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Hédi, 01.07.2023. Flingué – Marseille

1er juillet 2023 – Marseille
22 ans. Atteint par un tir de LBD40 puis tabassé : hématome intra-cérébral, d’une fracture de la mâchoire, et d’une perte de la vision de l’œil gauche, d’où un coma, une semaine en réanimation, deux semaines en neurochirurgie, plus de 50 agrafes, défiguré et des souvenirs difficiles à vivre
Nuit du 1er au 2 juillet, Marseille : émeutes et violence dans les rues de la ville en suite de la mort de Nahel à Nanterre…

Hédi sortant du travail à Vauvenargues, retrouve un ami sur le Vieux-Port de Marseille pour la « fête des terrasses ». Alors qu’ils n’ont pas participé aux émeutes, ils croisent une équipe de la BAC qui leur demande de partir, et qu’ils « saluent » en passant à leur hauteur. Hédi est d’abord touché par un tir de LBD40 à la tempe , puis, immobilisé, il est tabassé à coups de poing et de matraques et se fait casser la mâchoire : un policier se tient alors sur lui, tandis que les autres le frappent et le matraquent :

« On a croisé une équipe de la Bac, on leur a dit bonsoir et on a vu qu’ils n’avaient pas envie de discuter.

[…] À aucun moment on ne m’a demandé mes papiers, ni ce que je faisais là. J’essayais de leur dire qu’ils pouvaient me fouiller, que je n’avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir.

[…] J’ai reçu un impact dans la tête, au début je savais pas ce que c’était. Je suis tombé au sol et quand j’ai voulu me relever, on m’a traîné dans un petit coin où il faisait tout noir et de là on a commencé à me frapper.  Il y en a un qui était allongé sur moi, donc je ne pouvais pas bouger. Il y en a qui m’ont frappé avec les poings, d’autres avec les matraques.

[…] À aucun moment on ne m’a demandé mes papiers, ni ce que je faisais là. J’essayais de leur dire qu’ils pouvaient me fouiller, que je n’avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir.

[…] J’ai voulu me toucher la tête mais je n’ai pas senti mon crâne. ».

Selon BFMTV, Hédi se réfugie avec son ami chez un épicier, qui tente en vain de joindre les pompiers, débordés par la situation sur la ville. Hédi, qui perd beaucoup de sang, se met à vomir. L’épicier décide alors de le transporter avec son propre véhicule à l’hôpital de la Timone, où il sera pris en charge. 

Après un coma jusqu’au lendemain, victime d’un trauma crânien, Hédi passe une semaine en réanimation, puis deux dans un service de neurochirurgie. Après deux opérations, les médecins lui retirent un morceau de crâne, qu’ils referment ensuite à l’aide de « 65 agrafes ». Désormais, Hédi se déplace et s’exprime plus lentement.

« […] J’ai eu un trauma crânien, dû à un tir de flash-ball. Et du coup, j’ai une partie du crâne en moins.

J’ai été dans le coma […]. J’ai été opéré de la tête. D’après eux, ils ont opéré un mort. […] . Ils ont été obligés de m’enlever un bout de crâne pour ça « respire ».

[…] Je me suis regardé une fois à l’hôpital, par curiosité, je voulais savoir, mais c’était trop… […] Quand tu vois un grand trait métallique de 65 cm sur ta tête, que tu te vois gonflé, que tu vois que ton crâne n’est plus rond, c’est super dur à supporter. J’ai perdu presque dix kilos

[…] Je parle lentement, je me déplace lentement, avant j’étais une pile et maintenant je dois rester souvent dans le noir, avec aucun son, aucune lumière, parce que j’ai des migraines qui ne s’arrêtent pas.

J’estime avoir une certaine chance de me réveiller avec mes facultés, c’est important étant donné ce qu’il s’est passé, des blessures. Mais tous les jours, c’est encore dur, il faut supporter le fait d’avoir ce passage dans ma vie.

Des fois, je me dis que je vais me réveiller, mais en fait je me réveille toujours avec la tête déformée, avec ces migraines, avec cet œil flou. […] Je me suis regardé une fois à l’hôpital par curiosité mais c’était trop, quand tu vois que ton crâne il est plus comme avant, c’est super dur à supporter.

[…] Je sais que je n’aurai plus la même vie qu’avant, mais ma vie d’avant elle était bien, par rapport à celle-ci.

C’est important de dire que la police est importante en France. Si elle n’était pas là, ce serait un grand bordel. J’en veux à ce groupe d’individus qui se sont permis ce qu’ils n’auraient pas du faire. J’espère qu’ils regrettent, qu’ils ont réfléchi.

Un citoyen français lambda serait déjà en prison et on n’en parlerait plus, je pense qu’ils ont tort, mais ça reste à leur prouver, ils ont besoin de voir et entendre ce qui s’est passé, il y a certains moutons noirs à écarter du troupeau.

Pourquoi moi ? Quand il y en a un ou deux, OK. Mais quand sur une équipe de quatre ou cinq, tu vois qu’ils sont tous pourris, c’est grave. Ça veut dire que c’est clair et assumé. ».

D’après son avocat Me Jacques Preziosi, les blessures de Hédi sont « Autant de choses qui ne sont pas causées par un seul coup, mais par une série de coups portée avec une violence effrayante ».

La version des flics

La cheffe de la BAC n’a signalé aucun incident cette nuit-là, ni aucun usage d’un LBD dans son rapport à sa hiérarchie.

« Aucun policier ne souhaite collaborer à l’enquête, allant même jusqu’à avoir du mal à s’identifier sur les vidéos« , déplorent les enquêteurs de l’IGPN.

Le policier placé en détention provisoire et seul porteur de LBD, identifié grâce à son tee-shirt sur les images de vidéosurveillance au moment des faits, affirme n’avoir aucun souvenir des faits et va même jusqu’à dire qu’il ne se reconnaît pas sur les vidéos qui lui sont présentées.

Un autre policier, identifié lui-aussi grâce à sa tenue vestimentaire, a nié tout fait de violences lors de sa garde à vue, et dit ne pas savoir pourquoi Hedi est tombé au sol. Il dit d’ailleurs n’avoir aucun souvenir des faits.

Un troisième lui aussi identifié grâce à sa tenue vestimentaire, assure ne pas se souvenir de la scène, et ne pas avoir participé à cette action à ce moment-là et a même refusé d’être pris en photo par les enquêteurs de l’IGPN pour « des questions de sécurité » selon ses dires.

Début août, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence doit se prononcer sur la demande de remise en liberté du policier tireur de LBD40 (un « Marseillais de 35 ans au crâne rasé, moulé dans son tee-shirt blanc, un tatouage imposant sur son bras gauche musclé, en détention provisoire depuis deux semaines » selon 20 Minutes). Le flic change pour la première fois de version (il avait toujours nié jusqu’ici) : « J’ai fait usage du LBD à une reprise. […] La consigne était de ne plus interpeller. Arrivé au cours Lieutaud, la consigne était de rétablir l’ordre dans la rue d’Italie prise d’assaut par des individus hostiles qui pillaient. » Selon lui, Hédi « avait toujours le visage dissimulé et était toujours porteur de sa capuche. [… Il a fait ] un mouvement vers l’arrière pour jeter un objet. »

Réplique de l’avocat d’Hédi :

« Moi, je porte souvent des vestes à capuche. Je me demande si je suis en danger parce que je porte des vestes à capuche ! [citant une déclaration d’un des policiers mis en examen : « habillé en mode délinquant. »] C’est extraordinaire ! Qu’est-ce que c’est que cette expression ? Après le délit de sale gueule, on invente le délit d’habit. […] Vous avez tiré à trois mètres dans la tête de ce pauvre homme qui a commis la faute de porter un vêtement à capuche. […] Vous êtes dangereux, monsieur. »

L’escalade de la récupération politique et flicarde :
  • Les syndicats de police réclament un statut spécifique pour les fonctionnaires lorsque les faits reprochés le sont dans le cadre de leurs missions, les des arrêts maladie se multiplient à Marseille, puis dans les Bouches-du-Rhône, puis un peu partout en France, en application du « code 562« , c’est-à-dire un service minimum;
  • David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires SCPN : « Que ce policier doive répondre devant la justice des faits pour lesquels il est soupçonné, c’est une évidence, personne n’est au-dessus des lois. Ce qu’on dénonce – et c’est ce qu’a très bien dit Frédéric Veaux -, c’est qu’un policier soit traité comme un simple voyou alors que les faits qu’on lui reproche ont été commis dans l’exercice de ses fonctions, qu’il a des garanties de représentations. » 
  • Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, déclare que les policiers qui ont participé à la restauration de l’ordre public après les émeutes (à la sanglante répression policière donc) n’ont pas leur place en détention : « Le savoir en prison m’empêche de dormir. Dans ce type d’affaire, le placement sous mandat de dépôt n’est pas la solution« 
  • Une cagnotte « en faveur des familles des policiers de Marseille » est lancée sur la plateforme Gofundme…
Violences physiques
 Grenade de désencerclement
 Taser
xTir de LBD
xCoups de pieds, coups de poings, gifles
 Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage
xCoups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Usage de matraques
 Morsures de chiens
 Usage de spray lacrymogène
 Tirage par les cheveux
 Arrosage
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Refus de soins ou de médicaments
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
xMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Absence de procès-verbal
  •  
  • 03.04.2023 – Audience de la chambre d’instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence sur la demande de remise en liberté du policier tireur
  • 26.07.2023 – Interview d’Hédi à Konbini
  • 20.07.2023 – Mise en examen de quatre fonctionnaires ( deux membres de la BAC sud et deux de la BAC centre) pour violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours ; placement en détention provisoire de l’un des fonctionnaires ; placement des 3 autres sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer
  • 18.07.2023 – 8 fonctionnaires de police placés en garde à vue sur commission rogatoire d’un juge d’instruction
  • 05.07.2023 – Ouverture d’une information judiciaire du chef de violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours. Enquête confiée à l’IGPN
  • 01.07.2023 – Agression d’Hédi
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Abdelkarim, 01.07.2023. Flingué – Marseille

Nuit du 30 juin au 1er juillet 2023 – Rue Saint-Ferréol, Marseille
22 ans. Atteint par un tir de LBD40, de Flasball ou de beanbags : éborgné
Dans le contexte des émeutes qui ont embrasé le pays après l’exécution de Nahel le 30 juin 2023…

Vers 00:50, Abdelkarim se tenait à l’écart des événements en allant chez un ami quand il a été atteint de plein fouet au visage par un tir de LBD ou de « beanbags« .

Il aurait été visé par un homme en noir depuis la tourelle d’un véhicule blindé, pouvant appartenir à celui utilisé par les troupes d’élite du Raid, mobilisées ce soir-là dans le centre-ville. Après avoir brièvement perdu connaissance et s’être traîné le visage en sang jusqu’à la rue Haxo, Abdelkarim  a été hospitalisé et opéré à plusieurs reprises.

Éborgné, il n’aurait que très peu de chance de retrouver l’usage de son œil gauche et souffre également d’une fracture du nez.

Abdelkarim a porté plainte avec constitution de partie civile contre X, contre le directeur du Raid Jean-Baptiste Dulion et contre le directeur général de la police nationale pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, commises en réunion, par personne dépositaire de l’autorité publique, avec usage d’une arme » et pour « tentative d’homicide volontaire« .

Daprès la plainte qu’a pu consulter Francetvinfo, il « est incontestable que le policier ayant tiré sur Abdelkarim visait sa tête […] Ainsi, le policier qui visait et tirait un LBD au niveau du visage d’Albedlkarim caractérisait bien son intention de le tuer« .

La plainte vise Jean-Baptiste Dulion, directeur du Raid : « En ordonnant le déploiement des membres du RAID et l’utilisation de LBD [il] se rend complice des infractions commises par les forces de l’ordre sous son contrôle« . De plus, « il est important de souligner le fait que le RAID est placé sous l’autorité directe du directeur général de la police nationale, monsieur Frédéric Veaux. Ainsi, ce dernier est responsable et complice des infractions commises par les forces de l’ordre sous son contrôle la nuit du 30 juin au 1er juillet à Marseille, comprenant les fonctionnaires du RAID ».

Son avocat Arié Halimi demande « le dessaisissement de tous les services d’enquête dépendant du directeur général de la police nationale, DGPN, et du ministère de l’Intérieur »,  estimant sur Twitter que « les propos tenus par le DGPN et le ministère de l’Intérieur ont définitivement corrompu l’intégralité des services de police du fait de la partialité affichée ».

L’enquête citoyenne

Selon Francetv info, la Ligue des droits de l’homme à Marseille a déclaré sur Twitter mener, avec d’autres collectifs marseillais, « une enquête citoyenne » pour faire la lumière sur la mort de Mohamed et les blessures de son cousin Abdelkarim. Mediapart raconte comment s’est déroulé, samedi, les investigations des collectifs : « Les volontaires passent plusieurs heures à sonder les commerçants et à sonner aux portes, espérant reconstituer le trajet de Mohamed la nuit de sa mort. Les voisins répondent volontiers mais n’ont pas vu grand-chose. Le pillage du magasin Speedway, la veille, les a plus marqués que cette nuit-là. M6 est déjà passé leur poser des questions, pas la police. »

Abdelkarim est le cousin de Mohamed Bendriss, le livreur Uber tué le lendemain par un tir de flashball. La plainte fait également mention de cet autre tir de LBD, le lendemain, cette fois concernant Mohamed : « Il est important de souligner que dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023, à Marseille, Mohamed décédait des suites du tir d’un lanceur de LBD au thorax lui provoquant un arrêt cardiaque« .

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
?Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
?Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 24.07.2023 – Audition d’Abdelkarim par l’IGPN
  • 24.07.2023 – Dépôt de plainte avec constitution de partie civile contre X, contre le directeur du Raid et contre le directeur général de la police nationale pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, commises en réunion, par personne dépositaire de l’autorité publique, avec usage d’une arme« , et pour « tentative d’homicide volontaire« 
  • 00.07.2023 – Ouverture d’une enquête pour « violence en réunion ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme« 
  • 01.07.2023 – Agression d’Abdelkarim
  • Avocat : Arié Halimi
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Mohamed Bendriss, 30.06.2023. Flingué – Marseille

Nuit du 30 juin au 1er juillet 2023 – Cours Lieutaud, Marseille
27 ans. Atteint par un tir de LBD40 : décédé
Dans le contexte des émeutes qui ont embrasé le pays après l’exécution de Nahel le 30 juin 2023…

Vers 22:00, Mohammed avait envoyé une dernière vidéo à ses proches : il filmait avec son portable des policiers en train d’arrêter un suspect rue Saint-Ferréol, et avait publié la vidéo sur le réseau social Snapchat. D’après sa tante, c’était 20 minutes avant sa mort..

Peu de temps après, le jeune homme à scooter est la cible d’un projectile. Le policier l’a-t-il visé parce qu’il venait de le filmer ?

Mohamed serait décédé vers 01.00 cours Lieutaud, à quelques rues des affrontements, devant l’immeuble de sa mère. Sa cousine Lina raconte :

« Un quart d’heure après, il allait chez sa mère, on le voit sur les vidéos de surveillance, sur son scooter. Il lâche une main pour tenir son thorax parce qu’il devait avoir mal. Il s’est précipité vers chez sa mère parce qu’elle habite au centre-ville, pour qu’elle appelle les pompiers ou pour qu’elle puisse le secourir. Et quand il est descendu de son scooter, il l’a garé, et il est tombé par terre.

C’est lors de son autopsie qu’a été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l’impact d’un tir de flash-ball ou de LBD40. « Les médecins constatent tout de suite deux impacts  »en cocarde » de 4,5 cm de diamètre, évocateurs d’un flash-ball », selon la journaliste de Mediapart qui a mené l’enquête.

D’après l’avocat de son cousin Abdelkarim (éborgné la veille), Me Arié Halimi :

« Mohamed a été atteint par au moins deux projectiles, un au niveau du cœur, un autre à la cuisse. La preuve qu’il était visé. Peut-être parce qu’il venait de filmer des interpellations policières. Ces images, les dernières qu’il a filmé avant de s’écrouler, ont été retrouvées« 

Le premier est situé à l’intérieur de la cuisse droite, le second sur le thorax, côté cœur. Selon l’autopsie, le choc sur le cœur « a probablement causé la crise cardiaque qui a emporté ce jeune homme sans antécédents médicaux ».

La version des flics

Deux jours après avoir indiqué qu’il était mort d’une crise cardiaque, le parquet de Marseille écrit, que « les éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par un tir de projectile de type « flash-ball »« .

Il était père d’un enfant de deux ans et sa femme était enceinte. Il n’était pas connu des services de police.

La version de la famille

Me Arié Halimi, avocat de la famille :

« Les articles de Mediapart et de Libération nous ont permis de comprendre que la hiérarchie du Raid avait connaissance de l’implication de ses fonctionnaires et avait monté une cellule de crise trois semaines avant qu’ils ne soient interrogés par l’IGPN. Il y a eu non dénonciation d’un crime pour leur permettre de se concerter et éventuellement de réduire leur responsabilité pénale. Ce sera à l’enquête de déterminer qui, au sein du Raid avait l’obligation de dénoncer et ne l’a pas fait.

Nous avons la certitude que la procureure a menti. Elle n’aurait pas dû faire ce communiqué évoquant la présence de Mohamed Bendriss un peu plus tôt, qui n’avait rien à voir avec les faits. Elle a aussi affirmé qu’il avait tenté de voler quelque chose, mais aucun élément du dossier ne permet de l’affirmer« 

La famille annonce déposer plainte fin août contre X, pour non dénonciation de crime visant la hiérarchie du Raid, et pour violation du secret de l’instruction et diffamation contre la procureure de Marseille Dominique Laurens.

Nour, la veuve de Mohamed :

« Il m’a laissé avec deux enfants. […] Je trouve que c’est pitoyable de tuer des gens, alors qu’ils ont des familles« , s’indigne. « Je suis sous le choc. J’ai ses habits dans l’armoire. Je n’y crois toujours pas. Là, j’attends. J’ai l’impression qu’il est en voyage et qu’il va revenir. Je n’arrive pas le faire rentrer dans ma tête, que mon mari est vraiment parti« .

Le 6 juillet, cité Bel Air, 200 personnes se sont réunies à partir de 18 heures, répondant à un appel d’une marche blanche en mémoire de Mohamed qui s’est muée en rassemblement.

Mohamed était le cousin d’Abdelkarim, éborgné le même soir par un tir de LBD40…

Un rapport d’expertise crucial rendu le 26 mars 2025 confirme que la mort du jeune homme de 27 ans, en juillet 2023, est bien due à l’impact d’une balle de LBD au niveau du cœur.

Dans l’enquête judiciaire menée sur les circonstances de la mort de Mohamed, dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023 à Marseille, une expertise, consultée par Libération et Mediapart, a été rendue le 26 mars. Ce rapport collégial, signé par une médecin légiste, un expert balistique, un expert en accidentologie et un expert informatique, parvient à deux constats cruciaux.

  1. Mohamed a bien été tué par un tir de lanceur de balles de défense (LBD)
  2. L’auteur de ce tir est Alexandre P., le policier du Raid qui était alors positionné sur la tourelle du véhicule blindé de l’unité d’élite, à l’avant de la colonne de véhicules.

Dans cette affaire, trois agents sont actuellement mis en examen pour l’infraction criminelle de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec arme, et par personne dépositaire de l’autorité publique.

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
?Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
?Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 26.03.2025Rapport d’expertise confirmant la mort due à l’impact d’une balle de LBD au niveau du cœur
  • 31.08.2023 – Dépôt de plaintes de la famille contre X, pour non dénonciation de crime visant la hiérarchie du Raid, et pour violation du secret de l’instruction et diffamation contre la procureure de Marseille Dominique Laurens
  • 08.08.2023 – Audition des 5 policiers par l’IGPN; fin de garde-à-vue pour 2 d’entre eux, maintien en garde-à-vue pour les 3 autres, mis en examen pour « violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner« 
  • 04.07.2023 – Ouverture par le Parquet de Marseille d’une information judiciaire pour « coups mortels » avec arme, confiée à l’IGPN
  • 01.07.2023 – Décès de Mohamed
  • 30.06.2023 – Agression de Mohamed
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Jamshed, 12.04.2020. Tabassé et abandonné – Marseille

12 avril 2020 – Marseille
27 ans. Tabassé, abandonné 30 km plus loin dans un terrain vague

Des policiers intervenant pour un contrôle du confinement interpellent brutalement Jamshed, un Afghan de 27 ans en ordre de séjour, ce 12 avril sur le Vieux-Port, sous l’oeil de caméras de vidéosurveillance qui filment la scène…

Les policiers soupçonnent Jamshed d’avoir craché sur deux passants qui lui auraient refusé une clope. Il est projeté contre le véhicule de police après une clé de bras, puis enfourné à l’intérieur. Selon l’adjointe de sécurité qui a procédé au menottage, le chef de bord, le brigadier de 46 ans, “s’est énervé à partir de là”. Les fonctionnaires évoquent des doigts d’honneur et des invectives.

Jamshed est ensuite véhiculé jusqu’à un terrain vague jusqu’à Châteauneuf-les-Martigues, à une trentaine de kilomètres de Marseille. Le brigadier dépose alors ses lunettes de soleil et son arme de service “pour ne pas faire de conneries”, selon ses propres termes. Derrière une butte, Jamshed reçoit “un coup de poing ou une gifle”, avant d’être abandonné à son sort.

Les deux flics décident de rédiger un faux procès-verbal indiquant avoir laissé le jeune réfugié à l’Hôtel de police.

Durant le procès des 3 policiers, le conducteur avoue : « La première grosse erreur, c’est qu’on aurait dû laisser tomber et le laisser repartir mais on a décidé qu’il ne fallait pas qu’il reste là« . Le brigadier : « J’ai pété un câble, on a fait une énorme boulette [] On avait ce gars sur les bras, on ne savait pas quoi en faire« .

Les trois policiers se sont excusés auprès de la victime, à l’audience. La peine de quatre ans de prison est supérieure aux trois ans requis par la procureure Virginie Tavanti selon laquelle ces policiers « n’ont pas été dignes de leur uniforme« . La peine de 18 mois de prison avec sursis est quant à elle conforme aux réquisitions.

Violences physiques
X
Bousculade / projection
XCoups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
XClés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Menace avec une arme de poing
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
XAgressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
XPassivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
XRefus de soins ou de médicaments
XMensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
XAbsence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 06.05.2020 – Condamnation en comparution immédiate par le Tribunal correctionnel de Marseille pour enlèvement et séquestration, faux et violences volontaires : 4 ans et 18 mois pour les 2 policiers, 1 an avec sursis pour l’adjointe de sécurité. Les 2 policiers sont incarcérés
  • 04.2020 – Garde à vue des 3 policiers dans les locaux de l’IGPN
  • 12.04.2020 – Tabassage de Jamshed

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Agressions

Zineb Redouane, 01.12.2018. Grenadée – Marseille

1er décembre 2018, 12 rue des Feuillants – Marseille
80 ans. Atteinte par un tir de grenade lacrymogène : décédée
Manif contre l’habitat indigne et le mal logement

Le 1er décembre 2018, à l’appel du Collectif du 5 novembre créé suite à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, plus de 15 000 Marseillais.e.s manifestent contre l’habitat indigne et le mal logement qui a coûté la vie à 8 habitants du quartier de Noailles, soutenus par les Gilets Jaunes qui font alors la jonction lors de l’acte III.

Après avoir dispersé la manifestation devant la mairie et sur le Vieux-Port de Marseille, les forces de l’ordre repoussent les manifestant.e.s vers le haut de la Canebière.

Surnommée « Mama Zina » par ses proches, Zineb est chez elle, au quatrième étage du 12 rue des Feuillants. Elle prépare son dîner en discutant au téléphone avec sa fille Milfet, qui se trouve alors à Alger. Beaucoup de gaz lacrymogène entre par la fenêtre de sa chambre ouverte, qui donne sur la Canebière. À 18:57, Zineb se dirige vers la fenêtre pour la fermer. Elle met le haut-parleur de son téléphone qu’elle pose sur le radiateur situé sous la fenêtre afin de continuer la conversation en ayant les mains libres, et passe la tête par la fenêtre pour regarder dans la rue avant de la fermer.

Elle voit alors deux policiers sur la Canebière, au croisement de la rue des Feuillants devant l’enseigne C&A. L’un d’entre eux tient un lance-grenade braqué en sa direction. Leurs regards se croisent quelques instants : son visage n’est pas masqué. « Je pourrai le reconnaître » a-t-elle affirmé à sa fille Milfet et à son amie Imen. Puis, elle reçoit une grenade lacrymogène sur l’hémiface droit de son visage. Les deux policiers montent alors en voiture et s’éloignent des lieux.

Immédiatement, elle déclare à sa fille Milfet inquiète d’entendre ses cris : « Il m’a visée, le policier m’a visée ! » Malgré le choc de l’impact, Zineb reste debout et éteint le début d’incendie provoqué par les palets incandescents libérés par la grenade. Dans une pièce de 12 mètres carrés noyés par 800 mètres cubes de gaz, et en pleine hémorragie, elle piétine seule les étincelles qui brûlent au sol.

Sa voisine du dessous, alertée par ses cris, monte immédiatement lui porter assistance tandis que son amie Imen, prévenue par sa fille Milfet, appelle les pompiers dont la caserne est située à moins de 200 mètres sur la Canebière. Elle devra les rappeler trois fois, et ils mettront 1 heure 20 à venir lui porter secours. Pendant ces 80 minutes, Zineb les attend assise sur les marches du palier du 3ème étage, contenant une hémorragie importante à l’aide de nombreuses serviettes éponge fournies par sa voisine Nadjia.

Lorsque les pompiers arrivent enfin, un policier est avec eux et réclame les clés de l’appartement de Zineb, qui refuse de les lui donner. Elle explique qu’elle a déjà éteint l’incendie, fermé le gaz et coupé l’électricité. Le policier insiste et menace de forcer la porte, alors Zineb lui laisse les clés et se fait conduire à l’hôpital de la Timone peu avant 21h. Elle attend ensuite avec Imen près de 4 heures aux urgences avant d’être prise en charge pour suturer les plaies du visage dont l’hémorragie continue.

Un doute persiste sur la raison de la présence dans l’appartement d’un pompier et d’un policier pendant et après la prise en charge de Zineb par les pompiers. On ne sait pas ce qui a été fait sur la « scène de crime » à ce moment.

Au alentours de 4h du matin le 2 décembre, elle sera transférée à l’hôpital de la Conception. Avant d’être admise au bloc opératoire 10 heures plus tard, à 14 heures le 2 décembre, elle fait trois arrêts cardiaques. Son cœur parvient à redémarrer et elle reste consciente, ce qui lui permet de parler au téléphone avec Milfet alors qu’elle se trouve en service de réanimation, avant qu’on ne déclare finalement sa mort à 22:30, soit 27,5 heures après l’impact de la grenade, à l’hôpital de la Conception.

La version de la police

Au cours de l’enquête, le commandant des CRS mis en cause refuse de donner l’arme à l’origine du tir. Sur les 5 policiers porteurs d’un lance-grenades au moment des faits, aucun n’a reconnu son implication.

La version officielle parle d’un tir en cloche qui serait tombé au mauvais endroit. Les premiers constats d’enquête concluent à l’impossibilité de retrouver précisément l’auteur du tir. L’une des caméras de la ville, qui aurait pu permettre d’identifier précisément le CRS à l’origine du lancé de grenade, était en panne, le groupe d’agents concerné se disait alors incapable de dire qui, précisément, avait tiré en direction du mur d’un immeuble ce jour-là, à 30 mètres à peine et leur bonne foi n’a pas été remise en cause.

Un expert en balistique cité par Le Monde en juin 2020 avait bien repéré un tireur à partir de caméras plus lointaines mais cela ne permettait en aucun cas de déterminer l’identité du CRS en question. Selon les récits des policiers et de leur supérieur hiérarchique, acté sur procès-verbal, la cible, quoi qu’il en soit, n’était pas la vieille dame à sa fenêtre. D’après leurs versions, il s’agissait d’un tir en cloche pour disperser les manifestants au sol.

Pourtant une enquête avec reconstitution 3D et modélisation, menée par le média d’investigation en ligne Disclose et le groupe de recherche Forensic Architecture, avait démontré qu’il s’agissait en réalité d’un tir risqué et tendu à 37 mètres.

Il est totalement impossible qu’une grenade puisse occasionner de telles fractures alors qu’elle est en phase descendante, en retombée. De surcroît, l’ogive de grenade s’ouvre lorsqu’elle se situe en haut de sa trajectoire et l’ensemble des éléments la constituant (ogive + capsules de gaz lacrymogène) retombe avec une force cinétique très faible. Il ne peut y avoir d’impact dans ces conditions.

La présence d’un impact puissant susceptible de fracturer les os du visage à une distance de 30 à 40 mètres implique un « tir tendu » : la grenade est alors dans sa trajectoire montante et tirée avec un angle de 20 à 30°, soit en dessous de l’inclinaison verticale obligatoire de 30 à 45°.

Se présentent alors deux hypothèses :

  • soit le policier visait délibérément Zineb et a dirigé son arme en tir direct (non règlementaire) vers elle pour l’atteindre de plein fouet, ce qui impliquerait une tentative d’homicide ou un homicide volontaire,
  • soit le policier effectuait un « tir de façade » (non règlementaire) consistant à s’affranchir d’un obstacle en faisant rebondir la grenade sur un mur afin que les capsules lacrymogènes atteignent par rebond une foule dans un angle mort, ce qui impliquerait un homicide « involontaire ».

Au vu de la configuration des lieux, de l’angle de la rue des Feuillants par rapport à la Canebière, mais aussi des panneaux de chantier qui obstruent la visibilité sur la rue des Feuillants depuis la Canebière, l’hypothèse d’un tir de façade est crédible, dans la mesure où aucun tir direct, y compris en cloche, ne pouvait atteindre les manifestants présents plus haut dans la rue des Feuillants, très étroite et entourée d’immeubles hauts.

Sur les images produites par Désarmons-les !, on voit le champ de vision extrêmement réduit depuis la Canebière sur la rue des Feuillants. Le seul angle permettant un tir direct en cloche (règlementaire) sur une foule située plus haut dans la rue des Feuillants n’aurait jamais pu atteindre Zineb de plein fouet (sa fenêtre est située à l’endroit de la croix rouge). Sur les trois autres vues, seule l’angle depuis le centre de la Canebière ou le trottoir devant le magasin C&A permet d’atteindre la fenêtre de Zineb. Mais un tir depuis là ne peut en aucun cas atteindre les manifestants dans la rue des Feuillants, hormis par un rebonds (tir de façade). Ou alors Zineb était directement et volontairement visée…

La reconstitution ds faits par Disclose et Forensic Architecture établira que la grenade était équipée d’un lanceur de 100m, alors que l’appartement de Zineb n’était distant que de 30 mètres… L’expertise précise que l’impact a eu lieu à 37 mètres, dans la trajectoire encore montante de la grenade, à plus de 97 km/h. De type MP7, cette grenade est prévue pour évacuer un espace extérieur d’environ 1000m2.

Avant même de disposer d’éléments factuels et établis, le procureur Xavier Tarabeux a affirmé que « le décès résulte d’un choc opératoire et non d’un choc facial », ajoutant qu’« à ce stade, on ne pouvait pas établir de lien de cause à effet entre la blessure et le décès ».

La version de la Justice (?)

Fin décembre, Milfet Redouane et Imen Souames ont organisé le rapatriement du corps de Zineb, qui a été inhumé le 25 décembre à Alger. Elles ont également fait le choix de confier leur plainte à Yassine Bouzrou, qui a défendu plusieurs familles de victimes par le passé.

Le 24 avril 2019, la juge en charge de l’enquête est pointée du doigt après avoir demandé aux experts d’établir le montant de l’Incapacité Totale de Travail de Zineb . Pour autant, il n’est pas possible à ce stade de juger des avancées de l’enquête, confiée à l’IGPN. Des experts médicaux et balistiques ont été désignés dès le 10 décembre et devaient fournir un rapport en mars 2019.

En mai 2019, il n’y a toujours pas de nouvelle de ces expertises. Par conséquent, Me Bouzrou a mis en cause l’impartialité de la juridiction marseillaise et a demandé le dépaysement de l’affaire, qui a été refusé par l’avocat général près la Cour d’Appel d’Aix, Robert Gelli, le 2 mai 2019, estimant que « la requérante » ne fournit « aucun élément sérieux de nature à mettre en cause l’impartialité du magistrat instructeur saisi ».

Le 5 juin 2019, Yassine Bouzrou dépose plainte pour « faux en écriture publique aggravé » après avoir été informé que l’une des 4 caméra censée être la plus proche de l’endroit où a été effectué le tir serait inopérante : « Il est particulièrement surprenant que ce soit justement cette caméra qui ait été déclarée inopérante. La thèse malheureuse du défaut de fonctionnement de la caméra la plus proche des lieux des faits n’est pas crédible, et ce notamment au regard des manœuvres employées […]. »

Suite à l’audition par l’IGPN fin janvier des cinq CRS de Saint Etienne (CRS 50) porteurs de lanceurs Cougar le soir du 1er décembre sur la Canebière, on apprend qu’ils étaient accompagné d’un délégué du procureur de Marseille, André Ribes. Celui-ci, équipé d’un brassard « Parquet », apparaît en effet sur plusieurs vidéos.

Dans un périscope diffusé sur internet, le moment de la scène et l’atmosphère générale est retranscrite sur un laps de temps de 3 minutes correspondant au moment où les CRS arrivent au croisement de la rue des Feuillants avant de progresser plus en amont sur la Canebière : https://www.periscope.tv/w/1eaKbOZBQbXGX. Entre 14:01 et 14:09, on entend que les policiers procèdent à trois tirs de grenades à l’aide de lanceurs Cougar. S’il y a eu d’autres tirs, ils ne sont pas audibles sur cette vidéo. André Ribes apparaît à plusieurs reprises sur cette vidéo, ainsi que sur d’autres images prises plus tôt sur le vieux port.

Le 20 juin 2019, le procureur général Robert Gelli accepte à reculons le dépaysement de l’enquête : « Au moment de la manifestation, un magistrat du parquet était présent aux côtés des forces de l’ordre, ce qui, en soi, n’a aucune incidence sur les faits mais peut créer une forme de suspicion. C’est un élément que j’ignorais jusqu’alors et qui me gêne un peu. Je considère que la sérénité de la poursuite de l’information à Marseille risque d’être perturbée. Autant anticiper des polémiques inutiles. »

Le 2 juillet 2019, nouveau rebondissement dans l’affaire avec la publication d’un rapport d’autopsie réalisé par les médecins légistes du centre hospitalo-universitaire d’Alger suite au rapatriement du corps de Zineb le 25 décembre en Algérie : les professeurs Rachid Belhadj et Radia Yala affirment que « la victime présentait un important traumatisme facial imputable à l’impact d’un projectile non pénétrant », confirmant ainsi la responsabilité directe du tir dans la mort de Zineb.

Le 8 juillet 2019, Me Bouzrou annonce avoir saisi le Conseil Supérieur de la Magistrature à l’encontre du procureur Xavier Tarabeux, lui imputant des « manquements déontologiques et disciplinaires » pour avoir nié dés les premiers jours la responsabilité du « choc facial » dans le décès de Zineb, mais également pour avoir dissimulé la présence du procureur adjoint André Ribes à proximité des CRS à l’origine du tir de grenade.

Milfet Redouane et Imen Souames, accompagnées par des personnes de confiance, dont certaines sont des habitantes solidaires du quartier de Noailles, où habitait Zineb, ont constitué un comité et choisi de mener la bataille pour faire la lumière sur la mort de Zineb.

Selon France Inter, le rapport administratif final de l’IGPN, réalisé par des enquêteurs marseillais, a tenu compte de toutes les données, y compris celles de Disclose, qui ont été recoupées et ont permis d’identifier au final l’auteur du tir, comme le révèle Frédéric Charpier dans son livre.

Dans ses conclusions, selon plusieurs sources proches du dossier contactées par France Inter, l’Inspection générale de la police nationale estime que le tir à partir d’un lanceur Cougar était bien règlementaire sur le principe. Mais qu’il y avait bien un risque, que c’était « une action manifestement disproportionnée » et que l’auteur du tir ainsi que son superviseur (les CRS fonctionnent en binôme) ont fait preuve d’un « manque de discernement » à vouloir tirer dans la direction choisie. Et la directrice de l’IGPN, Brigitte Jullien va jusqu’à préconiser la convocation d’un conseil de discipline, ce qui signifie qu’il y a bien une faute professionnelle et qu’elle est d’un niveau de gravité suffisant pour justifier une telle convocation.

Des recommandations que Fréderic Veaux, le directeur général de la Police Nationale a décidé de ne pas suivre. Le patron de la police a classé le dossier sans prendre la moindre sanction au-delà d’un stage de formation continue pour les deux CRS concernés. Toujours selon nos informations, le DGPN est en désaccord avec la cheffe de l’inspection générale, estimant qu’il n’ y a rien dans le dossier qui démontre qu’il y a une faute grave. Que ce n’est d’ailleurs écrit nulle part. Et qu’au contraire, le rapport décrit bien les conditions d’exercice extrêmes dans un cadre limite insurrectionnel qui ne pouvait au milieu des fumées, en pleine nuit, qu’altérer le discernement des CRS.  Et enfin, que cela ne pouvait en aucun cas leur être reproché.

En revanche, à aucun moment, les enquêteurs marseillais de la police des polices n’ont estimé que le CRS avait délibérément visé la fenêtre où apparaissait Zineb. Sur ce point-là comme sur le reste, et malgré ce classement administratif, le dossier a été transmis ces derniers jours au juge désormais en charge de cette affaire, qui a été judiciarisée à Lyon.

Le , le CRS auteur du tir mortel est mis en examen pour « homicide involontaire ».

Comité Vérité, Justice et Dignité pour Zineb Redouane

Le 28 mars 2019, Milfet Redouane sort du silence en adressant une lettre ouverte au président Macron suite à ses propos concernant Geneviève Legay, militante d’Attac blessées par des CRS le 23 mars à Nice dans le cadre d’une manifestation de gilets jaunes. Elle se prononce notamment pour l’interdiction des armes qui ont tué sa mère : « La vraie sagesse, c’est d’interdire ces armes ».

Le Comité a rencontré à Paris début avril plusieurs familles touchées par les violences d’État, des journalistes engagés, ainsi que des collectifs et personnes investies depuis plusieurs années auprès de victimes de violences policières. Milfet Redouane est notamment accueillie avec chaleur et émotion par Jérôme Rodrigues (gilet jaune éborgné par un tir de LBD lors d’une manifestation le 26 janvier 2019) et l’Assemblée parisienne des Gilets Jaunes le 9 avril 2019.

Milfet et Imen s’expriment ensemble fin avril 2019 dans une vidéo tournée par le collectif militant marseillais Primitivi, afin de revenir sur les faits et d’expliquer leur démarche 23.

Le 27 avril 2019, des manifestant-es solidaires collent une fausse plaque en hommage à Zineb par dessus le panonceau de la rue des Feuillants. Régulièrement, des hommages sont rendus à Zineb dans le cadre des commémorations des victimes de l’écroulement des immeubles de la rue d’Aubagne, dans la mesure où la mort de Zineb est intervenue en marge d’une manifestation suite à ce drame et que les victimes étaient toutes habitantes du même quartier que Zineb.

Justice et Lumière pour Zineb et ses proches !
Violences physiques
 Bousculade / projection
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
XUsage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
 Charge sans avertissement
 Course-poursuite
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Problèmes de santé mentale
XNon-assistance à personne en danger
 Harcèlement
 Arrestation
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
XIntimidation, chantage, menaces
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Perquisition
 Fouille
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 12.09.2024 – Mise en examen du CRS auteur du tir mortel est mis en examen pour « homicide involontaire »
  • 01.05.2023 – Ordonnance de la juge d’instruction désignant deux experts pour déterminer la « responsabilité médicale » des pompiers et du personnel de l’hôpital dans leur prise en charge de la victime
  • 30.10.2021 – Classement administratif sans sanction par le directeur général de la Police Nationale Fréderic Veaux, malgré l’avis de l’IGPN recommandant de la convocation d’un conseil de discipline pour une faute professionnelle grave
  • 30.11.2020 – Reconstitution 33D par Disclose et Forensic Architecture contradisant formellement l’analyse balistique
  • 20.05.2020 – Rapport d’expertise balistique disculpant les policiers
  • 00.08.2019 – Dépaysement de l’affaire à Lyon
  • 08.07.2019 – Saisie du Conseil Supérieur de la Magistrature à l’encontre du procureur Xavier Tarabeux pour « manquements déontologiques et disciplinaires » 
  • 02.07.2019 – Rapport d’autopsie de médecins Algériens sur le corps rapatrié
  • 20.06.2019 – Le parquet accepte la demande de dépaysement
  • 05.06.2019 – Dépôt de plainte pour « faux en écriture publique aggravé »
  • 02.05.2019 – Refus de la demande de dépaysement par l’avocat général près la Cour d’Appel d’Aix Robert Gelli
  • 00.05.2019 – Demande de dépaysement de l’affaire en suite du rapport d’expertise toujours pas achevé et le doute sur l’impartialité des juges marseillais
  • 12.04.2019 – Dépôt de plainte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner »
  • 00.01.2019 – Audition des cinq CRS de Saint Etienne (CRS 50) porteurs de lanceurs Cougar le soir du 1er décembre sur la Canebière
  • 06.12.2018 – Rapport d’analyse des images vidéo par l’IGPN
  • 10.12.2018 – Ouverture d’une enquête confiée à l’IGPN; désignation d’experts médicaux et balistiques
  • 04.12.2018 – Ouverture d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction
  • 02.12.2018 – Décès de Zineb
  • 01.12.2018 – Agression de Zineb

Tir en cloche ou tir tendu ? Les images reconsitutées de Désarmons-les ! :

Vidéo sur Périscope : moment de la scène et l’atmosphère générale est retranscrite sur un laps de temps de 3 minutes correspondant au moment où les CRS arrivent au croisement de la rue des Feuillants avant de progresser plus en amont sur la Canebière. Entre 14’01 et 14’09, on entend que les policiers procèdent à trois tirs de grenades à l’aide de lanceurs Cougar. S’il y a eu d’autres tirs, ils ne sont pas audibles sur cette vidéo. André Ribes apparaît à plusieurs reprises sur cette vidéo, ainsi que sur d’autres images prises plus tôt sur le vieux port.

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Agressions

Ishaq, 20.02.2018. Tabassé – Marseille

20 février 2018 – XVème arrodissement – Marseille
17 ans. Coups de pied et de poing sur le corps et au visage : 15 jours d’ITT, notamment fracture du plancher orbital

Ishaq était en vacances chez ses grands frères à Marseille. Le 20 février, il sort vers 22:30 acheter des cigarettes dans une épicerie de nuit, « à 100 mètres du domicile de sa famille« , selon son frère Jamel. Au retour, dans une ruelle, il voit une voiture de police se garer à son niveau.

D’après le lycéen, version rapportée par l’AFP, un policier lui aurait d’abord asséné un coup de poing dans l’œil, sans aucune raison, puis, rejoint par son collègue, plusieurs coups de pied et de poing sur le corps et au visage.

Selon son avocate Me Sennaoui :

Deux policiers sont sortis de leur véhicule à son niveau, l’ont humilié verbalement puis l’ont agressé physiquement [] Ils lui ont dit qu’il y avait eu un braquage et qu’il ressemblait au braqueur recherché, mais l’enquête de l’IGPN a démontré qu’il n’y avait jamais eu de braquage.« 

Dans le rapport de l’IGPN, remis en avril 2019, les deux agents de la Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI), le brigadier-chef de 42 ans Lionel P., et le gardien de la paix de 33 ans Thomas B., ne parlent plus de braquage, mais assurent avoir « poursuivi un jeune qui s’enfuyait » sans jamais le toucher.

« Pourtant de l’ADN d’un des deux policiers a été retrouvé sur un stylo du syndicat alliance police nationale à proximité de la victime et l’ADN de l’autre policier sur la veste de mon client« , selon Me Sennaoui.

Pour l’IGPN, ces éléments ainsi que le témoignage de l’épicier qui a vu le jeune repartir le visage tuméfié, attestent des « violences commises sur la personne d’Ishaq« . Une agression qualifiée de « gratuite et déplorable » par la procureur Virginie Taventi lors de l’audience du tribunal correctionnel de mars 2020.

Ishaq a reçu 15 jours d’ITT, souffrant notamment d’une fracture du plancher orbital.

Violences physiques
 Bousculade / projection
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
 Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
 « Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
 « Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Sévices sexuels
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
 Usage de tranquillisants
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation d’entrave à la circulation
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Accusation de manque de respect
 Accusation de refus d’obtempérer
 Prise de photos, empreintes, ADN
 Menace avec une arme de poing
 Tir dans le dos
XCharge sans avertissement
 Course-poursuite
XAgressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Problèmes de santé mentale
 Non-assistance à personne en danger
 Harcèlement
 Arrestation
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation, chantage, menaces
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Perquisition
 Fouille
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Détention
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 14.05.2020 – Jugement rendu par le Tribunal correctionnel de Marseille : Lionel P. et Thomas B. condamnés à quatre ans de prison, dont deux fermes. Pas de demande de placement en détention.
  • 00.03.2020 – Audience du Tribunal correctionnel de Marseille
  • 17.10.2019 – Audience du Tribunal correctionnel de Marseille
  • 00.04.2019 – Remise du rapport de l’IGPN
  • 20.02.2018 – Tabassage d’Ishaq

[Source : France 3 PACA]