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Sefa S., 06.09.2023. Percuté – Élancourt

6 septembre 2023 – Devant le collège Alexandre-Dumas, Avenue de la Villedieu – Élancourt
16 ans. Parechoqué par par une voiture de police : décédé

Mercredi 6 septembre vers 18:20, Sefa, lycéen de 16 ans, est pris en chasse en moto puis percuté par une voiture de police.

Sefa était au guidon d’une moto-cross quand il a percuté une seconde voiture de police à une intersection dans le quartier des Nouveaux Horizons de cette ville située près de Trappes.

Transféré à l’hôpital Beaujon de Clichy en état de mort cérébrale selon l’avocat de la famille, plusieurs médias turcs ont annoncé la mort de Sefa. Son père, dans une vidéo de l’agence de presse turque IHA, déclarait que son fils était « décédé à 11:30 », lundi 12 et se plaignait du traitement médical prodigué à son fils en France :il aurait lui-même du faire un massage cardiaque à son fils. D’où son transfert vers la Turquie.

Ce qui a été dit en l’absence de vidéo :

La version de la police

L’intervention policière avait pour objectif de faire cesser un rodéo urbain. Une voiture de police a alors pris Sefa en chasse « à distance », selon le parquet de Versailles, qui a annoncé un peu vite le décès de Sefa :

Maryvonne Caillibotte, procureur de la République de Versailles :

« L’information qui nous est parvenue par des voies très officielles et très habituelles était imprécise et, de fait, erronée. Il s’agit effectivement d’une mort cérébrale. Il s’agit d’une situation extrêmement regrettable, qui nous a mise dans tous nos états. Je me mets à la place de la famille, qui n’a déjà pas besoin de ça. Cette information qui a mal circulé va nous obliger à resserrer nos circuits de communication. Il y a forcément des leçons à en tirer.

Si nous disposons d’un certificat de décès, nous partirons sur un homicide involontaire. Sinon, nous ouvrirons sur des blessures involontaires. »

Sefa aurait lui-même percuté un véhicule de police pendant qu’un autre, à distance, le poursuivait pour « refus d’obtempérer ». Un récit unilatéral qui, émanant du syndicat Unité SGP Police 78 et relayé par différentes figures légèrement réacs, comme Jean Messiha sur X, vise une nouvelle fois à blanchir les policiers en criminalisant la victime.

Tony Vallée, délégué Unité SGP Police 78, a expliqué que l’adolescent a pris la fuite « à deux reprises » après avoir refusé de s’arrêter pour un contrôle.

D’après des informations recueillies par RTL, le conducteur de la voiture de police impliquée dans la collision a assuré devant l’IGPN qu’il n’avait pas vu l’adolescent surgir à moto sur sa gauche. Le Parisien et France Info affirment de leur côté que les images de vidéosurveillances consultées par l’IGPN «montreraient un véhicule de police arriver lentement au niveau d’une intersection, pour tourner avenue de la Villedieu, vers 18:40. L’adolescent arriverait vers la voiture sans casque et sans ralentir, car il regardait derrière lui à ce moment-là.»

Un air de déjà vu ?

La version de la famille

Me Yassine Bouzrou :

« Selon plusieurs sources, c’est volontairement que le véhicule de police a percuté le jeune Sefa S. Il ne s’agirait pas d’une prise en charge à distance mais bien d’une course poursuite, proche de la moto.

Non, il n’y a pas d’accident. Différents éléments me permettent d’affirmer avec certitude que le véhicule de police a tenté d’aller au contact de la moto en lui coupant la route. J’affirme sur la base d’un témoin présent qui a vu le véhicule de police aller à vive allure en direction de cette moto pour la percuter.

La vitesse du véhicule n’a jamais été expertisée, [la voiture était] selon plusieurs témoins en excès de vitesse. »

Un témoin sur BFM TV qui dit avoir tout vu depuis son balcon :

« Il y avait une voiture de police qui le suivait, et la voiture était sur le trottoir. Là il s’est retourné pour descendre à toute vitesse. Et à ce moment-là, j’ai vu, pendant qu’ils allaient traverser sur le passage piéton, il y a une autre voiture de police, qui sortait de ce côté. La voiture l’a percuté. J’ai vu qu’ils ont dit que c’est lui qui a percuté la voiture mais moi j’ai vu que c’est la voiture de police qui l’a percuté. »

Depuis la loi de 2017 notamment, le « refus d’obtempérer » est systématiquement employé par la police pour harceler les jeunes, les traquer, dégainer, et tirer.

Les poursuites de véhicules sont encadrées par une instruction de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP), surnommée «note 89», qui appelle les policiers à faire preuve de «discernement» et de «proportion», au regard des risques de blessure ou le décès d’un tiers ou d’un fonctionnaire de police.

Le cas de Nahel, tué en juin dernier par la police suite à un « refus d’obtempérer » à Nanterre, en est la dernière illustration la plus tragique. Mais c’est dans une longue liste de meurtres policiers sous ce motif que s’inscrit ce niveau drame : depuis début 2022, en comptant Nahel, 15 personnes ont déjà été tuées dans les mêmes circonstances.

Sefa, lui, était originaire du quartier du Village. Les riverains de ce secteur calme d’Elancourt évoquent « un garçon gentil », qui « passait sa vie à moto », dans les rues, dans les bois…

Dès mercredi soir, un escadron de gendarmes était déployé dans les quartiers d’Élancourt pour prévenir toute forme de contestation…

Le cycle meurtres par des policier – répression de la colère continue…

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
X« Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 12.09.2023 – Décès de Sefa; ouverture d’une information judiciaire pour « blessures involontaires contre X » par le parquet de Versailles
  • 07.09.2023 – Levée de garde-à-vue pour les 2 policiers; dépôt de plainte pour « tentative d’homicide volontaire » par l’avocat de la famille et demande de dépaysement
  • 06.09.2023 – Agression de Sefa; ouverture d’une enquête pour « refus d’obtempérer » confiée à la sûreté départementale des Yvelines; ouverture d’une enquête pour « homicide involontaire par conducteur » confiée à l’IGPN; placement en garde à vue des 2 policiers conducteurs
2023.09.06_S.Sefa_Elancourt.FRA
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Agressions

Yanis, 14.04.2021. Percuté – Saint-Denis

14 avril 2021 – 23:30, La Plaine Saint-Denis
20 ans. Percuté par une voiture de flic : il décédera 49 jours plus tard
Le 14 avril, vers 23:30, Yanis, un jeune du quartier, à scooter, a été violemment percuté suite à une course poursuite avec la police. Il est décédé 49 jours plus tard. Selon la police il avait grillé deux feux rouges.

Le ramadan vient tout juste de commencer. Après avoir coupé le jeûne, Yanis décide d’aller faire un tour avec son scooter T-Max. Un ami également en deux-roues le rejoint. devant le Subway, au coin de la rue. Yanis est à deux pas de chez lui, dans le quartier de la Plaine. D’autres copains en voiture arrivent. Ils discutent là, jusqu’à ce qu’une voiture banalisée de la Bac leur demande de se disperser.

Selon l’ami en scooter – propos rapportés par la famille – la police aurait pris en chasse les deux-roues. Le jeune homme prend l’avenue du Président-Wilson avec Yanis derrière lui. Il tourne dans une rue perpendiculaire, mais Yanis n’est plus là. D’après une poignée de témoins – qui ont répondu à un appel à témoins de la famille sur Snapchat – Yanis aurait continué sur l’avenue jusqu’à Porte de Paris. Il aurait pris un pont, pour descendre sur l’A1. Aucun témoin connu n’a vu la suite de la scène.

C’est là que les versions divergent.

La version de la police

Selon la police, relayée le lendemain matin du drame par le site Actu17, Yanis aurait refusé un contrôle et se serait enfui par l’autoroute :

Les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Saint-Denis ont aperçu vers 23h30 dans la nuit de mercredi à jeudi, un homme à scooter circulant à pleine vitesse qui a franchi deux feux rouges sous leurs yeux. Ils lui ont ordonné de s’arrêter mais ce dernier a refusé d’obtempérer puis s’est dirigé sur l’avenue du Président-Wilson, avant de s’engager sur l’autoroute A1 en direction de Paris.

Plus loin, le fuyard a soudainement fait demi-tour et s’est engagé à contresens sur l’autoroute. Les forces de l’ordre ont alors arrêté de le suivre pour éviter un grave accident indique une source policière. Environ 600 mètres plus loin, l’homme à TMax a violemment percuté une voiture de type Ford Mondéo qui arrivait face à lui. »

Selon la famille et les amis de Yanis, la Ford Mondéo appartenait aux agents de la Bac qui ont dispersé le petit groupe devant le Subway. Ils ajoutent que Yanis n’était pas en contresens et que la course-poursuite était illégale. Deux mois plus tard, en juin 2021, une note de la commissaire de la circonscription dans le Val-d’Oise rappelle que cette pratique a été interdite (sauf si la course-poursuite est motivée par un crime de sang).

Son grand frère Smail :

« On a retrouvé le scooter coupé en deux. Le choc a dû être… J’ai regardé des vidéos sur YouTube, des dizaines. Et un scooter qui prend une voiture de face, ça ne finit pas coupé en deux. Ça n’est possible que s’il est poussé de côté »

Yanis a été déposé sous X à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Sa mère :

« Son poumon droit est endommagé, plusieurs côtes sont cassées, une fesse est arrachée, son fémur est déboité, un de ses pieds est arraché. Le pire, c’était son visage. Sa mâchoire… elle était brisée en quatre. »

Après 49 jours de coma, le jeune homme succombe à ses blessures.

La famille ne veut pas se contenter de cette version, d’autant que de nouvelles violences policières ont eu lieu ensuite et cette fois, des vidéos de particuliers et des témoignages à visage découvert contredisent nettement sa version.

La famille organise une veillée funéraire sur trois jours, comme le veut la tradition musulmane. Le deuxième jour, le 4 juin à 21 heures, heure du couvre-feu, la police intervient : gaz lacrymogènes, tirs de LBD. claque une porte d’immeuble sur la main du jeune frère de Yanis en l’écrasant, puis s’est empressée de porter plainte contre ce dernier et six autres participants. Elle a même envoyé une femme enceinte à l’hôpital ! Elle a prétexté la présence de voitures mal garées et une émeute des conducteurs, bien qu’une vidéo montre une seule voiture et un conducteur brutalisé par des policiers alors qu’il est au volant, garé.

Le troisième jour de la veillée, tôt le matin, la police intervient violemment au domicile de Valérie. Tous les membres de la famille sont plaqués au sol. La brigade recherche Nassim, le frère de Yanis de trois ans son aîné, pour appel à la rébellion, outrages et violences à l’encontre de deux policiers la veille.

Aujourd’hui, la famille porte plainte et réclame, devant la justice, les vidéos de la collision. « Qui a percuté Yanis ? », « On veut les vidéos ! », « Qui nous protège de la police ? », clamaient les slogans et les pancartes de la manifestation : la mère, les frères, les sœurs et un ami de Yanis, reconnaissants, ont pris la parole : « j’ai besoin de savoir la vérité pour faire mon deuil ». Des proches d’autres victimes décédées lors d’interventions policières ont témoigné du même mépris des institutions et se sont félicités de la solidarité présente.

Dimanche 7 novembre 20211, une manifestation a rassemblé près de 300 personnes, surtout des habitants du quartier de La Plaine Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, à l’appel du comité « Vérité et justice pour Yanis ! ».

Violences physiques
 Coups de pieds, coups de poings, gifles
 Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
 Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
 Coups sur les oreilles
 Étranglement
 Clés aux bras douloureuses
 Doigts retournés
 Arrosage
 Morsures de chien
XPare-chocage (percussion par un véhicule de police)
 Tirage par les cheveux
 Serrage douloureux des colsons ou des menottes
 Tirage par les colsons ou des menottes
 Usage de gants
 Usage d’arme à feu
 Usage de FlashBall
 Usage de grenade assourdissante
 Usage de grenade de désencerclement
 Usage de grenade lacrymogène
 Usage de LBD40
 Usage de matraques
 Usage de spray lacrymogène
 Usage de Taser
Violences psychologiques
 Accusation de trouble à l’ordre public
 Accusation de rébellion
 Accusation de coups à agent
 Accusation de menace à agent
 Accusation d’injure à agent
 Menace avec une arme de poing
 Agressivité, manque de respect, insultes
 Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
 Propos sexistes
 Propos homophobes
 Propos racistes
 Violences de la part de collègues policiers
 Passivité des collègues policiers
 Défaut ou refus d’identification des policiers
 Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
 Intimidation ou arrestation des témoins
 Obstacle à la prise d’images
 Refus de prévenir ou de téléphoner
 Refus d’administrer un éthylotest
 Refus de serrer la ceinture pendant le transport
 Refus d’acter une plainte
 Refus de soins ou de médicaments
 Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
 Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
 Flexions à nu devant témoins
 Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
 Pression pour signer des documents
 Absence de procès-verbal
 Privations pendant la détention (eau, nourriture)
 Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
 Complaisance des médecins
 Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
 Position inconfortable prolongée
  • 07.11.2021 – Manifestation à l’appel du comité « Vérité et justice pour Yanis ! »
  • 04.06.2021 – Intervention violente de la police dans le quartier à la sortie de la veillée funéraire pour la mort de Yanis
  • 14.04.2021 – Agression de Yanis
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