Interpellé pour un geste, R. ne s’attendait pas à un tel déchaînement de haine…
« Dans une rue étroite, une voiture de police type berline traverse une foule assez compacte (passants et clients d’un bar attenant). Un doigt d’honneur devant la vitre droite du véhicule. Dans une explosion d’agressivité disproportionnée 4 policiers sortent du véhicule et m’appréhendent violemment : clé au bras, double menottage très serré, insultes et menaces. Je demande de l’aide alors que les policiers m’intiment de rentrer dans le véhicule. La foule est trop intimidée par la brigade pour m’apporter un soutien. Refus d’entrer dans le véhicule de plein gré, par peur d’un passage à tabac dans l’habitacle du véhicule.
Je suis placé de force dans le véhicule puis les policiers prennent places (2 devants, et 2 à l’arrière de chaque côté de moi). Menotété, je suis conduit plus bas dans la rue : le policier du siège avant passager se retourne alors : insultes et menaces assorties de deux claques appuyées. Les policiers me déposent à 300 mètres du lieu de l’agression initiale. De nouveau, contrôle d’indentié (toujours menotté), chantage à l’amende. Les policiers me font comprendre que je peux faire l’objet d’une amende pour outrage mais peux aussi porter plainte pour agression (!) ; tout le monde préfère en rester là.
Séquelles légères : angoisse, poignet gauche gonflé et douloureux encore 2 jours après l’agression, cervicales raides.
Je ne souhaite pas porter plainte mais alerte l’Obspol pour comptage de l’agression. »
Violences physiques
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
X
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
« Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
« Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
X
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
X
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
X
Agressivité, manque de respect, insultes
X
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
X
Défaut ou refus d’identification des policiers
X
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
X
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
X
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
X
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
X
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
44 ans. Mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance et assignation à résidence
Halim découvre qu’il st visé par une « Micas« , une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance) alors qu’il est à l’aéroport d’Orly, au moment d’embarquer pour partir en vacances en Tunisie avec sa famille le 11 juillet. Cet arrêté prévoyait qu’il pointe chaque matin au commissariat du XIIIe arrondissement, lui interdisait de s’approcher des sites et épreuves Olympiques, avec des cartes par date, tout comme la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, le 26 juillet.
La version de l’État
L’État le considérait depuis fin juin 2024 comme « une menace pour l’ordre et la sécurité publics » et l’avait assigné à résidence, sans qu’il soit au courant ! L’arrêté MICAS reprend mot pour mot des accusations d’une assignation à résidence de 2015, que le Conseil d’État avait déjà annulée, pour la première fois depuis la proclamation de l’état d’urgence, qui le désignait comme « délinquant multirécidiviste », adhérant à l’islam radical, et connu pour des faits commis entre 1994 et 2015, sans la moindre trace de condamnation ou jugement.
interpellé à la sortie de chez son avocat, à Paris, et placé en garde à vue à deux reprises, Halim avait été condamné par le tribunal judiciaire de Paris, pour avoir circulé au-delà des quartiers autorisés par la fameuse mesure (pour avoir passé le périphérique, sans autorisation pour se rendre dans le Val-de-Marne). Il devait notamment pointer quatre fois par jour au commissariat.
Il a fait appel de sa condamnation et a été relaxé compte tenu de l’illégalité de la mesure administrative.
La version de la justice
Selon le tribunal administratif :
« En dépit du contexte de menace terroriste particulièrement élevée sur le territoire français, il n’est pas prouvé que le comportement de l’intéressé constituerait une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre publics »
Ses avocats :
« On reprochait trois choses à notre client. D’abord de faire partie d’une mouvance islamiste radicale, ensuite d’avoir pris des photos du dispositif policier à proximité du domicile d’un journaliste de Charlie Hebdo, enfin d’être impliqué dans un trafic de véhicules volés, en lien avec une entreprise terroriste. Le Conseil d’État a rejeté un à un ces arguments. Son appartenance à cette mouvance ne reposait que sur des affirmations d’autorité, comme tout le reste Sa présence à proximité du domicile du journaliste s’explique par le fait que sa mère vit à 100 m de la rue où il a été photographié et qu’il attendait sa femme pour s’y rendre. L’administration s’est par ailleurs contredite sur bien des points. Enfin, nous avons démontré qu’il était surtout victime d’un trafic de véhicules volés et que ce trafic était sans lien avec une entreprise terroriste. »
« C’est la décision que nous attendions. Ces poursuites n’auraient jamais dû avoir lieu compte tenu de l’illégalité de la mesure administrative. Et c’est suffisamment rare pour être souligné, la justice lui accorde un dédommagement, qui n’est toutefois pas satisfaisant, au vu de la mobilisation depuis plusieurs mois pour uniquement obtenir que justice soit rendue. «
Halim :
« Je suis gérant d’une société de dépannage de deux-roues, j’ai deux employés »
Il réclame désormais au ministre Bruno Retailleau devant le tribunal administratif, 30 000€ de réparation pour le préjudice subi, tant pour son image que pour les gardes à vue, perquisitions et l’annulation de ses vacances en famille.
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
« Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
« Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
29.04.2025 – Annulation par la Cour d’appel de la condamnation à trois mois de prison pour avoir bravé, durant les JO, une assignation à résidence, condamnation de l’État à verser 972 € de dédommagement à Halim pour la procédure
25.07.2024 – Annulation de l’arrêté par le tribunal administratif de Paris, condamnation de l’État à verser 1500€ à Halim
00.06.2024 – Arrêté MICAS contre Halim
22.01.2016 – Suspension de l’assignation à résidence d’Halim par le Conseil d’État et condamnation de l’État à lui verser 1500 €
17 ans. Flingué à bout portant lors d’un contrôle routier : décédé
Nahel était âgé de 17 ans. Français d’origine algérienne. Il était accompagné dans sa voiture de deux camarades, âgés de 17 et 14 ans. Lors d’un contrôle routier par deux motards, il est mortellement touché par un tir à bout portant.
La voiture a poursuivi sa route sur quelques mètres au niveau du passage Arago, avant de venir s’encastrer dans du mobilier urbain place Nelson Mandela. Tandis que l’auteur du tir prodigue les premiers secours, des renforts et les pompiers arrivent sur place. Ils tentent de le réanimer, mais il est déjà trop tard. Nahel, touché au bras et au thorax, décède des suites de ses blessures à 09:15.
La version du flic
Florian Menespelier, le motard de 38 ans de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) meurtrier de Nahel nie avoir menacé le jeune homme avant de tirer. Il assure également avoir eu peur d’être renversé par Nahel lorsque celui-ci a appuyé sur l’accélérateur pour fuir.
Son avocat Laurent-Franck Liénard :
« [Mon client a] a appliqué un tir qu’il a pensé nécessaire […] [Il] ne se lève pas le matin pour tuer des gens. Il n’a pas voulu tuer [Il a demandé] pardon à la famille de Nahel.
Ce qu’il a fait était nécessaire, au moment où il l’a fait il a estimé que c’était nécessaire. C’est sa position et sa position est conforme au droit. En détention, il comprend qu’il sert de fusible […] Jamais mon client n’a voulu tuer ce conducteur ».
Selon l’avocat, au moment de l’interpellation, le seul objectif du fonctionnaire de police aurait été de stopper le véhicule. Il aurait décidé d’appliquer un tir vers le bas, mais le mouvement de la voiture sur son corps aurait fait que son geste remonte et que la balle touche une partie vitale.
La version du Parquet
Le 5 juillet, dans un document d’étape, le procureur de la République de Nanterre synthétise l’état d’avancement de l’enquête dans lequel figure la demande de maintien en détention provisoire du policier. D’après le procureur Pascal Prache :
Après avoir pris leur service, deux policiers motocyclistes de la DOPC remarquent une Mercedes-Benz Classe A (Type 177) AMG au boulevard Jacques-Germain-Soufflot avec une plaque d’immatriculation polonaise vers 07:55 qui circule à vive allure sur une voie de bus conduite par une personne de jeune âge apparent. Les motards activent leurs avertisseurs (sonores et lumineux) et indiquent au conducteur au niveau d’un feu rouge de stationner. Le véhicule redémarre et grille alors le feu rouge. La voiture est poursuivie par les deux motards à travers diverses voies de circulation. Ils activent à nouveau leurs gyrophares, mais cela s’avère inefficace. À 08:16, les deux motards informent leurs collègues de la situation via radio. Au cours de cette course-poursuite, le conducteur du véhicule commet plusieurs infractions au code de la route, dont le franchissement d’un passage piéton, mettant ainsi en danger un piéton et un cycliste.
En raison d’un embouteillage, le véhicule est finalement contraint de s’arrêter au niveau du boulevard de la Défense. Les policiers mettent pied à terre et ordonnent au conducteur d’ouvrir sa vitre, ce qu’il exécute. Les deux policiers sortent leurs armes, les pointent sur le conducteur et lui demandent de couper le contact. Le véhicule redémarre et un des deux policiers fait feu une fois sur le conducteur. Le véhicule poursuit sa route avant de s’encastrer dans du mobilier urbain sur la place Nelson-Mandela à 08:19. Le passager arrière est interpellé à sa sortie du véhicule. Le passager avant droit a pris la fuite. Le policier auteur du tir prodigue les premiers secours au conducteur. Le décès est constaté à 09:15. Les deux passagers du véhicule sont mineurs, l’un âgé de 17 ans et l’autre âgé de 14 ans.
Des versions contestées par la famille
Selon la première version des policiers, une voiture aurait refusé un contrôle avant de foncer sur un fonctionnaire de police qui n’aurait eu d’autre choix que d’ouvrir le feu dans son bon droit. Cette version invoquant la légitime défense et le refus d’obtempérer est reprise par les syndicats policiers et une partie des médias dont l’AFP, Europe 1, 20 Minutes et BFM TV.
Mais une heure après le décès seulement est diffusée la vidéo d’une passante, une apprentie qui a filmé la scène avec son téléphone puis l’a montrée à sa patronne. La cinquantaine de secondes d’images, diffusée sans montage et dans son intégralité, montre que les policiers sont au moment du coup de feu sur le côté de la voiture, pas devant elle, et qu’elle ne se dirige pas vers eux ne pouvant donc les blesser.
Entre-temps, est diffusée une seconde vidéo qui a été filmée dans son rétroviseur par l’automobiliste situé devant la voiture de Nahel : « Durant les sept secondes de cette vidéo, on voit les deux policiers s’approcher de la vitre du conducteur, on les entend crier, sans pour autant comprendre ce qu’ils disent. On entend également des coups donnés par l’un des policiers à la voiture. »
Selon Le Monde, la première séquence de la première vidéo, d’une durée de 11 secondes, « devenue virale sur les réseaux sociaux, a littéralement balayé les éléments de langage distillés d’abord par des sources policières reprises par certains médias ». L’un des policiers crie « Tu vas te prendre une balle dans la tête », pointant son arme à bout portant. Un des policiers dit ensuite à son collègue qui va tirer, selon les interprétations, « shoote-le », ou « coupe » en parlant du moteur, suivi d’une phrase difficilement compréhensible. La voiture redémarre à peine et roule encore au pas lorsque le deuxième policier tire71, toujours à bout portant7
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre qu’un des deux policiers intervenus a tenu l’automobiliste de 17 ans en joue, puis a tiré à bout portant. « On voit bien que le policier était sur le côté du véhicule et que le véhicule était à l’arrêt, et qu’au moment où il redémarre, c’est là où il tire en plein thorax de Nahel« , décrit Me Jennifer Cambla.
Les causes du décès de Nahel sont contredites par les témoignages de ses deux passagers, chacun des deux écrivant un texte envoyé au quotidien Le Parisien. Tous deux affirment que le conducteur n’a pas redémarré sciemment mais sous l’effet d’« environ trois coups de crosse« des policiers l’ayant « sonné », “Je vais te mettre une balle dans la tête !” Le deuxième motard aurait alors adressé un troisième coup de crosse à Nahel, l’amenant à « se protéger la tête », dans un mouvement qui lui a fait « lever le pied de la pédale du frein », le véhicule à boîte de vitesse automatique n’ayant pas été placé sur la position stationnement.
Le passager à l’avant écrit le premier texte, publié le , qu’il lit aussi dans un enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux. Le second texte, publié le , émane du passager à l’arrière, que Nahel emmenait au collège de Nanterre pour y passer les épreuves du brevet des collèges. Son père l’a aidé à rédiger car il était encore choqué par le décès.
“Ils nous ont dit de baisser la fenêtre. Nahel a baissé la fenêtre. Le motard qui était près de la fenêtre a dit ‘Éteins le moteur !’ et il a mis un coup de crosse à Nahel gratuitement. Le deuxième motard s’est penché par la fenêtre, et il lui a mis un coup de crosse, lui aussi. Nahel ne savait pas quoi faire. Il avait la tête qui tournait, il ne pouvait rien faire, même pas parler. Il était vraiment traumatisé«
[La Mercedes] n’était pas sur (le mode) Parking, au moment où il a reçu le 3ème coup de crosse, son pied a lâché la pédale de frein et la voiture a avancé. Le policier situé près de la fenêtre a dit à son collègue: ‘Shoote-le !’. C’est là que le motard qui était à l’avant a tiré. Le pied de Nahel s’est bloqué sur l’accélérateur. Il a réussi à être là encore pendant 3 secondes, et il a klaxonné la voiture devant. Et, d’un coup, il s’est mis à trembler. Il ne me répondait pas. […] J’avais peur, peur qu’on me tire dessus« .
Le policier de 38 ans auteur du coup de feu mortel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire le 29 juin.
Les avocats de la famille de la victime estiment que les deux policiers auraient dû être immédiatement placés en garde à vue pour éviter qu’ils ne se mettent d’accord sur une version. Ils ont rapidement demandé le dépaysement de l’affaire :
« À ce jour, seul le procureur de la République de Nanterre (qui n’est pas un magistrat indépendant) dirige l’enquête sur des policiers de son propre département »
Me Yassine Bouzrou a aussi dénoncé l’ouverture d’une enquête par le procureur sur la base de « fausses déclarations des policiers » et estimé qu’elle montrait « son incapacité totale à diriger cette enquête de manière sereine et objective« . La décision d’un éventuel dépaysement revient au procureur général, le chef du parquet auprès de la cour d’appel.
Par ailleurs, le 28 juin 2023, la famille déclare déposer plainte pour « faux en écriture publique » ainsi que « complicité » contre le deuxième policier qui est aux côtés du tireur, son avocate Jennifer Cambla décrivant la mort de Nahel comme une « exécution » : dans un premier temps, des sources policières ont affirmé qu’un véhicule avait foncé sur deux motards de police et « sur ces paroles, le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête pour tentative d’homicide à l’encontre des policiers« . Dans leur première version, les policiers ont en effet affirmé que le conducteur leur avait foncé dessus. Ils ont ensuite déclaré qu’il avait seulement accéléré après s’être arrêté à leur vue, a appris franceinfo de source policière.
Selon l’avocate, le geste du policier « est absolument illégitime et ne rentre absolument pas dans cadre de la légitime défense« .
Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur du véhicule avait commis plusieurs infractions au code de la route, mais « il n’en demeure pas moins que ça reste des contraventions et que ça ne justifie pas le geste qui a été fait par le policier et le fait de l’avoir abattu de sang-froid », selon l’avocate.
Malgré la mort de Nahel, sa famille et ses avocats n’ont à aucun moment mis en cause la police ou les policiers dans leur ensemble, concentrant la totalité de leur critiques sur les seuls deux fonctionnaires impliqués. La mère, la tante et la grand-mère appellent ainsi à la retenue, tout comme le maire de Nanterre, tandis que l’avocat de la mère, Yassine Bouzrou, déclare au Monde qu’il « n’y a pas de problème policier en France, il y a un problème judiciaire » en raison de la protection « flagrante » des policiers concernés, nourrissant un sentiment d’impunité.
Nahel a été enterré à Nanterre le samedi 1er juillet. Après la vague d’émeutes déclenchées par sa mort (d’après des données policières relayées par les médias, un millier d’arrestations auraient été enregistrées), les avocats de la famille, Mes Abdelmadjid Benamara, Jennifer Cambla et Yassine Bouzrou ont invité dans un communiqué les journalistes à ne pas être présents aux funérailles afin d’éviter toute « ingérence médiatique« .
« La journée du samedi 1er juillet sera pour la famille de Nahel, une journée de recueillement, [soulignant] l’importance d’accorder aux familles endeuillées l’intimité et le respect dont elles ont besoin pendant cette période difficile ».
Loi Cazeneuve et racisme dans la police
À la suite de l’affaire des policiers brûlés à Viry-Châtillon, la Loi sur l’usage des armes à feu par les policiers est modifiée en février 2017 et alignée sur celle des gendarmes, autorisant les policiers à faire usage de leurs armes sur un véhicule « dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui » alors qu’ils devaient jusqu’alors justifier d’être en situation de légitime défense d’eux-mêmes ou autrui pour pouvoir faire usage de leurs armes.
Le terme « susceptible » leur laisse ainsi la possibilité d’évaluer la situation, et rend l’appréciation ambiguë en leur permettant d’agir avant qu’un délit ne soit commis. Cette loi, dite « loi Cazeneuve », est critiquée par les groupes de défense des droits, qui affirment qu’elle élargit de manière dangereuse le cadre juridique permettant à un policier d’utiliser son arme à feu. Les tirs sur des véhicules en mouvement sont en hausse de 40% en cinq ans.
2020 : la Défenseure des droits, Claire Hédon évoquait une « discrimination systémique donnant lieu à la surreprésentation de certaines populations issues de l’immigration et de pratiques dérogatoires dans la mise en œuvre des contrôles d’identité par les forces de l’ordre ».
Juillet 2021 : une note rédigée par le conseil scientifique de la délégation interministérielle contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) indiquait : « Qu’il y ait des policiers racistes au sein de la police française et que cela se traduise par des comportements, au cours de l’activité professionnelle, pénalement condamnables, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. » Mais cette note n’avait pas été suivie d’effets. Le conseil scientifique de la DILCRAH est dissout en janvier 2023.
Décembre 2022 : le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale avait exprimé sa profonde préoccupation « face au recours fréquent aux contrôles d’identité, aux interpellations discriminatoires, à l’application d’amendes forfaitaires imposées par la police ou les forces de l’ordre » visant « de manière disproportionnée » les « personnes d’origine africaine, arabe, les Roms, les gens du voyage et les non-ressortissants ».
Cette évaluation est confirmée par le sociologue de la police Sébastian Roché pour qui « on ne peut éliminer l’aspect ethnique dans cette affaire. Surtout quand on sait qu’il y a une surreprésentation des minorités ethniques dans les personnes tuées lors de refus d’obtempérer ».
Mai 2023 : l’ONU, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le Brésil, le Japon et le Danemark avaient exprimé leur inquiétude « face aux violences policières et à la discrimination raciale en France » et avaient critiqué le « profilage racial effectué par les forces de l’ordre ».
Selon un pointage fait par Reuters, la majorité des personnes abattues par la police en France depuis 2017 à la suite des refus d’obtempérer lors d’un contrôle de circulation sont « noires ou d’origine arabe ».
Pour Paul Rocher, économiste et diplômé en science politique de Sciences Po Paris, « dès lors qu’on choisit d’écarter l’hypothèse du racisme policier, la réaction à la mort de Nahel devient effectivement inexplicable . […] Depuis plus de trente ans, des travaux scientifiques démontrent l’existence d’un racisme particulièrement développé dans l’institution policière [et d’après une étude de 2009] les Noirs couraient entre 3,3 et 11,5 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés [et les Arabes] couraient entre 1,8 et 14,8 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés par la police. [Les émeutes sont] le reflet de cette discrimination institutionnelle ».
François Dubet, sociologue, professeur émérite à l’université Bordeaux-II, explique que « les habitants des cités se sentent mis à l’écart en raison de leurs origines, de leur culture ou de leur religion. Les mouvements sociaux et les partis ne parviennent cependant pas à transformer ce sentiment d’abandon en actions organisées, en revendications ou en projets ».
Le 15 juillet, dans une tribune publiée sur Le Monde, Hicham Benaissa, docteur en sociologie au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL), déclare « qu’il est vain de croire que le calme revenu après les émeutes en banlieue est durable » et que « la colère se manifestera tant que nos institutions ne regarderont pas notre passé colonial en face ».
En juin 2025, Florian Menespelier a pu reprendre son taf grâce à un arrêté de réintégration signé par Retailleau comme si rien ne s’était passé , après les coups de pouce à répétition de son administration de tutelle :
des milliers d’euros de frais de justice réglés pour lui
15000€ de caution réglés pour lui
Maintien de son salaire, y compris son salaire des 2 dernières années
Mutation acceptée au Pays basque
1,6 million d’euros récoltés via la cagnotte (l’enquête sur la cagnotte lancée par Jean Mesinah a été classée sans suite par la justice : aucune infraction n’apparaissait suffisamment caractérisée.)
Inculpé pour meurtre, il bénéficie toujours du soutien de la police nationale. Un an après la mort de Nahel, un rapport a démontré que même si l’adolescent avait redémarré volontairement la voiture alors que les policiers le tenaient en joue, celui qui a fait feu, n’était pas en situation de « danger imminent » : « Le volant n’a pas été tourné vers eux » et « il n’y avait pas de risque d’écrasement, l’accélération ayant été de faible intensité« .
Selon une enquête de l’ONG d‘investigation Index, qui a enquêté sur les circonstances de la mort de l’adolescent :
« Au cours des 22 secondes qui précèdent le coup de feu mortel, le policier Florian Menespelier, auteur du tir, porte 4 coups sur le pare-brise du véhicule conduit par Nahel Merzouk avec son arme à feu ; le second policier, Julien L., porte des coups à l’intérieur de l’habitacle du véhicule et brandit son arme à feu à hauteur de la tête de Nahel Merzouk ; moins de 2 secondes avant le coup de feu mortel, l’un des deux policiers prononce vraisemblablement les mots « balle dans la tête ».
Le directeur du journal Oise Hebdo, qui a divulgué, peu après les émeutes, le nom du policier auteur du tir mortel, a été condamné, le 22 août 2024, à une amende, de 4 000 €, dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 € au policier, au titre du préjudice moral.
Gageons que là-bas il essaiera de se faire oublier, à moins que des camarades basques se rappellent à son bon souvenir et lui fassent comprendre qu’où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de paix, qu’on n’oublie pas et qu’on ne pardonne pas…
Justice et Lumière pour Nahel et les siens !
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
X
Usage d’arme à feu
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
X
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
00.06.2025 – Paiement des frais de justice et de la caution par la Police; Mutation avec maintien de salaire au Pays-basque de Florian Menespelier au Pays-basque
22.08.2024 – Condamnation du directeur du journal Oise Hebdo à une amende, de 4 000 €, dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 € au policier, au titre du préjudice moral
10.08.2023 – Maintien en détention de Florian Menespelier par la Cour d’appel de Versailles
05.07.2023 – Conférence de presse du Procureur de Nanterre qui donne une synthèse de l’enquête
04.07.2023 – Publication du témoignage du passager arrière
30.06.2023 – Publication du témoignage du passager avant
29.06.2023 – Prolongation de garde à vue de Florian Menespelier. Ouverture d’une information judiciaire pour « homicide volontaire » contre Florian Menespelier. Mise en examen du policier tireur et placement en détention provisoire
28.06.2023 – Ouverture d’une enquête pour pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique » confiée à l’IGPN ; ouverture d’une enquête pour homicide volontaire contre Florian Menespelier. Placement en garde à vue du policier. Auto-saisine de la Défenseure des Droits. Demande de dépaysement de l’affaire par les avocats de la famille. Dépôt d’une plainte par la famille pour « faux en écriture publique » et « complicité » contre le second policier
Atteint de plusieurs balles au thorax : blessé et inculpé
Mohamed M.et son ami Ibrahima roulent en voiture vers une after à Pigalle. Ils emmènent à l’arrière Rayana et sa copine Inès, 21 ans toutes les deux, rencontrées quelques heures plus tôt, en soirée. Mohamed est au volant.
Quand la voiture est arrivée au niveau de Clignancourt, trois véloflics de la Brigade territoriale de contact (BTC) toquent à sa vitre parce qu’il n’a pas sa ceinture de sécurité. Mohamed ne baisse pas sa vitre, se soustrait au contrôle, avant d’être bloqué quelques mètres plus loin sur une voie de bus, comme le montre une vidéo versée au dossier que la famille a pu visionner. La voiture a fini sa course en percutant une camionnette blanche. Après, les versions divergent…
Touchée d’au moins une balle dans la tête, Rayana est décédée à La Salpêtrière le lendemain, dimanche 5 juin, des suites de ses blessures. Elle ne pourra pas être opérée car elle a été touchée au cerveau. Mohamed M., 38 ans, sans permis, est blessé par balles au thorax par Thomas B., le policier. tireur.
La version de la police
L’enquête sur les responsabilités des policiers a été confiée à l’IGPN.
Mohamed est placé en garde à vue pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger d’autrui« .
Une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, pour « retracer avec précision le déroulement des faits et de déterminer les circonstances exactes d’usage de leur arme par les policiers« , a expliqué la procureure de la République de Paris.
Les policiers sont ressortis libres de leur 48 heures de garde à vue. Ils n’ont alors été soumis à aucun contrôle judiciaire, ni à aucune interdiction d’exercer leur métier, ni de porter une arme, ni mis en examen. Ils avaient expliqué avoir agi dans le cadre légal face à un homme qui les visait avec sa voiture, et donc était dangereux pour eux et les passants. Une version contestée.
Onze mois plus tard, ces trois fonctionnaires n’ont toujours pas été auditionnés par le juge d’instruction. Les résultats de l’expertise balistique ne figurent toujours pas au dossier.
L’avocat des trois fonctionnaires, Laurent-Franck Liénard : selon lui, le témoignage de la passagère « n’est pas conforme aux éléments objectifs du dossier » et notamment à l’enregistrement d’une vidéo versée à ce même dossier.
La version des témoins
Inès raconte les deux femmes ont supplié le conducteur de s’arrêter (« Laisse-nous sortir, au secours, on veut descendre !« ) mais qu’il leur a répondu qu’il n’avait pas le permis.
« Trois policiers à vélo ont toqué à la vitre du conducteur parce qu’il ne portait pas sa ceinture de sécurité. Il n’a pas voulu baisser sa vitre. Il a accéléré et s’est arrêté 30, 40 mètres plus loin à cause de la circulation […]. Quand on lui dit de s’arrêter, il nous répond qu’il n’a pas le permis. Il est un peu paniqué, un peu stressé et je vois deux policiers se mettre au niveau des vitres devant. On lui a dit ‘Abandonne la voiture, laisse-nous, c’est entre toi et eux, nous, on est des victimes’. On lui a dit ‘Il faut que vraiment tu nous laisses’.
Tout est allé très vite. Je n’ai même pas entendu ‘Sortez de la voiture‘ ou ‘Mains en l’air’. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. La scène était très violente. »
Deux policiers étaient au niveau des vitres devant nous. (…) Je n’ai même pas entendu sortez de la voiture ou mains en l’air. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. Le conducteur n’a même pas eu le temps d’enlever les mains du volant. On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Les coups de feu et la voiture qui repart, ça se passe en même temps. Ils ont dû tirer une dizaine de coups de feu, ça a duré longtemps.
Ils nous ont laissés plus de 3 heures en plein soleil devant la foule. On nous a pas laissé voir de médecin. »
Inès ne comprend pas pourquoi Rayana ne réagit pas, elle pense que son amie s’est évanouie. La jeune femme a en fait reçu une balle dans la tête.
« La police est arrivée derrière nous. Ils nous ont braqués en disant : ‘Mains en l’air, mains sur la tête’, ce qu’ils auraient dû dire la première fois pour nous laisser une chance, peut-être, de sortir. Ils auraient pu essayer de nous protéger et d’arrêter le conducteur.
La personne est en tort, mais ils n’étaient pas obligés de tirer directement. En venir à tirer sur quelqu’un, surtout lui tirer dans la tête, c’est en dernier recours.
Il était 10h:30 en plein Paris. Il y avait d’autres gens dans la rue, des enfants notamment. Un enfant, une mère de famille, n’importe qui aurait pu prendre une balle perdue. Les policiers n’ont pas pensé à ça. Ils n’ont juste pas su garder la tête froide. Ils ont perdu le contrôle.«
La version de la Justice (?)
La famille de Rayana a décidé de porte plainte contre Mohamed, soupçonné d’avoir refusé d’obtempérer et grièvement blessé par les tirs de la police.
Sylvie Noachovitch, avocate de la famille :
“La famille de Rayana va déposer plainte dès ce jour contre le conducteur du chef d’homicide involontaire, car en refusant d’obtempérer, alors que les passagers le suppliaient de s’arrêter, il a commis une violation délibérée aux règles de prudence et de sécurité et a causé la mort de cette jeune fille.”
Le 5 mai, les juges d’instruction rendent une ordonnance de non-lieu : les 3 flics ne seront pas jugés. les tirs des fonctionnaires de police « étaient absolument nécessaires et strictement proportionnés au regard de la situation créée » par le conducteur, « du fait de ses multiples refus d’obtempérer, de sa détermination à se soustraire aux contrôles, du danger objectif qu’il représentait pour les autres usagers de la route (…) et de la menace légitimement perçue par les fonctionnaires de police pour leur vie ». Une ordonnance très sommaire selon Florian Lastelle, dans laquelle Rayana « n’est même pas mentionnée ».
Rayana fait partie des 35 victimes tuées suite à l’élargissement des conditions d’utilisation des armes à feu en cas de refus d’obtempérer entre 2017 et 2022, l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure.
Justice et Lumière pour Mohamed et les siens !
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
« Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
« Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
X
Usage d’arme à feu
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
05.05.2025 – Ordonnance de non-lieu des juges d’instruction
00.06.2022 – Ouverture d’une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, confiée à l’IGPN
07.06.2022 – Fin de GAV pour les 3 policiers, aucune mesure de contrainte ou de suspension ou de port d’arme
21 ans. Exécutée d’une balle dans la tête : décédée
Rayana et sa copine Inès, 21 ans toutes les deux, décident de sortir en after à Pigalle vers 10:00 du matin. Elles acceptent que deux hommes, Mohamed B. et Ibrahima, rencontrés quelques heures plus tôt, en soirée, les emmènent en voiture. Elles sont assises à l’arrière. Quand la voiture est arrivée au niveau de Clignancourt, trois véloflics de la Brigade territoriale de contact (BTC)toquent à la vitre du conducteur parce qu’il n’a pas sa ceinture de sécurité. Mohamed M., le conducteur ne baisse pas sa vitre, se soustrait au contrôle, avant d’être bloqué quelques mètres plus loin sur une voie de bus, comme le montre une vidéo versée au dossier que la famille a pu visionner. La voiture a fini sa course en percutant une camionnette blanche. Après, les versions divergent…
Touchée d’au moins une balle dans la tête, Rayana est décédée à La Salpêtrière le lendemain, dimanche 5 juin, des suites de ses blessures. Elle ne pourra pas être opérée car elle a été touchée au cerveau. Mohamed M., 38 ans, sans permis, a été blessé par balles au thorax par Thomas B., le policier. tireur.
La version de la police
L’enquête sur les responsabilités des policiers a été confiée à l’IGPN.
Mohamed M. a été placé en garde à vue pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger d’autrui« .
Une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, pour « retracer avec précision le déroulement des faits et de déterminer les circonstances exactes d’usage de leur arme par les policiers« , a expliqué la procureure de la République de Paris.
Les policiers sont ressortis libres de leur 48 heures de garde à vue. Ils n’ont alors été soumis à aucun contrôle judiciaire, ni à aucune interdiction d’exercer leur métier, ni de porter une arme, ni mis en examen. Ils avaient expliqué avoir agi dans le cadre légal face à un homme qui les visait avec sa voiture, et donc était dangereux pour eux et les passants. Une version contestée.
Onze mois plus tard, ces trois fonctionnairesn’ont toujours pas été auditionnés par le juge d’instruction. Les résultats de l’expertise balistique ne figurent toujours pas au dossier.
L’avocat des trois fonctionnaires, Laurent-Franck Liénard : selon lui, le témoignage de la passagère « n’est pas conforme aux éléments objectifs du dossier » et notamment à l’enregistrement d’une vidéo versée à ce même dossier.
Quand l’affaire est relayée par les médias, le débat porte rapidement sur le comportement du chauffeur, Mohamed M., qui s’est soustrait au contrôle policier. Rayana, la victime, est réduite au rang de « femme objet », selon son cousin Bilal :
« Ma cousine a été résumée à un décor, pas plus qu’un mobilier urbain. On nous a fait comprendre que c’était un dommage collatéral.
Nous n’avons pas parlé au début de l’affaire, en partie parce que les débats n’ont jamais porté sur Rayana. On n’avait pas la place pour parler du fond. »
La version des témoins et de la famille
Inès raconte les deux femmes ont supplié le Mohamed M. de s’arrêter (« Laisse-nous sortir, au secours, on veut descendre !« ) mais qu’il leur a répondu qu’il n’avait pas le permis.
« Trois policiers à vélo ont toqué à la vitre du conducteur parce qu’il ne portait pas sa ceinture de sécurité. Il n’a pas voulu baisser sa vitre. Il a accéléré et s’est arrêté 30, 40 mètres plus loin à cause de la circulation […]. Quand on lui dit de s’arrêter, il nous répond qu’il n’a pas le permis. Il est un peu paniqué, un peu stressé et je vois deux policiers se mettre au niveau des vitres devant. On lui a dit ‘Abandonne la voiture, laisse-nous, c’est entre toi et eux, nous, on est des victimes’. On lui a dit ‘Il faut que vraiment tu nous laisses’.
Tout est allé très vite. Je n’ai même pas entendu ‘Sortez de la voiture‘ ou ‘Mains en l’air’. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. La scène était très violente. »
Deux policiers étaient au niveau des vitres devant nous. (…) Je n’ai même pas entendu sortez de la voiture ou mains en l’air. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. Le conducteur n’a même pas eu le temps d’enlever les mains du volant. On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Les coups de feu et la voiture qui repart, ça se passe en même temps. Ils ont dû tirer une dizaine de coups de feu, ça a duré longtemps.
Ils nous ont laissés plus de 3 heures en plein soleil devant la foule. On nous a pas laissé voir de médecin. »
Inès ne comprend pas pourquoi Rayana ne réagit pas, elle pense que son amie s’est évanouie. La jeune femme a en fait reçu une balle dans la tête.
« Son corps était lâche. C’est là que j’ai vu son cou rempli de sang. Je n’ai même pas eu le temps de bien réaliser et de la prendre dans mes bras.
La police est arrivée derrière nous. Ils nous ont braqués en disant : ‘Mains en l’air, mains sur la tête’, ce qu’ils auraient dû dire la première fois pour nous laisser une chance, peut-être, de sortir. Ils auraient pu essayer de nous protéger et d’arrêter le conducteur.
La personne est en tort, mais ils n’étaient pas obligés de tirer directement. En venir à tirer sur quelqu’un, surtout lui tirer dans la tête, c’est en dernier recours.
Il était 10h:0 en plein Paris. Il y avait d’autres gens dans la rue, des enfants notamment. Un enfant, une mère de famille, n’importe qui aurait pu prendre une balle perdue. Les policiers n’ont pas pensé à ça. Ils n’ont juste pas su garder la tête froide. Ils ont perdu le contrôle.
Pour l’instant, les policiers sont sortis, c’est comme ça. On ne peut pas faire autrement. Il y aura une enquête qui sera faite. On n’a pas le choix. On ne peut pas faire justice nous-mêmes. On ne peut pas aller dénigrer les gens, ça se réglera dans un tribunal. On est là pour Rayana et c’est pour elle qu’on se bat »
La mère de Rayana :
« Depuis le décès de mon enfant, j’attends que son dossier en justice avance, mais il n’avance pas. Aucune convocation de personne malgré la promesse des juges. Je demande justice dans un pays de justice. Ma fille avait, elle aussi, confiance dans les institutions de notre pays. Peu de temps avant sa mort, elle allait aux meetings d’Emmanuel Macron. C’était une jeune fille qui s’intéressait aux choses politiques, qui aimait son pays et était fière d’être française, fière d’être liée à ce pays de loi.
Dans notre famille, on respecte la police, mais les policiers que mon enfant a croisés ce matin-là, je ne les comprends pas. Ma fille était passagère, n’avait rien fait, et au lieu de la protéger, ils ont tiré sur elle. C’est cette réalité-là qui me fait si mal.
Je vis ici à Paris. Alors, forcément, je me dis que si ça se trouve, je peux les croiser, que la personne qui a tiré mortellement sur ma fille est peut-être toujours sur le terrain… Souvent, j’y pense, je me demande s’il ou elle est lui-même un papa ou une maman. S’il ou elle a conscience d’avoir enlevé la vie de mon enfant. S’il ou elle travaille en uniforme, porte son arme
Si la balle qui a tué ma fille avait été tirée par un civil et non un policier, le travail d’enquête avancerait-il plus vite ? La justice y mettrait-elle plus de moyens ?
On était fusionnelles. Ce jour-là, je suis morte en même temps. Je n’ai reçu aucunes condoléances ou aucune excuse officielle de l’autorité policière. Tout le monde se souciait du sort des policiers mais personne n’avait l’air de s’intéresser à la mort d’une jeune fille de 21 ans; [elle n’était] pas un gangster. »
Florian Lastelle, l’avocat de la famille :
« Des témoignages, des vidéos doivent être sérieusement examinés dans ce dossier. Les policiers n’ont pas été auditionnés et donc n’ont pas été confrontés aux éléments à charge qui pourraient largement justifier des mises en examen. C’est incompréhensible avec les mois qui passent. Lorsque des policiers font des fautes, il faut les constater. Et j’ai le sentiment – et j’espère que ce n’est que mon sentiment – qu’aujourd’hui, on a dans cette affaire des policiers qui protègent d’autres policiers.
Ce conducteur n’a pas tenté de foncer sur les policiers et rien ne peut justifier, expliquer la rafale de neuf balles tirées en plein jour un samedi dans un secteur fréquenté, par des familles notamment. »
La version de la Justice (?)
La famille de Rayana a décidé de porte plainte contre le conducteur du véhicule, soupçonné d’avoir refusé d’obtempérer et grièvement blessé par les tirs de la police.
Sylvie Noachovitch, avocate de la famille :
“La famille de Rayana va déposer plainte dès ce jour contre le conducteur du chef d’homicide involontaire, car en refusant d’obtempérer, alors que les passagers le suppliaient de s’arrêter, il a commis une violation délibérée aux règles de prudence et de sécurité et a causé la mort de cette jeune fille.”
Une autre plainte contre X visant indirectement les policiers va aussi être déposée :
“La famille va également déposer plainte contre X pour violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner et pour homicide involontaire également. il n’y avait plus de danger au moment du tir et la légitime défense ne peut donc pas être invoquée par les policiers. On ne comprend pas pourquoi on a tiré dix coups de feu devant la passagère, pourquoi elle s’est retrouvée avec une balle dans la tête. À en croire la version des témoins, il n’y avait plus de danger pour la vie des policiers au moment des tirs. Ils ne peuvent pas invoquer la légitime défense.”
Le 5 mai, les juges d’instruction rendent une ordonnance de non-lieu : les 3 flics ne seront pas jugés. les tirs des fonctionnaires de police « étaient absolument nécessaires et strictement proportionnés au regard de la situation créée » par le conducteur, « du fait de ses multiples refus d’obtempérer, de sa détermination à se soustraire aux contrôles, du danger objectif qu’il représentait pour les autres usagers de la route (…) et de la menace légitimement perçue par les fonctionnaires de police pour leur vie ». Une ordonnance très sommaire selon Florian Lastelle, dans laquelle Rayana « n’est même pas mentionnée ».
La famille, persuadée que la trajectoire du tir qui touche Rayana prouve l’intention d’homicide, a fait appel du non-lieu et a lancé une cagnotte pour faire face aux frais judiciaires. « La juge qui a requis le non-lieu, je ne l’ai jamais vue », souffle Nora, la mère de Rayana. En trois années, trois magistrats se sont succédés dans cette affaire. Jusqu’à cette dernière, qui a clos le dossier en quelques mois.
« Ce sont les larmes de Rayana», imagine Aïcha, sa tante, en regardant le ciel. « C’était pourtant notre rayon de soleil. Quand elle rentrait dans une pièce, tout s’illuminait », raconte Halima, 35 ans, sœur de la victime, qui l’a vu grandir « sur ses genoux ». « Elle mettait des perruques et voulait absolument nous faire sourire. On nous a privés de ça. »
Rayana fait partie des 35 victimes tuées suite à l’élargissement des conditions d’utilisation des armes à feu en cas de refus d’obtempérer entre 2017 et 2022, l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure.
Justice et Lumière pour Rayana et les siens !
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
Arrosage
Morsures de chien
Plaquage ventral / mise à plat-ventre / décubitus ventral (DV)
« Pliage » (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
« Tamponnage » (percussion par un véhicule de police)
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
X
Usage d’arme à feu
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques
Usage de spray lacrymogène
Usage de Taser
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
Menace avec une arme de poing
Agressivité, manque de respect, insultes
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)
Position inconfortable prolongée
05.05.2025 – Ordonnance de non-lieu des juges d’instruction
00.06.2022 – Ouverture d’une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, confiée à l’IGPN
07.06.2022 – Fin de GAV pour les 3 policiers, aucune mesure de contrainte ou de suspension ou de port d’arme
05.06.2022 – Décès de Rayana
04.06.2022 – Agression de Rayana et Mohamed M.; placement en GAV des 3 policiers
Dernière mise à jour : il y a 2 heures - Publié le
🔴 TEMOIGNAGE. "On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Tout cela s'est passé en même temps", raconte Inès, passagère rescapée, amie de Rayana, qui est décédée. “Ils nous ont laissés plus de 3h en plein soleil devant la foule. On nous a pas laissé voir de médecin.” pic.twitter.com/2HE1r8qohM
Vendredi midi, rue Pierre Mauroy. Récit de témoins : une maman accompagne sa jeune fille à vélo. La petite d’environ 5 ans percute un policier municipal à pied sur le trottoir. Le policier la pousse. La mère lui jette une bouteille d’eau. Elle est jetée contre une vitrine, plaquée au sol, puis on a essaye de la menotter. Le tout devant son enfant en pleurs et hurlant de toutes ses forces.Immédiatement les passants alertés par les cris déchirants s’approchent et expriment leur colère : « C’est une honte !« , « C’est n’importe quoi. Regardez dans quel état ils ont mis la petite, il va falloir combien de séances psy pour ça ? Elle doit être traumatisée ! » etc. Selon la Mairie, plusieurs témoins de la scène diront aux flics vouloir témoigner.La tension monte, la foule se fait plus nombreuse. « Je vois une maman menottée et un policier en train de lui faire une clé de bras pendant que sa petite fille, âgée de 5 ans environ, pleurait et hurlait. » Les flics appellent du renfort. Beaucoup de renfort. Ils essayent d’embarquer la mère et sa fille, mais elle se débat et les passants les gênent. La confusion règne, la pression est forte sur les policiers….Finalement, prise de malaise, la mère accompagnée de sa fille est emmenée à l’hôpital Saint-Vincent par les pompiers.Une plainte a été déposée dans l’après-midi. Par deux agents de la police municipale. Pour outrage et violences volontaires sur agent de la force publique : la mère aurait voulu porter un coup de tête à l’un et jeté son vélo sur lui; elle aurait frappé l’autre deux fois au visage. Une enquête a été ouverte.Voilà qui, quelle que soit l’issue de « enquête« , va redorer le blason de la maison poulaga et la rapprocher des citoyens. Un geste malheureux, et bardaf, c’est l’embardée. Aucune tentative d’apaisement, de désescalade. Juste les renforts, les flics partout, les boucliers, et des bras qui essaient de se saisir de la petite dans les bras de sa mère. Devant des dizaines de témoins…Quelle que soit la responsabilité de la mère, le comportement du policier restera à l’origine du drame, et sa couverture par le poulailler à celle de ce pitoyable fiasco. En un éternel recommencement des mêmes conneries.
Le journaliste Rémy Buisine, qui couvrait l’évacuation d’un camp de migrants Place de la République :
« Troisième fois de la soirée par le même policier. Pris à la gorge la première fois, violemment projeté la seconde fois… et ça… c’est vraiment dur ce soir…»
Tombé au sol à cause d’un policier, qui le maintient à terre en brandissant sa matraque, Remy est frappé par ce policier alors qu’il n’oppose aucune résistance.
Des violences exercées sous l’œil de journalistes du Média et de Sputnik. Seule la présence d’autres journalistes filmant la scène a fait arrêter le policier, qui a levé sa matraque et les bras en l’air après les coups, peut-on voir sur une vidéo d’un journaliste de RT.
Une fois relevé, Rémy a protesté contre les violences policières subies. Selon le journaliste, il a été attrapé par la gorge place de la République et violemment projeté par le même policier que celui qui lui a asséné les coups alors qu’il était au sol. Le flic lui répond : « Jamais deux sans trois. »
Nicolas Mayart, autre journaliste présent et témoin :
« C’est parti en manif sauvage dans les rues de Paris. Les agents ont suivi le cortège pendant quelques minutes, avant de lancer des lacrymos au niveau de Châtelet. Je n’ai pas vu les coups précédents de ce policier-là, mais cela faisait deux ou trois fois qu’un même groupe de flics entravait Remy. Ils ont d’abord simulé le fait de nous balancer des grenades dans les pieds. Puis, cinq minutes plus tard, le même groupe contrôlait Remy. Un policier l’a plaqué contre le mur, lui écrasant la jambe avec son pied. »
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ».
« Notre journaliste @RemyBuisine a été molesté à plusieurs reprises par un policier », avait déclaré, mardi sur Twitter, le média au sujet de ces faits, qui font désormais l’objet d’une enquête confiée par le parquet à l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN).
VIOLENCES
Violences physiques
Grenade de désencerclement
Grenade lacrymogène
Taser
Tir de LBD
Autre projectile
X
Coups de pieds, coups de poings, gifles
X
Bousculade, mise à terre brutale
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage
X
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Clés aux bras douloureuses
Doigts retournés
X
Usage de matraques
Morsures de chiens
Usage de spray lacrymogène
Tirage par les cheveux
Arrosage
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Usage de gants
Violences psychologiques
X
Identification Presse bien visible
Accusation de trouble à l’ordre public
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de menace à agent
Accusation d’injure à agent
X
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet
Menace avec une arme de poing
X
Agressivité, manque de respect, insultes
Refus de soins ou de médicaments
Propos sexistes
Propos homophobes
Propos racistes
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
X
Défaut ou refus d’identification des policiers
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
X
Obstacle à la prise d’images
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Pression pour signer des documents
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Complaisance des médecins
Absence de procès-verbal
PROCÉDURE
27.11.2020 – Convocation à l’IGPN pour une déposition
24.11.2020 – Agression contre Remy. Ouverture d’une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique » par le Parquet de Paris
Ce qu’a vécu Michel Zecler samedi 21 novembre chez lui et révélé dans une interview vidéo par Loopsider, dans son studio de production, fait peur, très peur. Cela aurait pu arriver chez vous, à votre domicile, dans votre sanctuaire. VOUS auriez pu subir le même traitement bestial, sans aucun moyen de vous protéger.
lire
sources
archives
lire
Arrivé devant son studio, Michel Zecler croise une voiture de police. Il décide d’entrer immédiatement par peur d’une amende : il ne porte pas de masque. Les 3 flics sortent de leur véhicule et le suivent jusqu’à l’entrée de son studio. Sans un mot, ils pénètrent illégalement dans le studio et essayent de l’en faire ressortir en le tirant. Puis ils ferment la porte, et la violence se déchaîne :
Michel se fait défoncer pendant 5 minutes et 12,secondes il n’y a pas d’autres mots, par les trois agents du XVIIème simplement parce qu’il ne portait pas son masque. Aussi peut-être un peu parce qu’il est… noir (d’où les injures racistes). Une vingtaine de coups de poings, une dizaine de coups de pieds, plus d’une quinzaine de coups de matraques, au visage et à la tête pour la plupart, coups de genoux dans la tête, prises d’étranglements répétées…
Les agresseurs flicards s’en prennent aussi pris à neuf jeunes artistes présents dans le studio de Black Gold : au sous-sol, les jeunes sont en train d’enregistrer un morceau quand ils entendent les hurlements de leur producteur. Ils montent les escaliers vers le sas d’entrée.
Wensly, 21 ans : « On savait pas ce qui se passait en fait, on voulait savoir, mais la porte était bloquée, on a réussi à l’ouvrir un peu, et on a vu que c’était des policiers qui frappaient Michel, et Michel criait aussi… À force de pousser, ils ont lâché, et ils ont pris peur, ils sont sortis aussi, ils ont libéré Michel. Nous on a fermé la porte du studio. »
Repoussés à l’extérieur, les flics tentent à nouveau de rentrer dans les locaux en essayant de défoncer la porte et de briser la vitrine à coups de matraque. Les 3 agents ont appelé des renforts. Ils dégainent leurs armes et crient à Michel de sortir : » Sors ! À terre ! Les mains en avant ! »
Nouvelle bastonnade… D’autres flics descendent alors chercher les jeunes, réfugiés au sous-sol, pour éviter le gaz lacrymo.
« On voit deux policiers asphyxiés avec des armes, qui nous braquent. Et moi je vous mens pas monsieur, au moment où j’ai vu le policier rentrer dans la pièce, il avait même pas encore parlé que je me suist mis par terre directement. J’ai mis mes mains sur ma tête pôur lui montrer que y a rien du tout là, parce que j’avais vraiment peur. Je fais un faux geste, un geste trop brusque, il peut tirer sans faire exprès ! »
« On a pu sortir, on a monté les escaliers, et quand on est sortis, voilà, ils nous ont fait une haie d’honneur, on est sortis au milieu de tous, ils nous ont tous tapés, ils nous ont mis par terre et voilà. »
« Et là, Boum ! On a commencé à me frapper, frapper, frapper, on a pris ma tête, ils l’ont traîné sur cinq mètres. Ça m’a frotté le visage, après ils m’ont enchaîné de coups, et j’ai entendu « Caméra ! Caméra ! » C’est les passants qui filmaient par leurs fenêtres… Dès que j’ai entendu les policiers dirent « Caméra ! Caméra ! On est filmés « , ils ont arrêté de me frapper« …
Les policiers ne savaient pas qu’ils étaient filmés par les caméras de vidéosurveillance du local. Ils ont d’abord prétendu que Michel aurait tenté de saisir leur arme, ce qui est formellement contredit par les images analysées par Loopsider. Il est aussi accusé d’outrage et de rébellion et placé en garde à vue. Les neuf autres victimes sont immédiatement relâchées après une simple prise d’identité. Les parents du mineur du groupe n’ont pas été contactés…
Un des jeunes artistes conclut : « On sait pas en fait, on sait pas ce qui s’est passé, on sait pas la raison de leur venue, et même eux, je pense qu’ils ne sauront pas dire pourquoi ils sont venus. Donc ça procure une sensation de dégoût, de haine. »
Cette affaire arrive en plein débat sur la loi Sécurité Globale, une proposition de loi actuellement en discussion au Parlement, dont l’article 24 édicte :
Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police.
Si cet article avait été en vigueur au moment de l’agression de Michel Zecler, les images des caméras de vidéosurveillance du studio, ainsi que les images filmées par les voisins n’auraient pu être diffusées, ni par la presse, ni par leurs auteurs, qui se seraient alors exposées pénalement.
On a ainsi un exemple parfait et arrivé à point nommé qui démontre sans l’ombre d’un doute que :
la police a utilisé la force sans raison valable
la police a utilisé la force de manière disproportionnée
la police a proféré des injures racistes
la police a sciemment menti quand elle affirme que Michel s’est rebellé
la police a sciemment menti en prétendant que Michel a tenté de se saisir de leurs armes
les policiers impliqués ont sciemment menti à leurs collègues appelés en renfort
les images filmées des forces de police en intervention peuvent devenir le seul rempart des citoyens contre des débordements dans la sphère privée autant que dans l’espace public, prouvant ainsi le danger que représente la proposition de loi pour les libertés individuelles face à la police.
🔸 Sur la fin de la manifestation du #1erMai #Lyon, un peu avant d’arriver sur la place Jean Macé, une personne s’est faite éclater au tonfa par les flics (3 points de suture à la tête, de nombreuses contusions dans la dos). La personne souhaite faire un appel à témoins pour retrouver si possible des vidéos qui pourraient servir de preuve de ce qui lui est arrivé.
🔸 Si vous avez des informations à partager sur cette violence policière, merci de vous signaler dans un premier temps par le biais de Rebellyon : contact@rebellyon.info