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Yanis, 14.04.2021. Percuté – Saint-Denis

14 avril 2021 – 23:30, La Plaine Saint-Denis
20 ans. Percuté par une voiture de flic : il décédera 49 jours plus tard
Le 14 avril, vers 23:30, Yanis, un jeune du quartier, à scooter, a été violemment percuté suite à une course poursuite avec la police. Il est décédé 49 jours plus tard. Selon la police il avait grillé deux feux rouges.

Le ramadan vient tout juste de commencer. Après avoir coupé le jeûne, Yanis décide d’aller faire un tour avec son scooter T-Max. Un ami également en deux-roues le rejoint. devant le Subway, au coin de la rue. Yanis est à deux pas de chez lui, dans le quartier de la Plaine. D’autres copains en voiture arrivent. Ils discutent là, jusqu’à ce qu’une voiture banalisée de la Bac leur demande de se disperser.

Selon l’ami en scooter – propos rapportés par la famille – la police aurait pris en chasse les deux-roues. Le jeune homme prend l’avenue du Président-Wilson avec Yanis derrière lui. Il tourne dans une rue perpendiculaire, mais Yanis n’est plus là. D’après une poignée de témoins – qui ont répondu à un appel à témoins de la famille sur Snapchat – Yanis aurait continué sur l’avenue jusqu’à Porte de Paris. Il aurait pris un pont, pour descendre sur l’A1. Aucun témoin connu n’a vu la suite de la scène.

C’est là que les versions divergent.

La version de la police

Selon la police, relayée le lendemain matin du drame par le site Actu17, Yanis aurait refusé un contrôle et se serait enfui par l’autoroute :

Les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Saint-Denis ont aperçu vers 23h30 dans la nuit de mercredi à jeudi, un homme à scooter circulant à pleine vitesse qui a franchi deux feux rouges sous leurs yeux. Ils lui ont ordonné de s’arrêter mais ce dernier a refusé d’obtempérer puis s’est dirigé sur l’avenue du Président-Wilson, avant de s’engager sur l’autoroute A1 en direction de Paris.

Plus loin, le fuyard a soudainement fait demi-tour et s’est engagé à contresens sur l’autoroute. Les forces de l’ordre ont alors arrêté de le suivre pour éviter un grave accident indique une source policière. Environ 600 mètres plus loin, l’homme à TMax a violemment percuté une voiture de type Ford Mondéo qui arrivait face à lui. »

Selon la famille et les amis de Yanis, la Ford Mondéo appartenait aux agents de la Bac qui ont dispersé le petit groupe devant le Subway. Ils ajoutent que Yanis n’était pas en contresens et que la course-poursuite était illégale. Deux mois plus tard, en juin 2021, une note de la commissaire de la circonscription dans le Val-d’Oise rappelle que cette pratique a été interdite (sauf si la course-poursuite est motivée par un crime de sang).

Son grand frère Smail :

« On a retrouvé le scooter coupé en deux. Le choc a dû être… J’ai regardé des vidéos sur YouTube, des dizaines. Et un scooter qui prend une voiture de face, ça ne finit pas coupé en deux. Ça n’est possible que s’il est poussé de côté »

Yanis a été déposé sous X à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Sa mère :

« Son poumon droit est endommagé, plusieurs côtes sont cassées, une fesse est arrachée, son fémur est déboité, un de ses pieds est arraché. Le pire, c’était son visage. Sa mâchoire… elle était brisée en quatre. »

Après 49 jours de coma, le jeune homme succombe à ses blessures.

La famille ne veut pas se contenter de cette version, d’autant que de nouvelles violences policières ont eu lieu ensuite et cette fois, des vidéos de particuliers et des témoignages à visage découvert contredisent nettement sa version.

La famille organise une veillée funéraire sur trois jours, comme le veut la tradition musulmane. Le deuxième jour, le 4 juin à 21 heures, heure du couvre-feu, la police intervient : gaz lacrymogènes, tirs de LBD. claque une porte d’immeuble sur la main du jeune frère de Yanis en l’écrasant, puis s’est empressée de porter plainte contre ce dernier et six autres participants. Elle a même envoyé une femme enceinte à l’hôpital ! Elle a prétexté la présence de voitures mal garées et une émeute des conducteurs, bien qu’une vidéo montre une seule voiture et un conducteur brutalisé par des policiers alors qu’il est au volant, garé.

Le troisième jour de la veillée, tôt le matin, la police intervient violemment au domicile de Valérie. Tous les membres de la famille sont plaqués au sol. La brigade recherche Nassim, le frère de Yanis de trois ans son aîné, pour appel à la rébellion, outrages et violences à l’encontre de deux policiers la veille.

Aujourd’hui, la famille porte plainte et réclame, devant la justice, les vidéos de la collision. « Qui a percuté Yanis ? », « On veut les vidéos ! », « Qui nous protège de la police ? », clamaient les slogans et les pancartes de la manifestation : la mère, les frères, les sœurs et un ami de Yanis, reconnaissants, ont pris la parole : « j’ai besoin de savoir la vérité pour faire mon deuil ». Des proches d’autres victimes décédées lors d’interventions policières ont témoigné du même mépris des institutions et se sont félicités de la solidarité présente.

Dimanche 7 novembre 20211, une manifestation a rassemblé près de 300 personnes, surtout des habitants du quartier de La Plaine Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, à l’appel du comité « Vérité et justice pour Yanis ! ».

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
XPare-chocage (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 07.11.2021 – Manifestation à l’appel du comité « Vérité et justice pour Yanis ! »
  • 04.06.2021 – Intervention violente de la police dans le quartier à la sortie de la veillée funéraire pour la mort de Yanis
  • 14.04.2021 – Agression de Yanis
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