revendications. Je me suis dit : ‘Je vais faire des images, ça peut servir pour les collègues du JT de demain’. Je prends mon téléphone, avec la carte de presse en évidence. Des policiers me voient, me laissent passer (…) et puis j’avance, je remonte le boulevard. Je me rapproche des policiers, je vois six personnes interpellées, je fais juste l’image. Et là se passe juste l’échange [où les policiers reprochent au journaliste de les filmer] et je dis à cet officier : ‘Je ne suis pas en train de vous filmer’, et là il me répond : ‘Si c’est comme ça, asseyez-vous avec les autres interpellés« .
Ils ont estimé que je ne m’étais pas dispersé après les appels à sommation, alors que je n’ai rien entendu, et tous les policiers m’avaient laissé aller avant. […] Je l’ai découvert après [la nouvelle loi, NLDR], on s’est retrouvé à 28 pendant trois heures dans un fourgon de police pour être déposé dans différents commissariats de la ville, et c’est à la que j’ai demandé aux manifestants le mot d’ordre de la manifestation. Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ignorais tout des motivations et du fond. »
J’étais complètement incrédule. L’échange a duré vraiment dix secondes, c’était très bref. […] Il y a un sentiment d’incrédulité, parce que je ne comprends pas ce qu’on me reproche. J’ai couvert beaucoup de manifestations, et jamais, on ne m’a interpellé. Il y a toujours un dialogue possible avec les forces de l’ordre »Motif de l’arrestation : « Attroupement après sommation ». « Ce délit n’est pas applicable aux journalistes, sinon ça voudrait dire qu’ils ne pourraient plus raconter la fin d’une manifestation ! a tranché son avocat Dominique Tricaud. C’est une arrestation arbitraire et attentatoire à la liberté de la presse qui ne trouve aucune justification. »
« Les policiers m’ont dit qu’ils avaient eu le parquet. Et que, si je refusais toujours les empreintes, ma garde à vue serait prolongée et je risquais d’être déféré. Ils ont ajouté que je risquais 1 an de prison et 15000€ d’amende.«
Le journaliste a passé la nuit en garde à vue avant d’écoper d’un rappel à la loi. « C’est problématique, car aucune infraction n’a été commise. On sort avec un sentiment de liberté, mais aussi avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »
Violences physiques
Grenade de désencerclement | |
Taser | |
Tir de LBD | |
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
X | Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation |
X | Intimidation ou arrestation des témoins |
X | Obstacle à la prise d’images |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Absence de procès-verbal |
- 18.11.2020 – Relâché après 28 heures de garde à vue moyennant un rappel à la loi pour avoir « continué volontairement à participer à un attroupement après les sommations de dispersion » par le procureur Alexandre Vernay, qui quittera prochainement le parquet pour rejoindre le secrétariat général du gouvernement…
- 17.11.2020 – Arrestation de Tangi. Darmanin : » Est-ce que les journalistes pourront continuer à filmer ? La réponse est oui ! ».
- L’Humanité
- Le Monde
- France Info
- Le Nouvel Obs
- Plume de presse
- Le Canard enchaîné 25.11.2020
- 2020.11.19_LHumanite_Violences.Policieres.La.Presse.Maltraitee.A.L.Assemblee.pdf
- 2020.11.19_LeMonde_Manifestations.Contre.La.Loi.Securite.Globale.ONG.Syndicats.Et.Societes.De.Journalistes.Denoncent.Des.Agressions.Honteuses.Contre.La.Liberte.d.Informer.pdf
- 2020.11.20_FranceInfo_28.Pendant.Trois.Heures.Dans.Un.Fourgon.De.Police.Le.Recit.De.Tangi.Kermarec.Journaliste.A.France.3.pdf
- 2020.11.21_LeNouvelObs_Journalistes.Interpelles.De.Quel.Droit.Peut-on.Nous.Empecher.De.Faire.Notre.Metier.pdf
- 2020.11.00_PlumeDePresse_La.Liberte.De.La.Presse.Pietinee.Dans.Le.Silence.Des.Grands.Medias.pdf